EEPHUS, LE DERNIER TOUR DE PISTE
De Carson Lund – Etats-Unis, France – 1h38 – VOST
Avec Keith William Richards, Cliff Blake, Ray Hryb…
«Eephus»? Les spécialistes du base-ball vous expliqueront que c’est un type de lancer extrêmement lent dont l’efficacité tient d’abord à l’effet surprise qu’il provoque chez l’adversaire. Cela donne un indice sur le style du film lui-même : nonchalant, original, surpre-nant. Eephus chronique le match de deux équipes de base-ball amateur, qui se rencontrent pour la dernière fois, le terrain de leur petit bled de Nouvelle Angleterre bientôt remplacé par une école. Ces américains moyens liés par l’habitude de jouer ensemble, arpentent leur stade aux couleurs automnales, éclusent des bières, se chambrent… La nuit va bientôt tomber, personne n’a envie que ça se termine. Sous ces airs de ne pas y toucher et son humour pince-sans-rire, Eephus raconte brillamment comment certains morceaux d’histoire dis- paraissent, sans tambour ni trompette. Une ode superbe à la nostalgie et au temps qui passe.
LES FEUX SAUVAGES
De Jia Zhang-ke – Chine – 1H51 – VOST
Avec Zhao Tao.
C’est l’histoire d’une femme qui s’en va rejoindre l’homme qu’elle aime, qui est parti dans une autre région de Chine sans plus donner signe de vie. C’est l’histoire de la Chine et de l’évolution de sa société, du début des années 2000 à la crise du COVID. 25 ans d’histoire, 25 ans de rushs.
C’est une histoire dans laquelle on s’enfonce comme dans un rêve, celui auquel on ne comprend tout d’abord rien avant d’en décoder le sens profond. Une histoire de solitudes, où l’on regarde les machines avec un œil tendre, car elles font plus attention à nous que d’autres êtres humains, une histoire qui parle de la Chine et des changements qui s’opèrent dans la société, une histoire de cinéma.
JULIE SE TAIT
De Leonardo Van Dijl – Belgique/Suède – 1h37 – VOST
Avec Koen De Bouw, Ruth Becquart, Claire Bodson.
Julie, une star montante du tennis évoluant dans un club prestigieux, consacre toute sa vie à son sport. Lorsque l’entraîneur, qui pourrait la propulser vers les sommets, est suspendu après le suicide d’une sportive du club et qu’une enquête est ouverte, tous les joueurs du club sont encouragés à partager leur histoire. Le club enquête, cherchant à protéger les autres membres et surtout Julie qui garde le silence sur la nature de sa relation avec son entraîneur. Ce film est une oeuvre en forme de quasi thriller psychologique, causant à priori de la libération de la parole dans le milieu sportif. Dans le plus grand des silences. Pas celui induit par l’omerta, les pressions ou encore les intérêts sportifs. Mais celui subi par une jeune femme conciliant famille, études et sport mené à haut niveau. Le film arrive à montrer comment le harcèlement insidieux s’instaure de manière étouf-ante dans le quotidien de Julie.
MEMOIRES D’UN ESCARGOT
D’Adam Eliott – Australie – 2025 – 1h34 – VOST
Festival d’Annecy : Grand Prix Cristal du long métrage.
Ce film d’animation raconte la vie de Grace Pudel, séparée de son jumeau à la mort de son père. Lui se retrouve dans une famille de bigots, elle chez un couple qui la laisse seule le soir pour aller faire la fête.
Mais Grace va se lier d’amitié avec une octogénaire excentrique qui va lui faire aimer la vie.
Pas du tout pour les enfants, cette tragicomédie dickensienne hantée par la mort trouve la beauté dans l’étrangeté. Un conte d’apprentissage poignant, aussi doux que lugubre, qui cache une colère sourde envers le monde.
MON GÂTEAU PRÉFÉRÉ
De Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha – Iran
1h 37 – VOSTF
Avec Lily Farhadpour, Esmail Mehrabi, Mansoore Ilkhani, Soraya Orang…
Pour Mahin, 70 ans au compteur, dans son Iran natal où les femmes sont devenues doucement mais sûrement des citoyennes de seconde zone, suivre des règles qu’elle considère de plus en plus stupides et infondées commence à devenir insupportable. Il devient nécessaire pour elle et son bien-être de faire ce pas de côté qu’elle juge salutaire. Mais même si ce pas est petit, il n’est pas évident à franchir ! C’est l’histoire d’une femme qui vit seule et tente d’être indépendante dans une société traditionnelle. Mais c’est également une histoire sur la manière de saisir et de provoquer ce moment où tout peut changer et illuminer un quotidien morose. Savoir prendre des risques dans une société emplie de risques, voilà une preuve de courage !