La belle et la meute

LA BELLE ET LA MEUTE

 Mariam semble à  peine sortie de l’enfance. Elle a un visage rond, de grands yeux rieurs. Ses amis et elle choisissent soigneusement leurs tenues pour à l fête ou elles doivent retrouver des filles et des garçons de leur âge. Quelques plans plus tard, on retrouve Mariam en larmes, hagarde dans la rue, les vêtements déchirés, sans chaussures ni sac. Elle vient d’être violée, elle est désemparée. Ce brusque changement d’ambiance crée immédiatement un trouble destiné à  faire partager au spectateur le sort de cette jeune femme qui non seulement doit surmonter le traumatisme de son agression mais aussi se justifier auprès de policiers peu enclin à l’écouter quand ils ne sont pas carrément menaçants. Elle a la chance de retrouver Youssef, un garçon qu’elle a croisé à la fête et qui se propose de l’ aider  pour faire valoir ses droits

D’hôpitaux en commissariats, de mépris en intimidations, on suit sans en perdre une miette le parcours de cette jeune femme qui découvre l’envers d’une réalité   qu’elle imaginait toute autre et  ce jeune journaliste militant bien décidé à  se battre face à  un ordre social qui dénie  le respect des droits élémentaires des citoyens. L’espoir du soutien de quelques bonnes volontés, elles-mêmes révoltées par tant de violence, ne fait pas long feu. Ni le vieux policier compréhensif et paternel qui tente de se démarquer de ses collègues arrogants et brutaux, ni l’infirmière au regard compatissant, ni la femme-flic prête à  écouter les doléances de cette sœur de combat n’ont assez de pouvoir pour épauler celle qui de victime de viol se transforme peu à  peu en citoyenne agissante. Mariam « la belle » se retrouve isolée face à« la meute » et elle est contrainte de s’en sortir seule. Confrontée à des circonstances inhumaines, elle se révèle¨à  elle-même et fait dés lors basculer une impunité que tout le monde connaît et accepte. S’il reste cruel et Âpre, ce film n’en demeure pas moins un bel espoir pour la jeune république tunisienne, car il est bien évident qu’il n’aurait pu exister avant 2011. Bien qu’il ne fasse pas un portrait tendre des garants de l’ordre dans le pays, il a été soutenu par les autorités culturelles, symbole d’ un réel changement de mentalité dans un pays encore en proie à un régime autoritaire il y a peu.

 

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