Edouard Baer

baer

 

Né à Paris le 1er décembre 1966

France

Acteur, réalisateur, producteur, scénariste, animateur de télévision et de radio

La Bostella, Akoibon, Ouvert la Nuit

 

Paris est très important dans votre film..Comment avez vous  procédé  pour intégrer cette ville à votre scénario et à votre réalisation?

Edouard Baer : Je pense que l’important est de ne pas se laisser intimider par Paris..Quand on tourne dans ce genre de ville muse qu’est Paris, le risque est de se faire happer par tel ou tel monument qu’on pourrait voir apparaître dans le champs de la camera..

 Ce que j’ai voulu privilégier dans mon film, c’est l’humain avant tout,  par exemple en insistant sur la façon dont les visages se découpent sur les murs, plus que les murs eux même.. En plus on a tourné en plein été, et Paris l’été, c’est une ville très végétale, ce qui contribue à réaliser des ombres et des lumières assez magnifiques. Donc mon objectif c’était de limiter le Paris touristique, je fais assez peu de plans larges, de plan d’installation..à part un avec le singe et les Invalides derrière, juste pour permettre au film qu’il puisse sortir au Japon ( rires) mais c’est tout..j’ai toujours cherché à ne jamais traiter Paris en dehors des personnages du film.. On a toujours cherché à soigner les visages, notamment ceux des figurants des  différents cafés dans lequel se déroule le film, il fallait que cela sonne juste, avec des visages de “vrais” parisiens de la nuit… Je voulais filmer un Paris ni trop branché ni trop misérabiliste, un peu mystérieux et j’espère avoir réussi cela…

Et d’ailleurs,  le Paris que vous filmez, et ce, même si votre tournage a eu lieu avant le 13 novembre, c’est un Paris qui a été  mis à mal par ces attentats, celui  de salles de spectacle , des cafés, et qui du coup prend une résonance particulière un peu malgré vous, non?

Edouard Baer : Oui bien sûr, le Paris que je mets en avant, c’est  l’idée d’une  ville dans laquelle les gens ont envie de se croiser, de faire des rencontres,   de descendre dans la rue , voir des spectacles, un lieu où l’on vit ensemble; pour moi c’est ça une ville avant tout.. A l’heure où sortir de chez soi  serait presque considéré comme un acte d’héroisme forcément , on peut  faire ce parallèle là avec mon film. Donc ce n’est pas un film militant au départ, mais au vu de l’actualité, il peut prendre cette dimension là, c’est sûr..

Vous avez dit dans le dossier de presse du film que votre personnage aurait pu avoir une autre profession que directeur de  théâtre, il aurait pu être par exemple patron de presse. Pourtant votre long métrage est totalement une ode au théâtre, pas forcément du coté des comédiens comme l’était « Opening Night » ou « Birdman » mais du coté des machinistes et des administratifs, vous n’êtes pas d’accord avec cela?

Edouard Baer : Si si bien sûr..en fait ce qui m’importait, c’était que mon personage soit un “petit patron”  à l’ancienne avant tout..un type qui doit se battre avec des histoires d’argent, qui doit boucler la fin de mois de ses salariés, un mec qui passe son temps à résoudre des problèmes de fric alors qu’il aimerait faire un peu autre chose, comme rencontrer des gens, Bref,  un petit patron de PME comme on en voyait beaucoup avant… Et si j’ai choisi  le théâtre, c’est parce qu’ y coexistent beaucoup d’enjeux et d’énergies différentes dans un seul et  même lieu. Il y a bien un enjeu commercial, qui est de savoir comment remplir une salle, payer sa troupe, comment gérer des problèmes d’ordre administratif  mais celui-ci est traversé par une dimension artistique avec des acteurs, un metteur en scène , des gens qui ont un ego et des horaires différents.. Et cette synergie de deux mondes différents est concentrée autour d’un même but: la représentation, cette sorte de « fête obligatoire » qui doit avoir lieu,  coûte que coûte.. Pour autant, je n’opposerais pas forcément mon film avec « Opening Night » que j’adore ..car il y a dans le film de Cassavetes de très beaux portraits de techniciens, il y en a un vieux machiniste notamment qui donne à boire à Gena Rowlands alors qu’il ne devrait pas, ou bien ce producteur moustachu très élégant, ces personnages là  ne sont pas loin de mon Luigi, ce directeur de theâtre très fier que ce metteur en scène japonais monte une pièce chez lui, que Galabru la joue, tout cela me semble assez proche dans l’esprit..

Un des personnages particulièrement intéressant du film est ce singe qui ajoute à la folie douce de l’ensemble. Est-ce facile de trouver un singe pour un tournage de film?

Edouard Baer : Figurez vous qu’on a fait comme dans le film, on a cherché sur Google  » cherche singe pour spectacle »  et on est  notamment tombé sur des  trucs un peu louches, des histoires de  trafics de singe en Malaisie .. Il faut savoir que ce chimpanzé, qu’on a finalement  trouvé, qui est un très rare croisement entre le Chimpanzé et le bonobo,  vient d’une famille de stars, puisque sa maman jouait dans la fameuse publicité d’Omo que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre( NDLR :  là Edouard part dans une  hilarante imitation de la pub Tour Tikiki Omo Mousse costaud). Bref , c’est un « enfant de la balle », mais bon reconnaissons  toutefois qu’elle ne répond pas à toutes les indications de mise en scène surtout s’il y avait une épicerie à coté avec des fruits à l’étalage là on la perdait  assez vite  ( rires)..

Et  sans rapport avec la question précédente (rires), comment parvient-on à convaincre l’immense Alain Souchon d’écrire un titre spécialement pour le générique de son film?

Edouard Baer : Ah ça  aussi, c’est génial.. quand je réfléchissais  au type de chanson que je voulais pour mon générique de fin, je disais à tout le monde que  l’idéal serait d’avoir une chanson qui ressemble à du Souchon, sans oser imaginer que j’aurais carrément l’original… Je pensais notamment à cette splendide chanson « l’amour en fuite » qu’il avait écrit pour le film de Truffaut, mais devant ce chef d’oeuvre, j’étais un peu intimidé… Ma productrice Barka Hidj m’a alors vite convaincu de le contacter directement pour lui proposer :  il a d’abord refusé, il avait son disque et sa tournée avec Voulzy à préparer, et puis il a vu le film, a accepté le projet, et s’est attelé rapidement à la tâche. Quand j’ai vu le résultat, j’ai été stupéfait par les paroles qu’il a trouvées, totalement en correspondance avec le personage de Luigi et ses relations aux autres.. Alain a troussé des paroles d’une telle simplicité et d’une telle justesse, avec cette sorte de grâce qui n’appartient qu’à lui, alors qu’on s’en était très peu parlé en amont; il a mis tout ce que j’aurais aimé entendre sur les personnages, sur l’atmosphère, avec cette poésie si particulière qui le caractérise .. (il fredonne) “On se demande ce que l’on devient, ce qu’on va faire avec le jour qui vient..  » Ah,  tout cela,  c’est  tellement souchonesque que  le résultat ne peut que me ravir  profondément ..et on s’est revus très récemment avec Alain,  pour tourner le clip et c’était vraiment un chouette moment…

Interview Blog Baz’Art  11 janvier 2017

 

 

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