Archives pour octobre 2019

Antoine Russbach ( Ceux qui travaillent )

D’origines suisse et sud-africaine, Antoine Russbach nait et vit à Genève jusqu’à ses 20 ans. Il suit des études de réalisation et scénario en Belgique à l’IAD (Institut des Arts de Diffusion de Louvain-La-Neuve). En 2008, le cinéaste coréalise Michel avec Emmanuel Marre. Le film fait l’objet de nombreuses sélections et récompenses. En 2009, Antoine réalise Les bons garçons, son film de fin d’études, en compétition à Angers et en compétition internationale à Clermont-Ferrand. Ceux qui travaillent est son premier long métrage, présenté́ en première mondiale au Festival de Locarno.

Ceux qui travaillent s’inscrit dans un projet de trilogie. Comment ces trois films vont-ils être reliés ?

Initialement, j’avais le désir de réaliser un film choral intitulé CEUX QUI TRAVAILLENT, CEUX QUI COMBATTENT et CEUX QUI PRIENT, dans l’idée d’esquisser un état général de la société. (suite…)

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« Portrait de La Jeune Fille en Feu et Atlantique », entretiens avec Claire Mathon directrice de la photographie

PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU

La directrice de la photographie Claire Mathon, AFC, s’est entretenue avec François Reumont pour parler de son travail sur Portrait de la jeune fille en feu, de Céline Sciamma. Nous vous proposons une transcription de ses propos.

Essais numérique/35 mm
Le film de Céline Sciamma met en scène le souvenir d’une histoire d’amour qui se déroule au XVIIIe siècle or nous ne souhaitions pas surligner cette dimension passée, mais inventer notre XVIIIe siècle – « notre 2018e siècle », disait Céline – en lui donnant une résonance actuelle. (suite…)

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Christophe Honoré ( Chambre 212 )

Né le 10 avril 1970 à Carhaix

France

Réalisateur, scénariste, écrivain

Ma Mère, Dans Paris, Les Chansons d’Amour, La Belle Personne, Non ma fille tu n’iras pas danser, Les Bien-Aimés, Plaire Aimer et Courir Vite, Chambre 212

Un an seulement après Plaire, aimer et courir vite, Christophe Honoré était de retour à Cannes dans la sélection Un Certain Regard, avec Chambre 212.(…) Quelques mois plus tard, le réalisateur évoque avec nous cette petite pépite aux accents théatraux, où il confronte notamment Vincent Lacoste à sa muse Chiara Mastroianni.

AlloCiné : « Chambre 212 » ressemble à une récréation, après des projets plus amples et aux sujets plus graves comme « Plaire, aimer et courir vite » au cinéma ou « Les Idoles » au théâtre. Est-ce qui ce qui a motivé le projet ?

Christophe Honoré : Je n’utiliserais pas le mot « récréation », car il y a une connotation un peu négative. Comme si ce projet était moins important à mes yeux, ce qui n’est vraiment pas le cas. En revanche – et ça fait très satisfait de dire ça, mais bon… – j’étais très heureux de ces deux expériences : aussi bien Plaire, aimer et courir vite, qui a été un projet très compliqué à monter en termes production et pour plein de raisons, en plus d’être un film assez douloureux pour moi car je me replongeais dans le passé des années 90 et du SIDA, marqué par de très mauvais souvenirs ; puis « Les Idoles », pièce de théâtre dans laquelle il s’est vraiment passé quelque chose, ce qui est très rare et on l’apprend à force de faire des films et des pièces. C’était comme un accomplissement. Pour moi, Chambre 212 n’arrive pas comme une récréation de ces deux projets importants mais vient d’une envie d’aller ouvrir ailleurs. Et peut-être aussi d’avoir plus confiance en moi et de me permettre des choses que je ne m’étais pas permis auparavant. Et notamment cette idée de tenter un registre qui est plus de l’ordre de la comédie que la comédie dramatique, d’être moins prudent par moments dans ma mise en scène sur le plan formel et de retrouver le plaisir de fabriquer une forme qui ait une espèce de liberté et d’invention que je m’étais moins permis car je me méfiais de ce genre de défi formel. C’est pourquoi je me suis autorisé ce bébé qui devient un mannequin, ou ce plan « top shot » [plongée totalement verticale, qui passe par-dessus le décor, ndlr] comme chez Brian De Palma, sans me demander si c’était juste un pur plaisir de cinéaste qui risquerait de créer une distance entre le spectateur et l’histoire que je serais en train de raconter. Car je sentais que c’était constitutif du projet d’avoir ces défis. Le mot « récréation » ne m’est donc pas antipathique, mais il ne correspond pas non plus à ce projet car il n’y a pas un manque d’ambition. Chambre 212 est peut-être beaucoup plus risqué que d’autres films que j’avais pu faire, et plus ambitieux que d’autres.

Cette ambition on la sent dans la façon dont « Chambre 212 » progresse, commençant comme un vaudeville pour ensuite réunir plusieurs motifs de votre oeuvre, avec cette correspondance entre cinéma et théâtre, la littérature, la confrontation entre passé et présent, des acteurs que vous avez déjà dirigés et des thèmes que vous avez déjà abordés. Ça n’est pas forcément un film-somme mais…

Je vois bien que vous n’osez pas dire que c’est un film de vieux (rires) Mais il y a un peu cette idée. C’est mon douzième film et j’approche très dangereusement de la cinquantaine, donc c’est un film un peu plus assuré dans sa forme. Moi j’aime toujours l’idée du cinéma comme adolescence et c’est quelque chose que je garderai même quand j’aurai 70 ans. C’est ce qui fait que je préférerai toujours les films de François Truffaut à ceux de Claude Sautet, par exemple. J’aime cette idée d’un cinéma français qui n’oublie pas son adolescence, un peu tremblant. Un cinéma de première fois, avec une attention toute particulière à une sensibilité très fugace et fragile. Malgré tout, forcément, au bout de douze films, vous commencez un tout petit peu à savoir ce que vous savez faire, ce dans quoi vous êtes vraiment mauvais. Et dans ce sens, ce film a une espèce de lucidité, en sachant que je vois très bien ce que l’on pourrait me reprocher, car c’est un film parisien sur le couple, les histoires d’amour, ça se passe dans une chambre d’hôtel comme souvent chez moi, même si, les autres fois, toute l’histoire ne s’y déroulait pas. Il y a effectivement des motifs que j’ai déjà parcourus, et je vois bien que d’autres collègues cinéastes tentent de faire des films de genre ou de s’éloigner complètement d’un cinéma d’auteur romantique, avec une composante littéraire importante. Mais moi, et c’est sans doute mon côté breton et têtu qui parle, j’ai plutôt envie d’aller en profondeur dans ces motifs, et ne pas me dire que je vais faire un film de vampires ou un polar. Parce que je n’en ai pas le goût, et je sais que cela ne me rendra pas heureux. Or j’ai quand même pour ambition d’être un cinéaste heureux. Mais c’est une discipline, aujourd’hui, que de vouloir cela. Surtout en France. Vous travaillez dans un média qui est très attentif aux évolutions du cinéma et de la production, ainsi qu’au rétrécissement, très fort aujourd’hui, d’un public de cinéma d’auteur français, qui vieillit énormément, se renouvelle très très peu – le public, pas le cinéma. Cela fait que l’on devient une espèce un peu menacée, mais j’ai quand même une obstination à refuser ces injonctions venues de l’extérieur qui me pousseraient à dire qu’il faut aller faire des séries, comme beaucoup de mes collègues font, ou qu’il faut sortir de mon territoire. Au contraire, ça me stimule dans mon côté breton, teigneux et obstiné,

Vous parlez d’une façon adolescente de faire des films, et cela correspond à ce que vous nous aviez dit au moment de « Plaire, aimer et courir vite » : « J’essayais de renouer avec l’état de mes 20 ans ». Était-ce en quelque sorte l’idée ici aussi ? Une volonté de revenir, non pas à vos 20 ans, mais à la vivacité des « Chansons d’amour » et « Dans Paris », qui masque les blessures profondes des personnages ?

Non car j’ai toujours un peu fait des films de la même manière. Mais il est vrai que celui-ci partage avec Dans Paris ou Les Chansons d’amour un tournage très court, un territoire de fiction qui est Paris et ses rues, ou encore, et vous avez raison, des personnages qui refusent un peu de s’apitoyer sur leur sort. Par contre, au moment de la conception, je n’ai pas pensé aux précédents films. C’est plus au moment du montage que j’ai réalisé qu’il y avait une humeur commune avec Dans Paris. Mais il est vrai que quand j’ai fait Plaire, aimer et courir vite, j’avais ce désir un peu vain de voir si le cinéma ne me permettrait pas de revivre mes 20 ans, avec un côté un peu faustien. Et ça a été le cas car c’était très particulier pour moi d’aller tourner à Rennes cette histoire et de me replonger dans ces moments, mais c’est pour cela que le film a une place particulière chez moi. Mais dans l’histoire même de ce scénario, le personnage qui aurait mon âge et serait celui de Benjamin Biolay, il ne choisit pas lui-même de se re-confronter à ses 20 ans, le film le lui impose avec celui de Vincent Lacoste. C’est une question qui m’intéressait. Il y a eu beaucoup de comédies françaises et américaines sur le sujet, et notamment ce très très grand film de Coppola : Peggy Sue s’est mariée, qui tourne autour de la notion de « Regarde qui tu es, regarde qui tu étais, regarde ce que tu es devenu ». En tant que cinéaste, je m’interroge beaucoup là-dessus : suis-je devenu ce que je prétendais vouloir être quand j’avais 20 ans ? En quoi ai-je été fidèle à des choses ou pas ? Ce sont même des choses que j’ai envie de dire à des cinéastes que j’aime beaucoup, car c’est quelque chose qui nous menace très très fort. On cite souvent Manoel De Oliveira, mais la vieillesse ne va absolument pas aux réalisateurs. C’est terrible, mais il y a un moment où l’on ne sait plus faire. Ou plutôt, un moment où l’on n’est plus accordés à l’orchestre ambiant du cinéma, français et mondial. Quand vous faites des films, il y a environ cent cinéastes importants à vos yeux qui en font en même temps que vous dans le monde. Étant cinéphile, je vais toujours au cinéma trois ou quatre fois par semaine, donc je vois les films des autres, et mes films en sont forcément des réponses. Soit des réponses énervées, comme des lettres d’insultes que je devrais envoyer à certains ; soit des lettres amoureuses, car il y en a beaucoup qui arrivent, émergent, et me rendent fou d’amour et de désir. Et je crois qu’il y a un âge où l’on se déconnecte de ça, et on croit qu’on a un territoire qu’il suffit de labourer pour qu’il ne soit pas stérile alors que cela donne naissance aux grands films stériles de certains cinéastes. Je suis donc vigilant quant à cela.

Au-delà des comédies que vous évoquez, le film fait aussi penser au « Chant de Noël » de Dickens dans sa structure, les fantômes qu’il fait intervenir, la neige ou la magie que l’on retrouve dans le titre international, « On a Magical Night ». Était-ce aussi une influence ?

Très honnêtement, je n’y ai pas pensé mais on m’en a parlé après. Mais c’est un livre que j’ai lu, jeune, et qui m’a forcément influencé. J’essaye toujours d’être le plus sincère et franc possible, c’est pour ça que je mets les noms de tous les gens qui ont pu influencer, à un moment, un film. Mais je me suis très récemment aperçu que le film fondateur de Chambre 212, c’est Le Dernier métro de Truffaut. Comme tout est allé très vite avec Cannes, il n’est pas dans le générique et je ne réalise son importance que maintenant. Là aussi, la question qui se pose est : comment étudier un couple en séparant ses deux éléments ? Chez Truffaut, c’est fait de manière verticale, à la cave et sur la scène, qui est le lieu du vaudeville, où tout peut arriver car il y a une espèce d’imaginaire où tous les personnages arrivent d’un coup pour rassembler la grande Histoire et les petites. Ce n’est pas forcément un hasard, car il y a Catherine Deneuve chez lui et Chiara Mastroianni chez moi, mais je m’aperçois que j’ai renversé cela sur un plan horizontal où, pour étudier ce couple, je les ai isolés. Et la Chambre 212 est comme une scène de théâtre. Comme dans Le Dernier métro, dont la structure et les motifs ont beaucoup influencé cette histoire. Sauf que je n’y ai absolument pas pensé où je l’ai écrite. Ni en la mettant en scène. J’avais en tête les comédies américaines de remariage comme celles de Leo McCarey et George Cukor, ainsi que Sacha Guitry en France. Mais je réalise que, étrangement, à mon insu, c’est le film le plus truffaldien que j’ai réalisé. Alors que d’autres regardaient plus ouvertement vers le cinéma de Truffaut, j’avais l’impression que ça n’était pas vraiment le cas ici, mais il y a finalement quelque chose. Même dans la façon vindicative qu’a le personnage de Vincent [Lacoste] de réclamer des comptes à sa femme, c’est très Antoine Doinel. Donc la circulation des influences sur un film est parfois lucide mais aussi, forcément, inconsciente. Vous ne pouvez pas passer autant d’heures dans des salles de cinéma sans vous dire que votre esprit est contaminé par un nombre d’images, d’histoires et de personnages dont votre mémoire garde une trace qui parfois vous échappe et se révèle à vous d’une manière absolument inattendue.

Vous la mentionnez et le film est comme une ode à Chiara Mastroianni. On a le sentiment que sans elle, le projet n’aurait jamais existé.

Il est construit autour d’elle. Je devais faire une adaptation d’un roman américain dont j’ai cru que j’allais obtenir les droits, mais ça a traîné sur deux-trois ans avant de tomber à l’eau. Du coup j’ai retardé le moment de retravailler avec Chiara depuis Les Bien-Aimés, et ça va vite ensuite, car vous faites un film et ainsi de suite, et cela faisait six ans que nous n’avions pas tourné ensemble. On me dirait que je ne pourrais plus faire des films qu’avec Chiara jusqu’à la fin de ma filmographie, ça ne me poserait pas de problème. En plus j’ai la chance qu’elle ne tourne pas ailleurs. Et puis c’est quelqu’un de très drôle. C’est un personnage à la Woody Allen : on a l’impression que dès qu’elle va traverser la rue, il va lui arriver quelque chose. Donc ce film doit beaucoup à Chiara et à la confiance qu’on a construit l’un envers l’autre, qui fait que même si elle a 47 ans, je pouvais me permettre d’écrire cette scène de Maria nue derrière les rideaux qui a mal au dos lorsqu’elle se penche pour ramasser ses chaussures avant d’aller faire la leçon, en petite culotte, à son jeune amant de 20 ans. Elle a cette confiance pour comprendre que c’est une scène d’ouverture inattendue et ridicule. Mais un ridicule dont il va falloir profiter.

Maximilien Pierrette pour AlloCiné le 19/09/2019

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Programmation octobre novembre 2019

17 au 22 Octobre

Du 17 au 22 Octobre

BACURAU


De Kléber Mendonça Filho et Juliano Dornelles – 

France – Brésil – 2019 -2H10-VOST

Avec : Barbara Colen, Udo Kier, Sonia Braga..

Après Les bruits de Recife et le magnifique Aquarius, Kléber Mendonça, magicien du jeune cinéma brésilien, nous offre là une fable politique déclinée sur différents niveaux. Elle nous parle du Brésil actuel dans ce qu’il a de pire et de meilleur, sorte de western anachronique. Bacurau est  un village isolé du Sertao au Nord-est du Brésil où vit une communauté singulièrement soudée. Les habitants doivent contrer les perfidies des politiciens véreux, des orpailleurs et autres pilleurs, descendants des gangaceiros. Ce jour -là on enterre une matriarche de 94 ans, c’est la fête, guitares, chants traditionnels…Mais des d’étranges phénomènes surviennent, Bacurau a disparu des cartes et les réseaux sont coupés, même celui de l’eau. Thriller baroque et politique, captivant! Surtout ne quittez pas votre siège avant la fin du générique.

24 au 29 Octobre

Du 24 au 29 Octobre

CHAMBRE212

De Christophe Honoré 

 France – 1h 27

Avec Chiara Mastroianni, Vincent Lacoste, Camille Cottin

Comédie dramatique: L’usure des sentiments dans un couple ? Le sujet n’est pas nouveau. Pourtant, Christophe Honoré parvient à le revivifier, ô combien ! Non seulement ici c’est la femme qui assume sans complexe ses infidélités quittant le domicile conjugal pour s’installer dans l’hôtel juste en face, et le mari qui se replie sagement dans son foyer. Mais encore Chambre 212 est une merveille de rythme, de fantaisie et d’humour, un huis clos qui parvient à mêler passé et présent, profondeur et légèreté sous la forme joueuse d’un vaudeville. Sans compter le charme subtil de Chiara Mastroianni, jubilatoire en croqueuse d’hommes et celui non moins irrésistible de Vincent Lacoste !

 

31 octobre au 5 Novembre

Du 31 octobre au 5 novembre

CEUX QUI TRAVAILLENT

 

De  Antoine Russbach  

Suisse/Belge – 2019 – 1h42

Avec Olivier Gourmet, Adèle Bochatay, Louka Minnella

 

Cadre supérieur dans une grande compagnie de fret maritime, Frank consacre sa vie au travail. Alors qu’il doit faire face à une situation de crise à bord d’un cargo, il va prendre  – seul et dans l’urgence – une décision qui lui coûte son poste. Profondément ébranlé, trahi par un système auquel il a tout donné, le voilà contraint de remettre toute sa vie en question. Un constat implacable sur le monde du travail.

 

7 au 12 Novembre

Du 7 au 12 Novembre

ATLANTIQUE

De Mati Diop 

France-Sénégal-Belgique – 1h 45 

Avec Mama Sane – Amadou Mbow 

Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers d’un chantier, sans salaire depuis des mois, décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur. Parmi eux se trouve Souleiman qui laisse derrière lui celle qu’il aime, Ada, promise à un autre homme. Quelques jours après le départ en mer des garçons, un incendie dévaste la fête du mariage d’Ada et de mystérieuses fièvres s’emparent des filles du quartier. Issa, jeune policier débute une enquête, loin de se douter que les esprits des noyés sont revenus. Si certains viennent réclamer vengeance, celui de Souleiman, lui, est revenu faire ses adieux à Ada. 

Avalanche de nominations (11) et un Grand Prix au Festival de Cannes 2019

 

14 au 19 Novembre

Du 14 au 19 Novembre

POUR SAMA

Documentaire de Waad al-Kateab et Edward Watts 

Syrie/GB  1h 35 – VOSTF

 Œil d’Or du Meilleur Documentaire Festival de Cannes 2019

« Pour Sama n’est pas seulement un film, c’est le récit de ma vie. Comme tant d’autres activistes, j’ai commencé à filmer les manifestations syriennes sans aucun projet en tête. Je n’aurais pu imaginer où cela me mènerait au fil des années. Toutes les émotions que nous avons vécues- la joie, la perte de nos proches, l’amour – et aussi les crimes commis par le régime d’Assad contre des innocents ordinaires étaient impensables, inimaginables… » ( Waad al-Kateab ).Pour Sama est un cri du cœur : le récit des injustices, des évènements terribles qu’il est nécessaire de dénoncer et qui rappellent que la liberté vaut la peine de se battre.

 

21 au 26 Novembre

Du 21 au 26 Novembre

Viendra le feu

De Olivier Laxe- Espagne/France/Luxembourg-1H25-2019-VO

Avec : Amador Arias, Benedicta Sanchez…

« Amador a été condamné pour incendie. Il est libéré et retourne vivre chez sa mère Benedicta, dans une ferme nichée dans les montagnes de la Galice.  Les autres villageois ne l’attendent pas et lui font des reproches. Il vit dans la nature avec les animaux et sa mère. Et le feu revient à nouveau tout dévaster. Amador est le coupable désigné. Quelles autres questions seraient à poser sur la destruction, la nature, les relations et les projets humains ? Un film avec beaucoup de poésie et de puissance. »

Prix de la mise en scène (Un certain regard)

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Ceux qui travaillent

CEUX QUI TRAVAILLENT

Ex-employé d’une société qui gère des cargos depuis la Suisse, le personnage que joue l’acteur déclare, à une recruteuse chargée d’établir son profil, n’être « ni sentimental ni altruiste ». Le visage fermé, Frank semble presque robotisé. Parce qu’une cargaison risquait d’être retardée et perdue, après la découverte d’un clandestin à bord, il a donné l’ordre de se débarrasser du « problème ».Ses patrons, qui trouvaient qu’avec son ancienneté il coûtait trop cher, en ont profité pour le licencier, en prenant des airs offusqués. Entre requins, pas de pitié.

Voilà Frank échoué, comme un cargo sur la grève. Mais prêt à refaire passer la loi du profit avant les préoccupations humaines, la prochaine fois que l’occasion se représentera. Donner tout à son travail n’est pas une formule pour lui : sa vie, son honneur, il les a sacrifiés contre un très bon salaire. Et tout le monde était content. C’est par sa franchise que ce premier film se distingue et renouvelle ce cinéma social dont les combats s’appuient sur la grandeur des individus. Ici, on la cherche en vain. Chez lui, Frank devient un encombrant. Il n’était bon qu’à partir au bureau et son fils le lui crache à la figure : « On a accepté de vivre sans père mais on n’acceptera pas de changer notre train de vie. » À la maison non plus, on ne se fait pas de cadeau…

Sans effets dramatiques, sans colère, presque aussi froid que ses personnages, le réalisateur montre comment la circulation de l’argent régit tout. Mais, dans ce tableau étouffant, il s’accroche à une enfant, la plus jeune fille de Frank. Parce qu’elle est la seule à le considérer comme un père et non comme un portefeuille ; parce qu’elle a besoin de faire un exposé à l’école sur le travail de son papa, il l’emmène voir les cargos dont il avait la charge. Avec ce voyage, le film prend de la hauteur pour regarder le cycle infernal du commerce : notre monde sans pitié ne tourne que si l’on achète tout ce qui est à vendre. Ceux qui travaillent se salissent les mains, mais tout le monde est complice. Un regard précis, utile, courageux.

Olivier Gourmet est magistral…

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Pour Sama

Présenté comme une lettre à sa fille Sama, née pendant les bombardements à quelques mois du début du siège d’Alep, ce documentaire est bouleversant. Il filme de l’intérieur la résistance silencieuse des habitants de la ville qui ne veulent pas partir de chez eux. Parce que partir, c’est renoncer à tout ce qu’ils ont construit et donner raison à un pouvoir qu’ils exècrent. Mais rester, c’est l’enfer. Rester, c’est faire grandir les enfants dans la misère, sous les bombes, sans savoir si l’on va savoir les protéger, ou même les nourrir. Extrêmement personnel, ce film raconte le trajet de la réalisatrice, mère qui se demande dans quel monde elle fait naître son enfant. Un enfant de l’amour, qui lui apporte tellement de joie. Elle raconte ses doutes et ses peurs, son angoisse totale, sans aucun fard ni aucune retenue. Mais Waad est aussi une « journaliste-citoyenne » qui sort tous les jours dans la rue et laisse sa fille dormir dans une chambre de fortune au-dessus de l’hôpital, car elle se doit de documenter le conflit, documenter la vie à Alep, sous les bombes et pendant le siège. Documenter pour faire, d’une part, voir au monde ce qu’il se passe, mais aussi comme devoir de mémoire, pour tous ceux qui ne sont plus.

« Pour Sama« , raconte ainsi de manière chronologique la détérioration de la situation dans cette grande ville, des premières révoltes étudiantes, quand Waad est encore en quatrième année de marketing, au siège de la ville pendant plus de six mois. D’importants jalons, ignorés en Occident, viennent rythmer le film et le rendent très lisible. En racontant la grande Histoire par le prisme de sa vie, Waad ancre ces changements et les conceptualise. Mais avant tout, c’est un film sur les habitants d’Alep. Une déclaration d’amour à ce peuple qui est resté, qui a continué à se battre et à aider les sinistrés. À tous ceux qui ont su remettre un sourire sur un visage, qui se sont occupés d’enfants, de blessés, de vieilles personnes. À tous ceux qui ont soigné et aidé, dans des hôpitaux de fortune. Ce documentaire montre des images inédites, inimaginables, celles de bombes tombant sur des quartiers, à moins de cent mètres de la caméra ; les dégâts encore fumants qu’elles laissent dans les bâtiments, tombant parfois à quelques mètres de la réalisatrice ; des enfants arrivants, couverts de poussière, portant dans leur bras un camarade inanimé. Ce que Waad al-Kateab parvient aussi à capturer, c’est la bande son de la guerre, des tirs de mortiers aux rafales des snipers, des cris aux bruits incessants de la chute des bombes. (…) Et au milieu de tout ça, la chose la plus unique, la plus surprenante, la plus inattendue à trouver là : le rire. Le rire, les histoires et le sourire, l’optimisme qui existe au cœur de cette détresse extrême qui ne se laisse jamais abattre. Extrêmement personnel, par ce film la réalisatrice demande pardon à sa fille et essaie de lui faire comprendre pourquoi elle l’a mise tant en danger, pourquoi ses parents ont fait ce choix, celui de rester. Elle est notre point d’attache, qui rend tout cela bien réel, vécu. Elle ne s’en remettra jamais, mais elle n’aurait pas fait un autre choix.    Oeil d’Or du meilleur documentaire au Festival de Cannes 2019.

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Chambre 202

La pérennité du désir, l’infidélité, les ravages du temps… Des sujets pas vraiment drôles, dont Christophe Honoré a réussi à faire une comédie enlevée et joyeuse avec « Chambre 212 », qui sort en salle mercredi. En compétition lors du dernier Festival de Cannes dans la section Un certain regard, le film a remporté le prix d’interprétation pour Chiara Mastroianni. Maria (Chiara Mastroianni) quitte le domicile conjugal à la suite d’une dispute avec son mari (Benjamin Biolay,) pour passer la nuit à l’hôtel. Alors qu’elle tente de faire le point, plusieurs personnes de sa vie passée entrent en scène. Ce qui semble au départ être un songe de Maria -qui parle avec sa mère morte, son mari lorsqu’il avait 25 ans (joué par Vincent Lacoste) ou l’ex-amour de celui-ci (joué par Camille Cottin)- montre en réalité les dédales de sa réflexion. « C’est l’histoire d’une femme qui pense et qu’on accompagne dans toutes ses pensées, lesquelles s’incarnent dans des situations ou des personnages », racontait Christophe Honoré à l’AFP en mai dernier à Cannes. L’histoire, comme les protagonistes, se promène entre la chambre d’hôtel et l’appartement du couple -ils n’ont qu’une rue à traverser- en s’affranchissant du temps, pour permettre, par exemple, un dialogue entre l’un des personnages à deux âges différents, une bagarre entre un amant actuel et un futur mari encore dans ses vingt ans… Les situations amusantes s’enchaînent…. 

Après « Plaire aimer et courir vite », son dernier film à la tonalité plutôt grave, Christophe Honoré avait « envie d’échapper à un certain naturalisme » pour faire un long métrage « qui s’amuse, au ton plus léger, même si le film a sa part de mélancolie ». Car sans avoir l’air d’y toucher, le propos est profond, tournant autour d’une seule grande question : un couple peut-il résister au temps ? « J’arrive à un âge où j’ai la chance de vivre en couple depuis longtemps. C’est un travail », avance Christophe Honoré, en écho aux propos de l’un de ses personnages. « Prenez la façon dont on gère le désir : c’est très déstabilisant d’aimer toujours autant quelqu’un mais de le désirer moins qu’avant. Il faut pouvoir passer outre ce genre de choses ou en tout cas faire avec…On n’est pas sur terre pendant si longtemps au fond, et la question de qui on désire, à qui on plaît, et comment on a la chance ou non de vivre une histoire d’amour… c’est quand même essentiel dans nos vies », selon le cinéaste qui se dit « heureux » d’avoir fait ce film. ( rh/sl pour La Croix) 

En même temps, une poignante interrogation affleure : peut-on jamais se remettre de la perte de la jeunesse ? Peut-on jamais faire autrement que tromper l’autre avec lui-même ? C’est le bilan d’une vie de couple, mais aussi le carrefour virtuel de toutes les vies que les deux époux auraient pu avoir à la place. La troupe d’acteurs éblouit, notamment du côté des nouvelles recrues de Christophe Honoré : Benjamin Biolay, la maturité assumée et le cœur lourd, Camille Cottin, émouvante « vieille  maîtresse » ressurgie du passé et Carole Bouquet, vivante référence au cinéma de Blier…Une nouvelle réussite.

( Télérama ) »

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Kleber Mendonça Filho ( Bacurau co-réalisé avec Juliano Dornelles )

filhoNé en 1968 à Recife

Brésil

Réalisateur

Les Bruits de Recife, Aquarius, Bacurau       ( co-réalisé avec Juliano Dornelles, Prix du Jury Festival de Cannes 2019 )

Première fois à deux

Bacurau est co-réalisé par Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles. Il s’agit de la première réalisation de ce dernier qui a été chef décorateur sur les deux premiers longs métrages de Mendonça Filho, Les Bruits de Recife et Aquarius.
Les deux hommes ont eu l’idée de Bacurau en 2009, lors de la présentation du court métrage Recife Frio au Festival de Brasilia. En observant les disparités sociales au Brésil, les deux hommes ont eu envie de dépeindre une catégorie de la population méprisée qui se vengerait de ses oppresseurs. (suite…)

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Hans Weingartner ( 303 )

Né le 2 novembre 1977

Autriche

Réalisateur, scénariste, producteur

The Edukators

Le réalisateur Hans Weingartner naît en Autriche en 1977. Son film de fin d’étude à l’Académie des Arts de Cologne, White noise, remporte de nombreux prix et lance la carrière de l’acteur Daniel Brühl. Son deuxième film The Edukators est projeté au Festival de Cannes en 2004 et reçoit un accueil critique très positif. Après avoir été distribué dans le monde entier, il est devenu le film culte d’une génération et un des plus grands succès allemands de la décennie. Il réalise ensuite Reclaim your brain en 2007, puis Hut in the Woods en 2012. En 2018, il écrit et réalise 303. (suite…)

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Céline Sciamma ( Portrait de la Jeune Fille en Feu )

Née le 12 novembre 1978 à Pontoise

France

Réalisatrice, scénariste

Naissance des Pieuvres, Tomboy, Bande de Filles, Portait de la Jeune fille en Feu ( prix du Scénario Cannes 2019 )

« Portrait de la jeune fille en feu »

18ème siècle. Marianne (Noémie Merlant) est une jeune peintre à qui on commande un tableau, le portrait d’Héloïse (Adèle Haenel), fraîchement sortie du couvent, afin de la “présenter” au mieux à son futur époux. Dans son quatrième long métrage, Céline Sciamma propose une réflexion sur le regard de l’artiste. Elle n’en occulte pour autant ni le romanesque, ni la passion. Et ses personnages s’incarnent plus que jamais, avec force. Rencontre avec la réalisatrice.

Dès les premiers plans, avec ces traits esquissés au pinceau, vous semblez vous interroger sur votre travail. Le film s’intitule “Portrait” et, très vite, un personnage demande à Marianne : “Croyez-vous que vous arriverez à la peindre ?”. Est-ce également votre questionnement en tant que réalisatrice ? Celui de la difficulté d’un bon portrait ? (suite…)

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