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Archives pour mars 2018
Abdellatif Kechiche
Franco-Tunisien
Réalisateur, scénariste, acteur
L’Esquive, La Graine et le Mulet, La Vie d’Adèle, Mektoub, My Love.
Entretien avec le réalisateur
DEPUIS QUAND AVIEZ-VOUS L’IDÉE DE CE FILM EN TÊTE ?
J’ai écrit une première adaptation du livre de François Bégaudeau en 2010, juste après VÉNUS NOIRE. Le projet est tombé à l’eau, je suis passé à LA VIE D’ADÈLE, dont j’ai réalisé les chapitres 1 et 2, sans pouvoir ensuite réaliser les 3 et 4, comme je l’espérais. En réalité, depuis très longtemps, en tout cas bien avant ADÈLE, je rêvais de trouver un personnage et son interprète, que je suivrais sur plusieurs films. J’en ai eu envie avec le roman graphique de Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude, et j’ai pensé qu’avec Adèle Exarchopoulos ce serait possible et puis, il s’est passé ce qui s’est passé, sur lequel il n’y a pas à revenir. J’avais en tête, et j’ai toujours en tête ce qui serait une sorte d’équivalent cinématographique de La Comédie humaine. Toutes proportions gardées, bien sûr, et je ne me compare certes pas à Balzac, mais enfin, ce serait quelque chose comme « ma Comédie humaine ». Ce désir ne m’a jamais quitté et le livre de François l’a, d’une certaine manière, réactivé. (suite…)
Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs
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Mektoub My Love : Canto Uno
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Film du 29 mars au 3 avril |
MEKTOUB MY LOVE : CANTO UNO
De Abdellatif KECHICHE – F – 2017 – 2h55
Avec Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche
n« Mektoub my love » est une libre adaptation du roman « La blessure, la vraie » écrit par François Bégaudeau en 2011. Ce récit initiatique, situé dans les années 80 en Vendée raconte l’été des 15 ans de l’auteur.
Avec Kechiche on est en 1994 à Sète. C’est le plein été. Un groupe de filles et de garçons s’éclatent à la plage, dans les bars, en boîte. Ils ont 20 ans, viennent d’un peu partout, Paris, Nice, la Tunisie…. Des couples se forment, se déforment, la jalousie s’insinue…..
L’un de ces jeunes est plus en retrait. C’est Amin, un Adonis qui attire toutes les filles mais ne couche pas même s’il rêve sans doute de séduire Ophélie. Hélas, c’est son cousin, Tony, cavaleur invétéré qui l’a devancé. Le plaisir charnel est présent dès le début du film : Amin se pointe à vélo chez Ophélie et découvre par la fenêtre son amie avec Tony. Cette première séquence révèle la sensualité plantureuse d’Ophélie Bau (un faux air de Claudia Cardinale ). Ce n’est pas la seule : elle et tous les autres, filles comme garçons, sont d’une beauté lumineuse, resplendissante de vie. Auguste Renoir n’est pas cité par hasard. La vision du réalisateur célèbre les corps comme des déesses ou des dieux de l’Olympe. Sous l’apparence naturaliste se cache toute une part mythologique. Le profane et le sacré (à travers une magnifique mise à bas d’une brebis) sont intimement liés…..
Comme dans tous ses films précédents, le cinéaste privilégie et loue la femme, sa sensibilité, sa puissance. L’homme, à côté, paraît plus petit, plus insaisissable. A l’image d’Amin si secret, sur lequel on s’interroge forcément : est-il timide, puceau, gay ? Il regarde, enregistre tout, fantasme, envie cette vie qui jaillit autour de lui.
Cet Amin qui écrit des scénarios et regarde seul des films, enfermé dan sa chambre, alors que dehors le soleil rayonne, n’est-ce pas Kechiche lui-même au temps de sa jeunesse ? On est d’autant plus tenté de voir un autoportrait que le personnage est en voie d’ascension sociale, tout en gardant un attachement viscéral à sa classe d’origine, populaire….
« Mektoub my love » est un hymne au bel âge, une ode gorgée d’énergie, où la liberté prime sur le scénario. Il y a pourtant une intrigue, des intrigues même, comme chez Marivaux. De fausses confidences en serments trompeurs, de petites en grandes infidélités, le film semble parfois un prolongement de « L’esquive » quinze ans plus tard. La cruauté et le chagrin y ont leur place mais en mode mineur.
Ce premier volet de l’œuvre, si ouvert aux interprétations, si riche de pistes possibles nous fait d’ores et déjà attendre avec impatience sa suite.
Critique de Jacques Morice (Télérama du 21 mars).
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les bonnes manieres
Les bonnes manières
Un film de Juliana Rojas – Marco Dutra
Brésil – 2018 – 2h15 – VO
Avec : Isabel Rojas
Marjorie Estiano
Miguel Lobo
Juliana Rojas ouvre la perspective d’un cinéma d’un genre nouveau, croisant intimisme, images de synthèse, imaginaire galopant. Et traces de sang.
Une infirmière solitaire de São Paulo engagée par une jeune femme pour être la nounou de l’enfant dont elle est enceinte, As Boas Maneiras (Les Bonnes Manières) n’éveille, volontairement, aucun soupçon. Les organisateurs du festival de Locarno ont cependant tenu à ajouter cette fameuse petite phrase : « Certaines scènes sont susceptibles de heurter la sensibilité des spectateurs. » Pour être tout à fait exact, il aurait fallu ajouter : « Certaines scènes sont également susceptibles d’éblouir les spectateurs. »
Quand l’infirmière, Clara, entre dans l’appartement de la future maman, Ana, elle peut y contempler la ville sous un jour nouveau, magique, coloré, presque futuriste. Et une fois la nuit tombée, la pleine lune surgira dans le ciel comme une apparition. La beauté frappante de ces images est, au sens strict, surnaturelle : les trucages numériques y trafiquent avec les vraies prises de vue, créant une impression de flottement entre rêve et réalité. Qui nous prépare à accueillir l’impossible. Le père inconnu de l’enfant à naître était un loup-garou. Et les soirs de pleine lune, Ana et le petit qu’elle porte ont grand besoin de manger de la viande…Moitié homme, moitié bête, le loup-garou fait peur et surtout, il fait sens : tout est croisement dans ce film réalisé par deux moitiés, Marco Dutro et Juliana Rojas. Visuellement, on voyage du côté de chez Almodóvar, avec des décors intérieurs superbes et superbement travaillés. Et un univers de femmes, aux prises avec un enfant sauvage, que l’on voit grandir dans la seconde partie du film. Mais on plonge en même temps dans un merveilleux quasi hollywoodien, un rêve séduisant auquel se mêle la cruauté du cauchemar. Ces contrastes si forts sont réunis en une parfaite cohérence stylistique. Tout semble couler de source dans Les Bonnes Manières : la sensibilité qui domine est celle de l’intimisme, qu’il s’agisse des relations entre la mère et l’enfant ou de celles qui unissent les femmes. Car entre Clara et Ana, c’est aussi de sentiments et d’amour physique qu’il va être question. Le loup-garou renvoyant là à l’identité différente, et au rejet de la différence. Un discours limpide, jamais appuyé.
C’est tout naturellement que Marco Dutro et Juliana Rojas font un cinéma qui se revendique, de toutes les façons possibles, différent. Découverts avec Trabalhar cansa (2011), leur goût des cocktails entre réalisme et fantastique n’avait alors pas semblé tout à fait au point. Cette fois, ils maîtrisent parfaitement leur créativité sans barrière et accompagnent la mutation du spectateur d’aujourd’hui, de plus en plus ouvert aux passerelles entre les genres, aux croisements entre toutes sortes d’imaginaires. Les Bonnes Manières n’en est pas moins un choc, une sorte d’ovni. Mais le cinéma d’auteur trouve là une proposition passionnante, aussi ludique que très réfléchie. Et qui fera réfléchir….
(3 Prix et 11 Nominations
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Programmation mars avril 2018
Du jeudi 22 au mardi 27 mars
NI JUGE NI SOUMISE
De Yves Hinant et Jean Libon – France/Belgique – 2018 – 1h39
L’émission franco-belge « Strip Tease » s’invite sur grand écran avec un documentaire qui retrace le quotidien d’une juge d’instruction bruxelloise. Au volant de sa 2 CV bleue pervenche, elle sillonne Bruxelles, sa ville, d’une scène de crime à l’autre. Caustique, capable de sortir une blague dans les situations les plus éprouvantes, Anne Gruwez aurait pu être un truculent personnage de fiction. Elle est pourtant une authentique juge, à la langue bien pendue et au cœur bien accroché que Yves Hinant et Jean Libon ont suivie pendant trois ans. A chaque instant, le sordide côtoie la misère humaine la plus noire. « C’est souvent dans l’histoire qu’on peut voir à la loupe la société dans laquelle on patauge » tel est le credo des réalisateurs. Ca n’est pas du cinéma, c’est pire !
Du Jeudi 29 mars au mardi 3 avril
MEKTOUB MY LOVE
De Abdellatif Kechiche – F – 2h55
Avec Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche….
Librement adapté du roman de François Bégaudeau « La blessure », « Mektoub my love » est une œuvre fidèle à l’univers de Kechiche, un conte d’été et un récit d’initiation où le réalisateur prend le temps de s’attacher à des personnages pris au jeu de l’amour et de la sensualité.
Amin, qui fait ses études à Paris est revenu passer l’été dans sa famille qui tient un restaurant tunisien à Sète. Il y retrouve ses amis de jeunesse. Le film va suivre ces jeunes gens qui vont vivre au rythme de l’amour, des rapports humains, des journées ensoleillées et des soirées festives.
A côté du tourbillon des corps, Kechiche parvient à générer le mystère et la poésie à travers un couple atypique et platonique : la voluptueuse Ophélie et Amin, témoin troublant des amours des autres.
Comme d’habitude Kechiche ne laisse jamais insensible et comme pour « Adèle », ce film va fasciner ou déranger.
Nominé à la Mostra de Venise en 2017
Du jeudi 5 avril au mardi 10 avril
RAZZIA
De Nabil Ayouch – Drame – France – Belgique – Maroc – 2018– 1h 59 – VOST
Avec Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Abdelilah Rachid…
Nabil Ayouch, le réalisateur de « Much Loved » nous propose cette fois-ci un film choral qui suit l’histoire de cinq personnages en quête de libertés individuelles, personnelles et intimes. Des personnages que tout sépare dans des époques différentes (des années 80 au Maroc actuel) mais qui tous, ont le désir de s’affranchir des contraintes trop pesantes d’une société islamo-marocaine verrouillée et schizophrène. C’est un film qui critique et soulève un grand nombre de tabous : éducation, avortement, place de la femme dans le mariage, homosexualité … sans retenue mais sans manipulation. Aucune faille, aucune erreur, aucune longueur dans ce film, une réalisation impeccable avec des images à couper le souffle.
Film sélectionné au festival international de Toronto (2017) dans la catégorie Platform ainsi qu’au festival de Sarlat (2017)
Du jeudi 12 avril au mardi 17 avril
CALL ME BY YOUR NAME
De Luca Guadagnino – EU – 2h12 – VOST
Avec Armie Hammer, Timothée Challamet, Michael Stuhlbarg
L’Italie, les années 1980, la campagne lombarde, une belle demeure, une famille : les Perlman ; le père américain est professeur d’archéologie et d’histoire de l’art à l’université ; la mère est franco-italienne, traductrice de profession et leur fils Elio adolescent (17 ans) est versé dans la musicologie ; il passe l’été à retranscrire les pièces de Bach, à lire, à flirter avec la fille des voisins .Tout va bien au royaume de la bourgeoisie…
Jusqu’à l’arrivée d’un svelte et élégant doctorant américain Oliver : il vient passer l’été, chez les Perlman, pour assister le professeur dans ses recherches. Entre Elio et lui, une attraction immédiate produit étincelles et courts circuits.
Peinture d’une classe sociale, dont les acteurs sont déchargés de toute contrainte matérielle, le film se consacre entièrement aux choses de l’esprit et de la chair et son intensité naît du déploiement de la cristallisation amoureuse et de la séparation annoncée des 2 amants…
Du Jeudi 19 avril au mardi 24 avril
LES BONNES MANIERESDe Juliana Rojas et Marco Dutra -Brésil- 2017-2H15- VOST
Avec Isabel Zuaa, Marjorie Estiano, Miguel Lobo
Présenté au festival de Locarno 2017, « Les Bonnes Manières » est un film de monstre pas comme les autres ! La première partie est un mélodrame social et intimiste autour de Lara, qui devient la femme de chambre de Ana, jeune femme aisée, enceinte et seule. Jeu d’attraction/répulsion entre les 2 femmes, exacerbé jusqu’à devenir un mélange de pulsions amoureuses et de terreur. La deuxième partie se situe sept ans plus tard, elle est très différente : l’enfant est devenu un loup-garou et Clara doit l’empêcher de succomber à ses instincts meurtriers nocturnes…
Les cinéastes s’appuient sur un récit métaphorique, pour décliner une fable politique et intime où les rapports familiaux et maternels structurent les actes, sans oublier l’invitation à l’imaginaire.
Primé à L’Étrange Festival 2017 (Prix du jury) et au festival international du film fantastique de Gérardmer 2018 (Prix du jury)
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Jean Libon et Yves Hinant
Jean Libon et Yves Hinant, deux piliers de l’ex-magazine “Strip-tease”, passent au long métrage sans abandonner ce qui fit le succès de l’émission. Rencontre à Bruxelles avec les drôles d’auteurs et la très drôle protagoniste du drôle de documentaire “Ni juge ni soumise”.
“Strip-tease”, émission voyeuriste ?
« Strip-tease est né dans les années 1980 de l’influence des comédies sociales à sketchs italiennes, rappellent les deux réalisateurs. Un cinéma populaire qui ne respectait pas grand-chose et faisait tout passer à la moulinette : Eglise, politique, famille, bourgeoisie, rapports hommes-femmes, sexe, etc. » De 1985 à 2012, « l’émission qui vous déshabille » aura imposé son style documentaire (pas d’interview, pas de commentaire, pas de musique) aux téléspectateurs franco-belges — une filiale française est créée en 1992 sur France 3….. (suite…)
Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs
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RAZZIA
Le film : Razzia
Semaine du 4 au 10 Avril
Un film de Nabil Ayouch
Drame- France-Belgique-Maroc -2018– 1h 59 – VOST
Avec :
Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Abdelilah Rachid…
Le précédent film de Nabil Ayouch « Much Loved » dont les personnages principaux étaient des prostituées avait été interdit de diffusion au Maroc. Trois ans plus tard, le réalisateur franco-marocain qui refuse de baisser les bras, est de retour avec « Razzia », œuvre de ‘résistance’ sur les libertés individuelles.
« Razzia » met en scène les destins croisés à Casablanca de cinq personnages : une vieille femme venue à la ville avec son fils pour rechercher l’homme qu’elle aime, une femme libre qui refuse de se soumettre aux volontés de son mari, une adolescente qui apprend à se connaître, un restaurateur et un jeune homme de la Médina fan de Freddie Mercury.
Deux époques s’y entrecroisent : d’une part le début des années 80 à travers l’histoire de l’instituteur d’un village berbère de l’Atlas obligé de parler arabe à ses élèves et d’autre part l’été 2015, post printemps arabe, « goulot d’étranglement des contradictions » d’une société prise dans « un conflit flagrant entre tradition et modernité » selon Nabil Ayouch.
Pourquoi cette double temporalité, début des années 80 puis 2015 ? Le réalisateur répond :
« La réforme de l’enseignement au début des années 80 avec l’arabisation marque vraiment l’accélération d’un processus. Elle entraîne évidemment une uniformisation culturelle touchant en particulier les Berbères mais pas seulement. L’arabe classique qu’on a imposé dans le primaire et le secondaire est en fait une langue étrangère au Maroc, on a donc été obligé d’importer des professeurs d’Arabie Saoudite, d’Egypte
ou de Syrie mais ce faisant, on a importé autre chose qu’une langue. On a importé une idéologie et un islam qui n’est pas l’islam marocain. »
« Pourquoi 2015 ? C’est l’année où se produit une série d’affaires très révélatrices du conflit entre tradition et modernité : interdiction de « Much loved » mais aussi interdiction d’un concert de Jennifer Lopez qui déclenche des attaques des islamistes, des homosexuels qui se font lyncher… »
Les personnages de ces deux époques ne se rencontrent pas mais sont reliés par des fils invisibles attachés à ces deux époques charnières de l’histoire du Maroc, nous dit Nabil Ayouch. Il a fallu un quart de siècle, une génération, pour qu’on voie toutes les conséquences de la suppression dans l’enseignement des humanités, la philosophie et la sociologie. L’anéantissement de la pensée critique et de la possibilité d’avoir un regard sur le monde.
« Razzia » n’a pas été interdit au Maroc mais sa réalisation a été émaillée d’incidents : pressions sur les acteurs pour qu’ils ne participent pas au tournage, annulations de dernière minute d’autorisation d’utilisation de décors et même agression verbale violente subie par l’actrice Maryam Touzani.
Malgré les réticences de la hiérarchie de certains médias à parler du film et des tabous qu’il dénonce, « Razzia » fait son chemin au Maroc. Sélectionné au Festival de Toronto 2017 dans la catégorie Platform (antichambre des Oscars), « Razzia » a même été le candidat du Maroc aux Oscars.
D’après : Francetvinfo et Jeuneafrique
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Ni juge ni soumise
Le prochain film :
Semaine du 21 au 28 mars 2018
« Ni juge ni soumise » de Yves Hinant et Jean Libon, documentaire belge (1h39),
Avec Anne Gruwez…
Au volant de sa 2 CV bleu pervenche, Anne Gruwez sillonne Bruxelles, sa ville, d’une scène de crime à l’autre. « Dans cet immeuble-là, j’ai eu une décapitation… Ici, un triple homicide. » Caustique comme Miss Marple, capable de sortir une blague dans les situations les plus éprouvantes – par exemple, lors de la découpe à la disqueuse de l’humérus d’un cadavre exhumé pour un test ADN – Anne Gruwez aurait pu être un truculent personnage de fiction. Elle est pourtant une authentique juge d’instruction à la langue bien pendue et au cœur bien accroché, que Jean Libon et Yves Hinant, respectivement le créateur et l’un des réalisateurs du magazine belge Strip-tease, ont suivie pendant trois ans après lui avoir déjà consacré deux fameux épisodes télévisés.
Entre deux auditions, toutes plus fascinantes les unes que les autres tant les cas dont elle s’occupe semblent tragiquement évoluer dans un monde parallèle, la magistrate enquête sur une affaire classée depuis vingt ans : deux prostituées sauvagement assassinées dont il s’agit de retrouver les clients, morts ou vifs, grâce au contenu d’un vieux sac-poubelle plein de préservatifs, conservé comme un Rembrandt dans les sous-sols du palais de justice de Bruxelles. A chaque instant, le sordide côtoie la misère humaine la plus noire… « C’est souvent dans l’histoire d’un crime qu’on peut voir à la loupe la société dans laquelle on patauge », tel est le credo des réalisateurs de cette variante belge et surréaliste du Délits flagrants de Raymond Depardon.
Critique de Télérama
Petite anecdote au sujet du film : celui-ci fait l’objet d’une action en référé.
La plainte provient d’une des suspectes auditionnées par la juge dans le film. Les personnes qui apparaissent à l’écran ont toutes, normalement, signé un document marquant leur accord quant à leur apparition dans le film.
Mais la plaignante a décidé de poursuivre son action et attaque le film en France. Comme elle l’a expliqué, elle estime que « ce n’est pas du cinéma, c’est pire. C’est l’histoire de l’humanité : des capitalistes véreux qui se font de l’argent sur la misère sociale et intellectuelle des autres ».
Après avoir défendu la juge Gruwez en expliquant que c’est grâce à son humanisme qu’elle est ressortie en se disant que la Belgique était un pays formidable et qu’elle avait eu affaire à une juge d’instruction « qui ne se contente pas de sanctionner, mais qui veut connaître le parcours et l’histoire de chacun », la plaignante a expliqué qu’elle n’avait pas donné son accord pour « apparaître dans un film commercial à dimension mondiale ».
Finalement, la maison française de production a décidé de modifier la projection du film. Ils ont tout simplement coupé la scène visée par la plaignante par mesure de précaution.
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« Le Soir du Court » Vendredi 16 Mars 2018 de 19h à minuit
Rassurez-vous, ce n’est pas un cours du soir mais le « Soir du Court »… métrage que nous vous proposons le Vendredi 16 Mars prochain de 19 h à minuit. Au programme :
-Viens voir les comédiens:
Tension palpable et rires garantis au sein de notre sélection éclectique : jeunes loups et comédiens chevronnés se retrouvent au cœur de films inoubliables.
POUR LE RÔLE
De Pierre Niney – 2013 – 00:13:26 – France – Fiction
Avec : François Civil, Brice Hillairet, Yann Sorton, Noémie Merlant
Musique : Matthieu Langlet Production : Mon Voisin Productions
François se présente pour passer un casting. Au terme d’un entretien très étrange, il découvre qu’il est en réalité au cœur d’une mise en scène mystérieuse à laquelle il va être forcé de prendre part…
TÉMOINS
De David Koch – 2016 – 00:28:57 – France, Etats-Unis,Liban – Fiction
Avec : Virginie Ledoyen, Jaber Jamil, Owiss Mokhllati, Steve Driesen, Tulip, Kinan Hmeidan.
Musique : Raphaël Treiner – Production : Lux For Film
En Syrie, lors d’un combat, Stéphane, photographe de guerre indépendante, fait une photo d’Omar, un jeune médecin. Diffusée,cette photo est lourde de conséquences pour le médecin et la photog
MI-TEMPS
De Lotfi Bahmedet Marie Sauvion – 2017 – 00:15:45 – France – Fiction
Avec : Manu Payet, Dick Rivers,Carl Malapa, Paul Taylor,Melanie Mary, Bruno Solo
Musique : Marcel Khalife – Production : Ketchup Mayonnaise
Karim, trente sept ans, sept mois, cinq jours, sept heures etdouze secondes, atteint l’exacte moitié de son existence. Commechaque humain arrivé à la « mitemps», il reçoit la visite d’un messager qui lui donne le choix entre continuer de vivre sa vie
ou tout recommencer à zéro. Il a quinze minutes pour se décider.
VIOLENCE EN RÉUNION
De Karim Boukercha – 2015 – 00:16:18 – France – Fiction
Avec : Vincent Cassel – Production : Iconoclast
Depuis une semaine, unemystérieuse femme en burqanargue les policiers qui patrouillent dans le quartier etdéclenche des affrontementsavec les jeunes de la cité. De soncoté, Vince, ancienne légende du bitume usé par la vie, combat ses vieux démons pour ne pas redescendre dans la rue.
DIAGNOSTIC
De Fabrice Bracq – 2013 – 00:08:10 – France – Fiction
Avec : Michel Cymes, Arnaud Cosson, Nicole Ferroni, Roselyne Bachelot
Musique : Grégory Libessart – Production : Rusty Production
Le Dr Semyc est un spécialiste d’une maladie très répanduepour laquelle il n’existe aucun traitement à ce jour. Annoncer le diagnostic est donc unexercice délicat qu’il maitrise cependant à la perfection.
-Talents d’aujourd’hui :
Fiction, animation, documentaire, expérimental, tour d’horizon – non exhaustif – de la relève du cinéma français.
MARLON
De Jessica Palud – 2017 – 00:19:28 – France – Fiction
Avec : Flavie Delangle, Anne Suarez, Jonathan Couzinie, Catherine Salee
Musique : After Marianne – Production : Punchline Cinéma
Marlon, quatorze ans, rend visite à sa mère en prison pour la première fois depuis son incarcération. La jeune fille, protégée par sa famille et sonentourage, s’entête malgré tout à croire que sa mère est son héroïne d’enfance. DEPRESSIVE COP
De Bertrand Mandico – 2016 – 00:12:30 – France – Expérimental
Avec : Elina Löwensöhn, Sergueï Ivanov
Musique : Scorpion violent – Production : Aka Productions
Sur une île écossaise, un policier dépressif enquête sur la disparition d’une fille. La mère éplorée tient pour responsables de la disparition les habitants de l’île. Mère et fille sont en fait la même personne. LAISSEZ-MOI DANSER
De Valérie Leroy – 2017 – 00:16:40 – France – Fiction
Avec : Camille Le Gall, Eminé Meyrem, Rebecca Finet, Morgane Cabot, Marion Bezemer,
Pierre Zéni, Agathe Rubinstein
Musique : Clément Doumic – Production : Offshore
Mylène, quanrante-cinq ans, est femme de ménage sur unferry. Ce soir ses collègues lui ont organisée une fête surprise pour son anniversaire. Mais sur l’enveloppe qu’on lui tend, il y a l’ancien prénom de Mylène, son prénom d’homme, son ancienne vie. Qui peut vouloir
trahir sa transidentité ? VERS LA TENDRESSE
De Alice Diop – 2016 – 00:39:14 – France – Doc. de fiction
Avec : Mobido Diarra, Samaké Diarra, Patrick Zingilé, Anis Rhali, Nidhal Majoub, Mahair Bouffera, Rebecca Louis, Thaniat Satirou
Production : Les Films du Worso
« Vers la tendresse » est une exploration intime du territoire masculin d’une cité de banlieue. En suivant l’errance d’une bande de jeunes hommes, nous arpentons un univers où les corps féminins ne sont plus que des silhouettes fantomatiques et virtuelles.
LA LICORNE
De Rémi Durin – 2016 – 00:13:00 – France – Animation
Avec : Jean-Luc Couchard
Musique : Karim Baggili – Production : Les films du Nord – Coproduction : La Boite Productions
Un jour, un petit roi aperçoit dans la forêt de son petit royaume, un être extraordinaire, blanc comme la neige et rapide comme le vent. Le petit roi ordonne au chevalier Petitpas de lui ramener la créature, sans succès ! La petite reine réussit à faire venir la licorne au château. L’animal mythique…
-Best of du polard SNCF:
Revivez les meilleures enquêtes et les plus grands succès du festival officiel des voyageurs français.
L’ACCORDEUR
De Olivier Treiner – 2012 – 00:13:00 – France – Fiction
Avec : Grégoire Leprince-Ringuet, Grégory Gadebois, Danièle Lebrun
Musique : Raphaël Treiner Production : 24 25 films
Adrien est un jeune pianiste prodige. Effondré psychologiquement après avoir échoué à un concours de renom, il travaille comme accordeur de piano.Il s’invente un masque d’aveugle pour pénétrer l’intimité de ses clients. Mais à force devoir des choses qu’il ne devrait pas voir, Adrien se retrouve être le témoin d’un meurtre.
KÉROSÈNE
De Joachim Weissmann – 2013 – 00:26:00 – Belgique – Fiction- Avec: Amandine Noworyta, Jacky Druaux, Eric De Staercke Production : Artemis production
Clara, 25 ans, jeune et jolie femme, suit une psychothérapiepour vaincre sa phobie : l’avion.
PENNY DREADFUL
De Shane Atkinson – 2014 – 00:18:00 – Etats-Unis – Fiction
Avec : Oona Laurence, David Stevens, Marnie Schulenburg
Musique : Liova – Production : AD ASTRA
Un voyou se retrouve impliqué dans une histoire de rançon en kidnappant une fillette qui se révèle moins commode que prévu.
CARJACK
De Jeremiah Jones – 2015 – 00:18:00 – Etats-Unis – Fiction
Avec : Skyler Brigmann, Mokhtari Marsh, Mo McRae
Production : 100 TO 1 PRODUCTIONS
Un voleur a une surprise inattendue lorsqu’il vole une superbe voiture.
MR. INVISIBLE
De Greg Ash – 2016 – 00:14:00 – Irlande – Fiction
Avec : Jimmy Akingbola, Segun Akingbola, Carina Birrell
Musique : Nick Lloyd Weber Production : Lights & Tin Monkey
Un homme solitaire, se sentant invisible aux yeux du monde qui l’entoure, voit sa vie basculer au cours d’un voyage qu’il effectue à Londres.
HASTA QUE LA CELDA NOS SEPARE
De Mariana Emmanuelli et Joserro Emmanuelli – 2017 – 00:13:00 – Porto Rico – Fiction
Avec : Cristian Miranda, Gretza Merced Cruz, Patrick Urbain – Production : Black Dog production Mansion – Coproduction : Frenchalliance of Puerto Rico
Guidés par leur amour et leur foi en Dieu, Joseph et Liza, un couple de criminels, kidnappent un prêtre afin qu’il les marie avant l’arrivée de la police…
Entrée pour la soirée : 8€
La soirée sera entrecoupée d’un entracte de 30mn au cours duquel un buffet vous sera offert par l’équipe de cinécimes .
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Commentaires fermés sur « Le Soir du Court » Vendredi 16 Mars 2018 de 19h à minuit
Mercredi 14 Mars à 20h « Passeurs d’Humanité »
Un film d’Isabelle SERRO
Synopsis: Et si cette crise migratoire était en fait une crise de notre
humanité ?
En parcourant durant ces quatre dernières années les routes
migratoires vers l’Europe, Isabelle Serro, reporter, rencontre
des femmes et des hommes qui oeuvrent, de manière
individuelle et spontanée auprès de ceux et celles qui ont pris le
chemin de l’exil.
C’est très souvent , dans l’ombre et à l’abri des projecteurs
qu’elles entreprennent des tâches essentielles afin de faciliter le
quotidien ou encore pour préserver le devenir de ces
personnes en quête d’un refuge.
A Calais, au Royaume Uni, dans les Balkans, à Tanger, à bord
de l’Aquarius au large des Côtes Libyennes, en Italie, dans la
Vallée de la Roya, à Paris, elles secourent, elles hébergent,
elles soignent, elles nourrissent, elles réconfortent.
En cette période, où l’aide citoyenne auprès d’ une personne
exilée en détresse est susceptible d’être jugée comme un délit
de solidarité , où l’accueil n’est pas au goût du jour, où la peur
de l’étranger est plus forte que la soif de découvrir, la
réalisatrice portent la lumière sur ces acteurs de l’ombre
devenus des résistants d’une nouvelle ère, les garants de
l’humanité de demain.
En présence de la réalisatrice et avec l’association Arve Réfugiés
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Marie Dumora
France
Directrice de la photographie, réalisatrice, scénariste
La Place, Belinda
La première fois que vous avez mené un projet en Alsace (« Tu n’es pas un ange »), pourquoi aviez-vous choisi cette région?
De par mon histoire, il se trouve que je suis liée à l’Alsace, Strasbourg précisément, bien que je n’y sois pas née et n’y ai pas grandi. Surtout, lorsque j’ai tourné le premier film, il y avait une sorte d’évidence à continuer avec un second, puis un troisième, etc. À chaque fois, le personnage d’un film me conduit vers le suivant, un peu comme un fil d’Ariane, chaque film étant tourné à quelques kilomètres de l’autre. Je me suis fabriqué comme un territoire de cinéma. (suite…)
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