L’AUTRE COTE de L’ESPOIR
D’Aki Kaurismaki, Finlande 1h38 en Vo, avec Sherwan Haji, Sakari Kuosmanen
OURS d’argent à Berlin 2017
Ours d’argent à Berlin, L’Autre côté de l’espoir est une histoire de destins croisés ceux de Khaled et de Wikhström, ,
Il suit Khaled, un jeune réfugié syrien qui a dû fuir son pays au début de la guerre et s’est retrouvé par hasard en Finlande. Il raconte son histoire comme on réciterait une liste de courses : il a perdu tout ce qu’il avait et tente de retrouver sa sœur dont il a été séparé lors d’un contrôle à une frontière. La femme qui l’écoute est tout aussi impassible que lui. Un ami réfugié irakien de Khaled l’invite à essayer de sourire pour s’intégrer, car, ici, on expulse ceux qui sont tristes. Sauf que les personnages kaurismäkiens sont trop épuisés pour avoir la force d’exprimer quoi que ce soit : le réel les a, semble-t-il, dépouillé aussi de cette capacité làIl suit Wikhström, un représentant de commerce de 50 ans qui, après avoir gagné une grosse somme au poker, quitte femme et travail pour ouvrir son propre restaurant.
La première fois que l’on voit Khaled, c’est une apparition fantastique qui émerge de la nuit et s’extirpe d’un tas de charbon. Il se promène sale, maculé de noir dans les rues d’Helsinki : c’est l’étranger. Lorsque Wikhström quitte sa femme, il fait sa valise, dépose son alliance dans le cendrier situé devant elle. Ils ne se disent rien. Peut-être dans le scénario y avait-il seulement indiqué cette phrase : « Un homme quitte sa femme. »
A la manière de ses personnages, Kaurismäki nous dit à sa façon qu’il racontera toujours la même histoire, celle d’opprimés qui tentent de s’évader, de s’offrir une nouvelle condition. Ils se font une idée très naïve, presque romantique de leur vie meilleure : fonder sa propre entreprise, s’établir dans un autre pays. Comme Khaled, qui pense être arrivé sur une terre d’accueil qui pourtant le rejettera, ils ont la naïveté de croire qu’un ailleurs plus hospitalier existe, qu’on peut réellement se sortir du monde et du travail
Kaurismaki a son romantisme : il fantasme un monde méchant dans lequel un groupe d’exploités s’organiserait pour entrer en résistance ; son système fonctionne par manichéisme. Mais il s’attendrit pour ses personnages, les idéalise, et se voit comme leur consolateur. Ils n’ont rien mais ils auront la bonté, l’esprit de résistance, l’hospitalité. On ne peut qu’ s’’être touché de voir un cinéaste vieillir et, en vieillissant, gagner en inquiétude, en littéralité et en tendresse. Et on trouve en lui un père aimant. L’autre côté de l’espoir déploie , avec un charme fou, un humour flegmatique, une vision du monde légèrement désinvolte et profondément empathique.