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Archives pour mai 2017
APRES LA TEMPETE
APRÈS LA TEMPÊTE
De HIROKAZU KORE-EDA – Japon – 2017 – 1h58 – VOST
Avec Hiroshi Abe, Yoko Maki, Yoshizawa Taiyo, Kirin Kiki
Accro au jeu comme son père, un homme perd sa femme, la garde de son fils et ses ambitions littéraires. Héros déchu, il est au centre de ce portrait intimiste d’une famille secouée, abîmée, mais vivante malgré tout. C’est en raison d’un typhon qu’ils se retrouvent ensemble. Écrivain à la dérive, il tente tant bien que mal d’élever son fils. C’est le roman d’une éducation, une réflexion sur la transmission. Cette façon de déployer le récit en suivant la menace météorologique, fait ressentir la tension émotionnelle mais aussi la mélancolie de l’époque. Il montre en quelques plans la puissance des symboles et la brièveté de la vie.
On connaît la subtilité de ce cinéaste, auteur de Tel père, tel fils diffusé récemment sur Arte. Ici, il signe aussi deux très beaux portraits de femme, avec une irrésistible Kirin Kiki dans le rôle de la grand-mère prête à tout pour le bonheur de sa famille.
Après la tempête » laisse une impression durable et presque douloureuse, lorsqu’il interroge son personnage sur ce qu’il a fait de sa vie.
Kore-eda sait peindre mieux que personne les drames de famille : il le fait ici avec une sorte d’amertume larvée, dans une atmosphère un peu blême, où passent les espoirs déçus, les ambitions éteintes, les choses grises de la vie.
« Après la tempête », ne restent plus que des désillusions et des rêves impossibles. C’est ce qui reste de soi une fois passés les ambitions, les espoirs, les aspirations, une fois survenus l’échec et les déceptions.
On devrait s’enfuir, l’histoire nous retient, avec son extraordinaire fragilité.
Les héros de Kore-eda sont irrémédiablement solitaires et le réalisateur réussit à exprimer leur amertume, sans qu’elle ne soit entachée d’un pessimisme absolu. Il y a toujours un horizon, fût-il rêvé.
Voilà ce que dit avec une grande délicatesse et une douce langueur ce beau film grave et lent.
Publié dans Archives films
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Programmation juin juillet 2017
APRÈS LA TEMPÊTE du 1er au 6 juin
De Hirokazu Kore-Eda -Japon – 2016 – 1h58 – VOST.
Avec Hiroshi Abe, Yoko Maki, Yoshizawa Taiyo
Un typhon oblige une famille disloquée à passer la nuit ensemble. Le père tente de regagner la confiance des siens. « Après la tempête », c’est ce qui reste de soi une fois passés les ambitions, les espoirs, les aspirations, une fois survenus l’amertume, l’échec, les déceptions. Voilà ce que dit avec une grande délicatesse et une douce langueur ce beau film grave et lent. Portée par les dialogues d’un duo mère-fils, c’est une ode à l’instant présent, seul refuge précaire dans un monde où rien n’est permanent, et surtout pas les rapports humains au
I AM NOT YOUR NEGRO du 8 au 13 juin
De Raoul Peck – Documentaire américano-français – 2016 – 95 mn
En juin 1979, l’auteur noir américain James Baldwin écrit à son agent littéraire pour lui raconter le livre qu’il prépare : le récit des vies et des assassinats de ses amis Martin Luther King Jr, Medgar Evers, membre de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) et Malcolm X. En l’espace de cinq années, leur mort a traumatisé une génération. En 1987, l’écrivain disparait avant d’avoir achevé son projet. Il laisse un manuscrit de trente pages, «Remember This House», que son exécuteur testamentaire confie plus tard à Raoul Peck («L’Ecole du pouvoir», «Lumumba»). Avec pour seule voix off la prose de Baldwin, le cinéaste revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, les trois assassinats précités, et se penche sur la recrudescence actuelle de la violence envers les Noirs américains…
LES MAUVAISES HERBES Du 15 au 20 juin
De Louis Bélanger – Québec – 2h47
Avec Gilles Renaud, Emmanuelle Lussier- – Martinez, Alexis Martin
Un acteur criblé de dettes, un vieux misanthrope qui cultive du cannabis, une jeune femme passée relever les compteurs au mauvais moment et un préteur sur gages assez nerveux. Tout ce petit monde est réuni autour d’une intrigue où le cannabis n’est qu’un prétexte car chacun des personnages pris en otage par le vieux Simon va en découvrir plus sur la vie et sur eux mêmes en un mois qu’ils ne l’avaient fait en 10 ans.
Des dialogues enlevés pimentés d’une bonne dose de dialecte de français québecois achèvent de nous installer dans un monde de bonne humeur communicative.
Une vraie bonne surprise révélée au festival d’Angoulême l’an dernier.
Une vraie bonne surprise révélée au festival d’Angoulême l’an dernier
Du 22 au 27 juin
De Nana Ekvtimishvili et Simon Gross – Georgie, Allemagne, F – 2017 – 2h – VOST
Avec la Shugliashvili, Merab Ninidze, Berta Khapava…
Professeure dans un lycée de Tbilissi, Manana est mariée depuis 25 ans à Soso. Ensemble, ils partagent leur appartement avec les parents de Manana, leurs deux enfants et leur gendre. Une famille en apparence heureuse et soudée jusqu’à ce qu’à la surprise de tous, Manana annonce au soir de son 52e anniversaire sa décision de quitter le domicile conjugal pour s’installer seule.
Le poids de la famille, amplifié dans un pays à fortes traditions, face au désir de liberté d’une femme qui veut enfin vivre par et pour elle-même : un film géorgien, qui a valeur largement universelle…
Le 26 juin 2017
Documentaire de Guillaume Bodin
EN AVANT-PREMIÈRE LE LUNDI 26 JUIN à 20h.
Zéro Phyto 100% bio, c’est le troisième documentaire de Guillaume Bodin sur des cantines bio et des villes sans pesticides, les enjeux de demain. Dans une enquête passionnante, il part à la rencontre de ces communes françaises qui n’ont pas attendu la loi Labbé pour être bio et écolo.
Depuis le 1er janvier 2017, la Loi Labbé interdit l’utilisation des produits phytosanitaires dans les espaces publics, une loi déjà mise en pratique par plusieurs communes de France. Guillaume Bodin est parti à la rencontre de creux qui prônent le bio dans les cantines scolaires, les entreprises ou l’agriculture et qui contribuent à la santé de la population et à la protection de l’environnement. Un documentaire d’utilité publique.
A la fin du film, Guillaume Bodin sera présent et nous pourrons engager le débat avec lui.
Du 29 juin au 4 juillet
D’Alberto RODRIGUEZ- Espagne – 2h02 – VOST.
Avec Eduard Fernandez, José Coronado, Marta Etura Luis
Un escroc de haut vol au cœur d’un scandale d’État va entrainer la chute de deux ministres de l’intérieur de l’Espagne, puis précipiter la défaite électorale du gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez. Francisco Paesa dit « Paco » aurait utilisé l’ex-premier flic d’Espagne pour se venger des mauvaises manières du gouvernement à son égard et, au passage gagner des milliards de pesetas. Le cinéaste reconstitue cette arnaque comme un thriller dopé à l’humour noir. Il réussit à ne pas égarer le spectateur dans un tel labyrinthe de manipulations croisées et de coups de billard à trois bandes bien que rien ne soit jamais sûr dans cette histoire, certes tirées de faits réels, mais dont on sait, dès la première séquence, qu’elle contiendra des mensonges.
Publié dans Archives programmes
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William Oldroyd
Réalisateur, metteur en scène théâtre
Best (court métrage)
Pendant ses études de théologie, le jeune William Oldroyd réalise qu’il aime la théâtralité de l’Eglise catholique et abandonne ses rêves de grand séminaire. En 2004, à 23 ans, il assiste celle qui restera son mentor, Deborah Warner, sur la superproduction Jules César, créée au Barbican Centre, à Londres. (suite…)
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Alain Gomis
Franco-Sénégalais
Réalisateur
Andalucia, Aujourd’hui, Félicité ( grand prix de jury à la Berlinale 2017).
Lauréat de l’Ours d’Argent pour FELICITE, Alain Gomis a su toucher le Jury de la 67ème Berlinale avec ce portrait aussi fort que singulier d’une chanteuse qui tente aveuglement de trouver l’argent nécessaire à l’opération de son fils. Entre réalisme et onirisme, et nourri d’images documentaires, FELICITE nous immerge dans l’effervescence de la ville de Kinshasa. Un film sensible et intense qui, comme son héroïne, respire la liberté. Rencontre… (suite…)
Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs
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Jean-Stéphane Bron
Né le 25 août 1969 à Lausanne
Suisse
Documentariste
Le Génie Helvétique, Cleveland contre Wall Street, L’Expérience Blocher, L’ Opéra
Toute La Culture a rencontré le réalisateur suisse Jean-Stéphane Bron pour qu’il nous parle de la coulisse de ce film sur les rouages de la grande machine à rêve et à musique de la place de la Bastille. (suite…)
Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs
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FELICITE
FELICITÉ
Réalisation Alain Gomis
France Belgique Senegal
Avec Veronique Beya Mputu, Papi Mpaka, Gaetan Claudia
Durée : 2h03
Dans la fureur de Kinshasa, capitale aux douze millions d’habitants de la République démocratique du Congo, le réalisateur Alain Gomis fait surgir une héroïne qui a, comme lui, le goût du défi. Solitaire et fière, Félicité brave les regards et entre en scène. Dans le bar où elle est chanteuse, la vie tangue entre alcool, embrouilles et désirs. Soudain, sa voix s’élève, galvanise les énergies et fait naître une harmonie. La nuit incertaine bascule du côté de la beauté. Cette séquence d’ouverture, qui dure plus de sept minutes, est un tour de force de cinéma. De la force, il en faut, à Kinshasa : le lendemain, Félicité est à l’hôpital devant le corps ensanglanté de son fils qui a eu un accident de moto.
Cette fiction s’élance dans l’urgence, jusqu’à donner un sentiment de réalisme documentaire. Mais une tonalité différente y résonne bientôt : dans une nuit qui est sans doute celle de ses rêves, Félicité marche vers une autre dimension de la vie, mystérieuse et apaisante. Comme s’il voulait vivifier le cinéma africain, rare et généralement fragile, le Franco-Sénégalais Alain Gomis déploie tous les possibles. Il filme le combat pour la survie et l’élévation spirituelle, le trivial et le sacré, il fait vibrer la musique du groupe Kasaï Allstars, qui mélange tradition et électro, et celle d’Arvo Pärt, jouée par l’Orchestre symphonique de Kinshasa. L’ambition est de remuer ciel et terre. Félicité se jette dans la bataille pour sauver son fils menacé d’amputation, elle prend des coups pour trouver de l’argent et repart à l’attaque. Et puis, elle s’effondre. Elle qui faisait face, s’efface…
Le film trouve alors une autre manière encore de nous faire ressentir le quotidien de Kinshasa. L’énergie laisse place à l’épuisement et l’égarement dans cette ville de violences, où l’argent, qui n’est nulle part, est réclamé tout le temps et ne sauve rien. Le gouffre de l’absurde s’ouvre, mais Félicité en ressort moins affaiblie qu’adoucie. En baissant la garde, la guerrière apprend le pouvoir de l’abandon, qui lui permet d’accepter sa fragilité et d’être, simplement, humaine.
La joie renaît toujours. Ce message d’espoir, Alain Gomis est allé le chercher au coeur d’un chaos dont il recompose l’étrangeté avec une audace incroyable. Il est prêt à perdre en route son héroïne et, tout aussi bien, à déboussoler le spectateur. Ce film parfois énigmatique, où le chant et la musique comptent autant que les dialogues, invente son langage de cinéma. Il cultive la fluidité et laisse filer ses personnages, pour mieux fusionner avec eux. Le courage du fils accidenté, mutique, apparaît comme une sorte de lumière. De même, l’amour du séducteur de bar qui emballe toutes les femmes mais ne veut faire le bonheur que de Félicité. De ces vies ordinaires, un sentiment de grandeur s’élève : par-delà la matérialité, la pauvreté, la beauté de l’âme rayonne. Par-delà les épreuves résiste une flamme secrète. Interprétée par l’étonnante Véro Tshanda Beya, Félicité devient un personnage transcendant, d’une intériorité et d’une richesse magnifiques. — Frédéric Strauss (Télérama)
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The Lost City of Z
The Lost City of Z
Un film de James Gray
Aventure- USA-2H30
Avec :
Charlie Hunnam, Sienna Miller, Robert Pattinson
Le chef opérateur : Darius Khondji
Signer un film intimiste avec toute la matière d’une fresque d’aventure : voilà l’exploit inattendu de James Gray, le réalisateur de Little Odessa (1995) et de Two Lovers (2008). Depuis qu’il avait annoncé, il y a une petite décennie, vouloir adapter la biographie de l’explorateur britannique Percy Fawcett (1867-1925), mystérieusement disparu, le doute était permis. Aujourd’hui, le résultat, majestueux et subtil, déjoue les catégories existantes. Derrière son classicisme apparent, The Lost City of Z est un prototype.
D’abord, la jungle équatoriale n’envahit pas tout. L’ancrage familial et social de l’explorateur prime.. Les discussions, préalables au départ, avec l’épouse enceinte (Sienna Miller) reflètent la complexité profonde de ce héros aristocrate. Se laissent deviner à la fois l’ambition et la dérision de l’ambition ; en même temps, l’appel du large et les derniers feux de l’indolence juvénile.
L’attention portée aux visages par le cinéaste (et son chef opérateur, Darius Khondji) est d’emblée bouleversante. Nombre de réalisateurs qui disposent d’un budget inhabituel se laissent dévier de leur trajectoire artistique. Pas James Gray, qui, depuis ses débuts, filme avant tout des dilemmes intimes, des tourments existentiels.
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The Young Lady
Film de William OLDROYD – GB – 2016 – 1h29mn – VOST
Avec Florence Pugh, Cosmo Jarvis, Paul Hilton, Naomi Ackie..
Scénario d’Alice Birch, d’après le roman de Nikolai Leskov La Lady Macbeth du district de Mtensk
Il y a comme une chronologie secrète autour de The Young Lady, une macération du temps qui déboucherait à aujourd’hui et à ce film. De fait, tout commencerait vers 1600 quand Shakespeare écrivit Macbeth, et de ce drame sombre, on retiendra surtout le personnage de Lady Macbeth, femme fatale et reine manipulatrice. Plus tard en 1847, Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë exaltera, au milieu de la lande écossaise, l’amour fou de Catherine Earnshaw pour Heathcliff. Plus tard encore, en 1857, Madame Bovary de Gustave Flaubert fera de son Emma une femme malheureuse enfermée dans les conventions (et qui en mourra). Enfin en 1865, La Lady Macbeth du district de Mtsensk de Nikolaï Leskov, dont The Young Lady est une libre adaptation, semble compiler naturellement ces trois-là et inspirera même un opéra en quatre actes de Dmitri Chostakovitch. On pourrait, pourquoi pas, continuer jusqu’en 1928 avec L’Amant de Lady Chatterley de D. H. Lawrence où une femme, Constance, redécouvre l’amour et le bonheur avec un garde-chasse, un homme extérieur à son milieu…
The Young Lady paraît ainsi se nourrir, se gorger de ces femmes tragiquement amoureuses, de cette littérature romantique et noire, pour façonner son héroïne, une héroïne nouvelle, inédite : Katherine. Dans le fond et dans sa forme, le film reprend plusieurs points, quelques particularités de chaque roman pour en faire, là aussi, une sorte de mélange, un alliage parfait : l’amour interdit, la manipulation, le meurtre, le désespoir, la mort, la différence de classe et la lande tout autour… Nous voyons donc une jeune femme asservie par un patriarcat brutal s’enfoncer de plus en plus dans les ténèbres, non plus par amour et par passion (même si ça pourrait être le cas au début), mais presque par vengeance de ce qu’elle a subi : mariée de force, cloîtrée dans le manoir familial, délaissée par son mari et réduite au rôle d’épouse obéissante.
Ses actes sont comme une rébellion nécessaire pour s’affirmer, tenter d’exister face à un mari et un beau-père détestables, rébellion qui deviendra plus radicale, jusqu’à l’impensable. À la fois victime et bourreau, Katherine incarne cette forme d’innocence réduite en morceaux par une société toujours plus oppressive, apte à engendrer ses propres monstres – dont elle sera l’un des spécimens les plus brillants. William Oldroyd (metteur en scène) et Alice Birch (scénariste), tous deux venus du théâtre londonien, se sont habilement emparés du roman de Leskov en décidant de le transposer dans l’Angleterre victorienne. Au cœur d’une nature farouche et d’intérieurs stricts, étouffants malgré leur dépouillement, Oldroyd en magnifie la noirceur, le fiel et la modernité avec une douceur étonnante, sans excès, mais toujours avec piquant. Il révèle également l’étonnante Florence Pugh dont l’intensité et la présence habitent à merveille ce rôle de jeune femme sur le point de s’affranchir de tout, quitte à embrasser le Mal.
(seuilcritique.com)
Publié dans Ailleurs, Archives films
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Orpheline
ORPHELINE
Un film de Arnaud des Pallières – France – 2017 – 1h51
Avec Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot, Vega Cuzytek…
Marcel Proust avait sa théorie des « moi » successifs : les personnes différentes, étrangères les unes aux autres, que nous devenons, au cours de notre vie…Il y a une idée de cet ordre dans le pari d’Arnaud des Pallières : restituer les métamorphoses d’une femme en la faisant jouer, tour à tour, par quatre actrices.
On découvre l’héroïne presque trentenaire (Adèle Haenel). Puis on remonte le temps. On la voit à 20 ans (Adèle Exarchopoulos), jeune adolescente (Solène Rigot) et finalement enfant (Vega Cuzytek).
Le réalisateur vient du documentaire de création et ses films sont conçus comme des expériences…Orpheline n’a donc rien à voir avec ces fictions en plusieurs époques où l’on vieillit peu à peu le comédien. C’est moins le changement physique qui intéresse le cinéaste que la captation, à chaque étape, d’une nouvelle personnalité, d’un autre rapport au monde.
L’unité secrète du portrait, au-delà des changements de visage (et même de prénom !) tient à une mise en scène qui, chez Arnaud des Pallières , n’avait jamais atteint un tel degré d’incarnation. Aucune des quatre actrices n’est moins captivante que les autres. Leur éclat et l’acuité du regard porté sur elles assurent une continuité…
Enfant, l’héroïne est le témoin muet d’un drame qui la coupe symboliquement de sa famille et en fait cette « orpheline » des périodes suivantes. Le récit ne perd en intensité que dans les méandres amenés par le fait divers : à 20 ans, la jeune femme est mêlée à une affaire criminelle.
Le plus beau, le plus troublant restent la demande d’amour immense, à la fois pathétique et motrice, qui taraude le personnage. Un puits sans fond, qui la fait se jeter dans les bras et le lit des hommes dès l’adolescence…Cette demande compulsive devient un danger pour l’héroïne au moment d’assurer sa subsistance, de ce construire.
Dès lors, le suspense final, où on la retrouve adulte, comme au tout début, porte moins sur les suites judiciaires que sur la possibilité d’une indépendance… enfin. (Louis Guichard)
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Corporate
CORPORATE
Un film de Nicolas SILHOL
France- -2017 – 1h35
Avec : Céline Sallette
Lambert Wilson
Stephane de Groodt
Brillante responsable des ressources humaines dans un groupe agroalimentaire, Emilie Tesson-Hansen n’a pas d’état d’âme. Dalmat, un cadre d’une quarantaine d’années, veut la rencontrer mais la jeune femme ne cesse de repousser le rendez-vous. Il finit par se suicider dans l’enceinte de l’entreprise. Emilie est tout de suite pointée du doigt. L’inspectrice du travail l’a dans sa ligne de mire. Ses supérieurs ne sont pas plus tendres, notamment Stéphane, le directeur des ressources humaines. Alors qu’elle tente de s’éviter la prison, elle donne des informations à l’inspectrice sur les méthodes de la société… Emilie Tesson-Hansen (Céline Sallette) est une « tueuse », elle en est fière, c’est même pour cela qu’elle a été embauchée comme responsable des ressources humaines par le fringant PDG Stéphane Froncart (Lambert Wilson). S’il l’a recrutée, c’est pour se débarrasser de certains cadres de l’entreprise, trop vieux, pas assez performants, en les poussant à la dépression, donc à la démission. Jusqu’au jour où l’un des cadres qu’elle a mis sur la touche se suicide sur son lieu de travail. La veille, il avait, une fois de plus, désespérément cherché à lui parler, mais elle avait fait la sourde oreille. Lorsqu’une enquête est ouverte par une inspectrice du travail zélée, Emilie est prévenue par sa hiérarchie : dans l’intérêt de la boîte, elle doit faire bonne figure, rester « corporate ». De toute manière, elle n’a rien à se reprocher…Voilà un premier film qui tombe à pic. Alors que les thèmes du burn-out et du stress au travail s’invitent dans la campagne présidentielle, ce thriller psychologique, précis, tendu, décortique les mécanismes du « management par la terreur », de plus en plus en vigueur. Dans un décor sans âme où le stress et l’intimidation sont palpables, Nicolas Silhol privilégie le facteur humain en la (belle) personne de l’inspectrice du travail (Violaine Fumeau), sorte de cow-boy moderne, en lutte contre une rentabilité inhumaine. Mais le personnage pivot est bien sûr Emilie : au-delà du film dossier à la Yves Boisset, Corporate est un magnifique portrait de femme, actrice consentante, et même active d’un système qui lui promet une carrière toujours plus brillante. Constamment dans le contrôle avec son chemisier de rechange et son déodorant pour rester impeccable, elle paraît aussi inébranlable que les baies vitrées des bureaux où se reflète son profil parfait. C’est cette carapace en train de se fendre que filme le réalisateur. Et cette question qui affleure dans les yeux de glace d’Emilie : moi qui suis forte, à quel moment suis-je devenue un monstre ? En creux, il en pose une autre, plus générale : jusqu’à quelles extrémités une femme doit-elle aller pour s’imposer dans un monde d’hommes ? Dans ce rôle, Céline Sallette est remarquable. Dans le contrôle, elle aussi, loin de sa fougue habituelle, elle évoque une héroïne de Hitchcock contemporaine : le feu sous la glace néolibérale. Et chacun de ses regards, de plus en plus apeurés, est un indice de son réveil progressif. Une nuit, alors qu’elle mime un entretien d’embauche avec son mari, la « tueuse » se lance soudain dans un monologue qui trahit son effarement devant ce qu’elle est, ce qu’on la force à être. Particulièrement dans cette séquence, Corporate est un film important. Marquant.
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