Réalisateur Tout le monde aime Touda

Nabil Ayouch

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Nabil_Ayouch_2014.jpg.
Né le 1er Avril 1969 à Paris
Franco-marocain
Réalisateur, producteur
Mektoub, Ali Zaoua Prince de la Rue, Whatever Lola Wants, Les Chevaux de Dieu, Much Loved, Razzia , Haut et Fort, Evrybody loves Touda.

Nabil Ayouch, cinéaste marocain connu ses films tels que Much Loved, Razzia ou Haut et Fort, revient avec Everybody Loves Touda, dans les salles le 18 décembre. Ce nouveau long-métrage suit le parcours de Touda, une femme rêvant de devenir une Cheikha, une artiste marocaine traditionnelle. Déterminée à briser les normes, Touda chante des textes de résistance, d’amour, et d’émancipation. Rencontre avec Nabil Ayouch et l’actrice principale Nisrin Erradi.
Bulles de Culture : Nabil Ayouch, vos films mettent souvent en scène des personnages en quête de liberté dans une société marocaine encore marquée par le conservatisme. Est-ce une quête personnelle qui se reflète dans vos œuvres ?

Nabil Ayouch : Absolument, cette quête de liberté est à la fois une force motrice de ma vie et de mon cinéma.

J’aime explorer des personnages qui cherchent à se libérer des carcans sociétaux et à briser leurs chaînes. Avec Everybody Loves Touda, j’ai voulu mettre en lumière une héroïne contemporaine qui incarne cette résistance à travers son art.

Bulles de Culture : Le personnage de Touda s’inspire des Cheikhas, ces chanteuses marocaines qui bravent les interdits. Pouvez-vous nous parler de l’origine et de l’importance de ces femmes dans la culture marocaine ?

Nabil Ayouch : Les Cheikhas sont des femmes courageuses qui ont commencé à chanter publiquement au XIXe siècle, à une époque où seules les voix masculines étaient autorisées dans l’espace public. Elles ont conquis ce droit, et à travers leurs chants, appelé Aïta, elles ont abordé des thèmes subversifs au Maroc tels que le désir, le corps, et l’amour, défiant ainsi les normes sociétales. Le personnage de Touda est l’une de ces héritières modernes, combattant pour la reconnaissance et la liberté d’expression dans une société encore partagée entre tradition et modernité.

Bulles de Culture : Nisrin, comment avez-vous préparé votre rôle de Touda, une femme si complexe et ancrée dans une tradition musicale exigeante ?

Nisrin Erradi : La préparation a été très intense. J’ai passé un an et demi à apprendre à chanter, danser, et jouer des percussions aux côtés de Cheikhas professionnelles. J’ai dû m’immerger complètement dans leur monde pour comprendre la profondeur de leur art et de leur combat. C’était un travail de longue haleine, mais essentiel pour donner vie à Touda.

Bulles de Culture : Le film met également en scène le lien fort entre Touda et son fils, Yassine, qui est sourd-muet. Comment avez-vous abordé cette relation mère-fils qui transcende les mots ?

Nisrin Erradi : Pour moi, il était crucial de comprendre ce lien au-delà des dialogues. J’ai travaillé de manière approfondie avec le jeune acteur qui joue Yassine, créant des ateliers et des exercices pour bâtir une connexion authentique. Bien que je n’aie pas d’enfant, j’ai puisé dans mes expériences personnelles avec mes nièces et dans les ateliers que j’ai animés avec des enfants pour trouver cette dynamique unique qui nous unit dans le film.

Nabil Ayouch : Ce lien est central dans le film. Yassine ne peut pas entendre ce que chante sa mère, mais il ressent tout profondément. Leur relation va au-delà des sens habituels et s’ancre dans quelque chose de plus spirituel, presque métaphysique.

Bulles de Culture : Everybody Loves Touda aborde aussi des thèmes de résistance féministe. Touda peut-elle être considérée comme un modèle de revendication féministe pour le Maroc d’aujourd’hui ?

Nabil Ayouch : Certainement. Touda incarne le combat de nombreuses femmes pour l’émancipation. Elle représente une figure de résistance contre les normes patriarcales et aspire à une reconnaissance non seulement en tant qu’artiste, mais aussi en tant que femme libre. Bien que le chemin soit encore semé d’embûches au Maroc, des progrès ont été réalisés ces dernières années, notamment avec la révision du Code de la famille, la Moudawana. Le personnage de Touda montre vers quoi le Maroc pourrait tendre dans sa quête d’égalité.

Par A. Corte pour Bulles de Culture le 20/12/2024.

Nabil Ayouch

664 mots, temps de lecture 4 minutes.

Dernière modification il y a 7 jours.

État

Publier

Lien

Auteur/autrice

Commentaires

Révisions

3

Rechercher des catégoriesArchivesArchives filmsArchives programmesArchives réalisateursRéalisateursAilleursCinédébatDossiersA propos de…Anomalisa et le stop motionAu delà des MontagnesCitizenfourMasaanPeur de RienConférences1-L’image2-Le son3-Resnais_14-Resnais_25-L’adaptationFrançois_GrospironEvènementsFilms10ème film du programme1er film du programme2ème film du programme3ème film du programme4ème film du programme5ème film du programme6ème film du programme7ème film du programme8ème film du programme9ème film du programmeProchain programmeProgrammationUncategorized

Ajouter une étiquette

Séparez avec une virgule ou avec la touche entrée.

  • Article
Ce contenu a été posté dans Archives réalisateurs, Réalisateurs. Mettre en favori.

Laisser un commentaire