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Archives pour août 2022
Sundown
CINE CIMES Semaine du 22 au 27 septembre
Université Populaire Sallanches-Passy
SUN DOWN
Film de Michel Franco – Mexique, France, Suède -1h23
Avec Tim Roth, Charlotte Gainsbourg,Iazua Larios…
On ne sait pas vraiment ce qu’il pense, Neil qui reste en vacances au Mexique en dépit du bon sens. Et peu à peu, l’intrigue se corse…
Est-il bête ? Souffre t-il d’un handicap? Ou bien a-t-il atteint le degré ultime du je-m’en-foutisme ?
Neil (Tim Roth, formidable d’opacité traînarde) ne fait pas particulièrement la tête, il lui arrive même de sourire. Mais il parle à peine et passe la plupart du temps à picoler, en bullant au bord d’une piscine de rêve ou sur la plage d’Acapulco ; Il est en train de se la couler douce dans un hôtel de luxe, avec ses proches, lorsque l’annonce brutale du décès d’un membre de la famille les oblige à partir d’urgence. Sauf qu’à l’aéroport Neil prétexte l’oubli de son passeport pour ne pas décoller avec eux.
Que dissimule ce monstre apparent d’indifférence ?
Au moins deux révélations vont éclairer après coup sa décision. En partie. Une fois qu’on en sait un peu plus sur l’ectoplasme, on continue de buter sur un bloc impénétrable. Qui est aussi une page blanche, sur laquelle on peut tout projeter, y compris – c’est l’hypothèse haute – le symbole d’un homme en crise profonde, métaphysique. Neil est une sorte de mort en sursis, alors il franchit des frontières, passant notamment du monde des nantis à celui du peuple .
Après avoir rebroussé chemin seul de l’aéroport, il s’installe un moment dans un petit hôtel bon marché, fréquente une plage bondée, fait la rencontre d’une jeune et jolie Mexicaine. On pourrait croire à une parenthèse enchantée. Rien n’est pourtant sûr ni paisible ici, la violence peut jaillir à tout moment.
Et jusqu’au bout, Neil fascine. Comme l’homme ayant atteint le point de non retour.
Michel Franco parvient à créer du suspense, une très grande tension, grâce à son extraordinaire gestion de la durée, sa maîtrise du non-dit, construisant patiemment une sorte de puzzle existentiel, gorgé d’humour noir, et porté par la puissance d’incarnation d’un Tim Roth vraiment génial.
Publié dans Archives films
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Les Promesses d’Hasan
LES PROMESSES D’HASAN
De Semih Kaplanoglu
Turquie
2H27
VOST
Avant un pèlerinage à La Mecque, un couple se remet en question. Une fable imagée, aux personnages attachants, de la petitesse à l’élévation.
Dorés par le soleil qui les caresse, les champs de la campagne turque dessinent un éden infini. Le plaisir qu’il y a à contempler une terre aussi fertile est célébré dès les premiers plans de ce film fleuve. Son héros, pourtant, reste aveugle à la beauté qui l’entoure. Le visage inquiet, Hasan s’acharne au travail. Pour cet agriculteur vieillissant, tout semble menaçant : l’installation d’un pylône électrique risque de réduire sa production de tomates, celle des pommiers pourrait être trop faible sans pesticides… Mais à la chronique des vicissitudes agricoles, se substitue peu à peu une fable où ce que l’on sème et ce que l’on récolte a une valeur plus existentielle. Car Hasan se révèle très doué pour contourner les difficultés, quitte à les faire supporter aux autres. À la maison, son épouse, Emine, semble goûter à la vie plus simplement, mais accumule les billets en cachette…
Ils sont étonnants, ces personnages auxquels on s’attache malgré leurs défauts. Ils semblent sortis d’un roman. Tout en les montrant recroquevillés sur leurs intérêts, le réalisateur leur a donné de l’ampleur pour les guider vers quelque chose de plus grand qu’eux. Lorsqu’ils apprennent qu’ils vont pouvoir partir en pèlerinage à la Mecque, Hasan et Emine sont obligés d’ouvrir les yeux. Par-delà la religion et la morale, qui les obligent à un examen de conscience, c’est leur place en ce monde qui est en jeu, la vérité de ce qu’ils sont pour eux-mêmes et pour les autres. Cette nécessaire remise en question est illustrée par des scènes au symbolisme spectaculaire — un immense arbre flottant dans l’air, déraciné — qui alourdissent le film, au rythme lent. Ce sont les moments les plus simples qui disent le mieux la condition humaine, écartelée entre petitesse et élévation. Tout se joue alors dans les regards, les calculs vains comme les révélations essentielles. Jusqu’à la fin, superbe.
Frédéric Strauss. Télérama
Publié dans Archives films
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