Alberto Rodriguez

Né le 11 mai 1971 à Séville

Espagne

Réalisateur, scénariste

Groupe d’Elite, Les 7 Vierges, La Isla Minima, L’Homme aux Mille Visages

Le film d’Alberto Rodriguez restitue parfaitement le mélange des genres qui fait le sel de l’insaisissable Paesa, entre l’agent secret et le héros ­picaresque.

Les crimes de Francisco Paesa sont aujourd’hui prescrits. Si vous vous promenez dans les rues du Quartier latin à Paris, vous n’aurez malgré tout qu’une maigre chance de le croiser tant il mène une vie clandestine depuis vingt-cinq ans. Il pourrait ressembler à un homme élégant de 80 ans, cheveux blancs et lunettes noires. C’est en tout cas ainsi qu’il apparaît en couverture de la version espagnole du magazine Vanity Fair en septembre 2016. «Je ne devrais pas sortir du VIe arrondissement, confie-t-il au journaliste David Lopez Canales, qui a retrouvé sa trace. Ici, c’est l’endroit où l’État français m’assure une protection à condition que je ne fasse aucune opération dans ce pays. Je respecte ça.» Auprès du journaliste madrilène, Paesa reste évasif sur ses opérations hors de France. Négociation du prix du pétrole entre la Chine et l’Iran, conseil de Jean-Claude Juncker en pleine crise du Brexit… En revanche, il affirme qu’il n’a pas gardé l’argent dérobé par Luis Roldan, le patron de la Guardia Civil mais qu’au contraire, il perdit 3 millions de dollars pour l’avoir aidé…Après avoir vu L’Homme aux mille visages, on peut ne pas le croire sur parole. On en vient même à douter que Vanity Fair ait rencontré le vrai Paesa, donné pour mort plusieurs fois. À propos des histoires de Paesa, David Lopez Canales dit qu’elles «résonnent comme si c’était John le Carré qui avait écrit le Quijote».

Le réalisateur Alberto Rodiguez nous promène de Paris à Rome, de Genève à Singapour, d’intermédiaires louches en aigrefins roublards avec une belle maestria. Et continue de scruter l’Espagne post-franquiste, après les crimes impunis de La Isla Minima et la corruption liée à l’Exposition universelle à Séville en 1992 de Groupe d’Elite.

D’après Sorin Etienne pour Le Figaro 12/04/2017

 

 

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