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Archives pour mars 2017
LOVING
LOVING
De Jeff Nichols–Etats-Unis-2016–2h03-VOST
Avec Ruth Negga, Joel Edgerton, Nick Croll, Michael Shannon
Mildred est noire, Richard est blanc. Ils s’aiment et veulent fonder un foyer. On est en 1958,enVirginie, et dans cet État, une union «mixte» est un délit pour lequel on risque la prison.Les voilà poursuivis comme des délinquants, forcés à l’exil dans un autre État.
Une nouvelle version de Roméo etJuliette? Mais, on est au XXème siècle, dans le Sud des États-Unis où le traumatisme de l’esclavage a marqué les esprits.Il est donc question desforcesqui rassemblent et de celles qui séparent: d’un côté une communauté abuse de son pouvoir pour en exploiter une autre, hier par l’esclavage, le colonialisme, l’impérialisme. Et, noussavons que l’exploitation de l’homme par l’homme se poursuità notre époque,de toutes sortes de façons:gestion par le stress, gestion déconnectée des réalités de l’autre, politique du plus bas salaire possible, emplois sans protection sociale, liquidation des entreprisesetc.D’un autre côté, des personnes se rapprochent de membresd’une autrecommunauté,avec curiosité,intérêt, respect,parfoisdésiret amour,sous différentes formes. Ainsi les hommes choisissentou subissentla ségrégation,la haine, leracisme,lerejet,laviolence, ou bien la découverte heureuse de la différence.
Jeff Nichols a choisi de racontercommentce couple,qui a existé, en affirmantavec obstination son amour,a renversé le rapport de force etchangé le cours de l’Histoireen faisant modifierla loi.
Ilaévitéle film-dossier. On y retrouve son souffle poétique dans sa contemplation méditative. Il filme magnifiquement, non pas l’épopée du couple, mais son humilité, son dégoût de l’exposition, sa volonté de ne pas paraître. Tous deux héroïques dans l’obstination de leur tendresse.** Illaisse les sourires et les regards expliquer la lassitude, lesdoutes, la paranoïa qui gangrènent peu à peu le couple sans jamais le faire exploser.*
On lui connaît son sens de l’ellipseet des silences. C’est une histoire d’autant plus grande, qu’elle se développe dans les détails minuscules, intimes et touchants d’un amour au long cours, en butte à la bêtise et à la violence du monde, puis à la médiatisation.***
Extrait descritiques de *Yannick Vely, Paris Match,de **Sophie Avon, Sud-Ouestet de ***Cécile Mury, Télérama.
Publié dans Archives films
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LUMIERE L’AVENTURE COMMENCE
Un film de Thierry Frémaux
Documentaire- France-1h 26
Avec :
Les frères Lumière
Leur chef opérateur Alexandre Promio
LUMIERE ! L’aventure commence
Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière à Lyon, délégué général du Festival de Cannes nous offre dans ce documentaire une émouvante exploration de l’avènement du cinéma avec une sélection extraordinaire des premiers films des frères Auguste et Louis Lumière. Cet hommage documentaire se décline en onze chapitres pour couvrir tout le spectre cinématographique de cette nouvelle invention. Chacun des 108 films sélectionnés dure environ 50 secondes ce qui correspondait à 17 mètres de pellicule ! En 2016, découvrir sur grand écran tous ces films choisis pour leur pertinence et d’une qualité de restauration absolument sidérante, engendre une expérience sensationnelle. On redécouvre le premier film comique de l’Histoire du cinéma avec le célèbre Arroseur et arrosé, on frémit devant Arrivée du train à la Ciotat provoquant à l’époque la terreur aux premiers spectateurs, on sourit devant Repas de bébé, on s’extasie en voyant Démolition d’un mur à l’envers ou à l’endroit. De façon presque ethnologique ces films reprennent leur caractère si précieux en nous dévoilant comme rarement le portrait de la France de la fin du XIXe et l’avènement du XXe à travers les rues de France ou les pays du monde entier.
L’érudition et les commentaires pédagogiques pertinents de T.Frémaux apportent un décryptage astucieux, une mise en perspective salutaire, rétablissant ainsi à sa juste valeur le génie des frères Lumière et la qualité de mise en scène de leurs films. Il apparaît clairement qu’ils ont posé les bases d’une véritable grammaire cinématographique. Chaque film montre l’étendue de leur savoir-faire, plaçant toujours une caméra fixe au bon endroit, dans un bon angle de vue, n’hésitant pas à pratiquer des installations sur des moyens de transports maritimes ou aériens, ascenseurs ou balcons pour offrir des « vues en panoramas », les futurs travelling du cinéma « moderne » ou des mises en scène savamment orchestrées et jouées par des membres de la famille ou quidam trouvés dans la rue rejouant des gestes domestiques dans des saynètes de la vie quotidienne.
Thierry Frémaux met en lumière par sa voix off les liens notables avec les réalisateurs Méliès, Griffith, Ozu ou Visconti.
Ces « petits » films muets s’accompagnent avec grâce d’une partition musicale entièrement emplie de morceaux de musique classique de Camille Saint-Saëns, musicien contemporain des frères Lumière, donnant à ce voyage l’émotion et le lyrisme nécessaire pour mieux finir de nous envoûter.
Entre des analyses esthétiques et des commentaires ludiques, ce voyage à travers l’œuvre des Lumière, est aussi pleinement un film familial. La respiration en chapitres courts, le ton de la voix qui semble comme raconter une histoire au coin du feu, le plaisir de voir apparaître des similitudes ou des variations entre le lointain et le familier, voilà autant d’arguments pour voir le film entre adultes et enfants. Les Lumière dès leur origine, sans rien gommer de la réalité de ce qu’ils captaient, instituaient le cinéma comme un instrument d’égalité. Une belle leçon de cinéma et de vie à partager en famille.
Publié dans Archives films
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Certaines femmes
Réalisation KELLY REICHARDT
USA
Avec : Laura Dern, Michelle Williams, Lily Gladstone, Kristen Stewart
Durée : 1H47
Laura est avocate. Tous les jours, elle reçoit la visite d’un type paumé, Fuller, dont la vie part en vrille à la suite d’un accident du travail pour lequel il voudrait faire reconnaître la responsabilité de son employeur. Laura est la maîtresse de Ryan, un homme marié. Gina, la femme de Ryan, souhaite construire sa maison avec les pierres présentes sur le terrain d’un vieil homme. En compagnie de son mari, elle rend visite à ce dernier et tente de le convaincre. Ryan n’est d’aucune aide. Cette négociation est une nouvelle fois révélatrice du fossé qui s’est creusé dans leur couple. Jamie, une jeune femme solitaire, travaille dans un ranch. Lors d’un cours du soir, elle tombe sous le charme de Beth, une jeune avocate harassée par les kilomètres qu’elle doit parcourir pour faire classe…
Depuis Old joy, son premier long métrage, la réalisatrice américaine Kelly Reichardt trace le sillon d’un cinéma sensitif, fait de petits riens que sa mise en scène sublime pour toucher durablement le spectateur. En adaptant trois nouvelles de Maile Meloy, la réalisatrice de La Dernière piste raconte « L’Americana », avec une rare économie d’effets mélodramatiques. Dès son premier plan, un train qui passe lentement devant le décor enneigé du Montana, Certaines femmes impose son rythme et demande une minutieuse observation de ce qui se passe dans le cadre. Tout se joue dans les regards et les silences, rien n’est imposé.
Trois histoires non liées se suivent mais une même solitude envahit peu à peu les récits, note de fond ajouté par le quatrième personnage principal du film, le paysage froid du Montana, qui rend les déplacements difficiles et les élans du cœur impossibles à exprimer. La beauté de Certaines femmes tient dans l’empathie que fait éprouver Kelly Reichardt pour ses personnages. Par la beauté sereine de sa mise en scène, le quotidien le plus trivial devient bouleversant. Et quand une jeune femme amoureuse se promène fièrement à cheval pour déclarer sa flamme, le cœur enfin s’emballe et l’émotion nous étreint. (Yannick Vély) Utopia
Avec une douceur et une délicatesse infinies, scrutant les microévénements qui font le tissu du quotidien, regardant magnifiquement ses grandes actrices (dont la révélation Lily Gladstone, aussi éblouissante que ses trois autres partenaires), Kelly Reichardt déploie un minimalisme et une précision sans surlignage qui rappellent la puissance nue du cinéma de Jarmusch, des nouvelles de Carver ou des chansons de Springsteen. Sans brandir un drapeau, sans jamais faire la leçon, elle brosse de petits croquis de la condition féminine dans un bourg de l’Amérique profonde, région où se mêlent la modernité universelle (internet, portables, etc.) et les invariants locaux (grands espaces, isolement, masculinisme latent. Les Inrocks
Publié dans Archives films
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Stephan Streker
Né le 17 mars 1964 à Bruxelles
Belgique
Réalisateur, scénariste, journaliste
Michael Blanco, le Monde nous Appartient, Noces.
Réalisateur au parcours atypique, Stephan Streker signe avec NOCES une tragédie étourdissante au fil de laquelle il nous contraint à mettre en question toute émancipation personnelle au regard de la tradition. S’appropriant un fait-divers dont il envisage la complexité en épousant la perspective de l’ensemble de ses personnages, il tend à un dénouement inéluctable tout en nous confrontant à la notion transcendentale de fatalité. Rencontre.
Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs
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Jeff Nichols
Né le 7 décembre 1978 à little Rock, Arkansas
USA
Réalisateur, scénariste
Take Shelter, Mud: sur les Rives du Mississippi, Midnight Special, Loving.
Jeff Nichols s’est fait connaître en 2007 avec Shotgun Stories, un post-western situé dans l’Arkansas rural, où il est né il y a trente-huit ans. Avec Take Shelter, Mud et Midnight Special, il a continué à explorer le sud des Etats-Unis, en s’essayant chaque fois à des genres cinématographiques différents. Pour Loving, il s’est inspiré, pour la première fois, de faits historiques réels.
Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs
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CHEZ NOUS
À Hénart, petite ville – fictive – du Nord, tout le monde connaît Pauline Duhez (Émilie Dequenne), une infirmière qui sillonne tous les jours les rues de la cité. Normal qu’à l’occasion des élections municipales, le docteur Berthier (André Dussollier), ancien député européen et notable bien connu, lui propose de venir sur la liste d’Agnès Dorgelle (Catherine Jacob), chef du Rassemblement National Populaire. Le plan de Berthier est le suivant : Pauline sera numéro deux derrière la blonde parisienne Dorgelle et elle fera le boulot pour celle qui doit privilégier son engagement national.
Au début, Pauline est sur un petit nuage, cela la change de son travail auprès des malades, même si elle l’aime bien. Mais très vite la machine se grippe quand elle apprend que Berthier masque un passé douteux d’activiste d’extrême-droite. Cette gêne est accentuée par le nouveau compagnon de Pauline, Stanko (Guillaume Gouix), un ami d’enfance, qui a fait partie autrefois des nervis au service de Berthier. Cela aussi, Pauline aurait préféré ne pas le savoir.
Donc, ce qui ne devait être qu’une formalité, une marche facile vers la victoire, s’annonce plus compliqué. Les cadavres sortent des placards et Agnès Dorgelle, qui veut faire oublier les déclarations tonitruantes de son père sur les juifs, les arabes et les « apatrides », a bien du mal à gommer le passé sulfureux de ses principaux collaborateurs. Mais elle y arrivera.
La réussite de « Chez nous » tient à la ligne du réalisateur : il suggère sans démontrer, il tente d’expliquer mais jamais n’affirme de manière péremptoire. Il filme les coulisses dans cette fiction, il donne une sorte de profondeur de champ à un mouvement au fond assez opaque. S’il prend parti, c’est pour la transparence. Lucas Belvaux aime le Nord. « Cette campagne est belle, dit-il, belle à l’aube, quand elle est bleue, à midi quand elle est verte, belle encore le soir quand les villes l’illuminent ». Il ajoute qu’elle est triste quand les hommes la couvrent de zones commerciales. Et tout cela est dans son film avec les aubes et les crépuscules magiques mais aussi les échangeurs d’autoroutes sans âme, les rangées de maisons proprettes où l’on se sent en sécurité, « chez nous », mais aussi les barres d’HLM ouvertes aux quatre vents, chez eux… Un beau pays meurtri et en colère.
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Noces
NOCES
Est-ce si important de savoir que ce film est inspiré d’une histoire vraie, qui s’est déroulée à Charleroi, en 2007 ? Non, car il est aussi inéluctable, implacable et universel qu’une tragédie grecque, seulement déplacée sous le ciel gris du plat pays.
Zahira, une beauté sombre de 18 ans, fait la fierté de son aimante famille belgopakistanaise. Elle est étudiante et si elle se tourne vers l’avenir, c’est sans renier ses origines. Jusqu’au jour où sa jeune vie s’emballe et se détraque. Non seulement elle apprend qu’elle est enceinte d’un garçon qui la repousse alors, mais elle se voit aussi imposer par son père un mariage traditionnel, version Skype, avec un Pakistanais resté au pays. Après avoir tenté de résister, Zahira finit, croit-on, par céder. Mais le pire est encore à venir.
Le Bruxellois Stephan Streker, dont c’est le troisième film, a l’intelligence d’arbitrer, sans prendre parti (un art où excelle l’Iranien Asghar Farhadi), le combat clandestin qui oppose, dans un petit appartement européen, deux cultures, deux mondes irréconciliables, que Zahira avait pourtant réussi à harmoniser.
Dans le rôle de l’héroïne sacrificielle, Lina El Arabi, cette Antigone d’aujourd’hui, est proprement époustouflante. Elle est la révélation de ce film sans illusions sur les « Noces » de la coutume et de la modernité. Elle offre à la rébellion un visage doux et décidé. Celui de la liberté que seule la fatalité peut entraver. Sujet ultra sensible.
3 Prix et 5 Nominations dans les Festivals
Publié dans Archives films
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Lucas Belvaux
Né le 14 novembre 1961 à Namur
Belgique
Réalisateur, acteur
Un Couple Epatant, Cavale, Après la Vie, Pas son Genre, Rapt, 38 Témoins, Chez Nous.
Lucas Belvaux revient sur la génèse du film, sur ses motivations pour le faire ainsi que sue les nombreuses polémiques que le dévoilement de sa bande annonce a pu entrainer notamment sur les réseaux sociaux.
Chez nous sort le 22 février, soit quelques semaines avant le premier tour des élections présidentielles. Cette date de sortie avait son importance à vos yeux ? (suite…)
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Commentaires fermés sur Lucas Belvaux
Programmation mars avril 2017
CHEZ NOUS
De Lucas Belvaux – France – 2017 – 1h54
Avec Emilie Dequenne, André Dussolier, Guillaume Gouix, Catherine Jacob…
Dans une petite ville du Nord, un parti populiste clone du FN, convainc une jeune infirmière de le représenter aux municipales. Une petite ville imaginaire située entre Lens et Lille, la précarité, le chômage et l’isolement font mourir les gens à petit feu ou bien les dressent les uns contre les autres de sorte que (suite…)
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Commentaires fermés sur Programmation mars avril 2017