LOVING

 

LOVING

De Jeff Nichols–Etats-Unis-2016–2h03-VOST 

Avec Ruth Negga, Joel Edgerton, Nick Croll, Michael Shannon

Mildred est noire, Richard est blanc. Ils s’aiment et veulent fonder un foyer. On est en 1958,enVirginie, et dans cet État, une union «mixte» est un délit pour lequel on risque la prison.Les voilà poursuivis comme des délinquants, forcés à l’exil dans un autre État.

Une nouvelle version de Roméo etJuliette? Mais, on est au XXème siècle, dans le Sud des États-Unis où le traumatisme de l’esclavage a marqué les esprits.Il est donc question desforcesqui rassemblent et de celles qui séparent: d’un côté une communauté abuse de son pouvoir pour en exploiter une autre, hier par l’esclavage, le colonialisme, l’impérialisme. Et, noussavons que l’exploitation de l’homme par l’homme se poursuità notre époque,de toutes sortes de façons:gestion par le stress, gestion déconnectée des réalités de l’autre, politique du plus bas salaire possible, emplois sans protection sociale, liquidation des entreprisesetc.D’un autre côté, des personnes se rapprochent de membresd’une autrecommunauté,avec curiosité,intérêt, respect,parfoisdésiret amour,sous différentes formes. Ainsi les hommes choisissentou subissentla ségrégation,la haine, leracisme,lerejet,laviolence, ou bien la découverte heureuse de la différence.

Jeff Nichols a choisi de racontercommentce couple,qui a existé, en affirmantavec obstination son amour,a renversé le rapport de force etchangé le cours de l’Histoireen faisant modifierla loi.

Ilaévitéle film-dossier. On y retrouve son souffle poétique dans sa contemplation méditative. Il filme magnifiquement, non pas l’épopée du couple, mais son humilité, son dégoût de l’exposition, sa volonté de ne pas paraître. Tous deux héroïques dans l’obstination de leur tendresse.** Illaisse les sourires et les regards expliquer la lassitude, lesdoutes, la paranoïa qui gangrènent peu à peu le couple sans jamais le faire exploser.*

On lui connaît son sens de l’ellipseet des silences. C’est une histoire d’autant plus grande, qu’elle se développe dans les détails minuscules, intimes et touchants d’un amour au long cours, en butte à la bêtise et à la violence du monde, puis à la médiatisation.***

Extrait descritiques de *Yannick Vely, Paris Match,de **Sophie Avon, Sud-Ouestet de ***Cécile Mury, Télérama.

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