RETOUR A BOLLENE
Un film de SAID HAMICH
Drame. FRANCE 1h.10.
Avec : ANAS EL BAZ, KATE COLEBROOK, SAID BENCHNAFA, JAMILA CHARIK…
Said Hamich , franco-marocain, a produit une vingtaine de films dont « Much Loved » « Vent du Nord » « Sofia » « Volubilis »…A 31 ans il réalise son premier film « Retour à Bollène ».
Pourquoi Bollène ? Déjà parce qu’il connaît bien cette ville où il a passé ses trois années de lycée mais, nous dit-il, ce film n’est pas un film autobiographique ; ensuite parce que la communauté ouvrière maghrébine y est importante et concentrée dans des quartiers coupés du reste de la ville. Bollène est gérée par la Ligue du Sud, mouvement d’extrême droite qui colle un peu partout des affiches de jeunes enfants bien blancs avec le slogan « Une ville, une identité : Bollène »
Dans ce contexte discriminant chacun se positionne, la gravité gagne les visages et les cœurs. En explorant de façon très convaincante le retour difficile dans sa famille de Nassim exilé à Abu Dhabi où il a bien réussi, Said Hamich porte un regard inhabituel sur la banlieue.
« Surtout, je souhaitais proposer un autre regard sur la banlieue qui est presque toujours présentée de manière surdramatisée, comme réceptacle à la violence (voitures brûlées, drogue, voile… ). Pour moi, au contraire, on y souffre parce qu’il ne s’y passe rien. On refuse en France de voir les blessures des minorités. Le véritable enjeu, c’est celui de l’identité ; beaucoup de jeunes que j’y ai croisés ne se sentent pas français. D’un côté ils fantasment le pays de leurs parents qu’ils ne connaissent pas, de l’autre ils ont le sentiment que le pays où ils vivent, les rejette »
Nassim a des convictions libérales et croit que ne s’en sortent que ceux qui se battent. Il méprise ceux qui sont restés au bas de l’échelle sociale. Confronté à sa famille pauvre dont il a honte, sa réussite sociale n’empêchera pas sa carapace de se fissurer et ses certitudes de vaciller. Said Hamich entrelace subtilement l’intime et le social et fait de ce film un creuset de réflexion autant qu’un moment d’émotion.
D’après « Jeune Afrique » et « Africultures »