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Schuchi Talati (Girls Will Be Girls)

Un échange passionnant, avec une réalisatrice qui a beaucoup réfléchi aux enjeux du cinéma, à l’écran comme hors champ et a pris à cœur d’exprimer sa vision de la réalisation.

Votre film est-il parti d’une expérience personnelle, au moins dans un lycée ?

Shuchi Talati : Oui, je n’ai pas été dans un internat mais j’étais dans une école avec le même règlement strict, où garçons et filles devaient faire très attention à rester séparés. Et du moment que vous deveniez adolescente, beaucoup de règles très contraignantes s’appliquaient. La jupe trop courte, le haut trop près du corps, parler trop aux garçons… Il y avait beaucoup de honte autour de la sexualité.

Comment expliquez-vous le titre du film, Girls will be girls ? (suite…)

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Programmation Octobre/ Novembre 2024

Du 10 au 15 Octobre

Du 10 au 15 Octobre

ALL WE IMAGINE AS LIGHT

De Payal Kapadia – Inde, France – 1h54 – VOST

Grand Prix Cannes 2024

Premier long métrage de de la jeune réalisatrice indienne. Sansnouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, s’interdit toute vie sentimentale. De son côté Anu, sa jeune colocataire,également infirmière, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer, car musulman. Cette situation condamne ces deux femmes à une sorte de clandestinité.Autour d’elles, il y a le coeur de la ville qui bat trop vite et empêche de respirer. Car si, comme il est dit ici “la ville sert à oublier les peines de coeur”, elle peut aussi noyer les sentiments et assécher les êtres. Cette trame constitue la première partie du récit et privilégie l’équilibre entre les dialogues explicatifs et les non-dit. Le film prend ensuite une autre tournure, aux confins du fantastique, lorsque les deux jeunes femmes décident d’entreprendre un voyage au cours duquel elles vont tenter de s’affirmer dans leurs choix et revendications.

Payal Kapadia choisit la voie de la douceur et de la revelation; elle dispose d’un réel talent et sort des sentiers balisés, tant de la narration traditionnelle que du film à thèse verrouillé.

 

Du 17 au 22 Octobre

Du 17 au 22 Octobre

GIRLS WILL BE GIRLS

De Schuchi Talati – France, Inde – 2024 – VOST – 1h59

Avec Preeti Panigrahi, Kani Kusruti, kesav Binoy

Premier long réussi à mêler récit d’apprentissage, chronique d’une relation mère-fille riche de troubles et de non-dits et portrait implacable d’une société où la menace de la violence masculine continue de faire des ravages. Mira 16ans, élève brillante donc jalousée d’une école formant des élites du pays, s’emballe pour un de ses camarades venu de Hong kong. Tout son petit monde va s’en trouver bouleversé, à commencer par sa mère, ex-élève de la même école, qui la pousse à réussir les meilleures études pour ne pas vivre la même vie qu’elle, être trop dépendante de l’argent et des caprices de son mari. Le trouble qu’elle ressent elle-même face à ce garçon va créer jalousie et tension entre les deux femmes. Ce film se révèle aussi pertinent dans l’exploration des débuts de l’éveil sexuel de Mira que dans la montée en tension de ses rapports avec les autres garçons de l’école qui, par dépit amoureux ou incapacité d’accepter qu’elle ait été élue déléguée face à eux, vont pousser loin leur stratégie de harcèlement. Deux heures intenses, riches de sentiments contradictoires où Schuchi Talati épate par la fluidité de son écriture et la pertinence de son regard.

http://cinecimes.fr/schuchi-talati-girls-will-be-girls/

Du 24 au 29 Octobre

Du 24 au 29 Octobre

DAHOMEY

De Mati Diop – France – Bénin – Sénégal – 2024 – 1h 08 – VOST

Ce documentaire reparti avec l’OURS D’OR à la Berlinale a été aussi sélectionné aux festivals de Hong Kong, de Shanghaï, Toronto et Londres.

Annoncée par le président Macron en 2018, ce n’est qu’en 2021 qu’a eu lieu la restitution de 26 trésors royaux. Ils avaient été arrachés à ce pays, qui s’appelait alors le royaume de Danxomé, avant de devenir le Dahomey, par les troupes coloniales françaises en 1892. Partis du musée du quai Branly leur arrivée à Cotonou a été suivie par une foule impressionnante. Grâce à la profondeur de son récit, Mati Diop met en lumière la réappropriation d’un passé culturel, par la réflexion animée des étudiants d’une université de Cotonou. Film brillant et envoûtant qui donne l’impression de traverser des siècles, des océans et des civilisations.

Du 31 Octobre au 5 Novembre

Du 31 Octobre au 5 Novembre

VIET AND NAM

de Truong Minh Quy – Viet Nam – 2024 – 2h00 – VOST

Dans les profondeurs des mines de charbon, où le danger guette et l’obscurité règne, Nam et Viêt, deux jeunes mineurs, chérissent des moments fugaces avant le départ de Nam pour une nouvelle vie de l’autre côté de la mer. Mais quelque part, enfouie sous terre dans les profondeurs de la forêt, se trouve la dépouille du père de Nam, un soldat, qu’ils doivent absolument retrouver avant son départ. Ensemble, suivant les mystères des souvenirs et des rêves, ils retracent le chemin du passé . Le réalisateur explore les traumatismes de la guerre, dans defabuleux cadres en clair-obscur ou le sexe côtoie la mort.

http://cinecimes.fr/truong-minh-quy-viet-et-nam/

Du 7 au 12 Novembre

Du 7 au 12 Novembre

VIVRE,MOURIR, RENAÎTRE

De Gael Morel – France – 2024 – durée 1h49

Avec : Victor Belmondo, Lou Lampros, Théo Christine

Dans les années 90, un jeune couple avec enfant emménage dans un nouvel appartement, et fait connaissance de leur voisin photographe, qui va devenir ami puis amant… Ce triangle amoureux va être dévasté par le Sida… Le cinéaste filme ces émotions comme si on les vivait pour la première fois, et réussit un mélodrame entièrement tourné vers l’espoir et la consolation. Traçant le destin des personnages sur 10 ans, le film prend en compte l’arrivée de la trithérapie, qui va permettre aux survivants d’envisager enfin un avenir. Lou Lampros, exceptionnelle, Théo Christine et Victor Belmondo offrent à ces êtres passionnés une incarnation brûlante qui les transforme en inoubliables compagnons de vie.

Du 14 au 19 Novembre

Du 14 au 19 Novembre

MISERICORDE

D Alain GUIRAUDIE – France – 102 mn

avec Félix Kysyl, Jean-Baptiste Durant, Catherine Frot, David

Ayala, Jacques Develay.

Un homme, Jérémie, revient sur le lieu de son adolescence, de sa prime jeunesse, s’immisce dans la vie de ses habitants et s’y retrouve peu à peu emprisonné. Le titre du film s’est imposé en cours d’écriture à Alain Guiraudie. Pour lui, la miséricorde, «c’est l’idée de l’empathie, de la compréhension de l’autre au-delà même de toute morale. C’est l’élan vers l’autre.» À travers ce film, le cinéaste atteint des sommets, notamment en confrontant ses personnages à leur propre culpabilité et leurs petits – voire monstrueux – arrangements avec le contrat social. Partout le désir et la frustration se cognent violemment. Partout aussi, la jalousie s’immisce, comme le poison d’un champignon vénéneux. Avec ce polar rural, virtuose et gourmand, Guiraudie cuisine une recette savoureuse comme une omelette aux girolles. Avec, en guise de persillade, un humour tordant

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Girls will be Girls

 

GIRLS WILL BE GIRLS

un film de Schuchi Talati

France-Inde-Norvège-Etats Unis – 1h59 – VOST

avec Preeti Panigrahi, Kani Kusruti, Kesav Binoy Kiron..

En Inde, une ado et sa mère, attirées par le même garçon, s’opposent et défient la tradition. Audacieux. Comme un écho au sacre du film All We Imagine As Light de la réalisatrice indienne Payal Kapadia, lauréate du Grand-Prix au Festival de Cannes 2024, voici une autre réussite au féminin venue du même pays, traversée aussi par des thèmes contemporains et un élan réformateur .

L’action se déploie, non sans raison, depuis un milieu traditionaliste : un pensionnat d’élite dans le nord de l’Inde, mais filmé à l’anglo-saxonne. Mira, à priori une lycéenne modèle, vient d’être promue « préfète », autant dire relais de l’administration autoritaire. Peu après, deux évènements modifient son quotidien. D’un côté, elle se rapproche d’un nouvel élève, Sri, irrésistible fils de diplomate tout juste débarqué de Hongkong. De l’autre, Alina, sa mère, revient s’installer dans la région pour la soutenir jusqu’aux examens.

Avec ce triangle, la réalisatrice de 39 ans réussit d’abord à créer une situation subtilement instable, et donc imprévisible, entre le pensionnat et la maison maternelle. Mira, qui fait la leçon à ses camarades au moindre écart, décide d’assumer, en privé, son désir pour Sri et se prépare aux premiers rapports sexuels comme s’il s’agissait d’une nouvelle matière scolaire. La mère, au diapason de la direction de l’établissement, voit d’un mauvais oeil une « amitié » dont elle veut ignorer la dimension charnelle. Mais, parallèlement, cette femme au foyer séduisante semble, elle-même, s’éprendre du beau garçon, et rechercher des moments d’intimité avec lui, sous les yeux de Mira…

Le film surprend encore davantage par la mise en perspective, sinon la déconstruction, d’un tel suspense psychologique .

De nombreux aspects de la mise en scène montrent comment les deux générations de femmes indiennes ici incarnées cherchent, coûte que coûte, à s’échapper de la place qui leur est assignée, à l’école comme en famille. Cela vaut pour l’approche de la sexualité, frontale et rationnelle, par l’adolescente comme pour l’envie de la mère de rester vivante, pas seulement dévouée aux siens. Peu à peu, il apparaît aussi que le personnage masculin, en dépit de sa jeunesse et de ses politesses, tire tranquillement profit d’un ordre ancien : le scénario de la rivalité féminine, serait-ce entre fille et mère, sera toujours celui d’un triomphe masculin… Ce beau premier long métrage propose opportunément autre chose, relevant autant de la compréhension que de l’émotion .

Critique de Louis Guichard . Telerama

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Programmation Septembre/ Octobre 2024

Du 5 au 10 Septembre

Du 5 au 10 Septembre

DINER A L’ANGLAISE

De Matt Winn

Angleterre – 2023 – VO – 1h30

Hampstead, sur les hauteurs de Londres. Une maison

de style géorgien dont la décoration joue sur du velours.

Tapis berbère, chaises Wire DKR , lampe de table Nessino

en plastique orange (Mattéoli), peintures murales,

tapis berbère… Sarah et Tom ont invité à dîner Beth et

Richard, venus avec Jessica, une vieille amie commune,

qui vient de publier un best-seller sur ses années de débauche.

Centre de l’attention des deux hommes, jalousée

par ses consoeurs, elle quitte la table à la suite d’une

remarque que l’on pensait anodine… Quelques minutes

plus tard, ses camarades la retrouvent pendue à un arbre

du jardin….

Une question apparait, la seule : pourquoi a telle fait

cela chez nous ?

Un huis clos plus psychologique que cruel se déroule alors

chez ces anglais huppés, conformistes et autocentrés….

 

Du 12 au 17 Septembre

Du 12 au 17 Septembre

DOS MADRES

De Victor Iriarte

Espagne – VOST – 1h49

Avec Lola Duenas, Ana Torrent…

Il y a 20 ans, Vert fut séparée de son fils à la naissance. A

l’hôpital, on lui a annoncé que l’enfant était mort et son

dossier a disparu des archives. Comme si cet accouchement

n’avait pas existé.

Comme beaucoup de mères dont les enfants ont été enlevés

par la dictature franquiste, elle va rechercher ce

fils qu’elle n’a pas pu connaître.

Un film-enquête bien orchestré et qui vaut surtout pour

son sujet et sa manière de le traiter par le prisme de

deux points de vue différents, celui de la mère biologique

puis de la mère adoptive.

 

Du 19 au 2′ Septembre

Du 19 au 24 Septembre

LA MELANCOLIE

De Takuya Katô

Japon – 2024 – VO – 1h24

Avec Mugi Kadowaki, Kentaro Tamura et Shôta Sometani

Alors que Watako revient d’un week-end en amoureux

avec son amant Kimura, celui meurt soudain, renversé

par une voiture. Watako s’enfuit ou presque. Elle rentre

chez elle, retrouver ce mari ennuyeux qu’elle n’aime

plus, comme si de rien n’était.

À qui confier son chagrin, son deuil ? Au début, Watako

joue la comédie, prend sur elle, cache et retient ses sentiments.

Mais il est impossible de vivre ainsi. Alors elle

va tenter d’affronter ce qu’elle ressent, la vérité, parler

aux autres à son mari, à la femme de Kimura (très belle

scène, filmée à distance, avec respect), pour tenter de

survivre. Tout en retenue, le film de Takuya Katô magnifiquement

écrit (les dialogues, très quotidiens, sont

superbes), très composé, scandé, La Mélancolie est un

film humaniste, émouvant à force de pudeur.

 

Du 26 Septembre au 1° Octobre

Du 26 Septembre au 1° Octobre

COMME LE FEU

De Philippe Lesage

Canada – France – 2024 – 2h35

Avec Noah Parker, Aurélia Arandi-Longpré,

Arieh Worthalter

Jeff, 17 ans, est secrètement amoureux d’Aliocha. Tous

deux admirent le mystérieux Blake, un vieil ami du père

de la jeune fille, qui les invite à passer quelques jours

dans son chalet de chasse au coeur du grand nord canadien.

Là, en pleine nature, les deux adolescents se

confrontent à un monde d’adultes puérils, prêt à s’embraser.

Étude intéressante des personnages, de leurs relations,

des masques que chacun peut porter…

 

Du 3 au 8 Octobre

Du 3 au 8 Octobre

LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE

De Mohammad Rasoulof

Iran – 2024 – VOST – 2h46

Avec Misagh Zare, Soheila Golestani, Mahsa Rostami

Mohammad Rasoulof, cinéaste iranien qui a fui son

pays juste avant le Festival de Cannes, a pu assister in

extremis à la projection de son film, qui a obtenu le Prix

Spécial du Jury. Il sonde le fossé générationnel traversant

une famille dont le père Iman est devenu un chien

de garde du régime. Si son épouse lui est entièrement

dévouée, ses 2 filles au contraire, jeunes étudiantes,

sont dans le mouvement de contestation qui a secoué

le pays à la suite de la mort de la jeune Masha Amini.

La première partie du film explore l’opposition farouche

entre tenants du régime, et jeunesse qui se rebelle, manifeste,

refuse de courber l’échine…Puis on entre dans

un propose plus intime lorsque disparait l’arme à feu de

service de Iman…

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Karim Bensalah (Six Pieds sur Terre)

Algéro-brésilien ayant vécu en Haïti, au Sénégal, à Londres avant de reposer ses valises à Paris, Karim Bensalah (48 ans) est un réalisateur aux multiples influences qui aime questionner les identités. Pour son premier long métrage, Six pieds sur terre, le cinéaste raconte l’histoire de Sofiane, un fils de diplomate algérien qui, pour éviter l’expulsion, trouve un travail dans une pompe funèbre musulmane qui l’amènera, in fine, à se réconcilier avec lui même.

Vous avez mis 8 ans avant de concrétiser Six pieds sur terre. Pourquoi cela a-t-il été si long ?

Karim Bensalah : Un bon scénario nécessite deux à trois ans d’écriture.(…). Au début, je l’ai fait seul et sans le sou.Ensuite, quand j’ai eu un peu d’argent, j’ai fait appel à un co-scénariste, Jamal Belmahi. Le financement a pris trois ans car il est tombé en plein Covid. C’est pour toutes ces raisons que cela a pris huit ans.

La co-écriture du scénario avec Jamal a-t-elle aussi contribué à ce lent accouchement ? 

Je suis aussi parti avec une jeune boite de production dont c’était le premier long métrage. On ne pouvait avancer qu’à chaque rentrée de fonds. En ce qui concerne la co-écriture, je ne pense pas que cela ait mis plus de temps. C’est sûr qu’il faut trouver le bon partenaire mais on se connaissait un peu avec Djamel.  Cela permet de clarifier le propos, les intentions, d’échanger. Cela m’a apporté son regard sur moi même et sur l’histoire. On avait une expérience commune sur la thématique du scénario qui était la question la construction de l’identité quand on est issu d’une double voire triple culture.

Est-ce que le scénario a été fidèle à votre idée de départ ?

Il a été assez fidèle même si au début ce qui m’a attiré dans l’histoire n’a pas été la thématique finale du film. Le personnage de Sofiane, étant Algérien, se trouvait étranger culturellement et socialement au milieu de la communauté maghrébine de France. Plus je développais le scénario, et plus je me rendais compte que le sujet principal était finalement celui de la question de l’identité.

(suite…)

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Margherita Vicario (Gloria!)

L’auteure-compositrice-interprète italienne Margherita Vicario fait ses débuts à la réalisation avec Gloria!, une histoire mélodique située dans les années 1800, dans un orphelinat/conservatoire dont il est difficile de s’échapper, mais qui est aussi le lieu où la servante Teresa (Galatéa Bellugi), isolée des autres et apparemment muette, découvre les joies de la musique en s’associant avec un groupe de filles talentueuses. Vicario détaille pour nous ce film qu’elle a présenté en compétition à Berlin.

Cineuropa : Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous diriger vers la réalisation ?
Margherita Vicario : J’ai tout simplement toujours voulu le faire. C’était un grand rêve. J’ai commencé comme comédienne, et puis je me suis dirigée vers l’écriture de chansons, mais j’ai toujours travaillé sur de possibles idées de films. (suite…)

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La belle de Gaza

Semaine du 27 juin au 2 juillet 2024

LA BELLE DE GAZA

De Y0LANDE ZAUBERMAN -France- 1H16

La Belle de Gaza commence : le visage d’une anonyme, filmé quelques années auparavant par Yolande Zauberman, obsède la cinéaste, elle tente de la retrouver pour raconter son histoire. Selon une légende urbaine parvenue aux oreilles de la documentariste, la Belle de Gaza – comme la surnomme la cinéaste – se serait échappée de l’enclave palestinienne pour rejoindre à pied la « bulle » israélienne et entreprendre sa transition de genre.

À mesure que Zauberman retrace son chemin et interroge d’autres femmes trans qui auraient pu la connaître, la figure énigmatique se montre toujours plus insaisissable. La quête entreprise par la cinéaste irrigue le film d’un élan pulsionnel. Le désir y est omniprésent : dès le feu d’artifice qui jaillit à l’ouverture, le film, sans éluder la précarité de l’existence des femmes qu’elle filme (les nuits de Tel-Aviv sont loin d’être un havre de paix pour les transgenres palestiniennes), partage leur appétit de jouissance. Les conversations qui s’engagent avec ces personnages à la sensualité exacerbée (par leur accoutrement et leur manière de se mouvoir) tournent ainsi principalement autour de la sexualité.

La trajectoire symbolique vers l’émancipation sexuelle – qui se double d’un déplacement géographique de Gaza à Tel-Aviv – conduit surtout la cinéaste à sonder la distance qui se creuse entre ces femmes et leur milieu d’origine, et que recoupe la ligne de fracture entre les deux peuples. L’exil est double, corporel (elles abandonnent leurs corps originels) et social – elles se détournent de leurs familles, qui bien souvent les ont rejetées violemment.

Le film évite toutefois d’opposer trop frontalement les sociétés israéliennes et palestiniennes sur la question. Le danger qui menace l’existence de ces femmes prend davantage le visage des rôdeurs frustrés – ces hommes rongés par la honte qui viennent épier et menacer les femmes trans – que celui de la religion et de ses interdits : qu’ils soient palestiniens ou israéliens, les harceleurs et les violeurs infligent les mêmes maux.

Dans le dernier mouvement du film, Zauberman semble chercher à combler le fossé qui sépare tous ces éléments contraires ; la religion et la transidentité, Israël et la Palestine. En témoigne un plan magnifique, qui par un étrange jeu de reflet dans l’habitacle d’une voiture fait flotter le visage d’un fils rejeté, devenu une femme trans épanouie et célèbre à Tel-Aviv, au-dessus de celui de son père, coupable d’avoir été aveuglé par son conservatisme : l’image les maintient alors dans deux espaces différents, tout en ménageant la possibilité d’une tendresse partagée.

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Yolande Zauberman (La Belle de Gaza)

Avec la simplicité d’un mythe, elle fait le portrait de cinq femmes trans la nuit autour de cette rue Hatnufa qui est comme le chemin des Enfers. La nuit nous rapproche de ces cinq personnages en même temps qu’elle fait disparaître dans le noir la société dont la violence n’apparaît que dans les récits. Comme dans une danse, la cinéaste embrasse le visage de ces cinq femmes qui deviennent les seules habitantes de Tel Aviv.

On sent que les femmes que vous filmez n’avaient jamais été regardées de cette façon. C’est comme si l’intensité du regard que vous portez sur elle nous permettait de les voir vraiment.
Petite, alors que j’étais une enfant isolée et timide, les gens venaient me raconter leurs histoires. Le nombre de fois où j’ai entendu des vieux grecs me raconter leurs tortures par les colonels à l’époque en me disant : « Je n’ai jamais raconté ça à personne » ! J’ai cet accès à une parole que je cherche peut-être, mais sans le savoir, ou de manière muette. (suite…)

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Gloria!

GLORIA!
  Margherita Vicario – Italie – 1h46
Nous voici donc en 1800 dans l’orphelinat et conservatoire pour jeunes filles de Sant’Ignazio près de Venise. Teresa (Galatéa Bellugi, vue récemment dans Chien de la casse, réservée et rayonnante à la fois) est une jeune femme mutique qui s’occupe du ménage dans les chambres des filles qui font partie de l’orchestre du prêtre Perlina, intendant et musicien en chef de l’orphelinat. Mais Teresa a l’oreille fine, une perception musicale bien à elle et lorsqu’elle entend les pensionnaires faire leurs vocalises ou répéter sur leurs instruments, le moindre son du monde qui l’environne vient prendre part à cette musicalité. Étendre le linge, couper les légumes, éternuer, récurer le linge au lavoir… Tous ces sons du quotidien s’accordent pour créer une véritable partition. Teresa observe beaucoup ces chanteuses et musiciennes, bien qu’à l’Église le dimanche, lors de leur représentation, elle ne semble avoir d’yeux que pour un petit garçon assis au premier rang…
C’est à l’issue de la messe que le gouverneur vient voir le prêtre Perlina, ancien maestro de renom et personnage profondément antipathique, pour lui demander de composer un concert pour la venue du nouveau Pape dans leur petite église ! Mais attention, il faudra proposer autre chose que les musiques un peu vieillottes et redondantes qui sont le menu de la messe dominicale, tel le sempiternel Gloria. Il apparaît bien vite que l’inspiration lui fait défaut et qu’il est bien incapable de s’acquitter de cette mission… Les filles de son orchestre s’en inquiètent et Lucia, premier violon volontiers pimbêche, voit bien là l’occasion de faire jouer ses propres compositions… Mais un pianoforte caché par Perlina dans une remise isolée de l’orphelinat va changer le cours des choses : Teresa le découvre par hasard et s’aperçoit que c’est l’instrument idéal pour exprimer enfin sa créativité et la faire éclater au grand jour…
De l’aveu de la réalisatrice, Gloria ! a l’ambition de montrer les conditions réelles de ces musiciennes à l’époque, bien que l’histoire soit parsemée d’écarts fantastiques et de sauts musicaux dans le temps. Il y a une réelle recherche rythmique, de nombreuses séquences ont été chorégraphiées et le résultat à l’écran fonctionne merveilleusement. De plus, assister à l’émergence artistique de ces jeunes femmes, à leur prise de pouvoir face à un vieux phallocrate boursouflé d’égocentrisme, est assez jubilatoire !
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programmation du 13 juin au 16 juillet

13 au 18 Juin

BORDER LINE

De Juan Sébastian Vasquez, Alejandro Rojas – 2024 – Espagne – 1h17 – VOST 

Projetant de démarrer une nouvelle vie aux États-Unis, Diego et Elena quittent Barcelone pour New-York. Mais à leur arrivée à l’aéroport, la Police des Frontières les interpelle pour les soumettre à un interrogatoire. D’abord anodines, les questions des agents se font de plus en plus intimidantes. Diego et Elena sont alors gagnés par le sentiment qu’un piège se referme sur eux…Un formidable thriller psychologique.

Du 13 au 18juin

JULIETTE AU PRINTEMPS

De Blandine Lenoir – France – 1h 36

Avec Izïa Higelin, Sophie Guillemin, Jean-Pierre Darroussin…

Une illustratrice traverse une dépression sans vraiment savoir pourquoi et retourne passer quinze jours dans la ville de son enfance où elle retrouve son père tête en l’air, sa soeur débordée par sa vie de famille, et sa mère expansive et séparée de longue date de son père. Reproduisant d’abord des non-dits habituels, Juliette va pourtant progressivement découvrir des secrets enfouis profondément dans sa mémoire…La direction artistique épouse à merveille l’univers tragi-comique du roman d’origine et donne lieu à une adaptation particulièrement émouvante.

20 au 25 Juin

L’ESPRIT COUBERTIN

De Jérémie SEIN,France -1h18.

Avec Benjamin Voisin, Emmanuelle Bercot, Ravildo Pawawi, Grégoire Ludig

Paris, Juillet 2024. Les espoirs de médailles tricolores reposent sur un athlète obsédé, lui, par son dépucelage… Une comédie olympique performante. Tout commence par un baiser surprise mais catastrophique : le jeune Paul, petit génie du tir, aurait pu participer aux JO précédents si sa coach, un peu trop enthousiaste, à la fin des qualifications, ne l’avait embrassé à pleine bouche, lui refilant une mononucléose ! Mais cette fois , ça y est, nous sommes 4 ans plus tard, aux JO de Paris et Paul devrait enfin devenir champion olympique. Il a intérêt, car après dix jours de compétition, il est le dernier espoir de la délégation française qui n’a réussi à monter sur aucun podium. Benjamin Voisin compose un impayable personnage de puceau effrayé par la sexualité et la vie en général. Les sportifs ne seraient-ils intéressants seulement quand ils gagnent ?

20 au 25 Juin

SALEM

De Jean Bernard Marlin Avec : Oumar Moindjie et Inès Bouzid France / 2023/ 1H43

Roméo et Juliette transposé à Marseille dans un décor de HLM et de terrains vagues …L’histoire se déroule en 2 temps. Djibril, jeune comorien, habite le  quartier des Sauterelles (un quartier difficile de Marseille) et est amoureux de Camilla, qui elle est une gitane du quartier rival des Grillons…. Camilla est enceinte. Djibril voudrait qu’elle avorte, il craint une guerre des clans…Mais les 2 cités s’embrasent suite à l’assassinat d’un ami de Djibril sous ses yeux….La 2° partie se situe quelques années plus tard, alors que Djibril, âgé de 20 ans, se remémore son passé. Le réalisateur, césarisé pour Shéhérazade en 2018, filme cette fois la foi d’un jeune homme persuadé de déplacer les montagnes, voire de faire des miracles.

27 Juin au 2 Juillet

La belle de Gaza

De Yolande Zauberman- documentaire- 1h16

Tel-Aviv, la nuit,  une silhouette croisée sur l’écran d’un portable, celle d’un jeune Gazaoui , on dit qu il aurait marche jusqu’à Tel -Aviv, pour devenir la femme qu’il savait être : voici le thème du nouveau documentaire de cette réalisatrice :  arpentant la rue Hatnufa ( ou se pratique la prostitution), elle part à sa recherche, suit la trace de cette «  belle de Gaza » ,  dont l’image floue sur l’ écran, autorise toutes les suppositions : elle capte les visages , les regards ou les corps en mouvement de toutes ces femmes : Toutes pourraient se reconnaitre dans cette figure entraperçue sur un trottoir. Yolande Zauberman, joue de sa caméra avec une liberté qui épouse la leur. Ce Documentaire flamboyant fait de beauté et de force, a été réalisé avant le 7 octobre 2023 …

http://cinecimes.fr/yolande-zauberman-la-belle-de-gaza/

27 Juin au 2 Juillet

GLORIA!

  De Margherita Vicario

Italie, Suisse, 1h46, vost

Venise, au 18ème siècle. A l’institut Sant’Ignazio, tout le monde s’agite en vue de la visite du nouveau pape et du concert qui sera donné en son honneur. Teresa, jeune domestique silencieuse et solitaire, fait alors une découverte exceptionnelle qui va révolutionner la vie du conservatoire, le piano forte. Accompagnée d’un petit groupe de musiciennes, elle invente un nouveau style de musique.

http://cinecimes.fr/margherita-vicario-gloria/

 

4 au 9 Juillet

ADAM CHANGE LENTEMENT

Film d’animation de Joël Vaudreuil

-Comédie dramatique-Canada-2024-1h36

Du mal-être adolescent… Adam est à 15 ans au moment ingrat de l’adolescence. Avec son dos courbé, ses grands bras ballants, son petit duvet et ses tee-shirts trop courts, il est une proie facile dans son lycée où dominent les mâles alpha… Le jeune homme complexé et gauche se métamorphose au gré des quolibets. « Grand torse » l’appelle-t-on méchamment. Alors son torse s’allonge. Sa grand-mère n’est d’ailleurs pas en reste de moqueries… Joël Vaudreuil dépeint dans ce film d’animation à l’humour noir féroce, mais touchant et singulier, le malaise et la dureté du passage à l’âge adulte.

11 au 16 Juillet

SIX PIEDS SUR TERRE

De Karim Bensalah

France – 1H36 

Karim Bensalah, a la bonne idée de  situer son scénario dans un environnement de travail, disons inhabituel, à savoir des pompes funèbres musulmanes. Devenir ambassadeur des morts pour trouver un sens à sa vie, tel est donc l’enjeu de ce film , qui n’est pas sans rappeler le récent Dernier des Juifs de Noé Debré… Sofiane, fils d’un ex-diplomate algérien,  plutôt apathique,  poursuit ses études à Lyon, et se retrouve à chercher d’urgence un travail lorsqu’il fait soudainement  l’objet d’une menace d’expulsion…Entre les fêtes, les rencontres et son emploi, Sofiane va se découvrir dans un parcours initiatique qui le conduira à construire sa propre identité et passer peu à peu vers l’âge adulte.

http://cinecimes.fr/karim-bensalah-six-pieds-sur-terre/

Publié dans Archives programmes | Commentaires fermés sur programmation du 13 juin au 16 juillet