Archives pour mars 2015

L’art de la fugue

L'art de la fugue 2De Brice Cauvin – France – 2015 – 1h40mn
Avec Laurent Laffite, Agnès Jaoui, Benjamin Biolet, Nicolas Bedos…
Antoine vit avec Adar, mais il rêve d’Alexis… Louis est amoureux de Mathilde alors il va épouser Julie… Gérard, qui n’aime qu’Hélène, tombera t-il dans les bras d’Ariel ? Trois frères en pleine confusion… Comment, dès lors, retrouver un droit chemin ou… échapper à ses responsabilités ? C’est là tout l’Art de la Fugue… ( Adaptation du roman de Stephen McCauley).

Critique

A partir d’un roman très américain de Stephen McCauley, adapté avec l’aide d’Agnès Jaoui, Brice Cauvin tire un film choral très français où les personnages subissent ce qui leur arrive par paresse existentielle plus que par lâcheté. Un portrait de l’évitement érigé en art de vivre qui pourrait énerver mais qui finit par toucher. Dans le rôle du frère aîné qu’on se refile comme une patate chaude, Benjamin Biolay est le plus attachant des fugueurs.

C’est une chronique douce amère et néanmoins joyeuse. Un chassé-croisé de personnages – trois frères, leurs parents, leurs amis – aux liens encombrants et indéfectibles. Tous ont tout pour être heureux, ils le sont, mais ils ont si peur de s’engluer dans le bonheur qu’ils s’obstinent à le jouer à pile ou face, au risque de le perdre.

Le réalisateur procède par petites touches, par petites scènes, toutes délicieuses et rapides. On va d’un personnage à l’autre, complice, à chaque instant, des grandes hésitations de l’un, des mini-espoirs de l’autre et de l’extravagance de chacun.

Tous les personnages du film, même les plus petits, ressemblent à des notes de musique sur une partition : dérisoires mais indispensables. Par moments, ont se croirait chez Woody Allen… l’art de ciseler des répliques sans jamais se prendre au sérieux, où l’on effleure la gravité…

Enfin, on aime ce film, d’autant que Brice Cauvin semble maîtriser un don qui manque à bien de ses confrères en comédie : le charme.

Pierre Murat, Télérama

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Citizenfour

Citizenfour 1De Laura POITRAS – USA – 2015 – 1h54
Avec Glenn Greenwald, Kevin Bankston, Edward Snowden…
En janvier 2013, la documentariste américaine qui travaille sur la surveillance des communications de la NSA, reçoit un mail signé « Citizen Four ». « Citoyen » et « Four » allusion au 4ème amendement de la Constitution américaine censé protéger les citoyens contre les intrusions arbitraires dans leur vie privée. Ce mystérieux correspondant se dit en en possession de documents qui prouvent l’étendue de la collecte des données personnelles pratiquées dans le plus grand secret. Oscar 2015 du meilleur documentaire, Citizenfour réussit à capter un morceau d’histoire en train de s’écrire, celle des ressorts d’une machine à espionner devenue folle, et celle de l’homme de 30 ans à peine qui nous alerte.

Note de lecture à propos de Citizenfour sur L’art de la révolte

Laura Poitras, USA, 1h54, oscar du meilleur documentaire.

En janvier 2013, Edward Snowden n’est encore qu’un salarié de Booz Allen Hamilton, un sous-traitant de la NSA. Depuis Hawaï, où il travaille, il contacte la journaliste à Berlin, Laura Poitras, pour la première fois, de manière confidentielle et anonyme, en signant Citizen Four. Celle-ci, qui couvre les questions de surveillance de très longue date, avait déjà été interceptée près de 80 fois dans les aéroports par les autorités américaines qui lui ont saisi régulièrement son matériel informatique. À ce moment-là, dit-elle, « je viens de passer du temps avec Julian Assange et je suis sur le qui-vive. (…) « Je me sens plus en danger que sur une zone de guerre, où le risque est extérieur ; le monde du renseignement est plus pernicieux, il pénètre votre esprit, il touche à votre intimité la plus profonde. » « Juste après nos premiers échanges, j’achète un ordinateur payé en espèces et je change d’endroit à chaque fois que je communique avec Ed. » La confiance s’installe entre eux. En avril, Snowden lui dit qu’il va sortir de l’anonymat, mais refuse d’abord de la rencontrer en répétant qu’il ne veut pas être le centre du sujet, puis, le 1er juin 2013, il lui donne rendez-vous à Hongkong par mail : « Nous nous retrouverons lundi à 10 heures, à l’extérieur du restaurant de l’hôtel Mira. Je jouerai avec un Rubik’s Cube, vous me reconnaîtrez ». (suite…)

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Les châteaux de sables

Les chateaux de sable 1De Olivier Jahan- France 2015 – 1h42min
Avec Emma de Caunes, Yannick Renier, Jeanne Rosa
Éléonore, la trentaine, vient de perdre son père. Il lui a légué sa maison en Bretagne, dans les Côtes d’Armor. Elle est photographe, a connu un certain succès mais les affaires ne marchent plus comme avant. Il faut absolument qu’elle vende cette maison.
Elle s’y rend avec Samuel, son ancien compagnon dont elle s’est séparée il y a quelque temps, parce qu’elle ne se sent pas d’aller seule dans cette maison où elle n’est pas retournée depuis la mort de son père. Mais elle joue avec le feu – car elle sait bien que leur relation ne s’est pas franchement apaisée, même si elle a eu depuis quelques aventures et que Samuel vit à présent avec Laure. Claire Andrieux, l’agent immobilier, s’est occupée d’organiser des visites durant les deux jours où Éléonore et Samuel vont rester dans la maison.
C’est un drôle de week-end que ces trois-là s’apprêtent à passer. Un week-end surprenant, riche en surprises et en émotions, en tensions, souvenirs et engueulades, en moments mélancoliques et absurdes, dont Éléonore et Samuel sortiront forcément changés.

Critique

Du sable, des gréves, des marées hautes et basses, des ciels mouvants, une jolie maison en granit….. une certaine poésie à la fois âpre et douce, sauvage et tendre : voilà le décor du dernier film d’Olivier Jahan.

Eléonore a 30 ans, elle est photographe, elle se remet difficilement d’une séparation douloureuse et son père vient de mourir : elle décide de vendre la maison que celui-ci lui a légué en Bretagne. Elle convainc son ancien compagnon Samuel de l’accompagner. Un troisième personnage, Claire, trentenaire et célibataire, l’agent immobilier chargée de la vente de la maison va s’ajouter dans l’histoire.

Ni comédie, ni drame, l’histoire, plutôt ordinaire, est assez belle, calme ; elle n’est pas joyeuse ; elle parle de deuil, de souvenir, de mémoire, de non-dits. Elle parle aussi de désir, de complicité, entre Eléonore et son père, photographe lui aussi ; entre Eléonore et Samuel, toujours perceptible ; et entre Claire, ce drôle de personnage, et le couple (elle les pense toujours ensemble).

Pour faire vivre cette complicité et comprendre ce qui se joue, dans la tête de Samuel et Eléonore, fac à leur ancienne relation, les acteurs font face à la caméra, plantant leurs yeux dans ceux des spectateurs, racontant, expliquant, développant. Des flashbacks, bien placés font redécouvrir le passé des personnages. Une voix féminine, aussi, (dont on ne comprend que tard à qui elle appartient) hante le film, sait beaucoup, raconte ce qui n’a pas été dit. Enfin, des photographies, en noir et blanc, apparaissent en plein écran, comme des diaporamas, pour prolonger le dialogue entre les images et les acteurs : il y a un moment très joli, quand pour dire au revoir à la maison, Eléonore se photographie, dans toutes les pièces et notamment se prend au flash dans le miroir.

Sensible et avec un certain degré de légèreté, cette comédie douce-amère, interroge sur la perte, la transmission et le besoin de reconstruction.

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Voyage en chine

Voyage en Chine 1De Zolyan Mayer – France – 2015 – 1h45
Avec Yolande Moreau, Qu Jung Jung, Ling Dong Fu…
Lorsqu’elle apprend que son fils Christophe est mort dans un accident en Chine où il avait construit une vie loin de ses parents, sa mère Liliane n’hésite pas une seconde. Face à la bureaucratie incapable de l’aider, elle décide d’aller elle-même récupérer le corps de son fils. Elle débarque ainsi dans un pays inconnu, dont elle ne maîtrise ni la langue ni les codes, pour y découvrir l’appartement de son fils, ses amis, sa vie. Emmitouflée dans un gros manteau rouge, avec une crinière grisâtre et une mine défraichie, Yolande Moreau occupe tout l’écran, modeste et digne, merveilleuse de fragilité. Elle porte sur ses épaules ce beau film sensible de Zoltan Mayer, qui réalise son premier film avec une maîtrise et une finesse remarquable.

Critique

Jing Liliane, la cinquantaine, apprend la mort accidentelle de son fils en Chine. Accablée par des imbroglios administratifs quasi kafkaïens pour faire revenir le corps de Christophe, Liliane décide brusquement de partir en Chine pour affronter la situation. Elle refuse que son mari l’accompagne : « Je dois y aller seule, tu n’as jamais rien fait pour ton fils, il n’y a pas de raison de changer ». Plongée dans cette culture si lointaine, ce voyage marqué par le deuil devient un véritable voyage initiatique.

Remarqué pour ses travaux de photographe et ayant participé à des courts métrages et documentaires, le franco-hongrois Zaltan Mayer vient de réaliser son premier long métrage, « Voyage en Chine ». Attiré depuis longtemps par les cultures orientales, il décide lors d’un voyage en Chine d’entreprendre un film dont l’action se situerait dans ce pays – et plus précisément dans le Sichuan, situé dans le Sud-Ouest. Le cinéaste et scénariste reconnait que d’emblée il a pensé à Yolande Moreau pour incarner l’héroïne : « Sa présence m’a accompagné tout au long de l’écriture, avant même d’avoir eu son accord. » Et d’ajouter : « Et le film ne se serait pas fait si elle avait dit non ».

Un long périple commence. Le cinéaste nous invite à y prendre part à travers le pas décidé, mais aussi le regard hagard et parfois inquiet d’une Liliane à la crinière blonde et grise, emmitouflée dans un grand manteau rouge. À tout moment notre héroïne doit faire face aux difficultés d’une voyageuse peu expérimentée, obligée de baragouiner un anglais rudimentaire et d’écarquiller ses beaux yeux bleus pour appeler à l’aide. Pas évident en effet de se repérer dans un Shanghaï démesuré et de trouver la destination de Langzong, grande vieille ville traditionnelle du Sichuan où a vécu son fils.

Zaltan Mayer nous offre avec Voyage en Chine un film sans prétention, sensible, souvent grave mais également drôle. Il nous fait également partager avec tact et élégance une certaine quête spirituelle. Le cinéaste pose un regard juste sur le vrai sens du voyage et l’apport de la rencontre de l’autre. « Voyage en Chine » ne dérape jamais dans le pittoresque ni dans l’exotisme de pacotille. Zaltan Mayer a ainsi fait le choix d’une réalisation minimaliste qui privilégie les cadrages soignés et un superbe travail sur le flou. Un minimalisme renforcé par la musique de Steve Shehan qui fait écho à la sensibilité du film. 
Zaltan Mayer nous propose aussi de beaux portraits de personnages féminins. Certes le film repose avant tout sur les épaules de Yolande Moreau. La comédienne déploie ici toutes les nuances de sa sensibilité frémissante et de sa drôlerie bien personnelle comme elle le fit notamment dans « Séraphine » (2008) et « Quand la mer monte » (2004). Mais Yolande Moreau forme aussi un magnifique duo avec la belle et lumineuse actrice chinoise Qu Jing Jing qui joue Danje, l’amie de son fils. Beau duo également que celui qu’elle crée avec la comédienne Ling Dong Fu, qui campe sa facétieuse logeuse, une sorte de double chinois. On sort de ce « Voyage en Chine » le cœur léger et l’esprit zen. En somme, un film tout simple, qui n’est que douceur et tendresse.

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Crosswind – La croisée des vents

Crosswind 3De Martti Helde – Estonie – 2015 – 1h27
Avec Laura Peterson, Mirt Preegel, Ingrid Isotamm…
Le 14 juin 1941, les familles estoniennes sont chassées de leurs foyers, sur ordre de Staline. Erna, une jeune mère de famille, est envoyée en Sibérie avec sa petite fille, loin de son mari. Durant 15 ans, elle lui écrira pour lui raconter la peur, la faim, la solitude, sans jamais perdre l’espoir de le retrouver. « Crosswind » met en scène ses lettres d’une façon inédite.
Pour évoquer l’une des heures les plus noires de l’histoire de son pays, l’Estonien Martti Helde a fait un pari esthétique passionnant, radical : noir et blanc et suite presque ininterrompue de tableaux vivants, chorégraphies immobiles de la souffrance…

Une flamboyante évocation de la folie humaine. Une révélation.

Scène de déportation, en 1941, dans l’Estonie sous occupation soviétique. Gardés par des soldats russes, des camions déversent les prisonniers. Des fusils tendus, des corps qui chancellent, des enfants emmitouflés à la hâte, des regards hantés. Peu à peu, l’image révèle une foule immense, une procession d’étreintes et d’adieux, poussée vers la gueule béante de wagons à bestiaux. Tourmente, chaos. Pourtant, personne ne bouge. A peine un battement de cils, un frémissement d’étoffe. Seule la caméra se déplace, glisse au milieu de ces statues humaines, comme victimes d’un sortilège. Pour évoquer l’une des heures les plus noires de l’histoire de son pays, l’Estonien Martti Helde a fait un pari esthétique passionnant, radical : noir et blanc et suite presque ininterrompue de tableaux vivants, chorégraphies immobiles de la souffrance…

L’événement dont le film est l’étrange mémorial est l’épuration ethnique des pays baltes. Le 14 juin 1941, sur ordre de Staline, dix mille Estoniens furent arrachés à leurs foyers, à leurs proches, à leur pays, et condamnés aux travaux forcés en Sibérie. Plus de la moitié de ces prisonniers ne revinrent jamais. Parmi eux, on suit Erna (Laura Peterson), une jeune mère envoyée avec sa fillet­te en pleine forêt aux alentours de Novossibirsk. Elle écrit à son mari, disparu dans un autre camp. Ces lettres servent de fil rouge au récit : mots sim­ples, limpides, d’une humanité poignante, qui disent la faim, la maladie, la perte, le manque de tout. Les détails gris et noirs d’un enfer quotidien.

Ce que cherche — et trouve — le cinéaste, avec son dispositif singulier, c’est une approche radicalement différente de la tragédie historique, un peu comme lorsque Peter Watkins se réappropriait les événements de la Commune de Paris. Ni documentaire, ni reconstitution romanesque, CROSSWIND travaille la matière même de la mémoire. Les victimes, immobilisées, semblent littéralement figées dans le temps. Sidérées. Prisonnières de ce viol psychique si souvent évoqué par les rescapés de tous les camps. Contempler ces fresques humaines, en relief et en profondeur, c’est entrer, de manière presque fantastique, dans une photographie d’époque. Et réfléchir à notre propre rapport aux archives, aux témoignages. Entre empathie et distance. Entre l’Histoire et notre imaginaire.

En excluant tout autre mouvement que celui de la caméra, le film force notre regard. Il nous détourne de notre routine de spectateurs, nous emmène droit dans le décor, parce que ce théâtre humain et géographique prime sur tout le reste. L’approche, volontairement déstabilisante, détonne jusque dans sa splendeur incongrue, insolente, avec ces images brillantes, très contrastées, qui rendent les corps presque palpables. La puissance d’évocation de ce premier long métrage est incroyable : la scène magnifique où, en Sibérie, un groupe de femmes trime dans un champ boueux ressemble au négatif parfait d’une affiche de propagande soviétique. Avec Martti Helde, la beauté redevient essentielle.
Cécile Mury, TELERAMA

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Taxi Téhéran

Taxi Teheran 2De Jafar Panahi – Iran – 2015 – 1h22
Avec Jafar Panahi
Un taxi jaune roule dans les rues animées de Téhéran. Divers passagers y expriment leur point de vue et discutent avec le chauffeur, qui n’est autre que le réalisateur Jafar Panahi lui-même. Sa caméra placée sur le tableau de bord capture l’esprit de la société iranienne à travers des épisodes tantôt comiques, tantôt dramatiques. Riche en pistes théoriques et en même temps particulièrement divertissant (a-t-on souvent autant souri dans et devant un film iranien ?), Taxi abat des montagnes. Il abat même l’écran de cinéma, lors d’une scène mémorable à base de rose, qu’il vaut mieux garder secrète mais qui est plus forte que tous les effets 3D. Une caméra, une voiture, une poignée d’acteurs… pas besoin de plus pour signer ce qui restera comme l’un des meilleurs films de l’année.
Ours de d’or du Festival de Berlin

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Programme avril et mai 2015

L’ART DE LA FUGUECITIZENFOURLES CHATEAUX DE SABLESVOYAGE EN CHINECROSSWIND – La croisée des ventsTAXI TEHERAN

 Attention : vérifier les horaires des séances sur le site Ciné Mont Blanc

Du 2 au 7 avril

L’ART DE LA FUGUE
L'art de la fugue 2De Brice Cauvin – France – 2015 – 1h40mn
Avec Laurent Laffite, Agnès Jaoui, Benjamin Biolet, Nicolas Bedos…
Antoine vit avec Adar, mais il rêve d’Alexis… Louis est amoureux de Mathilde alors il va épouser Julie… Gérard, qui n’aime qu’Hélène, tombera t-il dans les bras d’Ariel ? Trois frères en pleine confusion… Comment, dès lors, retrouver un droit chemin ou… échapper à ses responsabilités ? C’est là tout l’Art de la Fugue…( Adaptation du roman de Stephen McCauley)

Du 9 au 14 avril

CITIZENFOUR
Citizenfour 1De Laura POITRAS – USA – 2015 – 1h54
Avec Glenn Greenwald, Kevin Bankston, Edward Snowden…
En janvier 2013, la documentariste américaine qui travaille sur la surveillance des communications de la NSA, reçoit un mail signé « Citizen Four ». « Citoyen » et « Four » allusion au 4ème amendement de la Constitution américaine censé protéger les citoyens contre les intrusions arbitraires dans leur vie privée. Ce mystérieux correspondant se dit en en possession de documents qui prouvent l’étendue de la collecte des données personnelles pratiquées dans le plus grand secret. Oscar 2015 du meilleur documentaire, Citizenfour réussit à capter un morceau d’histoire en train de s’écrire, celle des ressorts d’une machine à espionner devenue folle, et celle de l’homme de 30 ans à peine qui nous alerte.

Du 16 au 21 avril

LES CHATEAUX DE SABLE
Les chateaux de sable 1De Olivier Jahan- 1h42min
Avec Emma de Caunes, Yannick Renier, Jeanne Rosa
Éléonore, la trentaine, vient de perdre son père. Il lui a légué sa maison en Bretagne, dans les Côtes d’Armor. Elle est photographe, a connu un certain succès mais les affaires ne marchent plus comme avant. Il faut absolument qu’elle vende cette maison.
Elle s’y rend avec Samuel, son ancien compagnon dont elle s’est séparée il y a quelque temps, parce qu’elle ne se sent pas d’aller seule dans cette maison où elle n’est pas retournée depuis la mort de son père. Mais elle joue avec le feu – car elle sait bien que leur relation ne s’est pas franchement apaisée, même si elle a eu depuis quelques aventures et que Samuel vit à présent avec Laure. Claire Andrieux, l’agent immobilier, s’est occupée d’organiser des visites durant les deux jours où Éléonore et Samuel vont rester dans la maison.
C’est un drôle de week-end que ces trois-là s’apprêtent à passer. Un week-end surprenant, riche en surprises et en émotions, en tensions, souvenirs et engueulades, en moments mélancoliques et absurdes, dont Éléonore et Samuel sortiront forcément changés.

Du 23 au 28 avril

VOYAGE EN CHINE
Voyage en Chine 1De Zolyan Mayer – France – 2015 – 1h45
Avec Yolande Moreau, Qu Jung Jung, Ling Dong Fu…
Lorsqu’elle apprend que son fils Christophe est mort dans un accident en Chine où il avait construit une vie loin de ses parents, sa mère Liliane n’hésite pas une seconde. Face à la bureaucratie incapable de l’aider, elle décide d’aller elle-même récupérer le corps de son fils. Elle débarque ainsi dans un pays inconnu, dont elle ne maîtrise ni la langue ni les codes, pour y découvrir l’appartement de son fils, ses amis, sa vie. Emmitouflée dans un gros manteau rouge, avec une crinière grisâtre et une mine défraichie, Yolande Moreau occupe tout l’écran, modeste et digne, merveilleuse de fragilité. Elle porte sur ses épaules ce beau film sensible de Zoltan Mayer, qui réalise son premier film avec une maîtrise et une finesse remarquable.

Du 30 avril au 5 mai

CROSSWIND – La croisée des vents
Crosswind 3
De Martti Helde – Estonie – 2015 – 1h27
Avec Laura Peterson, Mirt Preegel, Ingrid Isotamm…
Le 14 juin 1941, les familles estoniennes sont chassées de leurs foyers, sur ordre de Staline. Erna, une jeune mère de famille, est envoyée en Sibérie avec sa petite fille, loin de son mari. Durant 15 ans, elle lui écrira pour lui raconter la peur, la faim, la solitude, sans jamais perdre l’espoir de le retrouver. « Crosswind » met en scène ses lettres d’une façon inédite.
Pour évoquer l’une des heures les plus noires de l’histoire de son pays, l’Estonien Martti Helde a fait un pari esthétique passionnant, radical : noir et blanc et suite presque ininterrompue de tableaux vivants, chorégraphies immobiles de la souffrance…

Du 7 au 12 mai

TAXI TEHERAN
Taxi Teheran 2De Jafar Panahi – Iran – 2015 – 1h22
Avec Jafar Panahi
Un taxi jaune roule dans les rues animées de Téhéran. Divers passagers y expriment leur point de vue et discutent avec le chauffeur, qui n’est autre que le réalisateur Jafar Panahi lui-même. Sa caméra placée sur le tableau de bord capture l’esprit de la société iranienne à travers des épisodes tantôt comiques, tantôt dramatiques. Riche en pistes théoriques et en même temps particulièrement divertissant (a-t-on souvent autant souri dans et devant un film iranien ?), Taxi abat des montagnes. Il abat même l’écran de cinéma, lors d’une scène mémorable à base de rose, qu’il vaut mieux garder secrète mais qui est plus forte que tous les effets 3D. Une caméra, une voiture, une poignée d’acteurs… pas besoin de plus pour signer ce qui restera comme l’un des meilleurs films de l’année.

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Brice Cauvin

Brice Cauvin Acteur, réalisateur, Scénariste.  France .  Né(e) le 14 Février 1966

Entretien avec Brice Cauvin

Pourquoi avez-vous eu le désir d’adapter le livre de Stephen Mc Cauley ?

Je connais Agnès Jaoui depuis longtemps et nous échangeons souvent nos lectures. Nous connaissions
et aimions tous les deux les romans de Stephen McCauley et particulièrement L’Art de la fugue. Je trouvais qu’il y avait en plus, un rôle formidable pour Agnès, mais nous n’en avons pas parlé tout de suite. L’éditrice de Stephen McCauley, Cynthia Liebow (Baker Street) nous a aidés pour les droits.

Puis, J’ai travaillé avec Raphaëlle Desplechin-valbrune. Adapter un roman étranger n’est pas simple. Nous nous sommes rendus compte à quel point (suite…)

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Alice Rohrwacher

Alice Rohrwacher            29 décembre 1981 (33 ans)

            Drapeau de l'Italie Italie 

            Réalisatrice

            Corpo celeste
Les Merveilles

Entretien avec Alice Rohrwacher

Le film se passe dans ma région natale, dans la campagne située entre l’Ombrie, le Latium et la Toscane. Ma famille est italo-allemande, il y en a d’ailleurs beaucoup dans cette région.
Et les abeilles sont les insectes que je connais le mieux. Mais à part ces éléments, l’histoire et les personnages ne sont pas autobiographiques, ils me sont seulement familiers. Je ne pourrais pas écrire quelque chose de complètement autobiographique, je m’ennuierais… Lorsqu’on écrit un scénario, (suite…)
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Cyprien Vial

  Réalisateur, Scénariste

Cyprien_Vial_314/06/1979

Dans le rang (2006)

Madame (2008)

Entretien avec Cyprien

D’où vous est venue l’idée du film ?

Entre 2007 et 2010, j’ai mené des ateliers cinéma avec un professeur de français dans un collège en ZEP à Pantin. Chaque année, avec ses élèves de 4ème, nous fabriquions un film. Une année ils ont eu envie de réfléchir autour des notions de mixité, de partage et de dialogue. Ils ont imaginé des saynètes dans lesquelles des conflits dégénéraient et je les ai filmés. Parallèlement, ils voulaient montrer d’où ils venaient. Ils sont arrivés un jour habillés en tenue traditionnelle de leur pays d’origine. Je les ai photographiés et enregistrés expliquant ce qu’ils aimaient dans leur culture respective. Notre petit film était donc un mélange de scènes d’agitation et de portraits où ils se présentaient.
À la fin, un garçon qui venait du Bangladesh, Jacky, assez mystérieux, plus âgé que les autres, charismatique, réussissait à raisonner tout le monde et le film se terminait en un grand numéro de danse Bollywood ! J’ai pris un plaisir fou à faire ce petit film et une envie forte de filmer des adolescents est née à ce moment-là.

L’expérience s’est donc poursuivie hors des ateliers ?

Parmi les élèves, une jeune fille, Élisabeth, m’avait donné envie de la filmer davantage. Elle-même manifestait l’envie de jouer. Il a fallu attendre quelques années, mais voilà, elle est devenue Élisabeth dans Bébé Tigre. Jacky, le jeune garçon du Bangladesh, a déclenché autre chose. Son mystère m’intriguait. (suite…)

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