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The Sweet East

THE SWEET EAST

De Sean Price Williams

Avec Talia Ryder, Simon Rex, Earl Cave

The Sweet East est une comédie satirique, un voyage rocambolesque, une plongée fulgurante et au réalisme aléatoire dans l’Amérique de Trump et Biden. Un road-movie naviguant entre naturalisme et rêveries, une relecture contemporaine du périple d’Alice de Lewis Carroll, à la narration savamment (et joyeusement) déconstruite, comme sous hallucinogènes –

« Mange-moi », disait déjà le gâteau à la petite fille du conte, avant de distordre sa réalité. Notre Alice, c’est ici Lillian, timide certes, mais pas du tout naïve et bien consciente des personnes qui l’entourent. Surtout, Lillian est curieuse de tout, et de tous. Elle choisit à l’instinct, sans hésiter, les routes qui s’offrent à elle. Douée d’une grande capacité d’adaptation d son environnement, qu’il soit hostile ou bienveillant, elle a également la faculté de fuir dès que ça sent le roussi. Dans les pas de Lillian, le film nous emmène aux quatre coins de ces fameux états de l’Est (le « East » du titre), à la rencontre d’une ribambelle d’allumés comme seul ce pays sait en enfanter : des faux rebelles, des complotistes, des frustrés, des laissés-pour-compte de l’Amérique contemporaine… Un joyeux programme qui nous tend les bras.

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La Jeune fille et les Paysans

La Jeune Fille et Les Paysans

Pologne-2023-1H54-VOSTF

De DK et Hugh Welchman

Avec Kamila Urzedowska, Robert Gulaczyk,

Miroslaw Baka, Sonia Mietielica…

 

Adaptée d’un roman polonais de Wladyslaw Reymont ( prix Nobel de littérature 1924), aussi célèbre dans son pays que méconnu chez nous, cette œuvre singulière s’appuie sur le procédé de la rotoscopie : d’abord filmées en prises de vue réelles, les tribulations d’une jeune villageoise du XIXème siècle, mariée de force à un riche paysan, ont ensuite été repeintes à la main et à l’huile par une armée d’animateurs. Il convient de saluer cet exploit technique et artistique, déjà accompli par les mêmes réalisateurs pour leur film précédent (La Passion Van Gogh en 2017).

Au cœur du récit, une jeune femme, Jagna, aspirant à l’ indépendance et à la liberté, beauté irradiante et blondeur étincelante, subjugue les hommes et provoque de fait l’ire des femmes. Ouand la catastrophe s’abat sur le village, la belle Jagna ne peut que devenir l’obiet de toutes les haines car dans cette Pologne rurale très catholique et conservatrice il va de soi que ce n’est pas à l’homme adultère qu’on en veut mais à celle dont la beauté et la soif de liberté offense le cours « naturel » des choses….

Très beau plaidover contre le patriarcat et les violences faites aux femmes et pour la liberté individuelle, La Jeune Fille et les Paysans est évidemment sublimé par le travail plastique incroyable de l’équipe de réalisation qui magnifie la beauté picturale des paysages et des traditions polonaises, entre autres lors de magnifiques scènes de bal.

S’inspirant de dizaines de tableaux de peintres polonais de la fin du XIXème siècle inconnus dans nos contrées, le film nous emporte autant par la puissance de son intrigue que par la splendeur de sa forme : on est admiratif du travail de chaque plan, qui exploite admirablement les possibilités de l’animation sans rien effacer de la subtilité du jeu des acteurs.

Horaires

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Vampire Humaniste cherche suicidaire consentante

 


VAMPIRE  HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT 

Avec Sara Montpetit, Felix-Antoine Bénard, Sophie Cadieux

Le dernier film d’Ariane Louis-Seize, est une œuvre aussi originale que poignante qui nous plonge dans un univers où la vie et la mort se côtoient dans une danse macabre, mais empreinte d’humanité.

L’histoire, centrée autour de Sasha, une adolescente vampire en proie à un conflit moral, offre une perspective rafraîchissante sur le mythe vampirique. Incarnée brillamment par Sara Montpetit, Sasha se démarque par sa compassion pour l’humanité, une caractéristique inhabituelle pour son espèce. Cette dualité entre sa nature vampirique et son empathie pour les humains est le cœur du récit, offrant une exploration profonde des thèmes de l’identité et de la moralité.

Le choix de Paul, interprété avec sensibilité par Félix-Antoine Bénard, comme catalyseur de l’histoire ajoute une dimension supplémentaire à l’intrigue. Son personnage, suicidaire et dépressif, apporte une nuance de désespoir qui contraste avec l’espoir que Sasha tente de maintenir. Leur rencontre fortuite et les liens qui se tissent entre eux offrent des moments à la fois tendres et déchirants, faisant écho à la fragilité de la vie.

La mise en scène d’Ariane Louis-Seize réussit à capturer l’essence sombre et mélancolique du récit tout en injectant des touches d’humour et de légèreté. Les scènes entre Sasha et sa cousine Denise, jouée avec brio par Noémie O’Farell, sont particulièrement mémorables, offrant des moments de comédie qui équilibrent habilement la gravité de la situation.

Enfin, la bande originale accompagne parfaitement l’atmosphère du film, ajoutant une dimension émotionnelle supplémentaire à chaque scène.

« Vampire humaniste cherche suicidaire consentant » est une œuvre cinématographique captivante qui transcende les conventions du genre pour offrir une réflexion profonde sur la viela mort et l’essence même de l’humanité. Ariane Louis-Seize nous livre ici un film aussi audacieux qu’intelligent, confirmant son talent prometteur dans le paysage cinématographique québécois.
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Chroniques de Téhéran

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Pour espérer pouvoir continuer à en profiter, il ne faut pas le crier trop fort, mais il semble bien qu’il y ait un trou dans la raquette du système de censure que les ayatollahs font subir au cinéma iranien : alors que, pour tourner un long métrage, il est nécessaire que son scénario ait été accepté par un comité de censure très strict, la règle se montre beaucoup plus souple pour les court-métrages. D’où l’idée consistant à proposer la réalisation de plusieurs court-métrages que l’on agrège ensuite pour en faire un long-métrage entrant dans la catégorie des « films à sketches »..

Chroniques de Téhéran, ce sont 9 histoires qui sont réunies, 9 histoires très courtes qui forment une sorte de catalogue des situations kafkaïennes vécues de façon quotidienne par les iraniennes et les iraniens. Cela va du père de famille venu au service d’état civil pour déclarer la naissance de son fils et qui se voit refuser le prénom David par le fonctionnaire au réalisateur qui voit le scénario du film qu’il espère pouvoir tourner se réduire comme une peau de chagrin face aux ciseaux de la censure en passant par une jeune chauffeuse de taxi accusée de conduire son véhicule sans foulard ou une jeune lycéenne convoquée par la directrice qui l’accuse de s’être faite déposer à l’école par un garçon. Chaque fois, le dispositif de filmage peut être qualifié de minimal, chaque fois, le résultat est particulièrement puissant : chaque saynète est filmée en plan fixe, avec un seul plan séquence qui voit la ou le protagoniste du sketch s’exprimer le plus souvent face caméra, et on entend l’interlocuteur ou l’interlocutrice qui représente l’autorité mais qui n’est jamais visible, même si, à 2 ou 3 reprises, on peut apercevoir une main. Ce format resserré et ce parti pris du hors champ pour les représentants de l’autorité participent grandement à l’impression d’emprisonnement de tout un peuple que dégage le fil présenté dans la sélection Un Certain Regard lors du dernier Festival de Cannes. Chroniques de Téhéran réussit l’exploit d’être un des films les plus subversifs dans l’histoire du cinéma iranien malgré (ou à cause de ?) une très grande simplicité dans sa mise en scène. Les situations rencontrées sont tellement absurdes qu’elles entraînent forcément le rire, un rire qui combine connivence avec celles et ceux qui vivent ces situations et une forme de colère face à ces sommets de bêtise (in)humaine. Ali Asgari est déjà connu des spectateurs pour Juste une nuit (une étudiante cherche à cacher son bébé illégitime lorsque ses parents lui rendent visite…). Chroniques de Teheran est un véritable bijou à la fois très court et très fort. D’après Critiques Film.

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ETERNEL DAUGHTER

De Joanna Hogg, Royaume Uni/ Etats Unis, 1h36, VOST. Avec Tilda Swinton, August Joshi, Carly Sophia Davies 

Joanna Hogg s’est fait connaître récemment avec The Souvenir, film en deux parties, retraçant la relation d’emprise qu’elle a vécue jeune femme et l’œuvre de fiction qu’elle aurait voulu en tirer. Cette révélation critique va permettre la sortie en France de ses trois films précédents, Unrelated, Archipelago et Exhibition, inédits jusqu’alors en France. Depuis The Souvenir, Joanna Hogg, citée comme référence par Kelly Reichardt et produite par un parrain prestigieux, Martin Scorsese, n’est pas restée inactive. Avec Eternal Daughter, elle propose sans doute son film le plus accessible, sorte de drame gothique inspiré des nouvelles de Henry James, où elle revient sur son obsession de la mémoire, du travail de deuil et de la mise en scène atmosphérique, proche de l’art contemporain. 

Julie, accompagnée de sa mère âgée, vient prendre quelques jours de repos dans un hôtel perdu dans la campagne anglaise. La jeune femme, réalisatrice en plein doute, espère y retrouver l’inspiration ; sa mère y voit l’occasion de faire remonter de lointains souvenirs, entre les murs de cette bâtisse qu’elle a fréquentée dans sa jeunesse. Très vite, Julie est saisie par l’étrange atmosphère des lieux : les couloirs sont déserts, la standardiste a un comportement hostile, et son chien n’a de cesse de s’échapper. La nuit tombée, les circonstances poussent Julie à explorer le domaine. Elle est alors gagnée par l’impression tenace qu’un indicible secret hante ces murs.

Une des actrices les plus précieuses et exigeantes de notre époque, Tilda Swinton, plus David Bowie au féminin que jamais, tient un double rôle dans Eternal Daughter, celui de Julie et également celui de Rosalind, sa mère. Là aussi, Joanna Hogg innove en faisant exprès de ne jamais filmer avant la dernière demi-heure les deux personnages dans le même plan. Ce refus de jouer la convention du plan d’ensemble réunissant les deux personnages interprétés par la même actrice possède une réelle signification qui révèle sa potentialité à la fin du film

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Un Petit Frere

UN PETIT FRERE

de Léonor SERRAILLE,

FRANCE (1h56)

Chronique de plus de 20 ans de la vie d’une jeune mère ivoirienne et de ses deux fils installés en France en 1989. Avec autant d’ambition que de sens de détail, la cinéaste Léonor Serraille rend profondément romanesque cette odyssée du quotidien en trois volets, qui portent les prénoms de chacun: Rose, puis Jean (Stéphane Bak), et enfin Ernest (Ahmed Sylla), le petit frère du titre.

Rose, superbement interprétée par Annabelle Langronne, révélation à la présence magnétique, à la noblesse vacillante. Arrivée d’Afrique avec un passé qu’en deux répliques on devine douloureux, cette jeune mère célibataire est logée, en attendant mieux, par des membres de sa famille installés de longue date dans la banlieue parisienne, et travaille comme femme de ménage d’un hôtel où elle brique, mais fait souvent des pauses pour fumer, pour rêver.

Rose n’a peur de rien. Ni de travailler dur, ni de sortir danser, ni d’élever ses fils qu’elle adore mais auxquels elle ne passe rien: il faut qu’ils réussissent, qu’ils soient des élèves exemplaires, même si l’aîné râle quand elle l’habille trop élégamment pour aller à un concours de maths. Rose est une femme libre, ou qui tente de l’être dans une vie précaire et un contexte social où il serait plus simple d’avoir un homme à ses côtés. Sa communauté lui conseille de se caser avec Jules César. C’est, au contraire, avec un ouvrier tunisien rencontré sur les toits de Paris qu’elle croit l’amour possible, un temps. Avant d’accepter de s’installer à Rouen, délaissant ses fils adorés pour un Français qui lui promet la lune…

Les fils, eux, grandissent au fil du film, pendant que les rides tracent sur le visage de Rose les sillons d’une certaine désillusion. Mais pas une once de misérabilisme dans le regard précis et poétique de Léonor Serraille. Pas de tragédie ou de sociologie faciles: la vie est un doux drame en soi, quand on est une femme qui n’accepte aucun diktat, mais qui se trompe aussi. (…) Un grand film sur la beauté de la fierté comme ce principe transmis par Rose à ses fils: «il faut se cacher pour pleurer» -«on pleure dans sa tête?» mime, avec un geste délicieux, le petit Ernest -«C’est ça, on pleure à l’intérieur»

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8ème film du programme

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Le teckel

Le TECKEL présentation longue.pdf

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