Archives pour février 2018

Oh Lucy!

OH LUCY !

Quand une Japonaise froide et distante rencontre un américain familier et tactile, ça donne un film savoureux.

Il faut se laisser porter pour ce drôle de film pour le savourer totalement. « Oh Lucy ! » commence à Tokyo, où Setsuko mène une vie tranquille entre son ennuyeux travail de bureau et son petit appartement. Mais un jour, sa nièce Mika la convainc de racheter son abonnement à des cours d’anglais.

Là, Setsuko découvre John, un prof très particulier (Josh Hartnett, le beau gosse de « Virgin Suicides », « Sin City » ou du « Dahlia Noir »), qui lui demande de porter une perruque blonde et lui fait des câlins. Setsuko est intriguée. Quand elle s’aperçoit peu après que Mika s’est enfuie avec John en Californie, elle décide de les y rejoindre avec sa sœur…

Dans la première partie du film, on s’amuse beaucoup des différences culturelles entre cet Américain familier et tactile et cette Japonaise froide et distante. Puis, on se laisse surprendre par le fil des événements, totalement inattendus, fantaisistes. Peu à peu, le personnage de Setsuko se laisse entraîner par ses pulsions… Tout est possible au cinéma et c’est cela qui est jouissif dans « Oh Lucy ! ».

 

Dans la première partie du film, on s’amuse beaucoup des différences culturelles entre cet Américain familier et tactile et cette Japonaise froide et distante. Puis, on se laisse surprendre par le fil des événements, totalement inattendus, fantaisistes. Peu à peu, le personnage de Setsuko se laisse entraîner par ses pulsions… Tout est possible au cinéma et c’est cela qui est jouissif dans « Oh Lucy ! ».

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le rire de ma mère

 

LE RIRE DE MA MERE

De Colombe Savignac et Pascal Ralite

Avec Suzanne Clément, Grégoire Colin, Pascal Demolon, Igor Van Dessel, Corrado Invernizzi, Sabrina Seyvecou.

Adrien (Igor Van Dessel) vit une adolescence tourmentée et n’a pas la vie facile. Ses parents, Romain (Pascal Demolon) et Marie (Suzanne Clément), sont divorcés mais ils ont gardé une douce complicité. Comment Romain, cet homme posé et un peu maniaque, pourrait-il se passer du rire de Marie, si impulsive, si extravagante ? Un jour Adrien prend conscience d’une douloureuse vérité qui va tout changer, non seulement pour lui, mais également pour toute sa famille. Il va devoir faire face à la grave maladie de sa mère. Bref, grandir plus vite que prévu… Marie a beau rester bravache (avec sa perruque rose au sortir de la chimiothérapie, un soir de réveillon), l’ado sait qu’il va devoir être très courageux….

Critiques de Telerama et Première : * La réussite de ce premier long réside dans sa manière d’éviter le pathos grâce à un ton doux-amer et jamais complaisant sur la maladie, distillé par le duo Savignac-Ralite. Pascal Demolon, trop rarement en haut de l’affiche et accompagné ici d’un casting en tous points réjouissant, y évolue comme un poisson dans l’eau. Le rire de ma mère est à son image : émouvant et drôle, de concert et sans fausse note.                                                                                                                                                * Belle surprise que ce drame lumineux, d’une pudeur remarquable pour un tel sujet : le deuil du point de vue de l’enfant. Une tendresse diffuse et de nombreux traits d’humour tirent le film vers une ode à la transmission de la vitalité et aux souvenirs joyeux. Dans des paysages battus par le vent comme dans une cuisine où une femme confie le bonheur de son fils à une autre, Suzanne Clément rayonne en lionne blessée mais flamboyante. Face à elle, Pascal Demolon prouve que le registre de la gravité lui va comme un gant. Belle

Critique de AlloCiné. Propos recueillis auprès des réalisateurs et de P. Demolon par B. Baronnet au Festival                               du film francophone d’Angoulème

« Le Rire de ma Mère » est votre premier long métrage, mais vous avez une longue expérience               dans le cinéma. Pouvez-vous présenter en quelques mots votre parcours ?

Colombe Savignac :

J’étais assistante à la mise en scène. J’ai assisté pas mal de réalisateurs, donc j’avais une expérience de plateau, mais pas du tout de réalisation ou de direction d’acteurs  J’ai toujours beaucoup écrit. J’ai eu une formation littéraire. Au début, c’était ça ma passion, l’écriture. Mais mettre en images un texte, c’est particulier, et ça n’a rien à voir avec des métiers d’assistant réalisateur. C’est une expérience qui nous a aidés car on n’a pas du tout appréhendé le plateau. On savait ce que c’était, on savait comment ça fonctionnait, et c’était un gain de temps énorme. Ce qui m’inquiétait le plus, c’était la direction d’acteurs et ça s’est fait très naturellement. On a beaucoup travaillé en amont avec les comédiens On a pu s’apprivoiser.
Pascal Ralite : J’étais assistant aussi. Après, j’ai pris d’autres chemins : j’ai fait de la décoration, de la régie, de la production… Aujourd’hui, on peut dire que c’est le métier de la production qui a été mon principal poste pendant les 20 dernières années. Comme Colombe, j’avais des velléités de réaliser. J’ai fait des courts métrages, des petits documentaires. Et puis il y a une rencontre par rapport à cette histoire, qui est un peu une histoire que l’on a vécu et qui nous a donné envie d’écrire ensemble.

 

             Pascal Demolon, vous avez employé plusieurs fois le mot sensibilité, et c’est vrai que c’est quelque chose de marquant dans le film. Il y a une sensibilité, mais aussi une luminosité…

Pascal Demolon : Mais oui, c’est un hymne à la vie ! C’est l’impression que j’avais senti dans le scénario, mais que j’ai ressentis doublement après avoir vu le film la première fois. On sort emporté par une vague d’émotion qui nous amène à avoir envie d’aimer la vie. C’est cette grâce là qu’ils ont insufflée dans le film.

 

Débat sur ce film à la fin de la séance du lundi 19 mars

 

 

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Atsuko Hirayanagi

Née le 2 août 1975 à Nagano

Japon

Productrice, réalisatrice, scénariste

Oh, Lucy! (Caméra d’or à la Semaine de la Critique Cannes 2017)

Entretien avec la réalisatrice

« L’idée du film est issue d’un travail universitaire pour lequel on devait écrire sur une personne que l’on connaissait. J’ai choisi la personne de mon entourage qui était la moins encline à inspirer l’héroïne d’un film. Elle semblait cacher ses sentiments réels la plupart du temps et je voulais imaginer ce qui pourrait la déterminer à être sincère dans ses propos. Ensuite, j’ai voulu lui donner un alter ego. C’est l’origine de Lucy. Elle est aussi nourrie de mon expérience personnelle, celle d’un échange universitaire aux États-Unis, quand à 17 ans je recherchais ma propre Lucy…

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Sergio Castellitto

Né à Rome le 18 août 1953

Italie

Acteur, scénariste

Venir au Monde, Fortunata

Lors de sa projection à Un Certain Regard, Thierry Frémaux a évoqué Mamma Roma de Pier Paolo Pasolini pour parler de votre film. Est-ce que ça a été une de vos références pourFortunata?

C’était une référence réelle, parce que j’ai tourné mon film dans le même quartier où Pier Paolo Pasolini a tourné Mamma Roma. Mais c’était un film en noir et blanc et une vision complètement différente.

Justement, pouvez-vous nous présenter votre belle héroïne, prénommée Fortunata?

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BELINDA

BELINDA

De Marie Dumora

Documentaire Français

Acteurs inconnus

Durée 1h47

Sacré morceau que ce brin de fille, d’une famille yéniche sédentarisée, qui se jette tête la première dans le mur de la vie pour y trouver quelque chose qui s’apparenterait, denrée plutôt rare pour elle, au bonheur.

Belinda apparaît ici à trois âges. 9, 15 et 23 ans.

A 9 ans, dans le foyer où elles sont placées, on la sépare de sa sœur. Image cristallisée des deux fillettes main dans la main, yeux dans les yeux, collées serrées, qui ne peuvent compter que sur elles-mêmes face à un abandon qui n’est qu’à peine décrit mais qu’on ressent violemment.

A 15 ans, c’est une autre paire de manches. Fumette dans la cage d’escalier, corps massif et grande gueule, abordant à pas comptés le monde du travail. Une gueule, un accent, une prestance formidable. La situation familiale, qu’on pressentait compliquée, se détache avec plus de clarté. Mère et père séparés, la première au chômage, le second ex-taulard, environnés d’une famille nombreuse cultivant la débrouille et l’expression hautes en couleur.

A 23 berges, Belinda, sourire lumineux et front renfrogné, entre soleil et tempête, intense comme la braise, prend son destin en main. Elle vise le mariage avec son gars Thierry, qui voit venir sans un mot de trop, tandis qu’elle s’occupe de sa robe, navigue entre sa mère et son père, compte les sous pour la noce. Avec Thierry, elle lit le contrat de mariage, insiste sur le chapitre « respect, fidélité, amour », sans quoi ce n’est même pas la peine d’y aller, tandis que lui, grand pudique, se marre doucement.

Et puis, patatrac, l’ellipse cruelle avec un drame dedans, Frantz, le père de Belinda, qui nous apprend qu’elle « a fait une bêtise », qu’elle en a pris pour quatre mois, et son Thierry trois ans,  Il en faudrait plus pour contenir la formidable marée d’amour que Belinda porte en elle. Il en faudrait plus pour l’empêcher d’écrire des folies lumineuses, dantesques, à son Thierry. Il en faudrait plus pour ôter le goût de la vie à la petite-fille d’un couple qui s’est connu, adolescent, au camp nazi alsacien du Struthof, « comme des juifs », et qui en est sorti pour donner naissance, parmi une tripotée, à son père. D’après Le Monde.

Truffaut avait filmé Léaud-Doinel dans un arc allant de l’enfance à l’âge adulte. Marie Dumora a entrepris une démarche similaire, mais en partant de la réalité brute et brutale d’une famille yéniche (une branche du grand arbre tzigane) de l’Est de la France.

Belinda conserve tout au long des années et des épreuves un inextinguible appétit de vivre, une faconde dépenaillée, des rêves d’avenir. Elle change aussi, de coiffure, de style vestimentaire, de distance de regard sur l’existence. Belinda est un très émouvant et puissant portrait de femme évolutif, sculpté dans le minerai ingrat de la condition prolétaire pour en ramener des pépites d’humanité, de courage et de désir de vivre. D’après les Inrocks.

Film Acid  Cannes 2017

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Enquête au Paradis

Extraits d’un ENTRETIEN AVEC MERZAK ALLOUACHE  (UniFrance Films)

Même si je m’inspire de la réalité, mes films sont, pour la majorité, le fruit de mon imagination. Enquête au paradis ne pouvait pas, par conséquent, être un pur documentaire car je suis attaché à la fiction. Je voulais que Nedjma – la journaliste interprétée par Salima Abada – notre guide dans ce film, ait toute sa place. Qu’elle soit beaucoup plus qu’une « machine à poser des questions ». Je voulais qu’elle partage ses émotions, ses doutes et ses réflexions avec le spectateur. Mais le film ne pouvait pas non plus être une pure fiction, car je tenais à ce que les Algériens, anonymes et personnalités intellectuelles, s’expriment sur ce sujet avec leur mots, leurs références, leur sensibilité. Et il me semble que je suis parvenu ainsi à recueillir une voix multiple, réelle et vraie.

Enquête au paradis, comme tous vos derniers films, retrace l’histoire douloureuse de l’Algérie de ces trente dernières années. Comme s’ils devaient servir de passage de témoin… Ou de remèdes à une Algérie frappée d’amnésie.

 C’est principalement à travers les séquences interprétées par les personnages de Nedjma et de sa mère que nous abordons l’amnésie, un thème qui me tient particulièrement à cœur. Je pense, par exemple, au moment du film où Nedjma et sa mère se rendent sur les lieux où l’écrivain Tahar Djaout a été assassiné par les islamistes en mai 1993. Cette séquence résonne comme un appel à ne pas oublier la période sombre du terrorisme. Ce qui fait mal au cœur, c’est de constater que la stèle, qui se trouve sur un parking, au milieu des voitures, n’a pas été mise en valeur. La tragédie de la Décennie Noire vécue par les Algériens est aussi mentionnée par certains des intervenants du film qui relient l’incroyable violence qui a frappé ce pays aux dérives de l’islamisme politique. Ces derniers temps, il y a eu des tentatives de sortir de cette amnésie qui empoisonne la vie des Algériens. Mais la société algérienne est loin d’être apaisée… Dans les milieux populaires, on a tendance à considérer que désormais les islamistes sont tranquilles, qu’ils ont des commerces. On n’a pas envie de revenir aux heures funestes, au chaos. On fait comme si notre pays était à part de ce qui se joue partout au Moyen-Orient et dans le monde. Sauf que cette menace, toujours prête à sourdre, existe. Et qu’en face, il n’y a pas de projet pour transformer et moderniser la société. La bigoterie est aujourd’hui omniprésente. Le discours des jeunes est en permanence teinté d’islam, de religiosité. Pas une de leurs phrases qui n’emprunte aux incantations. Cette emprise du religieux dans les discours fait aussi des émules en France où la population d’origine immigrée et leurs enfants sont frappés par une profonde fracture identitaire. Je crois qu’il y a une relation directe entre ce qui se passe en Algérie et les immigrés qui se trouvent en France. Il y a un va-et-vient continuel entre les deux rives de la Méditerranée. Je suis étonné de voir qu’entre Alger et Paris, quelle que soit la période de l’année, les avions sont toujours pleins. Et il faut bien l’admettre, entre les Algériens vivant en Algérie et ceux vivant, voire nés en France, il y a comme une tension qui s’est installée et aujourd’hui, je pense que c’est la mentalité du « pays d’origine » qui s’est imposée. Les jeunes Français d’origine algérienne idéalisent et subliment le pays de leurs ancêtres sans jamais y avoir vraiment vécu ou décidé d’aller y vivre. Ce qui se passe dans les quartiers populaires est le fruit du lien fort que leurs habitants entretiennent avec le « bled » par Internet, par les allers-retours incessants.

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Fortunata de Sergio Castellito

Fortunata a une vie tourmentée, une fille de huit ans et un mariage raté derrière elle. Elle est coiffeuse à domicile, vit en banlieue, traverse la ville, entre dans les appartements bourgeois et colore les cheveux des femmes.Fortunata se bat tous les jours avec une détermination farouche pour réaliser son rêve : ouvrir un salon de coiffure et prendre en main son destin, conquérir son indépendance et son droit au bonheur. Fortunata sait que pour aller au bout de ses rêves, il faut de la persévérance : elle a pensé à tout, elle est prête à tout, mais elle n’a pas pris en compte la variable de l’amour, la seule force perturbatrice capable de faire vaciller toutes ses certitudes. Aussi parce que, pour la première fois peut-être, quelqu’un la regarde telle qu’elle est et l’aime vraiment…

Son prénom signifie « chanceuse ». Pourtant, Fortunata n’a pas une vie facile : coiffeuse à domicile dans la banlieue romaine, cette beauté populaire court partout, avec sa minijupe et ses talons hauts, pour accumuler l’argent nécessaire à l’achat du salon de ses rêves, laissant sa fille de huit ans grandir comme une herbe folle. Elle résiste tant bien que mal au père de la gamine, qui refuse le divorce avec violence. Elle tient aussi à bout de bras un ami, un frère, tatoueur et égratigné par la vie. Un jour, Fortunata rencontre un homme bien (Stefano Accorsi). Aura-t-elle droit à son miracle à Rome ?

Le comédien Sergio Castellitto, ­passé depuis des années à la réalisation, réussit son plus beau film : un ­mélo solaire qui oscille entre comédie et drame à l’italienne avec des motifs de tragédie antique (Hanna Schygulla en vieille actrice divaguant). Dans une Rome périphérique devenue étonnamment chinoise, il ose des moments ­baroques, inspirés par le petit peuple italien. Surtout, sa mise en scène épouse l’énergie farouche de son héroïne, sensuelle « mamma Roma » aux cheveux blonds décolorés. Et si le rimmel de Fortunata coule toujours un peu, ce n’est (presque) jamais à cause des larmes, mais à cause de la sueur du labeur, de la ténacité à s’émanciper. Dans le rôle, Jasmine Trinca est renversante, évoquant à la fois la Sophia Loren des films de Mauro Bolognini et Ettore Scola et la Gena Rowlands d’Une femme sous influence, de Cassavetes. A travers elle, Castellitto rend au mot « fortune » un sens fort : cette chance qu’il faut ­arracher avec les dents si au grand ­loto de la vie le destin vous a oublié.

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programmation fevrier mars 2018

Du 15au 20 février

15 au 20 fevrier

ENQUÊTE AU PARADIS

De Merzak Allouache- documentaire franco-algérien-2h15

Avec Salima Abada, Younès Sabeur Chérif, Aïda Kechoud…

En Algérie, une jeune journaliste enquête sur le « paradis », celui des prédicateurs salafistes du Maghreb et du Moyen-Orient véhiculés par des vidéos circulant sur Internet. Elle interroge la prégnance de cette croyance dans la population et ses conséquences. Sobre, d’une redoutable efficacité et non dénué d’humour, le dispositif permet tout à la fois de déconstruire le discours salafiste et de dresser un état des lieux de la société algérienne. Stylisé par un superbe noir et blanc, cet état des lieux flippant allie l’acuité de la reporter, affable et attentive à la distanciation du cinéaste. Il concerne aussi la France, à un degré moindre.

 

22au 27 février

22 au 27 fevrier

FORTUNATA

De Sergio Castellito – Italie – 2017 – 1h43 – VOST

Avec Jasmine Trinca, Stefano, Hanna Schygulla…

Fortunata a une vie tourmentée, une fille de huit ans et un mariage raté derrière elle. Elle est coiffeuse à domicile, vit en banlieue, traverse la ville, entre dans les appartements bourgeois et colore les cheveux des femmes.  Fortunata se bat tous les jours avec une détermination farouche pour réaliser son rêve : ouvrir un salon de coiffure et prendre en main son destin, conquérir son indépendance et son droit au bonheur. Fortunata sait que pour aller au bout de ses rêves, il faut de la persévérance : elle a pensé à tout, elle est prête à tout, mais elle n’a pas pris en compte la variable de l’amour, la seule force perturbatrice capable de faire vaciller toutes ses certitudes. Aussi parce que, pour la première fois peut-être, quelqu’un la regarde telle qu’elle est et l’aime vraiment.

1 prix et 5 nominations au Festival de Cannes 2017

 

1 au 6 mars

1 au 6 mars

OH LUCY !

De Atsuko Hirayanagi – Japon – 1h35 – VOST

Avec Shinobu Terajima, Josh Hartnett, Kaho Minami…

Cette étonnante comédie dramatique japonaise met en scène une employée de bureau dépressive, qui se découvre une énergie insoupçonnée grâce à des cours d’anglais dans lesquels elle porte une perruque blonde et peut se libérer de ses inhibitions. Setsuko, devenue Lucy, tombe rapidement amoureuse de son professeur, et quand celui-ci disparaît soudainement, elle embarque sa sœur dans une quête qui les mène jusqu’au sud californien.

L’apprentissage d’une langue étrangère implique un changement de personnalité : c’est la belle idée de ce premier long métrage doux-amer.

 

8 au 13 mars

BELINDA

De Maria Dumora – France – 2017 – 1H47

Documentaire

 

Documentariste qui aime travailler ses sujets sur le long terme, Maria Dumora suit depuis une décennie et demie une jeune fille du nom de Belinda, devenue aujourd’hui jeune femme. L’accompagnent sa sœur, ses parents, malgré les placements en famille d’accueil, son amoureux qui ne sait pas lire… Un microcosme yéniche (des tziganes au patois dérivé de l’allemand), digne d’un roman naturaliste, dans une France de la marge, de la paupérisation, dans l’Est de l’Hexagone, pour lesquels il est souvent également question de prison – elle est évoquée pour le père, le futur mari et Belinda elle-même, faute de pouvoir s’insérer dans la société.Avec un regard naturaliste évident, la réalisatrice trahit surtout son attachement pour la jeune femme, sa gouaille prolétaire, son authenticité qui transpire la générosité à chacune de ses apparitions, dans des tenues de Cosette des temps modernes.

Marqué du seau qualitatif de l’ACID à Cannes, le film de Marie Dumora est un bijou.

 

15 au 20 mars

LE RIRE DE MA MERE

De Colombe Savignac et Pascal Ralite – France/Belgique – 2017 – 1h32

Avec Suzanne Clément, Grégoire Colin, Pierre Demolon, Igor Van Dessel, Corrado Invernizzi, Sabrina Seyvecou…

Adrien est un adolescent timide. Bousculé depuis que ses parents, Romain et Marie, sont séparés, il partage son temps entre son père et sa mère qui ont gardé une douce complicité. Un jour, Adrien apprend le pire : sa mère est gravement malade. Elle a beau rester bravache, l’ado sait qu’il va devoir être très courageux et grandir plus vite que prévu… La jolie réussite de ce premier long métrage réside dans sa manière d’éviter le pathos ; c’est un drame lumineux, d’une pudeur remarquable pour un tel sujet: le deuil du point de vue de l’enfant. Une tendresse diffuse et de nombreux traits d’humour tirent le film vers une ode à la transmission de la vitalité et aux souvenirs joyeux, qu’il faut garder coûte que coûte.

 

 

 

 

 

 

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Merzak Allouache

 

Né le 6 octobre 1944 à Alger

Algérie

Réalisateur, scénariste

Omar Gatlato, Bab El Oued City, Harragas, Normal!, Le Répenti, Les Terrasses, Enquête au Para

ENTRETIEN AVEC MERZAK ALLOUACHE

Depuis quand avez-vous en tête ce film, autopsie passionnante de l’Algérie ?

L’idée de ce film a germé lorsque j’ai constaté la prolifération, sur Internet, des vidéos de prêche, comme celle sur laquelle s’appuie Nedjma pour mener son enquête. Au fil de mes tournages – Harragas en 2009, Le Repenti en 2013, Les Terrasses en 2015 – j’ai observé les mutations de la société algérienne, la prégnance grandissante de la religion. Si l’on porte son regard au-delà des milieux petits-bourgeois qui circulent, qui voyagent, existe une Algérie profonde où la vie est très dure. Les gens n’ont rien, en particulier les jeunes qui constituent la majorité de la population. J’ai vu leur « mal vie ». Ils n’ont rien à quoi s’accrocher, sinon Internet et les chaînes satellitaires qui ont façonné un monde nouveau qui parle très peu français et est tourné vers le Moyen-Orient.

(suite…)

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Fatih Akin

Né le 25 Août 1973 à Hambourg

Allemagne – Turquie

Réalisateur, scénariste, producteur

Head-On, De l’Autre Côté, Soul Kitchen, The Cut, In the Fade

Entretien avec Fatih Akin

COMMENT EST NÉ IN THE FADE ? 

J’ai ressenti le besoin de faire ce film après les meurtres commis en Allemagne, contre des personnes d’origine turque, par des membres du groupuscule néo-nazi NSU (littéralement Clandestinité Nationale-Socialiste). Le procès de Beate Zschäpe, la seule survivante parmi les assassins, est toujours en cours. L’une des victimes n’habitait pas très loin de chez moi dans le quartier d’Altona, à Hambourg : c’était un homme avec qui mon frère avait joué au foot, quand il était plus jeune. Des meurtres proches, touchant des gens ayant la même origine que moi : j’aurais pu moi-même être l’une des victimes… (suite…)

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