Le Capitaine Volkonogov s’est échappé

LE CAPITAINE VOLKONOGOV S’EST ÉCHAPPÉ

Film russe de Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov-2022-2h05-VOST

Avec Yuriy Borisov, Timofey Tribuntsev, Nikita Koukouchkine, Alexandre Yatsenko, Natalya Krudiashova…

1938. Union soviétique. Depuis août 1936, les purges staliniennes font rage. Aux commandes de la saignée, tapi au fond de son bureau de la Loubianka, quartier général de toutes les polices politiques soviétiques puis russes, de la Tchéka à l’actuel FSB en passant par le NKVD puis le KGB, prison de sinistre mémoire russe où furent enfermés, torturés et exécutés des milliers de prisonniers, Lejov multiplie arrestations arbitraires, tortures et exécutions sommaires. C’est alors le NKVD, le Commissariat du peuple aux Affaires intérieures, qui officie. Une vague d’extermination hors-normes, la Grande Terreur d’août 1936 à novembre 1938, qui exige des hommes aux nerfs d’acier et peu enclin au vague à l’âme. Parmi eux, le jeune capitaine Volkonogov, la vingtaine musculeuse, crâne rasé, un sourire d’ange sur une gueule de Spetsnaz. Ni meilleur ni pire que ses condisciples. Sauf que les purges, c’est comme les révolutions : elles finissent souvent par dévorer leurs propres enfants. L’ambiance devient vite pesante au sein de l’unité du capitaine. C’est d’abord le suicide par défenestration du commandant Gvozdev, le supérieur de Volkonogov, puis un camarade convoqué qui ne revient pas de sa pause-déjeuner, puis un second, et Volkonogov, qui connaît la maison, sait qu’il sera le prochain. La loyauté au Parti ayant ses limites, il s’enfuit sans autre plan que celui de sauver sa peau, pour une heure, pour un jour, pour une semaine de plus, avec une espérance de vie plus maigre que celle d’un Zek… Pris immédiatement en chasse, le capitaine court à travers Leningrad, après avoir dérobé un de ses dossiers contenant 98 fiches de condamnés. Il a eu une vision : s’il veut aller au paradis, il doit obtenir le pardon des proches des victimes qu’il a tuées. Méthodiquement, il se rend à chaque adresse, où bien évidemment il n’est pas franchement bien accueilli. L’acteur trentenaire Yuriy Borisov, déjà vu dans Compartiment numéro 6, joue ici une partition difficile : celle d’un homme suffisamment naïf pour penser qu’il pourrait être absout des atrocités qu’il a commises…

Ce film difficile, à l’atmosphère étrange, aux tons rouges comme les tenues flamboyantes des agents du NKVD, comme les murs de briques des façades décrépites des arrière-cours et des usines fatiguées, aux accents orwelliens, est interdit dans la patrie de Vladimir Poutine…

Ce contenu a été posté dans Archives films. Mettre en favori.

Comments are closed.