Archives pour janvier 2024

Celine Song (Past Lives)

Acclamé par les critiques, dont certains l’ont classé meilleur film de l’année, Past Lives accumule les louanges et les nominations. Nous avons discuté de ce petit miracle de cinéma avec son auteure.

Vanity Fair. Une chose m’a interpellée dans votre parcours au théâtre… J’ai vu que vous aviez rejoué La Mouette de Tchekhov dans le jeu Les Sims 4. D’où est venue cette idée ?
Celine Song. C’était pendant le Covid. Tout le monde cherchait à organiser des performances virtuelles. J’ai eu cette idée parce que les Sims 4 sont très tchékhoviens. C’est un jeu vidéo sur les drames de la vie, il n’y a pas de ramifications compliquées ou de pas hors de la réalité.

Est-ce que la pandémie a été un élément déclencheur dans votre passage au cinéma ?
Non je planchais déjà sur ce film avant le Covid. (suite…)

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Yorgos Lanthimos ( Pauvres Créatures )

Lion d’or à Venise, lauréat de deux Golden Globes, Pauvres créatures lorgne les Oscars avec l’enviable statut de challenger. Le cinéaste revient sur cette ascension commencée avec la guigne d’un Sisyphe et achevée, dix ans plus tard, sur les toits de l’Olympe hollywoodien.

Une communauté vivant à l’écart du monde, des docteurs mabouls, une approche candide de la sexualité… Le roman d’Alasdair Gray « Pauvres créatures » (Métailié, 2003) semble avoir été écrit pour vous. Quand l’avez-vous découvert ?

En 2011, je crois. Je suis tombé amoureux du personnage principal, Bella Baxter, et j’ai tout de suite eu envie d’en faire un film. (suite…)

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Dream Scenario

Un film de Kristofer BorgliUSA 2023 1h41

Avec Nîcolas Cage, Michael Cera Juliana Nlcholson,

Dream Scénario a pour protagoniste Paul (Nicolas Cage), un professeur d’univer- sité apprécié, heureux mari. père comblé, qui mène un confortable train de vie.

Seulement il est insatisfait de son sort ; ll voudrait être publié, célèbre, bref reconnu.
Il le sera, reconnu, car un double de Paul se met à surgir dans les rêves de millions d’inconnus.

Devenu un phénomène viral, l’homme se transfonne en une sorte dînfluenceur malgré lui ; son image est gérée par une société de relations publiques.
Paul, ravi de l’attention initiale. n’a aucun contrôle sur cette image.

ll déchante quand on le tient pour responsable de mauvaises actions réelles ou imaginaires, de son double.
Après son heure de gloire, ce Monsieur tout le monde passe d’icône à paria.

Voyage fascinant et parfois déconcertant, ce film mêle subtilement réalisme et sa- tire poignante de la société médiatique contemporaine, assujettie au marketing et aux réseaux sociaux. qui n’ont de cesse d’ériger la vacuité et le paraître en va- leurs dominantes.

Au départ joyeuse farce inolîensive et agréablement rafraîchissant, l’oeuvre se pare ensuite d’un discours mordant sur l’identité et la célébrité.

Le réalisateur réussit à maintenir un équilibre délicat entre l’absurde et le poi- gnant offrant, avec ce film audacieux et original qiu transcende les genres, une expérience riche en émotions.

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FREMONT

Semaine du premier  au 6 février : FREMONT

De BABAK JALALI 2023 -USA- 1H28- VOST

Avec Anahita Wali Zada…. Jeremy Allen White, Gregg Turkington, Hilda Schmelling, Avis See-

Prix du jury au Festival du cinéma américain de Deauville

Dessiné dans les rondeurs de l’enfance, le visage que l’on voit occupant toute l’image et qui sera de quasi tous les plans délivre une douceur pleine de détermination. Cela tient, sans doute, au regard, direct et franc, qui l’illumine. Donya (Anaita Wali Zada), réfugiée afghane de 21 ans, ancienne traductrice pour l’armée américaine et expatriée au retour au pouvoir des talibans, vit désormais à Fremont, ville de la baie de San Francisco, en Californie. Elle y a trouvé un nouveau travail dans une petite fabrique familiale de fortune cookies (« biscuits à message ») tenue par un couple d’immigrés chinois. Le soir, elle dîne seule dans un petit restaurant de quartier, toujours le même, avant de retrouver son studio, où elle peine à s’endormir.

C’est ainsi que s’esquisse le portrait auquel le cinéaste Babak Jalali consacre son quatrième long-métrage, Fremont, petite merveille en noir et blanc, épurée du superflu et d’effets, au profit d’une grâce un brin mélancolique et d’une rare beauté.

Fremont, nous parle d’exil (géographique, social, mental), de ces vies en marge et de la solitude qui en résulte : il a  reçu, en septembre, le Prix du jury au Festival du cinéma américain de Deauville

A cet exil, source de nombreuses souffrances, le cinéaste ajoute néanmoins une puissance dont il se fait un devoir. Celui d’accorder force et volonté aux personnages de ses films, à l’inverse du caractère victimaire dont on affuble le plus souvent les déracinés. Donya porte ce flambeau, qui, malgré sa modestie, refuse de se laisser faire et sait ce qu’elle veut. Le film agit de même : la tristesse diffuse sans cesse contrariée par des situations absurdes, une drôlerie pince-sans-rire pour le moins irrésistible. Bien que routinière, la vie de Donya croise une galerie de personnages plus ou moins loufoques, sujets aux névroses, un vague à l’âme dont il est préférable de rire plutôt que de pleurer : La politesse de Babak Jalali…. Donya trace, doucement son chemin. Promue au sein de la petite entreprise où elle travaille, elle rédige désormais les messages incorporés aux biscuits qu’elle se contentait il y a peu d’emballer. Ces courts messages destinés à offrir en quelques mots un peu d’espoir à ceux qui les découvrent nous livrent désormais les humeurs et les désirs de la jeune femme. Notamment celui de vivre une histoire sentimentale qui l’aiderait à rompre avec sa solitude. Décidée à forcer le hasard, Donya glissera son numéro de téléphone sur l’une de ces petites langues de papier. On taira évidemment l’issue, surprenante et admirable, à laquelle conduira cette initiative. On dira seulement qu’elle est à l’image de Fremont, film profond et émouvant.

D’après la critique du  Monde de Véronique Caubaopé

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PROGRAMMATION JANVIER FEVRIER 24

 Du 4 au 9 Janvier 24

DEMENAGEMENT 

De Shinji Sômai-Japon-1993-2h04-VOST 

Avec Tomoko Tabat, Kiichi Nakai, Junko Sakurada… 

Dixième long métrage de ce cinéaste injustement confidentiel, Déménagement est le récit d’un divorce vu à travers les yeux d’une enfant de onze ans, soudain ballottée entre deux foyers. À Kyoto, la petite Renko, parfaitement consciente du drame intime vécu par ses parents désaccordés, revendique toutefois sa place au sein du chaos. Par plans-séquences, la mise en scène parvient à restituer la tension à la fois psychologique et physique. Sorti en 1993 sans distribution en France, ce film essentiel ressort trente ans après, dans une reconnaissance tardive soutenue par la fine fleur du cinéma japonais actuel, Kore-Eda, Kurosawa et Hamaguchi en tête, qui reconnaissent en Shinji Sômai un de leurs maîtres. 

Du 11 au 16 Janvier 24

Du 11 au 16 Janvier 24 L’INNOCENCE 

De Hirokazu Kore-Eda- Japon- 2023-2H06- VOST 

Avec Sakuro ando, Eita Nagayama... 

Le comportement du jeune Minato est de plus en plus préoccupant. Sa mère, qui l’élève seule depuis la mort de son époux, décide de rencontrer l’équipe éducative de l’école de son fils. Tout semble désigner le professeur de Minato comme responsable des problèmes rencontrés par le jeune garçon. Dans ce film, les mêmes scènes sont vues 3 fois , avec la vision de la mère, puis du professeur, et enfin de Minato lui-même. Les pièces du puzzle s’assemblent peu à peu et la vérité sera bien plus complexe et nuancée que ce qui avait été anticipé au départ. Hirokazu Kore Eda a reçu en 2018 la palme d’or à cannes Une Histoire de famille 

Prix du scénario à Cannes 2023 

Du 18 au 23 Janvier 24

Du 18 au 23 Janvier 24

PAUVRES CREATURES 

De YORGOS LANTHIMOS – americano – britannico – irlandais – VOST – 2h21 

Avec EMMA STONE, MARK RUFFALO… 

Bella est une jeune femme ramenée à la vie par le professeur Baxter, une sommité dans le domaine des greffes organiques. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s’enfuit avec un avocat habile et débauché et embarque pour une odyssée étourdissante à travers les continents. 

Après La favorite, le réalisateur retrouve Emma Stone pour une oeuvre aussi fantastique que politique, aussi géniale que loufoque, aussi drôle que cynique. 

Lion d’or au festival de Venise 

https://cinecimes.fr/6083-2/

 

Du 25 au 30 Janvier 24

Du 25 au 30 Janvier 24

PAST LIVES, NOS VIES D’AVANT 

De Celine Song – Etats-Unis – 2023 – 1h46- VOST 

Avec Greta Lee, John Magaro, Teo Yoo… 

Miroir d’un moment intime de la vie de Celine Song, le récit gravite autour de la relation inachevée de Nora et Hae Sung. D’abord la pureté: l’amour doit il nécessairement être vécu pour avoir de la valeur? Ensuite l’affliction. La réalisatrice submerge son film de fatalité, confronte ses personnages aux déchirants »et si?». Dépouillé de tout artifice, ce drame sublimé par une mise en scène intimiste fascine par son utilisation du vide, celui des mots non prononcés, des sentiments non éprouvés. Le regret partout, la mélancolie omniprésente mais la finesse du scénario demeure dans l’écriture de ses personnages superbement incarnés par ce trio. 

https://cinecimes.fr/celine-song-past-lives/

Du 1 au 6 Février 24

Du 1° au 6  Février 24

FREMONT 

De Babak Jalali – USA– 1h 28 – VOSTF – Noir et Blanc 

Avec Anaita Wali Zada, Gregg Turkington, Jeremy Allen White… 

Prix du jury du festival du cinéma américain de Deauville 2023 

Fremont, du nom d’une bourgade de la Silicone Valley qui a pour particularité de concentrer le plus grand nombre de réfugiés afghans. Donya, jeune afghane de 20 ans a fui son pays à l’arrivée des Talibans après avoir travaillé comme interprète pour l’armée américaine. Pour l’heure, elle est employée dans une usine de « fortune cookies », petits gâteaux dans lesquels sont insérés des messages de bonne fortune, servis dans les restaurants asiatiques. Vie monotone dans un environnement pesant, rythmée par ses insomnies. Son existence va basculer quand, après la mort brutale de la vieille dame chargée de la rédaction des messages divinatoires, cette tâche essentielle va lui être confiée… 

Du 8 au 13 Février 24

Du 8 au 13 Février 24

Dream Scenario 

De Kristoffer Borgli – USA – 2023 – VOST – 1h 41 

Avec Nicolas Cage, Julianne Nicholson, Michael Cera…. 

Calvitie, bedaine et pantalon beige, ce terne professeur de biologie et père de famille américaine sans histoire voit sa vie bouleversée quand sa fille, puis une ex, puis ses étudiants, puis la moitié de la planète rêvent de lui. Le type le plus banal devient le plus désiré, donc le plus désirable. Dans notre société du spectacle permanent, sens dessus dessous, le vrai est un moment de faux et il est possible de devenir célèbre (« viral ») sans rien faire…. Mais quand les rêves des uns et des autres se transforment en cauchemars, Paul, fantasmé en bourreau des cerveaux, devient paria… Une fable qui interroge notre rapport aux images désormais malmené par l’intelligence artificielle et le « deep fake ». 

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Shinji Sômai (Déménagement)

« Il n’y a pas un jour où je ne pense pas à Sômai Shinji. Chaque jour, je récite une prière pour lui. Oui, je peux le dire, je crois bien que je suis atteint par une ‘sômaïte aiguë ».

C’est en ces termes que l’acteur Asano Tadanobu expliquait son attachement au cinéaste dans un entretien publié en 2011 à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition. (suite…)

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Pauvres Créatures

PAUVRES CREATURES

 

    De   Yorgos Lanthimos

    Avec : Emma stone, Marc Ruffalo

Chirurgien de génie, le professeur Godwin Baxter est une sommité dans le domaine des greffes organiques. Lorsque qu’une femme enceinte de huit mois se jette d’un pont pour fuir son mari violent, il décide de greffer le cerveau du fœtus dans le corps de la jeune femme pour lui redonner la vie. Pauvres Créatures nous conte la renaissance de cette femme et son (ré)apprentissage de la vie sans le corset des conventions. Des yeux d’enfant dans un corps d’adulte, voilà le cocktail explosif qui va plonger Bella dans de merveilleuses aventures. Curieuse de tout, elle veut découvrir le monde. Non formatée par le monde des humains, notre héroïne plonge dans la vie à cœur et corps perdus et (re)met vite en question l’ordre social, la domination masculine, les prédations et les injustices en tout genre. Face à un monde étriqué, que va-t-il advenir de cette créature sans préjugés et spontanée en quête de liberté et d’égalité ? 

Après La Favorite, YórgosLánthimos retrouve Emma Stone pour son nouveau film, Pauvres Créatures, une œuvre aussi fantastique que politique, aussi géniale que loufoque, aussi drôle que cynique, qui permet au ton décalé propre au cinéaste grec d’exploser enfin pleinement ! Biberonné au cinéma fantastique et fin admirateur de l’expressionnisme allemand, Lánthimos joue sur la palette du gothique et de l’onirisme en inventant ici un monde rétro-futuriste qui bien que très marqué est d’une beauté, d’une intemporalité et d’une universalité foudroyante. Il (ré)invente totalement notre monde occidental pour mieux ausculter nos névroses avec sa caméra scalpel. Son film est un véritable pamphlet philosophique qui décortique notre société avec lucidité et sévérité. Bien sûr, on pense à Frankenstein et à sa créature tout au long du film et Pauvres Créatures porte bien son nom car c’est de notre condition de pauvre humain sur laquelle Lánthimossouhaite nous faire réfléchir. Bella c’est une version contemporaine du Edward de Tim Burton, une sorte de double féminin, comme une piqûre de rappel à notre époque trop sophistiquée de la nécessité de faire sinon table rase, tout au moins l’éloge de la simplicité. C’est vraiment du côté du merveilleux que nous plonge Lánthimos. Merveilleux et conscient ! 

Sylvain Pichon – Cinéma(s) Le(s) Méliès(s), Saint-Etienne

 

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Déménagement

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L’Innocence

L’INNOCENCE

Japon  2023  2H06  VOST

De Hirokazu Kore-eda

Avec Soya Kurokawa, Hinata Hiiragi, Sakura Ando, Eita Nagayama

Musique de Ryuichi Sakamoto (son ultime composition pour le cinéma)

PRIX DU SCENARIO  Festival de Cannes 2023

QUEER PALM du Festival de Cannes 2023

Ce nouveau film de Hirokazu Kore-eda (Palme d’Or en 2018 avec Une affaire de famille ) est une oeuvre en 3 temps.

C’est d’abord, dans une première partie, un récit quasi policier fondé sur une supposée histoire de harcèlement scolaire. Le jeune Minato, âgé d’une dizaine d’années,  adopte un comportement de plus en plus étrange, ce qui inquiète sa mère (veuve et qui l’élève seule) qui le croit victime de harcèlement de la part d’un professeur et se rend dans son école. On y découvre un personnel étrange, et l’on est persuadé d’assister à un film qui dénonce l’indifférence de l’institution et la souffrance des écoliers.

La deuxième partie de l’intrigue donne le point de vue de l’enseignant accusé qui, lui, soupçonne Minato d’être le bourreau du frêle Eri.

La troisième partie , à hauteur d’enfant donc,  contient le coeur du film, reprend les mêmes scènes mais vues par Minato lui-même, et nous donne peu à peu les pièces manquantes du puzzle jusqu’à une vérité déstabilisante pour le spectateur….

Les chemins de traverse qu’emprunte le cinéaste pour révéler la clé du « mystère » semblent dans un premier temps exagérément tortueux, les ruses du script un peu trop alambiquées, au point de donner l’impression d’empêcher l’ensemble de respirer. Mais une fois que les pièces s’assemblent, dans le troisième acte, L’Innocence finit par foudroyer. 

Kore-eda bouleverse en dépeignant la fugue des deux enfants dans la forêt qui jouxte la ville, leurs journées à la Huckleberry Finn passées dans un bus scolaire abandonné aux airs de cabane magique. Loin du monde, des autres, de ce « monstre » qu’est la société et qui condamne aux jugements hâtifs et aux demi-vérités. Comme toujours chez le cinéaste, la délicatesse du trait n’interdit pas, loin de là, une âpreté et une amertume dans le constat sociétal. 

A la fin, après une ode déchirante au pouvoir de la musique dans une salle de classe, et au son du piano de Ryuichi Sakamoto (la dernière œuvre pour le ciné du génial musicien, mort en mars dernier), la pluie cesse, le sens de la fable se révèle, le film lui-même semble se libérer du corset scénaristique dans lequel on le croyait engoncé, et le cinéma de Kore-eda triomphe, encore une fois

D’après Première, les Inrocks, et Culturellement votre.

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Past Lives Nos vies d’avant

 

PAST LIVES , NOS VIES D’AVANT

Film de Céline Song – Etats-Unis – 1h46

Avec Greta Lee, John Magaro, Teo Yoo…

Past Lives, la première réalisation de Céline Song, tisse une tapisserie complexe et émotionnelle sur l’amour ,la perte et la recherche éternelle de liens qui transcendent le temps. Avec pour toile de fond la ville de New York, ce drame poignant plonge dans la vie de trois personnes dont les chemins se croisent de manière inattendue et profonde, exploitant les thèmes du destin, des regrets et du pouvoir durable des relations humaines.

Le film nous présente Na-Young (Seung Ah Moon) et Hae-Sung (Seung Min Yim), des amis d’enfance dont la vie est bouleversée à jamais lorsque la famille de Na-Young déménage au Canada. Les premiers chapitres du récit capturent habilement l’innocence et l’intensité de l’amour jeune, peignant une image vivante de leur lien vibrant. L’alchimie entre les jeunes acteurs est palpable, leurs performances entraînant les spectateurs dans le monde réconfortant mais éphémère de la romance adolescente.

L’histoire fait ensuite un bond dans le temps, retraçant les chemins divergents de Na-Young et Hae-Sung sur une période de deux décennies. Greta Lee et Teo Yoo entrent dans la peau de leurs homologues adultes, imprégnant leurs personnages d’un sentiment de désir et de nostalgie. Le passage du temps est habilement rendu par les costumes et les décors, soulignant la transformation qu’entraînent les expériences de la vie.

Le cœur de Past Lives réside dans l’exposition de la complexité émotionnelle qui survient lorsque Hae- Sung et Na-Young, devenue Nora, reprennent contact après des années de séparation. Greta Lee livre une performance de tour de force, capturant l’essence d’une femme déchirée entre l’amour de son passé et les engagements de son présent. Tee Yoo, dans le rôle de Hae-Sung, apporte une intensité tranquille à l’écran, incarnant le poids des occasions manquées et des émotions non résolues. John Magaro, dans le rôle d’Arthur, le mari compréhensif qui la soutient, insuffle à son personnage profondeur et empathie.

La formation théâtrale de la réalisatrice Céline Song est évidente dans le rythme délibéré et le cadrage réfléchi du film. Chaque scène est méticuleusement conçue, avec des métaphores visuelles qui ajoutent de la profondeur à la narration. Les miroirs deviennent des reflets symboliques des luttes intérieures des personnages, tandis que le paysage de la ville de New York sert à la fois de toile de fond et de métaphore pour les voyages des personnages. La cinématographie du film, dirigée par Shabier Kirchner, capture l’énergie et la diversité de la ville, amplifiant les émotions des personnages sur une toile de fond urbaine vibrante .

Le film met en valeur le talent de la scénariste-réalisatrice grâce à une écriture précise, du dialogue poétique et une mise en scène délicate. L’un des moments les plus marquants du film est une rencontre apparemment ordinaire sur un trottoir de la ville, qui se transforme en un spectacle hypnotique de tension contenue. L’échange entre Nora et Hae-Sung, chargé de mots non exprimés et d’émotions refoulées, est une classe de maître en matière d’interprétation et de mise en scène. L’utilisation de prises de vue prolongées et de gros plans intensifie l’impact émotionnel, donnant lieu à une scène qui reste gravée dans la mémoire longtemps après le générique.

Past Lives n’est pas seulement une histoire d’amour, mais une méditation profonde sur la complexité des liens humains. Le film mêle harmonieusement des éléments de romance, de philosophie et de nostalgie pour créer un récit à plusieurs niveaux qui trouve un écho profond auprès de son public. En entremêlant le passé et le présent, Past Lives souligne la vérité universelle selon laquelle les choix que nous faisons et les liens que nous tissons se répercutent à travers le temps, façonnant nos destins d’une manière que nous ne comprenons peut-être pas entièrement.

Le film explore toutes les personnes que nous aurions pu devenir et souligne que finalement personne parmi elles n’a autant d’importance que la personne que nous sommes aujourd’hui : un ensemble de connexions que nous créons. 

Past Lives est aussi un rappel poignant que le pouvoir de la narration réside dans sa capacité à capturer l’essence de l’expérience humaine. La première réalisation de Céline Song est une réussite indéniable, invitant les spectateurs à réfléchir à leur propre passé, à contempler des chemins non empruntés et à apprécier les fils complexes qui tissent la trame de nos vies.

Critiques de Mulder.

Ciné Surprise le 08/01/2024

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