Fortunata de Sergio Castellito

Fortunata a une vie tourmentée, une fille de huit ans et un mariage raté derrière elle. Elle est coiffeuse à domicile, vit en banlieue, traverse la ville, entre dans les appartements bourgeois et colore les cheveux des femmes.Fortunata se bat tous les jours avec une détermination farouche pour réaliser son rêve : ouvrir un salon de coiffure et prendre en main son destin, conquérir son indépendance et son droit au bonheur. Fortunata sait que pour aller au bout de ses rêves, il faut de la persévérance : elle a pensé à tout, elle est prête à tout, mais elle n’a pas pris en compte la variable de l’amour, la seule force perturbatrice capable de faire vaciller toutes ses certitudes. Aussi parce que, pour la première fois peut-être, quelqu’un la regarde telle qu’elle est et l’aime vraiment…

Son prénom signifie « chanceuse ». Pourtant, Fortunata n’a pas une vie facile : coiffeuse à domicile dans la banlieue romaine, cette beauté populaire court partout, avec sa minijupe et ses talons hauts, pour accumuler l’argent nécessaire à l’achat du salon de ses rêves, laissant sa fille de huit ans grandir comme une herbe folle. Elle résiste tant bien que mal au père de la gamine, qui refuse le divorce avec violence. Elle tient aussi à bout de bras un ami, un frère, tatoueur et égratigné par la vie. Un jour, Fortunata rencontre un homme bien (Stefano Accorsi). Aura-t-elle droit à son miracle à Rome ?

Le comédien Sergio Castellitto, ­passé depuis des années à la réalisation, réussit son plus beau film : un ­mélo solaire qui oscille entre comédie et drame à l’italienne avec des motifs de tragédie antique (Hanna Schygulla en vieille actrice divaguant). Dans une Rome périphérique devenue étonnamment chinoise, il ose des moments ­baroques, inspirés par le petit peuple italien. Surtout, sa mise en scène épouse l’énergie farouche de son héroïne, sensuelle « mamma Roma » aux cheveux blonds décolorés. Et si le rimmel de Fortunata coule toujours un peu, ce n’est (presque) jamais à cause des larmes, mais à cause de la sueur du labeur, de la ténacité à s’émanciper. Dans le rôle, Jasmine Trinca est renversante, évoquant à la fois la Sophia Loren des films de Mauro Bolognini et Ettore Scola et la Gena Rowlands d’Une femme sous influence, de Cassavetes. A travers elle, Castellitto rend au mot « fortune » un sens fort : cette chance qu’il faut ­arracher avec les dents si au grand ­loto de la vie le destin vous a oublié.

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