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GIRL

De Lukas Dhont – Belgique – 1h45
Avec Victor Polster, Arieh Worthalter

Présenté dans la sélection Un Certain Regard au dernier festival de Cannes, Girl a su faire parler de lui après avoir été récompensé de la Caméra D’Or puis du Prix d’Interprétation pour son comédien Victor Polster. Un beau succès pour ce premier long-métrage du réalisateur flamand Lukas Dhont, qui aborde la délicate question de la transidentité à travers le portrait d’une adolescente née garçon puis devenue Laura, une jeune femme passionnée de danse. Au cœur de Girl, Lukas Dhont voulait parler d’une « héroïne capable de mettre son corps en danger pour pouvoir devenir la personne qu’elle veut être ». Le réalisateur confie également avoir voulu aborder la question de la perception des genres à l’heure où il est encore parfois difficile de concevoir qu’une fille puisse aimer le football ou qu’un garçon puisse aimer la danse.

Girl déroute un peu de prime abord par son manque d’enjeux rythmant directement le récit. Mais très vite, il apparaît clair que contrairement à bien des films actuels, l’histoire du film est à lui-seul un enjeu suffisant pour en dicter la conduite et l’évolution.Girl, c’est le parcours du combattant d’une jeune adolescente qui va devoir braver des obstacles gigantesques non pas pour atteindre un objectif mais tout simplement pour devenir ce qu’elle est déjà au fond d’elle. Et c’est avec beaucoup de délicatesse et de pudeur que Lukas Dhont va filmer ce chemin physiquement, psychologiquement et émotionnellement difficile. Car sur la route de Laura, il y a le mal-être de l’attente que les changements se montrent, il y aura les petites humiliations du quotidien et le regard des autres, l’incompréhension aussi, les difficultés d’acceptation, la peur et les relations pas toujours simples avec les proches. A chaque instant, on sentira Lukas Dhont précis, documenté, respectueux de la gravité de son sujet mais jamais envieux de s’aventurer dans un pathos facile. Au contraire, c’est la lumière que le cinéaste vise, celle d’une transformation nécessaire avec ses beaux moments comme avec ses passages éprouvants. A l’image du film d’ailleurs, qui passera par tous les visages, du bouleversant à l’inconfort ou à l’horreur. Intelligent de bout en bout, Girl est au final brillant, répétant souvent les mêmes scènes pour mieux illustrer un cycle long nécessitant une excessive patience (médicale) alors que l’empressement (personnel) se fait tant sentir. D’une formidable humanité, Girl est aussi une réussite grâce à la performance immanquable de son jeune comédien, un Victor Polster exceptionnel d’abnégation et vecteur d’émotions palpables.

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LIBRE

LIBRE

De Michel Toesca – France – 2018 – 1h40

Michel Toesca a suivi pendant trois ans son ami Cédric Herrou, paysan sans histoire jusqu’au jour où il décide de consacrer sa vie à accueillir ceux qui arrivent dans sa région, fuyant leurs pays en guerre. Et d’enfreindre la loi en venant en aide à ces migrants livrés en eux- mêmes. Son film a l’intérêt majeur de poser plus de questions concrètes qu’il n’apporte de réponses toutes faites. Il ne fait jamais de Herrou un surhomme capable de solutionner tous les problèmes mais un personnage à la Capra tentant de régler par le bon sens les problèmes qui se déroulaient en bas de chez lui. Et en racontant ce quotidien mouvementé, Herrou signe plus un document qu’un documentaire. Un témoignage de ce que vivent nos pays occidentaux qui, effrayés par la montée des extrêmes, envisagent avant tout les migrants comme un nid à problèmes.

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CAPHARNAUM

            
De Nadine Labaki France/Liban – 2h03
Avec :
Zain Alrafeea, Nadine Labaki, Yordanos Shifera…

Prix du Jury au Festival de Cannes 2018.

Plongé  dans l’extrême pauvreté d’enfants des rues au Liban. Bouleversant.                                                                                                                                      

C’est l’histoire d’un enfant qui regrette d’être venu au monde, puisque le sien n’est que violence et misère. Ce gosse en veut tellement à ses parents de l’avoir fait naître dans ce chaos qu’il les attaque  en justice. Dans les scènes du procès, la réalisatrice Nadine Labaki (son précédent film Et maintenant on va où ?, 2011) incarne elle-même le rôle de l’avocate. Ce faisant, elle annonce son ambition : Capharnaümsera une vibrante plaidoirie pour l’enfance laissée-pour-compte, et tous les coups — précision documentaire ou élan romanesque — seront permis. Zain a une douzaine d’années. Il ne connaît pas son âge exact puisqu’il n’a même pas été déclaré à la naissance dans ce quartier de Beyrouth où tout n’est que bruits, gravats et poussières, et où les plus misérables sont exploités par d’autres, à peine moins pauvres. Il vit avec sa famille dans un taudis payé à son propriétaire par le travail des enfants. Il en sort pour trafiquer des médicaments pour sa mère ou mendier en compagnie de sa petite sœur, sur laquelle il est le seul à veiller.

Quand la fillette de 11 ans est donnée en mariage, ou plutôt vendue, par leurs parents à un homme de 30 ans, Zain, écœuré, fuit. Il détale en hurlant sa rage, et la scène clôt un premier chapitre haletant dans son rythme et sa brutalité. Reste à survivre. Il rencontre Rahil, une jeune mère immigrée éthiopienne qui a accouché en secret pour ne pas être expulsée, et devient baby-sitter d’infortune… Commence alors l’itinéraire de deux enfants pas gâtés qui pourrait être sous-titré « Le kid et le nourrisson », car Chaplinn’est pas loin. Le bébé est une fille, interprétée par Boluwatife Treasure Bankole et la cinéaste a réussi à diriger cette petite fille d’origine nigériane et kényane, qui devient ainsi un vrai personnage. Les deux gosses sont livrés à eux-mêmes, le grand portant à bout de bras la petite, encore plus démunie, plus fragile, la traînant ou lui dégottant de la nourriture dans la ville grouillante de dangers, tel un ogre prêt à dévorer ses enfants. Zain, l’enfant des rues, est très craquant avec ses yeux tristes. Petit homme vaillant il est, petit homme vaillant il restera. Cette partie de Capharnaüm est d’une tendresse bouleversante. Chaque geste est mû par la survie. Chaque petite victoire — voler un biberon, faire dormir le bébé dans un coin sûr — devient d’autant plus lumineuse.                                                                                                

Nadine Labaki n’invente rien. Zain se prénomme bien ainsi et c’est dans les rues de Beyrouth qu’elle a repéré ce gamin qui n’avait que 7 ans lorsque sa famille a fui le sud de la Syrie pour trouver refuge au Liban. Elle a fait Capharnaüm  pour changer le regard sur la vie, c’est peut-être utopiste mais c’est le sens de ce film et elle espère qu’il ira au-delà de la projection. Elle veut qu’on en parle, que les lois changent, que ces enfants soient protégé. C’est tout ce qui lui importe.                                                                  

Aujourd’hui, grâce au film, le gamin et sa famille s’apprêtent à s’installer en Norvège, et il va pouvoir aller à l’école. Cet enfant au jeu si puissant a gagné son procès contre l’injustice du monde.                                                                                                                                                                                                                                                                    .                                                                   D’après les critiques de TELERAMA et PREMIERE

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SOFIA

Un film de Meryem Benm’Barek

France-Maroc

Drame 1h20

Avec : Lubna Azabal, Faouzi Bensaïd, Sarah Peris, Maha Alemi

               ​​​​Récompensé par le prix du scénario dans la catégorie « un certain regard » au festival de Cannes et par le Valois du scénario au festival du film francophone d’Angoulême.

Les accouchements hors mariage, estimés à 150 par jour au Maroc, y sont toujours punis par la loi. En quelques scènes, sobres et percutantes, efficaces et rapides, Meryem Benm’Barek décrit une situation réelle aujourd’hui à Casablanca et ose livrer une vision amère d’un pays figé dans ses interdits, enfermé dans ses déterminismes. Leila Slimani dans son livre  « sexe et mensonge » écrivait : « il faut mesurer à quel point il est difficile au Maroc de sortir du cadre, d’adopter un comportement considéré comme marginal. La société marocaine est toute entière basée sur la notion de dépendance au groupe. Et le groupe est perçu par l’individu à la fois comme une fatalité dont il ne peut se départir, et comme une chance puisqu’il peut toujours compter sur une forme de solidarité grégaire. »

Ce film est plus complexe qu’il n’y paraît et dépasse la situation somme toute assez banale, d’une jeune fille, Sophia, de bonne famille, qui suite à un déni de grossesse,   accouche à l’hôpital dans l’illégalité car non mariée. Elle devra rapidement en informer ses parents et retrouver le père de l’enfant.Une mise en scène ascétique et dépouillée au service d’une narration abrupte et exempte de tout jugement,nous ouvre les portes d’une société hautement hiérarchisée. Le récit laisse progressivement de côté le drame familial pour se muer en une étude sociologique habillement menée, d’autant plus que les milieux de la jeune fille et du père supposé sont très différents. On perçoit vite le décalage social entre le quartier populaire d’Omar et celui chic de Sophia. Le film nous entraîne dans un nœud d’hypocrisies aux rebondissements si multiples que pas un instant l’attention ne faiblit. On découvre avec étonnement et fascination un monde rodé à l’art de la dissimulation où victimes et coupables finissent par se confondre. Le dénouement du film est terrifiant. Une société totalement exsangue émerge de ce conte amoral et cinglant.

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L’AMOUR FLOU

L’AMOUR FLOU

De Romane BOHRINGER et Philippe REBBOT – France – 2018 – 1h36 

Avec leur famille et des amis. 

Après 10 ans de vie commune, deux enfants et un chien, Romane et Philippe ne s’aiment plus. Enfin…ils ne sont plus amoureux, mais ils s’aiment, quand même. Beaucoup. Trop pour se séparer vraiment ? Bref…c’est flou. On aime. (Le Dauphiné libéré)

Ceci est la vraie histoire du couple d’acteurs, avec au casting, les vrais parents et vrais amis, qui jouent, certains l’enthousiasme, et d’autres les oiseaux de mauvais augure, devant cette singulière solution, un « sépartement », c’est-à-dire un appartement coupé en deux, avec la chambre des enfants comme seule pièce communicante. (Guillemette Odicino, Télérama)

Cette autofiction réfute les conventions du 7ème art, ses règles tacites de narration et de production, pour composer, dans l’impulsion et avec une fougue d’écriture, un cinéma débridé, dans lequel on se sent délicieusement bien. (Xavier Leherpeur, Le Nouvel Observateur)

Mise en abîme et autodérision sont au rendez-vous. Tout cela n’est donc pas juste une blague de potes, un délire conjuratoire, mais bien un film écrit, pensé, avec dialogues et personnages, autrement dit, une fiction. (Emily Barnett, Les Inrockuptibles)

Des scènes cocasses, des répliques qui fusent, des apparitions de seconds rôles drôlissimes, mais aussi, l’air de rien, un vrai questionnement sur le couple.  (Adrienne Valadier, Voici) 

Ce qui touche, c’est la question que beaucoup peuvent se poser : comment sauver la cellule familiale quand le couple vole en éclats ? (Lucie Vidal, La voix du Nord) 

Une grande liberté pour s’inventer une nouvelle vie familiale qui a reçu le Prix du Public au festival francophone d’Angoulême.

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AMIN de Phillipe Faucon

Voici un film doux sur un sujet dur : l’exil de ceux qui viennent trimer en France pour soutenir leur entourage resté au pays. Algériens, Marocains, Maliens ou Sénégalais, comme le héros discret de cette chronique tout en finesse d’une existence morcelée. Amin, c’est lui, employé sur un continent, père et mari sur un autre. Philippe Faucon décrit ces deux vies avec la même humanité, en explore les manques et les rigueurs sans céder au mélo ou aux démonstrations faciles. D’un côté, il y a les chantiers, les contrats toujours aux marges de la légalité, le foyer de travailleurs où tous les coins du monde se croisent et se réchauffent. De l’autre, il y a les yeux adorateurs de trois enfants pour ce père intermittent, qui revient si rarement. Il y a aussi sa femme, qui n’en peut plus de l’attendre, d’être seule, et qui voudrait le rejoindre.

Jour après jour, voyage après voyage, Amin est le captif de son devoir, de ses responsabilités. Entre les différents espaces qu’il habite, il n’y a pas d’air, pas de liberté. Montrer avec une telle délicatesse cet aspect du quotidien d’un immigré vaut cent arguments de débat face à tous les discours nauséabonds d’aujourd’hui. Comme toujours, Philippe Faucon approche ses personnages avec un respect attentif, leur donne une remarquable densité. Moustapha Mbengue prête son charisme, sa dignité altière, mais aussi sa tendresse, à un Amin soudain tenté par un chemin de traverse : une liaison imprévue avec la Française Gabrielle (Emmanuelle Devos, sensible et juste), chez qui il effectue des travaux. Entre l’exilé et la divorcée, entre leurs deux solitudes si différentes, un autre espace s’ouvre enfin, un temps à l’abri des contraintes et des fatalités. Avec ce film fort, après Samia, Fatima ou encore La Désintégration, Philippe Faucon ajoute un nouveau visage inoubliable à sa fresque de l’immigration et du déracinement.

D’après la critique de Cécile Mury de Télérama

Film présenté à Cannes à  la quinzaine des réalisateurs

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DE CHAQUE INSTANT

 

 DE CHAQUE INSTANT

Nicolas PHILIBERT–France-2018–1h45

Documentairefrançais

Le réalisateur nous invite à suivre la formation d’élèves infirmiers de l’institut dela Croix-Saint-Simon àMontreuil(93), que l’on suit en classe, puis en stage et enfin qu’on écoute témoigner de leur rencontre parfois rude avec le monde hospitaliersoumis à la pression du rendement, au manque criant de personnel, au poids grandissant des tâches administratives, à la tension dans les services. Sont abordés aussi, le rapport à l’autre, la transmission, les relations entre générations.

Nicolas Philibert : L’idée d’un apprentissage du métier d’infirmier m’est venue suite à mon hospitalisation à deux reprise aux urgences pour une embolie pulmonaire. Alors que je tournais autour de l’idée du corps parce que le cinéma, c’est toujours des corps filmés, mon propre corps m’a envoyé en repérages à l’hôpital. 

Le film se penche sur toutes sortes de corps : d’abord des bouts de mousse utilisés par les étudiants pour apprendre à piquer, puis des mannequins servant à pratiquer les techniques de réanimation, puis des corps complices (une étudiante simulant une pathologie, un étudiant faisant la femme enceinte…), enfin de vrais patients lors des stages à l’hôpital. Mais les corps ce sont aussi les gestes que ces futurs infirmiers et infirmières apprennent à maîtriser. Quand on est hospitalisé, tous ces gestes exécutés avec dextérité par des personnes expérimentées ne semblent pas si difficiles. Filmer leur apprentissage par des étudiants qui tâtonnent permet de les décortiquer et de révéler la complexité de leur enchaînement. 

De plus en plus d’actes techniques leur sont confiés, mais beaucoup se plaignent de la manière dont le relationnel est mis à mal, faute de temps à lui consacrer. Et ils sont exposés à des réalités humaines auxquelles ils ne sont pas forcément préparés. Ils sont nombreux à faire leur premier stage dans des Ehpad (maisons de retraite) après deux mois de cours et de travaux pratiques. Ils se trouvent alors confrontés à des corps vieillissants, sur lesquels ils apprennent à faire des toilettes intimes. Ils ont aussi affaire à des personnes qui n’ont plus toute leur tête. Et la mort inévitablement. Ce stage de première année est pour chacun un baptême du feu. Certains décrochent à ce moment-là ; d’autres renoncent, en 3ème année, quand se profile la prise de responsabilité. 

En résumé, la première partie du film c’est l’apprentissage des règles de bonne conduite, la deuxième, c’est la confrontation au réel durant le stage, souvent livrés à eux-mêmes, ils sont mis à l’épreuve, parfois mis à mal par les équipes qui attendent d’eux des choses qu’on ne leur a pas apprises. La troisième partie permet d’entendre ce que la deuxième pouvait difficilement montrer comme les maltraitances dont ils sont parfois victimes. 

Extraits d’un entretien avec François Ekchajzer publié sur Télérama 3581, du 29.8.2018 

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FORTUNA

FORTUNA

De Germinal Roaux / 2018 / 1H46

Avec Kidist Siyum Beza, Bruno Ganz, Patrick d’Assumçao 

Au milieu des immenses montagnes enneigées et silencieuses, elle parle en murmurant à la Vierge Marie… La délicatesse de ces premières images donne d’emblée une résonance particulière à l’histoire de Fortuna, adolescente noire, arrivée jusqu’en Suisse après avoir traversé la Méditerranée. Pour les migrants comme elle, un parcours fléché existe, mais elle refuse de quitter son refuge dans l’hospice de Simplon, où vivent les chanoines de la congrégation du Grand-Saint-Bernard.

En confrontant une question d’actualité à ces décors naturels empreints d’un sentiment d’éternité, le réalisateur évite, comme son héroïne, les chemins tout tracés. Il aiguise une sensibilité vraie à travers le dépouillement du cinéma en noir et blanc, et construit aussi un propos ambitieux, utile. Telerama, Frédéric  Strauss

Le réalisateur  choisit  à travers le parcours solitaire de cette toute jeune fille, d’installer le spectateur en toute humilité et sans prétendre apporter de solutions miraculeuses, dans un espace de réflexion face aux questions que la crise migratoire suscite dans nos sociétés actuelles. Bouleversé par les récits de ces jeunes migrants, mineurs et non accompagnés, qu’il rencontre grâce à sa compagne chargée de les encadrer, il se lance dans l’écriture de son film et découvre que pour pallier le manque de places dans les centres d’hébergements, certains de ces réfugiés sont accueillis au sein de communautés religieuses. Un débat nourri d’arguments brillants et mené avec éloquence et sensibilité par les chanoines, révèle les contradictions auxquelles sont confrontés ces hommes d’Église tiraillés entre leur désir d’accueil et d’ouverture au monde et le devoir de réserve et d’isolement inhérent à leur vocation, nous offrant ainsi un sacré beau moment d’émotion. Avoiralire

Fortuna, qui est mineure, refuse tout en bloc et s’accroche au monastère comme une moule à son rocher. Il faudra des trésors de patience pour qu’elle accepte de dévoiler les bouleversements qui agitent son esprit et son corps, tellement plus complexes que les vagues clichés qu’on pourrait imaginer. 

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Le Vent Tourne

    

      LE VENT  TOURNE

Un film de    Bettina Oberli

Suisse-France-Belgique

1h27

Avec : Mélanie Thierry, Pierre Deladonchamps, Nuno Lopes, Anastasia Shevtsova

                

A l’heure où les questions environnementales se font de plus en plus pressentes, la jeune réalisatrice suisse Bettina Oberli propose une réflexion idéologique  et romanesque sur le sujet à travers le regard de Pauline ( Mélanie Thierry), pivot central autour duquel s’articulent deux points de vue différents. Doit-on essayer de sauver la planète ou est-ce de toute façon déjà trop tard ?

Dans un décor idyllique de montagnes jurassiennes, Pauline et Alex (Pierre Deladonchamps) jeunes agriculteurs soudés dans leur combat commun pour la défense de leur environnement travaillent dur mais sont certains de pouvoir garder encore longtemps le cap d’une vie de solitude et de dévouement à la nature. La belle harmonie se fissurera au contact d’une jeune adolescente russe de Tchernobyl, Galina, ( Anastasia Shevtsova) venue se refaire une santé et du bel ingénieur Samuel ( Nuno Lopes) appelé pour installer une éolienne. C’est un souffle de liberté qui entre dans cette maison, une nouvelle conception de vie faite de plaisir et d’échanges à laquelle Pauline n’a jamais été confrontée jusqu’à présent. Pauline va découvrir qu’elle étouffe. Ce quatuor de jeunes gens tout à la fois utopistes, généreux, sincères et naïfs qui s’enrichissent au contact des uns et des autres, a l’avantage de proposer un généreux éventail de tous les questionnements autour d’enjeux environnementaux. La réalisatrice réussit un drame sentimental souvent palpitant dans une nature belle et dangereuse, pleine de brouillard et dominée par un protagoniste insolite : cette éolienne, géant implanté au milieu de nulle part, comme un moulin de Cervantès, à la fois symbole d’espoir et de discorde.  « Le vent tourne » monte crescendo. D’une caméra très contemplative, la réalisation prend peu à peu une tournure subjective. On voit alors surgir une prise de position écologique, notamment face aux éoliennes. Le film ne tranche pas mais distille quelques indices sur l’opinion de Bettina Oberli.

D’après les critiques du Monde, Télérama, Le Blog du ciné, Bulles de culture                                     

 

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Le Poirier Sauvage

LE POIRIER SAUVAGE

Un film de    NURI BILGE CEYLAN

France-Turquie-Allemagne-Bulgarie

3h08

  VOST

Avec : Aydin Dogu Demirkol, Murat Cemcir, Hazar Ergüçlü

Après « Winter Sleep » palme d’or 2014 à Cannes, Nuri Bilge Ceylan nous offre avec « Le Poirier Sauvage » probablement le plus beau de ses huit longs métrages. Le film dépeint le retour dans sa ville natale de Sinan, jeune aspirant écrivain qui tente difficilement de faire publier un essai à compte d’auteur. Confronté au foyer de ses parents endetté par la folie du jeu du père, accablé par le peu d’enthousiasme, l’arrogance et le manque de culture rencontrés auprès des fonctionnaires et des notables qu’on lui recommande pour la publication de son livre, Sinan en vient alors à douter de lui même. Nuri Bilge Ceylan brosse ici une chronique familiale et un état des lieux du pays. Ces silhouettes qui se croisent, s’expliquent et s’affrontent dessinent peu à peu le projet de Ceylan encore plus ambitieux que celui de « Winter Sleep » : capter comme Anton Tchekhov savait le faire, le mal-être d’un pays, peut-être  même d’une société. Au fil des saisons qui contribuent à sa lente dramaturgie, le film a insensiblement placé en son centre la relation du père et du fils, motif ancien et sans doute personnel du film. «  Que nous le voulions ou non, nous ne pouvons nous empêcher d’hériter de certaines particularités de nos pères, comme d’un certain nombre de leurs faiblesses » indique-t-il dans sa note d’intention.                          Concernant la réalisation de ce film, on peut s’interroger comment faire aussi long sans ennuyer. En alternant l’humour, le drame et les réflexions  philosophiques, tout en proposant un montage fluide avec de superbes transitions, des musiques sublimes et des paysages admirablement filmés, Ceylan  réussit à maintenir l’attention du spectateur. Interrogé au sujet des paysages filmés, le réalisateur a expliqué que le lieu de tournage influence le scénario même pendant les prises de vue.  «  On pense en permanence à ce qu’on peut faire pour améliorer le film jusqu’au moment du montage » 

 Ceylan nous offre ici une fresque grandiose d’une beauté plastique inouïe.                                               D’après les critiques du Monde, Télérama, Le Point., Première.

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