De Louis Garrel
Avec Laetitia Casta, Louis Garrel, Lily Rose Depp
Abel et Marianne s’aiment et vivent ensemble depuis plus de trois ans. Mais, un matin, elle lui annonce une nouvelle à triple détente : elle est enceinte. Lui s’en réjouit. Sauf, ajoute-elle, que ce n’est pas lui le père, mais Paul, son meilleur ami, avec lequel elle a une liaison. Une catastrophe n’arrivant jamais seule, elle complète en annonçant qu’elle va se marier, c’est imminent, avec Paul. La séquence, vive, cocasse, est formidable, car elle déjoue totalement notre attente, tant à travers le ton exquis de Marianne, tout en candeur perverse, que dans l’acceptation et la docilité d’Abel, hébété, qui quitte sans rien dire l’appartement, chutant dans les escaliers. La suite sera dans le même esprit burlesque, mais mâtiné d’un autre genre, a priori incompatible : le film à suspense, façon Hitchcock.
Dix ans ont passé. Abel retrouve Marianne à l’enterrement de Paul. Peu après, l’ex-homme trompé cherche à reconquérir la veuve, comme dans une comédie du remariage. Mais il y a maintenant entre eux Joseph, le fils, 10 ans. Celui-ci voit d’un mauvais œil l’arrivée d’Abel et le lui fait bien comprendre, tout en lui glissant un secret lourd de conséquence : « Papa, c’est maman qui l’a tué. » Une invention d’enfant ?
Vif, savoureux mais aussi légèrement angoissant, tel est donc ce second long métrage de Louis Garrel. Après Les Deux Amis (2015), qui sondait la complexité de l’amitié, l’acteur-réalisateur s’essaie à autre chose, de moins littéraire. Après le triangle amoureux, un quatuor, composé de deux femmes et de deux hommes, dont Paul, décédé, qu’on ne voit jamais mais qui vient toujours s’interposer d’une façon ou d’une autre dans les discussions. L’autre femme, c’est Eve (Lily-Rose Depp), la sœur de Paul, folle amoureuse d’Abel depuis l’adolescence et au charme ravageur.
Dans ce film d’hiver, où Paris semble déserté, où tout est feutré, on se love avec plaisir comme dans un cocon.