Archives pour juin 2018

LUNA

          LUNA

           de Elsa Diringer-France-2017

           Avec Lætitia Clément,  Rod Parabot, Julien Bodet, Frédéric Pierrot, Juliette Arnaud.

 

           Alex travaille dans une exploitation maraîchère ,c’est un petit gars sympathique .Un jour il croise une bande de jeunes ivres qui l’accusent d’être entré sur son territoire et il est violé. La jeune fille qui lui tire son pantalon c’est Luna. Quelque semaines plus tard Luna revoit Alex. Est-ce parce qu’elle a changé de coiffure qu’il ne la reconnaît pas ? A moins qu’il ne fasse semblant. Pour ne pas affronter une situation    difficile,  elle cherche à le faire renvoyer, mais peu à peu elle finit par tomber sous le charme de ce garçon délicat et attentionné . Lætitia Clément prête sa sensualité, sa brutalité à ce personnage qui découvre l’apparition de la douceur dans sa vie en même temps que le remords.

  Un récit épineux ,une mise en scène et des interprètes lumineux. Un premier film réussi.

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Les Anges portent du blanc

LES ANGES PORTENT DU BLANC

Un film de VIVIAN QU

 

CHINE –  2017– 1H47 – VOST

 

Avec : Wen Qi, Zhou Meijun

           Shi Ke, Geng Le

Liu Weiwei

 

Voici un regard aigu sur les femmes dans la Chine contemporaine, de conditions et d’âges différents. Dans une station balnéaire, une adolescente travaille comme hôtesse d’accueil dans un hôtel. Une nuit, un chef d’entreprise débarque, s’enivre dans sa chambre avec deux collégiennes et abuse sans doute d’elles. Tout le monde cherche à étouffer l’affaire, sauf une avocate qui se bat pour faire éclater la vérité. L’hôtesse tait ce quelle sait, par peur : elle n’a pas de papiers…

Productrice du fascinant Black Coal (2014) et déjà réalisatrice avec Trap Street (2013), Vivian Qu signe un second film qui ne manque pas d’audace. Corruption, trafics en tout genre, oppression des femmes maintenues dans l’ignorance, exploitées ou écartées du pouvoir : le tableau qu’elle brosse de la Chine patriarcale est accablant. C’est pourtant une sensibilité délicate qui domine et sert plusieurs intrigues tissées autour du même fait divers. Il y a les deux jeunes victimes, qui réagissent différemment, sous l’influence de leurs parents. Il y a le coupable et son argent corrupteur. Il y a surtout l’adolescente témoin, sur le point de s’émanciper mais fragilisée, sans doute le personnage le plus troublant.

En suivant ces différentes trajectoires, la réalisatrice court parfois le risque de s’éparpiller — c’était déjà l’un des travers de Trap Street. Mais elle prend aussi le temps de filmer des déambulations rêveuses à travers un parc d’attractions désert ou le long de la plage, en passant sous une gigantesque statue de Marilyn avec sa légendaire robe qui se soulève. Un totem étrange, à la fois kitsch et fascinant, allégorie d’une féminité qui rimerait enfin avec joie.

Avec une grande maîtrise formelle, sans jamais céder au pathos, à la facilité ou au manichéisme, la réalisatrice dessine le portrait de la femme chinoise d’aujourd’hui tout en esquissant celui, peu reluisant, d’une société où règne la loi du plus fort ou du plus fortuné.

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Transit

TRANSIT

Écrit et réalisé par Christian PETZOLD

Allemagne / France –  2018 – 1h41mn – VOST  

Avec Franz Rogowski, Paula Beer, Godehard Giese, Lilien Batman, Maryam Zaree, Jean-Pierre Daroussin.

D’après le roman d’Anna Seghers.

Ni reconstitution, ni transposition : c’est la brillante idée, le coup de génie, qui rend si intrigante cette adaptation du roman d’Anna Seghers, publié en 1944 et largement inspiré de sa propre expérience. L’histoire d’Allemands – résistants, artistes, opposants – fuyant le nazisme, bloqués à Marseille en attente d’un embarquement possible pour les Amériques.

 Christian Petzold choisit délibérément de déplacer cette trame dans l’époque actuelle sans pour autant changer quoi que ce soit de la temporalité du récit. La situation des personnages est celle des années 1940, mais le monde autour d’eux est celui d’aujourd’hui.  L’histoire tirée du roman d’Anna Seghers est une fresque vibrante sur l’exil, doublée d’une romance vécue par deux êtres en transit vers des destinées qu’ils savent séparées. Mais disposée sur une toile de fond actuelle, l’histoire de ces migrants d’un autre temps crée un effet miroir saisissant sur les problématiques de notre époque. 

Au comptoir d’un café parisien, l’Allemand Georg retrouve un de ses compagnons de fuite. Celui-ci lui intime de partir : les fascistes ratissent la ville, la situation est devenue trop dangereuse. Il réussit à partir pour Marseille où il se fait passer pour Weidel, un célèbre écrivain résistant.

 En attente de son visa de transit pour le Mexique, il erre dans la ville, fréquente les halls d’administrations bondés de réfugiés, se plonge dans le roman inachevé de Weidel… C’est alors qu’il fait la rencontre de la mystérieuse Marie.

Le film évite soigneusement les analogies simplistes entre l’Occupation et l’actualité. Petzold creuse au contraire une zone atemporelle où les époques résonnent l’une dans l’autre sans jamais s’emboîter. Les itinéraires de Georg et de Marie révèlent à eux seuls la tragédie de ceux frappés par l’exil. 

Critique Utopia

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Retour à Bollène

RETOUR A BOLLENE

Un film de    SAID HAMICH

Drame. FRANCE 1h.10.

Avec : ANAS EL BAZ, KATE COLEBROOK, SAID BENCHNAFA, JAMILA CHARIK

Said Hamich , franco-marocain, a produit une vingtaine de films dont « Much Loved » « Vent du Nord » « Sofia » « Volubilis »…A 31 ans il réalise son premier film  « Retour à Bollène ».
Pourquoi Bollène ? Déjà parce qu’il connaît bien cette ville où il a passé ses trois années de lycée mais, nous dit-il, ce film n’est pas un film autobiographique ; ensuite parce que la communauté ouvrière maghrébine y est importante et concentrée dans des quartiers coupés du reste de la ville. Bollène est gérée par la Ligue du Sud, mouvement d’extrême droite qui colle un peu partout des affiches de jeunes enfants bien blancs avec le slogan  « Une ville, une identité : Bollène »
Dans ce contexte discriminant chacun se positionne, la gravité gagne les visages et les cœurs. En explorant de façon très convaincante le retour difficile dans sa famille de Nassim exilé à Abu Dhabi où il a bien réussi, Said Hamich porte un regard inhabituel sur la banlieue.
« Surtout, je souhaitais proposer un autre regard sur la banlieue qui est presque toujours présentée de manière surdramatisée, comme réceptacle à la violence (voitures brûlées, drogue, voile… ). Pour moi, au contraire, on y souffre parce qu’il ne s’y passe rien. On refuse en France de voir les blessures des minorités. Le véritable enjeu, c’est celui de l’identité ; beaucoup de jeunes que j’y ai croisés ne se sentent pas français. D’un côté ils fantasment le pays de leurs parents qu’ils ne connaissent pas, de l’autre ils ont le sentiment que le pays où ils vivent, les rejette »
Nassim a des convictions libérales et croit que ne s’en sortent que ceux qui se battent. Il méprise ceux qui sont restés au bas de l’échelle sociale. Confronté à sa famille pauvre dont il a honte, sa réussite sociale n’empêchera pas sa carapace de se fissurer et ses certitudes de vaciller. Said Hamich entrelace subtilement l’intime et le social et fait de ce film un creuset de réflexion autant qu’un moment d’émotion.
D’après « Jeune Afrique » et « Africultures »

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mes provinciales

MES PROVINCIALES

De Jean-Paul CIVEYRAC – France – 2h16
Avec Andranic Manet, Diane Rouxel, Corentin Fila, Sophie Verbeeck, Gonzague Van Bervesselès, Jenna Thiam, Nicolas Bouchaud.

Bouleversant, le film montre Étienne tenter de faire du cinéma. Sa vie, ses amis, ses amours, ses emmerdes défilent sous nos yeux dans un va-et-vient subtil. On parle beaucoup dans « Mes provinciales », on y fait énormément l’amour mais, contrairement aux longs métrages de Philippe Garrel à qui on l’a beaucoup comparé à tort Civeyrac, on y dit des choses simples, évidentes, universelles, (plume du réalisateur superbe de générosité), et on peut affirmer que Civeyrac n’est pas à l’instar de cinéastes uniquement cérébraux un réalisateur s’adressant à d’autres réalisateurs. Non, sa cible c’est le public et son parti-pris demeure comme sa réalisation réaliste. Étienne, anti-héros d’aujourd’hui, demeure ce point d’ancrage du récit, et les scènes d’affrontements avec Jean-Noël et surtout Mathias qui lui, se positionne en grand frère, le sont à mots feutrés, sans hurlements ni excès verbaux. Nous le suivons à travers Paris décrite souvent de nuit, lui le provincial qui ne possède pas lors de son arrivée dans la capitale les clefs pour ouvrir ses portes du rêve.

Le tout est tenu par des comédiens sublimes, parmi lesquels Andranic Manet (Étienne), Corentin Fila (Mathias), et Gonzague Van Bervesselès (Jean-Noël), tous sortes de prolongements narratifs de ce que fut la personnalité de Jean-Paul Civeyrac à leur âge. Avec à la clef deux moments bouleversants du film, et une économie de moyens qui tranche avec la richesse de la psychologie de leurs personnages. Dans leur manière de se déplacer, d’échanger par la parole ou le regard, de serrer une fille dans leurs bras, ils sont si époustouflants, qu’on se surprend à penser que Jean-Paul Civeyrac n’a pas réalisé un casting mais pris sous son aile des personnalités fortes devenues d’ailleurs des amis dans la vie. Et puis il y a toutes les actrices dont Sophie Verbeeck, Diane Rouxel, Jenna Thiam, ou Charlotte Van Bervesselès (la sœur de Gonzague), authentiques et talentueuses dont la beauté est renforcée par le noir et blanc sublime de la pellicule.
Jean-Rémi BARLAND (Extraits, Destimed.fr)

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