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Archives pour mars 2022
Women Do Cry
WOMEN DO CRY
• De Mina Mileva et Vesela Kazakova
• Bulgarie 2021/ 1H47
• Avec : Maria Bakalova, Ralitsa Stoyanova, Katia Kazakova
Le ton est donné dès le générique, écrit en grosses lettres comme sur une
banderole pour aller à la manif. Il y a de la colère dans l’air, une énergie
aussi, et la force de la solidarité : un programme radical pour ce film bulgare
aussi libre que passionné. À Sofia, on rencontre Ana, Veronica, Yoana, Lora
et Sonja, mères et soeurs formant une grande famille un peu toquée. Un seul
homme y a encore sa place, le père et grand-père. Les partenaires ou petits
amis ont fui, lâchement. Filles et petites-filles sont livrées à la solitude –
sauf Yoana, parce qu’elle est en couple avec une autre femme. La guerre des
sexes bat son plein.
Dans la pagaille sympathique de cette tribu, c’est la souffrance qui fait lien. Celle
de Sonja, qui se découvre séropositive, contaminée par celui qu’elle aimait. Celle
de Veronica, dépressive et agressive à force de s’occuper seule de son bébé. Celle
d’Ana, qui n’a jamais osé s’affronter au père quand il battait leur mère. La
violence est partout. Même dans les rues de la ville, où les Bulgares manifestent
pour dire leur peur que l’identité masculine disparaisse, l’estimant menacée par
la nouvelle notion de genre. L’espoir d’un réconfort revient le temps d’une virée à
la campagne, où l’on honore une sainte, protectrice de la femme. Mais, là aussi, la
tradition favorise le sexe fort.
Ce film féministe et au bord de la crise de nerfs, fantasque et très attachant, fait
du cinéma un langage très expressif. Les deux réalisatrices réussissent des scènes
marquantes, comme celle de la tentative de suicide de Veronica et toutes celles,
nombreuses, où l’on voit des animaux – cigognes symboles de maternité, chattes
représentant, expliquent les autrices, l’indépendance. Ces présences animales
parlent aussi de tendresse, de fragilité. Sous la franchise abrasive de ce regard sur
la condition féminine bulgare, une nostalgie de la tendresse fait vibrer ces
portraits de femmes à fleur de peau (Frédéric Strauss, Télérama
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PETITE NATURE
Petite Nature
Johnny, 10 ans, est un enfant frêle aux longs cheveux blonds. À la maison, il s’occupe de sa petite soeur. Sa mère picole pas mal. Elle est du genre à cogner facilement, y compris sur lui. Elle l’incite à être plus viril. Son père est parti. Il y a juste des amants de passage. Alors Johnny fait face. Il se débrouille, il a du répondant, il est futé. Il s’affirme avec ingénuité et lucidité. Et son instituteur lui apporte un cadre et du savoir. Johnny se prend de passion pour lui. La fascination devient attirance, désir sexuel. Ce n’est pas rien. Samuel Theis connaît le poids du tabou sur ce sujet- la libido chez l’enfant, au seuil de l’adolescence. Il l’affronte de manière sensible et responsable avec d’autant plus de sagacité qu’il associe clairement cette libido à un désir d’émancipation sociale. Johnny étouffe et ne supporte plus la trivialité de son milieu défavorisé. Marre de cette cité de Forbach, marre de la malbouffe. Assoiffé de savoir et de culture, il aimerait plus tard avoir un métier estimable, pas indigne comme celui de sa mère, dit-il. Aliocha Reinert impressionne en couvrant une large gamme de jeu, de la gêne au numéro de séduction, de l’émerveillement à la colère hargneuse. (D’après Jacques Morice,Télérama)
Samuel Theis traite cette histoire potentiellement « incorrecte » sans le moindre esprit sensationnaliste ou polémique, avec beaucoup de tact, de finesse, de justesse, un sens du tempo patient d’une narration et d’une cristallisation amoureuse, un rapport fort aux lieux et aux acteurs filmés : aux côtés de l’excellent Antoine Reinartz, Johnny et sa mère sont joués par des inconnus absolument remarquables. (Serge Kaganski, Transfuge)
C’est une histoire sur l’enfance, comment on la quitte, comment on grandit. Sur l’éveil à soi, aux autres, au désir. L’alchimie sensible entre Aliocha Reinert et Antoine Reinartz attrape le coeur. Comme il en est des chansons, voici une histoire douce, magnifiquement écrite, tournée et jouée. (Nathalie Chifflet, Dernières nouvelles d’Alsace
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SOUS LE CIEL DE KOUTAISSI
SOUS LE CIEL DE KOUTAISSI
De Alexandre Koberidze
Georgie 2021:2H30/VOST
Avec Giorgi Bochorishvili, Ani Karseladze, Oliko Barbakadze, Giorgi Ambroladze
Lisa et Giorgi se rentrent dedans en pleine rue. Une première fois, puis une deuxième… C’est un début de comédie romantique comme on en a vu beaucoup au cinéma. Mais filmé ainsi, jamais : le coup de foudre est en effet cadré sur les chevilles des deux amoureux… Ce genre de trouvailles insolites — et séduisantes —, Sous le ciel de Koutaïssi en regorge. C’est une fable où des objets inanimés (une vieille plante, une gouttière…) sont pourvoyeurs de légendes et alertent les protagonistes de la malédiction qui plane sur eux. Une drôle d’expérience cinématographique où le réalisateur demande soudain à ses spectateurs de fermer les yeux, puis de les rouvrir après un signal sonore…
En dépit de, ou plutôt grâce à cette étrangeté récurrente, on s’attache très vite à Lisa, l’étudiante en médecine, et à Giorgi, le footballeur, frappés par le mauvais œil : le narrateur, dans un texte poétique, prévient que les deux amoureux vont se réveiller avec un physique différent, que leurs talents auront disparu, et qu’ils ne pourront jamais se retrouver. Lisa va donc devenir serveuse, Giorgi sera désormais incapable de taper dans un ballon… et les personnages vont changer d’interprètes.
Leur histoire d’amour maudit pourrait être tragique. Elle émerveille, autant par ses rebondissements tranquilles que par ses digressions buissonnières. Aleksandre Koberidze met régulièrement son récit sur « pause » — quitte à prendre parfois un peu trop son temps —, pour évoquer, entre regard documentaire et rêverie, le passé glorieux de la ville de Koutaïssi. Dans l’ancienne capitale de la Géorgie envahie d’une douce torpeur, il filme, magnifiquement, les enfants, les chiens, et la passion pour le football à l’heure de la Coupe du monde. Il rend, aussi, un bel hommage au cinéma à travers un « film dans le film » qui permet de voir la réalité autrement. Et, peut-être, de réenchanter le monde par la magie… Telerama Samuel Douhaire
: Il y a les films qui vont droit au but et ceux qui s’oublient sciemment en chemin, car c’est la divagation qui leur importe, la flânerie conçue comme principe poétique. De poésie, le second long-métrage d’Alexandre Koberidze, jeune cinéaste géorgien, né en 1984 à Tbilissi, en regorge. Non pas cette poésie autoproclamée qui tord la réalité sous l’effet d’un caprice d’auteur, mais celle qui se recueille directement à la surface des choses, si tant est que l’on veuille bien leur prêter attention.
Sous le ciel de Koutaïssi, révélé lors de la Berlinale 2021, le fut sous son titre international What Do We See When We Look at the Sky ? : « que voyons-nous quand nous regardons le ciel ? » Devinette en guise de frontispice qui traduit assez bien de quoi il retourne : du regard qui, comme le vent, se pose où il veut et transfigure tout ce qu’il touche, transformant le plomb en or et les grenouilles en princes. Le monde Mathieu Macheret
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Entre les vagues
ENTRE LES VAGUES.
de Anaïs Volpé- film francais – 1H39
avec Souheila Yacoub, Déborah Lukumuena, Matthieu Longatte, Sveva Alviti, …
Deux âmes sœurs inséparables, Alma et Margot, croquent la vie à pleines dents : elles n’en finissent pas de ne pas vouloir grandir et depuis toujours, elles veulent devenir comédiennes ; comédiennes, elles le sont déjà, elles le sont dans tous les petits jobs d’appoint qu’elles acceptent pour vivre : le tablier de serveuse, la blouse d’esthéticienne, ce sont, pour elles déjà des costumes ! L’occasion de jouer à être et à ne pas être.
Devenir actrice coûte que coûte, en faire un métier : entre deux services, les 2 amies courent les castings, espérant qu’un un jour, le vent tournera et un jour il semble qu’il tourne : Alma décroche un rôle dans une pièce de théâtre : elle y jouera le premier rôle, celui d’une jeune femme enceinte partant sur les traces de sa grand-mère italienne, immigrée à New York : clin d’œil aux déracinés, voyage dans le temps, voyage dans l’espace…le temps d’une pièce et… Margot sera sa doublure.
Et puis il y a les imprévisibles tempêtes de la vie, il en survient une et la chronique juvénile joyeusement débridée devient mélodrame et seuls le jeu et la fiction vont sauver : ils vont permettre de se laisser ballotter par les flots, suivant le perpétuel mouvement des marées, sans toucher le fond.
Dans ce deuxième film, la réalisatrice filme Paris , ses quartiers cosmopolites, plein de vie, ses ambiances sonores, à l’image de ses deux comédiennes, dont l’énergie communicative , emporte tout sur son passage telle une tempête d humanité.
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programmation du 31 mars au 3 mai 2022
DE NOS FRERES BLESSES
De Hélier Cisterne – France – 2022 – 1h35 – VO
Avec Vincent Lacoste, Vicky Krieps, Jules Langlade
1954, Hélène et Fernand tombent amoureux. Avec lui, elle part pour Alger, découvre sa beauté et l’attachement que Fernand porte à son pays. Alors que l’Algérie et la France se déchirent, leur vie bascule. L’histoire vraie du combat d’un couple pour la liberté.
PETITE NATURE
De Samuel THEIS – France-1h35. Avec Aliocha Reinert, Antoine
Reinartz, Mélissa Olexa, Izïa Higelin
Johnny, 10 ans, est un enfant frêle aux longs cheveux blonds. À la maison, il s’occupe de sa petite sœur. Sa mère picole pas mal. Elle est du genre à cogner facilement, y compris sur lui. Elle l’incite à être plus viril. Son père est parti. Il y a juste des amants de passage. Alors Johnny fait face. Il se débrouille, il a du répondant, il est futé.
Il s’affirme avec ingénuité et lucidité. Et son instituteur lui apporte un cadre et du savoir et Johnny se prend de passion pour lui.
Caméra d’Or à Cannes 2021
PICCOLO CORPO
De Laura Samani, France, Italie, Slovénie 1h39, VOST
Avec : Celeste Cescutti, Ondina Quadri
Odyssée mystique d’une mère prête à tout pour faire baptiser son enfant mort-né. Un beau portrait dans l’Italie du début du XXème.
Agata accouche de son 1er bébé qui meurt aussitôt. On lui dit qu’elle est si jeune, qu’elle en aura d’autres mais Agata s’entête dans sa douleur. Elle refuse que son bébé mort ne soit qu’un brouillon inutile,une enveloppe vidée promise à l’oubli. L’enfant mort-né est privé d’au-delà car non baptisé, piégé pour ,l’éternité dans les limbes.Agata part seule avec le cadavre de son bébé dans un coffre de bois,en quête d’un sanctuaire lointain où il serait possible de ressusciter le bébé un instant pour lui donner le sacrement nécessaire.
ENTRE LES VAGUES
D’ Anais Volpe- film français- 2022-1H40
Avec SouheilaYacoub et Deborah Lukumunea
Rêver, foncer, tomber, repartir rêver encore et recommencer : ellesont l’énergie de leur jeunesse, la joie, l’audace et l’insouciance :Margot et Alma sont inarrêtables, inséparables, elles veulent toutes
deux devenir comédiennes, elles mènent leur combat, elles sontproches du but, il leur paraissait inaccessible et puis…. Soudain lavictoire proche et l’insouciance se dissipent, un autre combat, se profile…
SOUS LE CIEL DE KOUTAÏSSI
De Aleksandre Koberidze – Georgie – 2021 – VOST – 2h 30
Avec Giorgi Bochorishvili, Ani Karseladze, OlikoBarbakadze….
On dit parfois que les Géorgiens sont les Méditerranéens du Caucase mais ce caractère ne saute pas aux yeux chez les cinéastes locaux, souvent sombres. Sous le ciel de Koutaïssi, d’Alexandre Koberidze, vient donc à point nous rappeler qu’un film peut être libre, facétieux, magique et drôle avec un conte amoureux qui témoigne aussi de la passion du réalisateur pour le cinéma, le football et d’autres petites choses qui embellissent le quotidien.
PLUMES
De Omar El Zohairy-Egypte-2021- 1H52-VOST
Avec Demyana Nassar, Samy Bassouni, Fady Mina Fawzy
Les paroles des hommes, les actes des femmes…Dans cette famille pauvre égyptienne, la mère ne dit rien, obéit, s’occupe de son mari et de ses 3 enfants… Jusqu’au jour où le mari est changé en…poulet… par un magicien. Lui le coq humain qui régnait sur la
maisonnée! La mère, effacée jusque – là, doit alors prendre les commandes, affronter l’extérieur, faire les démarches, tenir tête aux hommes, traçant avec ténacité sa route et gardant la tête froide.
Grand Prix à la Semaine de la Critique Cannes 2021
https://cinecimes.fr/?p=5298&preview=true
ALI ET AVA
De Clio Barnard – Grande-Bretagne – 1h35
Avec Adeel Akhtar, Claire Rushbrook, Shaun Thomas…
Ava, veuve d’origine irlandaise, est à la tête d’une famille éparpillée.Refaire sa vie semble loin de ses préoccupations. Ali, jeune chauffeurde taxi d’origine pakistanaise, n’arrive pas, lui , à avouer à sa famille
que sa femme le quitte. Bien qu’habitant la même ville de Bradford,ils n’avaient aucune raison de se rencontrer et encore moins des’aimer. Blessés par la vie, c’est leur affection commune pour Sofia,
une jeune fille dont Ava est l’assistante maternelle qui les fait se croiser .De là va naître un lien profond au-delà des différences culturelles et sociales.
CONTES DU HASARD ET AUTRES FANTAISIES
De Ryûsuke Hamaguchi – Japon – 2 h – VOST
Avec Kotone Furukawa , Kiyohiko Shibukawa, Katsuki Mori…
Ce sont ici trois trajectoires de femmes qui ont en commun finesse d’écriture, sobriété de mise en scène et sens du romanesque. On ressent dans ces trois histoires ( un étrange triangle amoureux, une
tentative de séduction, une rencontre née d’un malentendu ) un immense plaisir de conter et une capacité surprenante à déjouer les trajectoires attendues.Chacune de ces femmes se révèle tout en gardant ses mystères et c’est toute la finesse du cinéma de Hamaguchi : ne pas vouloir résoudre, se contenter de caresser l’insaisissable avec une délicatesse infinie.
Grand prix du jury à Berlin
MONEYBOYS
De C.B.Yi – Autriche- Taïwan – 2021 – 1H56 – VOST
Avec Kai Ko, Zeng Meihuizi, Bai Yufan
A Pékin, l’amour d’un prostitué, pour un autre. Un film sur la honte.A Pékin, l’amour d’un prostitué, pour un autre. Un film sur la honte, l’estime de soi et le droit au bonheur, où tout est doux et tragique. Fei, un Chinois de 20 ans, se prostitue afin de subvenir aux besoins de sa famille, qui dans son village reculé, ignore comment il gagne de l’argent. A la ville, il a aussi trouvé le grand amour en la personne d’un autre travailleur du sexe, plus aguerri.
La mise en scène révèle les vertiges et les mirages de l’exode ruraldans une Chine qui se modernise tout en maintenant les tabous quant à la prostitution et l’homosexualité.
https://cinecimes.fr/c-b-yi-moneyboys/
WOMEN DO CRY
De Mina Mileva et Vesela Kazakova, Bulgarie- 2021- 1h47
Avec Maria Bakalova, Ralitsa Stoyanova, Katia Kazakova
Une cigogne blessée, une femme en pleine dépression postnatale, une jeune fille confrontée aux stigmates du VIH, une mère qui cherche un peu de magie dans le calendrier lunaire…Une cigogne blessée, une femme en pleine dépression postnatale,
une jeune fille confrontée aux stigmates du VIH, une mère qui cherche un peu de magie dans le calendrier lunaire… Sœurs, mère set filles se confrontent à leurs fragilités et à l’absurdité de la vie, au moment où de violentes manifestations et débats sur le genre déchirent leur pays, la Bulgarie.
Un film d’une liberté folle, haut en couleurs et colères, qui n’hésite pas être drôle et qui ne triche jamais. Un véritable tour de force musclé par le réel, un rafraîchissement pour notre époque!
Un Certain regard du Festival de Cannes 202
https://cinecimes.fr/mina-mileva-et-vesela-kazakova-women-do-cry/
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DE NOS FRERES BLESSES
Qui se souvient de la guerre d’Algérie, l’a vécue ou subie le cas échéant, ou l’a apprise, ou encore à qui le nom de Fernand Iveton dit encore quelque chose, se retrouvera dans les plaies pas encore complétement refermées de cette période sombre de notre histoire. L’issue finale est connue du spectateur suffisamment informé, lequel trouvera donc aisément ses points de repère pour suivre le fil du scénario. Car sinon, le mode narratif intercalant fréquemment des scènes se déroulant dans un temps différent, pourrait conduire à perdre pied. Ce sera d’ailleurs certainement un écueil pour un public plus jeune qui n’aura sans doute pas appris grand-chose de la période sur les bancs de l’école. Fernand Iveton était somme toute un militant ordinaire, membre du parti communiste algérien, pas une grande figure du mouvement ouvrier, ce qui explique aussi que son souvenir se soit effacé, du moins dans l’hexagone. C’est un hommage qui est ainsi rendu à sa mémoire, mais sans grande démonstration. Condamné à mort par un tribunal militaire et lâché par le parti communiste et son journal L’Humanité, Fernand Iveton espéra jusqu’au bout sa grâce mais un certain ministre de la justice d’un gouvernement qui se disait socialiste refusa de la lui accorder et entérina son exécution sur l’échafaud : il s’appelait François Mitterand…
Le film est adapté assez librement d’un livre de Joseph Andras qui refusa le prix Goncourt qui lui fut attribué. Grâce lui soit rendue et au réalisateur Hélier Cisterne de nous transmettre cette histoire oubliée. Le réalisateur retranscrit magnifiquement l’ambiance de l’époque, de cette « guerre sans nom » – pour reprendre le titre du remarquable documentaire de Bertrand Tavernier. On évite l’hagiographie en privilégiant un point de vue extérieur sur le destin de Fernand Iveton. Le film offre plûtot qu’une thèse, la possibilité au spectateur de se faire une opinion. Le combat de Fernand était-il juste ? Ses actes étaient-ils justifiés ? Le procès était-il équitable ?
Télérama Jacques Morice :
Fernand Iveton, un nom, que l’Histoire avait effacé. Un héros ordinaire doublé d’un bouc-émissaire sacrifié. Son histoire s’inscrit dans le contexte de la guerre d’Algérie. En 1954, ouvrier tourneur dans une usine à Alger, ce jeune communiste ne supporte plus le sort réservé aux « indigènes » musulmans. Aux côtés de son meilleur ami, Henri, et de plusieurs autres camarades, il milite pour que les Arabes aient davantage de droits. La guerre n’est pas encore visible, le combat pour une Algérie libre tâtonne, source de divisions. Après avoir commencé à se rapprocher du FLN, Yveton décide un jour de poser une bombe dans son usine. L’attentat ne vise personne, il est consciencieusement planifié comme du sabotage, l’objectif étant de plonger la ville dans le noir. Mais la bombe est désamorcée et Iveton, arrêté.
La suite est à peine croyable : torture, procès qui vire à la mascarade dans un tribunal militaire, absence de soutien de la part de la métropole. Hélier Cisterne, le réalisateur remarqué de Vandal (2013), prend soin, pourtant, de juguler le pathos en apportant une forme d’innocence et de fraîcheur. Le film, construit en puzzle, avec une chronologie éclatée, est politique, mais c’est aussi une histoire d’amour, simple et forte, entre Fernand et Hélène, jeune mère polonaise, fière et entreprenante, qui a fui le régime stalinien. Le sujet du communisme, qui les oppose forcément au début, donne lieu à une scène de querelle à la fois véhémente et savoureuse. On y sent déjà leur attirance qui sera plus forte que l’idéologie.
Vincent Lacoste et Vicky Krieps forment un couple parfait. Dans leur rencontre au bal, dans les scènes de baignade ou de dîner avec les amis se dégage un parfum d’insouciance, qui rappelle parfois le cinéma populaire d’avant-guerre. Cette insouciance ne disparaît jamais tout à fait, même quand les événements prennent une tournure plus dangereuse. S’il est parfaitement conscient des risques encourus, Iveton manifeste, dans son idéalisme, une part d’ingénuité qui le voue sans doute à l’échec. Il n’empêche : sa bravoure et celle de son épouse, qui ne passe pas à l’action mais sait tout et a accepté, non sans tension, de rester auprès de son homme, réveillent le souvenir de ces couples humbles et unis engagés dans la Résistance.
Avec sa sobriété, sa pudeur, De nos frères blessés est poignant, tant l’injustice racontée est criante. Et en plus de faire connaître cette affaire, le flm révèle le rôle de François Mitterrand, garde des Sceaux de l’époque, qui signa l’arrêt de mort de Fernand Iveton. Lequel ne fut pas le seul dans ce cas : quarante-quatre autres condamnés furent guillotinés en un an, alors qu’il occupait ses fonctions, de 1956 à 1957.
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PLUMES
PLUMES
De Omar El Zohairy
Egypte france pays bas/ 2022/ 1H52
Avec Demyana Nassar, Samy Bassouny, Fady Mina Fawzy, Abo Sefen Nabil Wesa
Grand Prix de la Semaine de la critique au dernier Festival de Cannes, ce drôle de drame venu d’Égypte peut aussi prétendre à la palme du film le plus déroutant : le réalisateur y insère très naturellement de l’absurde au sein d’un réel miséreux. Plumes a d’ailleurs fait scandale en son pays, pour sa vision, en effet très noire, des bidonvilles du Caire.
C’est l’histoire d’une femme (Demyana Nassar, magnifiquement impénétrable) ou plutôt d’une femme de…, épouse et mère, soumise à l’autorité de son mari et de ses enfants en bas âge dans un morne appartement noirci par les fumées toxiques de l’usine dont le maître de maison est lui-même dépendant. Mais, durant la fête d’anniversaire d’un des garçonnets, un prestidigitateur transforme le père en… poule : le burlesque s’installe ainsi dans ce décor digne d’un Zola égyptien. Tandis que la fiente envahit dorénavant l’ancienne chambre conjugale, il s’agit, alors, d’une discrète émancipation féminine. D’abord obsédée à l’idée de retrouver son mari, luttant contre la bureaucratie et les arrangements proposés par un homme aux mains baladeuses, l’épouse, loin de tout cliché sur la mère courage, se pare d’une noble indifférence. Un sourire à peine perceptible, léger comme une plume, s’affiche sur son visage. Le cinéaste ose même délester sa fable d’une morale. Ou alors, on croit deviner la suivante : ce n’est pas par magie mais avec une vraie prise de conscience que le pouvoir du patriarcat peut devenir volatil. Par Guillemette Odicino de Télérama
Interview du réalisateur Omar El Zohairy le 24 /03 par Fanny Arlandis (Télérama)
«Cette histoire a germé en moi dans mon enfance et m’a longtemps obsédé. J’ai grandi avec des parents séparés car mon père était parti vivre aux États-Unis, séduit par le rêve américain. C’était un homme passif, qui refusait la plupart du temps d’affronter la réalité et qui ne croyait pas en lui. Il est mort dans la pauvreté, acculé par la pression du capitalisme. Le personnage principal de mon film, la mère de famille, est très proche du caractère de mon père. Personne ne se soucie jamais de ces gens, on ne les remarque pas dans la rue, au même titre qu’une plume tombée sur un trottoir. Mais si on s’arrête pour observer une de ces personnes de plus près, on découvre qu’elle concentre de la douceur et une infinie beauté… comme mes personnages. La mère de famille n’a rien d’une héroïne, d’ailleurs on rit d’elle au début, puis, au fur et à mesure, on se sent de plus en plus proche d’elle.»
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ALI ET AVA
ALI et AVA
film de Clio Bernard, Grande Bretagne , 1h35
avec Adeel Akhtar, claire Rushbrook, Shaun thomas…
A priori, ils n’ont pas grand-chose en commun, à part la ville où ils habitent. Bradford ,
un décor populaire de briques et de grisaille, quelque part dans le York-shire, dans le nord de l’Angleterre. Ava, la cinquantaine, mère et grand-mère précoce à la silhouette un peu massive, au regard bleu infiniment doux et fatigué, ne vit que pour sa famille et son travail d’éducatrice dans une école.Ali,un peu plus jeune,ancien DJ,barbu hâbleur et chaleureux cache ses blessures et sa solitude (en instance de séparation,coincé avec son ex-femme à la maison) derrière l’humour et l’exubérance. Ils ne fréquentent ni le même quartier,ni le même milieu, n’ont pas les mêmes goûts musicaux, ne sont pas issus des mêmes exils (elle originaire d’Irlande et lui pakistanais). Pourtant, lorsque le hasard les réunit, la tendresse est immédiate.Peu à peu,cette drôle de solidarité instinctive, ludique et délicate évolue vers un sentiment plus fervent. Entre Ali et Ava, l’histoire d’amour n’est pas seulement singulière et attachante, portée par 2 acteurs d’une exceptionnelle sensibilité. Elle est aussi le subtil révélateur d’un contexte social difficile, que la réalisatrice représente sans jugement ni pesanteur démonstrative, avec une humanité rare et lucide. Ou comment évoquer la dureté du monde avec une infinie douceur. L’entourage des 2 amoureux, en effet, accepte fort mal ce lien naissant. Il est question de racisme et de préjugés, de deuils, de mensonges intimes et d’anciennes douleurs, et surtout de communautés étanches.Avec un optimisme prudent,ce film subtil rebâtit des passerelles fragiles (en passant,souvent,et avec brio,par la musique et le jeu) dans une société toujours plus clivée.
Présenté à la quinzaine des réalisateurs au derniers Festival de Cannes, Ali et Ava est un petit miracle de réalisme lumineux, dont on ne peut que tomber amoureux.
Critique de Cécile Mury de Télérama
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CONTES DU HASARD ET AUTRES FANTAISIES
Écrit et réalisé par Ryûsuke HAMAGUCHI – Japon 2021 2h01 VOSTF – avec Kotone Furukawa, Kiyohiko Shibukawa, Katsuki Mori, Fusako Urabe, Aoba Kawai… Grand Prix du jury, Festival de Berlin 2021 • Montgolfière d’Or, Festival des 3 Continents 2021.
Curiosité du calendrier des sorties de films, Contes du hasard et autres fantaisies a été réalisé par Ryûsuke Hamaguchi juste avant l’éblouissant Drive my car qui lui a valu une consécration critique et publique méritée l’an dernier. Les spectateurs retrouveront ici avec plaisir les motifs qui parcourent une œuvre relativement jeune et déjà frappée de fortes récurrences. À la manière d’ondes concentriques au milieu d’une surface calme, le cinéma de Hamaguchi procède par l’introduction d’un fait inattendu dans la vie sentimentale des personnages – un hasard, une étrangeté, une disparition – et s’attache à saisir les plus infimes remous qu’il engendre. Sans choc ni soubresaut, la vibration ainsi provoquée va lentement conduire les personnages dans un processus de révélation à eux-mêmes et aux autres, où la parole, entre confidence et création, tient un rôle essentiel. De film en film, la répétition de ces procédés font du cinéma d’Hamaguchi une étude toujours renouvelée et sans cesse surprenante de l’intime. Les trois contes indépendants qui composent le présent film n’ont donc rien d’un exercice de style : ils sont le cœur même d’une œuvre fascinante, tout entière placée sous le signe de la variation.
Voici donc trois récits, trois trajectoires de femmes qui ont en commun finesse d’écriture, sobriété de mise en scène et sens du romanesque.
Dans le premier mouvement, il est question d’un étrange triangle amoureux. Alors que deux amies partagent un taxi, l’une d’entre elles effeuille le jeu de séduction verbal qu’elle vient d’avoir avec un homme. Ce que la conteuse ignore, c’est qu’à mesure qu’elle détaille son histoire, son amie reconnaît un de ses anciens amours. Evidemment gênée que son amie tombe amoureuse d’un de ses ex, mais ne pouvant se résoudre à briser son idylle, la jeune femme comprend peu à peu que le plus troublant est encore de constater que la description de son amie a provoqué en elle un regain de désir enfoui pour son ancien petit ami.
Le deuxième conte est un traquenard amoureux dans lequel deux amants tendent un piège à leur ancien professeur de littérature, devenu romancier à succès. La jeune femme, sûre de ses atouts, se trouvera confrontée à un homme à la fois étonnamment rétif à ses avances et beaucoup plus joueur qu’elle ne le pensait…
Enfin le dernier segment met en scène une erreur de retrouvailles, lorsqu’une femme pense reconnaître dans la rue, à tort, une ancienne amie de lycée. Cette dernière, n’osant interrompre la joie et les confidences sitôt entamées de la fautive, s’enfonce dans un drôle de quiproquo, jusqu’à comprendre l’opportunité qu’une telle situation peut représenter pour elles deux.
On ressent dans ces trois histoires un immense plaisir de conter et une capacité surprenante à déjouer les trajectoires attendues. Les longues conversations, parfaitement écrites, qui jalonnent le film sont autant d’éloges à la puissance du verbe. Il y a dans ces portraits un travail profond sur l’identité de ces femmes, sur ce qu’elles n’ont jusque-là pas su dire et, peut-être plus encore sur ce qui ne pourra jamais être dit. Chacune se révèle tout en gardant ses mystères et c’est toute la finesse du cinéma de Ryûsuke Hamaguchi : ne pas vouloir résoudre, se contenter de caresser l’insaisissable avec une délicatesse infinie
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MONEYBOYS
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De C.B. Yi – Taïwan – 2021 – 1H56 – VOST
Nous sommes en Chine et nous découvrons le tout jeune Fei qui, comme des millions d’autres Chinois de son âge, a décidé de quitter sa campagne déshéritée pour la grande ville et ses promesses. On apprend qu’il a laissé au village une mère malade, qu’il doit soutenir financièrement, et on constate qu’il a très vite compris que son corps à peine pubère était pour lui la source de revenus la plus efficace et la plus rapide. Il a un amant, Xiaolai, qui voudrait le protéger des mauvaises rencontres mais tous les deux savent que c’est un vœu pieux… Ils vivent chichement mais somme toute heureux, jusqu’à ce qu’un client, plus violent et pervers que les autres, fasse basculer leur vie…
On va retrouver Fei quelques années plus tard dans un tout autre cadre : il occupe un appartement bourgeois, tel un de ces nouveaux riches de la Chine moderne du capitalisme d’État. Fei a un protecteur, fréquente une bande d’amis exerçant pour la plupart le même métier, parfois l’un ou l’autre fait un mariage de façade, pour rassurer une famille lointaine…
Ce premier film très réussi – signé d’un jeune réalisateur chinois qui a trouvé asile en Autriche avant de devenir l’élève de Michael Haneke – nous offre une analyse sociologique très fine d’une réalité chinoise qu’on voit peu à l’écran. Inspiré par les témoignages, recueillis pendant son année d’études à Pékin, de jeunes camarades d’université contraints de se prostituer pour survivre, C.B. Yi – qui avait d’abord le projet d’un documentaire avant de se raviser par crainte de mettre en danger ses amis – filme avec un œil d’entomologiste l’hypocrisie et la violence de la société chinoise : inégalités économiques monstrueuses qui frappent sans pitié les garçons et les filles arrivant de la campagne, harcèlement souvent teinté d’homophobie de la part des policiers, duplicité des familles qui acceptent volontiers l’argent des fils prodigues tout en désapprouvant leur mode de vie (on en voit un exemple terrible dans le film lors du retour éphémère de Fei dans son village lacustre)… C.B. Yi a par ailleurs parfaitement assimilé les leçons de maître Haneke et fait preuve d’un vrai talent pour installer des ambiances différentes mais toujours d’une grande force expressive : l’atmosphère poisseuse et anxiogène de la première partie laissant place à la froideur très papier glacé de l’univers bourgeois et policé dans lequel évolue Fei devenu « riche », d’appartements cossus en boîtes de nuit glamour. Avec toujours en arrière-plan une nature chaude et luxuriante dont on a la sensation que humidité sature le cadre. Enfin il faut souligner la splendide prestation de Kai Ko (découvert en 2017 dans le beau Adieu Mandalay) qui incarne aussi bien la fragilité et la soif de vivre du tout jeune Fei débarquant dans la grande ville que son flegme désabusé quand il se rend compte, peut-être trop tard, que, malgré sa réussite matérielle, il est envahi par le remords et le vide affectif que comble mal l’arrivée d’un jeune et bel amant
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