Le Disciple

LE  DISCIPLE

C’est le premier choc du Festival de Cannes. Un film farouche et dérangeant, réalisé par Kirill Serebrennikov, connu jusqu’ici pour ses mises en scène de théâtre, et présenté à Un certain regard.

Il est beau, jeune, ardent, charismatique. Les filles le regardent, les garçons aussi, mais voilà que Veniamine (Petr Skvortsov) vire chrétien. Pas du genre à tendre la joue quand on le frappe. Non : sa foi est folle, délirante, terrible, vengeresse. A coup de citations de la Bible, apprises par cœur, et crachées à la gueule de ceux qui tentent de le raisonner, il fulmine, rugit, condamne. Qui ? Les faibles, les lâches, les tièdes. Sa mère qui a péché contre l’enseignement du Christ en divorçant. Contre les filles qui exhibent à la piscine en « bikinis » : mot qui semble le révulser comme s’il était frôlé par Satan lui-même. Contre les homos qui se cachent et ceux qui osent vivre leur vice. Contre les prêtres orthodoxes qui ont failli à leur mission et les profs qui l’ont depuis longtemps trahie.

Une seule prof tente de résister à cet ado ravageur, aussi séduisant que pouvait l’être, en son temps, le héros de Théorème. Très vite, Le Discipledevient un duel à mort. « Il faut utiliser les mêmes armes que lui », dit la prof courageuse, qui s’y emploie avec une rage aussi forte que celle de son adversaire. Et ce n’est pas l’ado, subitement dérouté par ce détracteur à sa mesure, qui la terrasse, mais les autres, tous les autres, aussi pleutres et bornés que l’illuminé .

Mise en scène splendide, faite de plans séquence et d’audaces  visuelles qu’ils se mettent, soudain, à défendre.  C’est un film qui terrifie et subjugue…

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