LA VOIX D’AÏDA
De Jasmila ZBANIC – Bosnie-Allemagne-1h44, VOST. Avec Jasna Duricic, Izudin Bajrovic, Boris Isakovic.
Dans les Balkans, en juillet 1995, les Serbes prennent et occupent la ville de Srebrenica, avant le massacre de 8 mille civils bosniaques, des hommes et des adolescents. Aïda, prof d’anglais bosniaque, est réquisitionnée comme interprète par l’ONU auprès d’un contingent néerlandais de la force de protection des Nations Unies. La réalisatrice bosniaque a inventé ce personnage pour développer un point de vue inhabituel de ces évènements. Le film se veut néanmoins fidèle à un nombre conséquent de faits attestés. Mais l’horreur reste hors-champ et rien n’annonce l’innommable. Chargée de faire passer les consignes et de rassurer la foule, clairvoyante, Aïda est à la fois neutre et impliquée car sa famille est bientôt enfermée comme des milliers d’autres dans ce camp de base qui menace de se transformer en piège. La Voix d’Aïda révèle une responsabilité multiple et n’exonère personne.
Données historiques
7-13 juillet 1995
Massacre de Srebrenica
Le point culminant de l’horreur dans la guerre de Bosnie est atteint à Srebrenica, une ville de 20 000 habitants majoritairement musulmane, enclavée dans une région orthodoxe, à l’est de la Bosnie-Herzégovine.
La prise de la ville par les Serbes débouche entre les 7 et 13 juillet 1995 sur le massacre de plusieurs milliers d’hommes et d’adolescents.
Dès le début de la guerre de Bosnie, Srebrenica a fait l’objet de nombreuses attaques de part et d’autre.
Pour assurer la sécurité des civils, l’ONU a déployé 400 à 600 Casques bleus français et néerlandais autour de la ville, sous le commandement du général français Philippe Morillon. En mars 1993, celui-ci n’hésite pas à monter sur un char et haranguer les habitants en vue de les rassurer : « Nous ne vous abandonnerons pas ! ».
Mais le général français, malgré ou à cause de cela, est extradé le 12 juillet 1993 et remplacé par le général belge Francis Briquemont.
La pression serbe sur la ville s’accroît à la mi-1995, cela en dépit des frappes aériennes de l’OTAN.
Le général Bernard Janvier, qui commande les forces de l’ONU dans l’ex-Yougoslavie (FORPRONU), considère que la ville est indéfendable et émet publiquement le vœu que ses hommes soient évacués.
Les Serbes qui assiègent Srebrenica le prennent au mot. Ils prennent en otages les Casque bleus et menacent de les exposer aux bombes de l’OTAN. Les représentants de l’ONU négocient leur libération en contrepartie de l’arrêt des frappes aériennes.
Là-dessus, le 7 juillet 1995, les Serbes prennent d’assaut la ville avec à leur tête Ratko Mladic.
Cet ancien officier yougoslave commande depuis 1993 l’armée serbe de Bosnie. Charismatique et brutal, il a déjà dirigé le siège de Sarajevo en pratiquant délibérément la terreur. Sa propre fille, Anna, une étudiante en médecine, ne l’a pas supporté et s’est donnée la mort en 1994, à 23 ans (Ce suicide et de nombreux autres illustrent le caractère pathologique des principaux acteurs de la guerre de Bosnie).
Défaillance de l’ONU
À Srebrenica, les Casques bleus néerlandais, réduits au statut d’observateurs, réclament en vain la reprise des frappes aériennes.
Sous leurs yeux, les Serbes rassemblent la population de la ville et mettent de côté les hommes de plus de 15 ans.
Les femmes et les enfants sont évacués en autocars ou à pied vers les zones à majorité musulmane.
Les hommes et les adolescents sont quant à eux entraînés vers les forêts environnantes sous prétexte d’évacuation.
Pendant les jours suivants, les Serbes vont les massacrer à l’arme lourde, au bord de fosses communes, au vu et au su de l’OTAN, qui multiplie les vols d’observation au-dessus de la région. On recensera plus tard près de 8 000 victimes.
Le 13 juillet 1995, les Casques bleus néerlandais sont à leur tour évacués. Pendant plusieurs jours, sur ordre, ils tairont les horreurs auxquelles ils ont assisté et la vérité des massacres.
Source : https://www.herodote.net/7_13_juillet_1995-evenement-19950707.php
Pour aller plus loin :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/729076/massacre-srebrenica-bosnie-anniversaire-20-ans
https://www.sciencespo.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr/document/le-massacre-de-srebrenica-11-16-juillet-1995.html
Massacre de Srebrenica — Wikipédia