Derrière la mise en scène arrogante et précieuse de la réalisatrice autrichienne ne reste que son mépris pour les troubles alimentaires des héros adolescents d’un film vainement provocant. Une caricature du cinéma d’auteur européen sous (mauvaise) influence de Michael Haneke.
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19 – “La passion de Dodin-Bouffant”, de Tran Anh Hung
Chatoyant produit destiné à l’export – sous le titre international The Pot-au-feu, ça frétille du patrimoine –, cet ode à la gastronomie mijote, à feu très doux (2h14) et en lumières chaudes, une conception de l’art de vivre fin XIXe dont personne n’aurait songé à vérifier la date de péremption. Ça ouvre l’appétit, certes, mais, en termes de cinéma, on frôle l’indigestion.
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18 – “Le retour”, de Catherine Corsini
Le programme du film tourné par la réalisatrice dans sa Corse natale oscille entre ouverture de placards pleins de squelettes, choc social attendu au bord de la piscine et récit d’apprentissage sensible (racisme, rébellion et émois de tous genres). Ça fait beaucoup. Trop.
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17 – “La Chimère”, d’Alice Rohrwacher
La cinéaste italienne des Merveilles imagine un homme obsédé par l’image d’une absente, et qui met son don de médium au service d’une bande de pilleurs de tombes étrusques. Très vite, et malgré le charme de Josh O’Connor, l’expérience part, hélas, dans toutes les directions, tant par son esthétique que par sa narration – film de deuil, comédie néo-réaliste, manifeste pour la marginalité, tragédie musicale, romance en germe…
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16 – “Firebrand – le jeu de la reine”, de Karim Aïnouz
Catherine Parr, la sixième femme du roi Henri VIII, le « Barbe-Bleue » anglais, échappera-t-elle à la décapitation subie par deux de ses prédécesseuses ? Alicia Vikander et Jude Law excellent dans ce film élégant mais un peu trop propre, qui aurait davantage sa place sur la BBC qu’en compétition à Cannes.
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15 – “Perfect Days”, de Wim Wenders
En filmant les gestes immuables d’un employé modèle des toilettes publiques à Tokyo, le cinéaste allemand compose une ode à la poésie du quotidien, bien filmée, mais qui laisse un peu de marbre. Le monsieur-pipi en question, Koji Yakusho, a toutefois un charisme fou, qui mériterait le prix d’interprétation.
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14 – “Banel et Adama”, de Ramata-Toulaye Sy
Le seul premier film de la compétition mêle le conte et la tragédie dans un village du Sénégal menacé par la sécheresse. Un pari risqué qui court mille fois le péril de la joliesse et du dialogue appliqué mais le déjoue, parfois in extremis, grâce à un personnage féminin dont la grâce cache à la fois un secret dévorant et une force insoupçonnable.
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13 – “The Zone of Interest”, de Jonathan Glazer
La vie quotidienne et familiale de Rudolf Höss, commandant d’Auschwitz, à quelques mètres du camp. Ce quasi-huis clos chez les monstres travaille avec un soin maniaque l’éternelle question de la banalité du mal et de la représentation de l’horreur. La mise en scène est virtuose mais son parti pris de distance esthétique confine à la pose et dénature partiellement le sujet. Comme si le film subissait la contagion du vide qu’il dénonce.
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12 – “Monster”, de Hirokazu Kore-eda
Cinq ans après sa Palme d’or pour Une affaire de famille, le cinéaste japonais use de points de vue successifs façon Rashomon, pour raconter avec pudeur et empathie une attirance entre deux écoliers particulièrement émouvante. Dommage qu’il ait fallu tant de longues digressions pour en arriver là.
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11 – “Vers un avenir radieux”, de Nanni Moretti
Le réalisateur de Journal intime revient à l’autofiction existentielle qui a fait sa gloire avec une comédie mélancolique censée conjurer trois disparitions réelles ou redoutées : celle du communisme, celle d’un couple et celle du cinéma. Le sujet grave mais le film, souvent réjouissant.
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10 – “L’été dernier”, de Catherine Breillat
Dix ans après son dernier film, la cinéaste sulfureuse fait un retour gagnant avec le portrait complexe d’une quinquagénaire qui attire son jeune beau-fils dans ses filets. Son récit, vif et subtil, est maîtrisé de bout en bout. Et Léa Drucker, géniale, est l’une des prétendantes les plus évidentes au prix d’interprétation.
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9 – “The Old Oak”, de Ken Loach
Dans une bourgade sinistrée du Nord de l’Angleterre, le patron d’un pub (le formidable Dave Turner, principal rival de Koji Yakusho pour le prix d’interprétation masculine) se lie d’amitié avec une jeune réfugiée syrienne, en dépit de la xénophobie ambiante. Ce beau récit à fort potentiel lacrymal, semble puiser sa force dans toute l’œuvre passée du vétéran Ken Loach. Et nous prouve une fois de plus à quel point le « vieux chêne » (87 ans en juin) est encore vert.
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8 – “Asteroid City”, de Wes Anderson
Une famille endeuillée, une petite ville dans le désert du Nevada, une météorite et une troupe de théâtre newyorkaise se mêlent dans un récit gigogne proliférant. Le dandy texan recrée à sa manière chic et décalée l’Amérique à la fois triomphante et inquiète des années 1950. Et, deux ans après la déception de The French Dispatch, retrouve la grande forme.
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7 – “Jeunesse”, de Wang Bing
Fidèle à sa méthode d’immersion au long cours, le grand documentariste chinois a filmé entre 2014 et 2019 les « petites mains » qui travaillent dans les 18 000 ateliers de confection de Zhili, accumulant deux mille six cents heures ( !) de rushes. Il en tire aujourd’hui un premier film (deux autres devraient suivre), déjà très copieux mais jamais ennuyeux. Un témoignage social terrifiant mais porteur d’une énergie communicative grâce à la vitalité des jeunes ouvriers filmés avec admiration par Wang Bing.
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6 – “Les filles d’Olfa”, de Kaouther Ben Hania
Autour de l’histoire vraie d’une mère célibataire dont les deux filles aînées sont parties faire le djihad en Libye, la réalisatrice tunisienne brode un film intense, aux frontières du documentaire et de la fiction, pour interroger les violences faites aux femmes et la transmission des traumas familiaux. L’audace du film pourrait être son passeport pour le prix du Jury.
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5 – “Rapito – L’enlèvement”, de Marco Bellocchio
En 1858, les autorités pontificales enlèvent un enfant juif baptisé en douce. De ce scandale mondial, le réalisateur du Traitre tire un récit puissant, alternant humour grinçant et scènes déchirantes dans un style opératique. Un prix de la mise en scène (au minimum) ne serait pas volé.
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4 – “Les feuilles mortes”, d’Aki Kaurismäki
Pour évoquer la naissance des sentiments entre deux esseulés, le cinéaste finlandais de L’Homme sans passé déploie des trésors d’humour pince-sans rire. Un hommage au cinéma qui offre à ses spectateurs un merveilleux refuge.
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3 – “Les herbes sèches”, de Nuri Bilge Ceylan
La chronique magistrale des états d’âme d’un trio d’enseignants dans un village reculé d’Anatolie orientale. Comme pour Anatomie d’une chute (lire ci-dessous), le nouveau film tchekhovien du cinéaste turc pourrait gagner tout aussi bien le prix du scénario (le sien est d’une richesse folle), le prix de la mise en scène (somptueuse, comme toujours), ou un voire deux prix d’interprétation (pour Deniz Celiloglu et/ou Merve Dizdar)… Et pourquoi pas le Grand Prix pour synthétiser toutes ces récompenses ?
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2 – “May December”, de Todd Haynes
Sur fond de scandale passé, le réalisateur de Carol orchestre avec une maestria narrative et formelle la rencontre vertigineuse de deux femmes, dont l’une doit jouer le rôle de l’autre. Avec des interprétations démentes de Julianne Moore et de Natalie Portman – cette dernière étant la principale concurrente de Sandra Hüller (dans Anatomie d’une chute, lire ci-dessous) pour le prix d’interprétation féminine.
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1 -“Anatomie d’une chute”, de Justine Triet
Il y a là tous les éléments concourant au suspense d’une véritable intrigue policière, mais rehaussée d’une approche intime des personnages. Bataille d’ego, désir, frustration, jalousie… la réalisatrice excelle avec un scénario diabolique sur la dissolution du couple. Un projet ambitieux pour du grand cinéma. Notre Palme d’or .
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Tous les Palmarès
Films en compétition
Palme d’or : Justine Triet pour Anatomie d’une chute
Le Grand Prix : The Zone of Interest de Jonathan Glazer.
Prix de la mise en scène : Tran Anh Hung pour La Passion de Dodin-Bouffant.
Prix du jury : Les Feuilles mortes de Aki Kaurismäki.
Prix du meilleur scénario : Yuji Sakamoto, sur Monster.
Prix d’interprétation féminine : Merve Dizdar dans Les Herbes sèches.
Prix d’interprétation masculine : Koji Yakusho dans Perfect days.
Caméra d’or : L’Arbre aux papillons d’or, de Thien An Pham.
La Palme d’or du court métrage : 27 de Flóra Anna Buda.
L’Œil d’or
Les Filles d’Olfa de Kaouther Ben Hania ex-aequo avec
Kadib Abyad (La Mère de tous les mensonges) d’Asmae El Moudir
Un certain regard
Grand Prix : How to have sex, de Molly Manning Walker
Prix du Jury : Les Meutes, de Kamal Lazraq
Prix de la Mise en scène : La Mère de tous les mensonges, d’Asmae El Moudir
Prix de la Liberté : Goodbye Julia, de Mohamed Kordofani
Prix d’Ensemble : La Fleur de Buriti, de João Salaviza et Renée Nader Messora
Prix de la Nouvelle Voix : Augure, de Baloji
À lire aussi :
Queer Palm
Monster de Hirokazu Kore-eda
Semaine de la critique
Grand Prix : Tiger Stripes d’Amanda Nell Eu
Prix French Touch du Jury : Il pleut dans la maison de Paloma Sermon-Daï
Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation : Jovan Ginić dans Lost Country de Vladimir Perišić
Prix Fondation Gan à la diffusion : Pyramide Distribution, distributeur en France de Inshallah un fils d’Amjad Al Rasheed
Prix SACD : Le Ravissement d’Iris Kaltenbäck
Prix Découverte Leitz Cine + Prix Canal+ : Boléro de Nans Laborde-Jourdàa
Le Prix de la citoyenneté
Les Filles d’Olfa, de Kaouther Ben Hania
Mention spéciale à Jeunesse, de Wang Bing
Prix Afcaé
La Chimera, d’Alice Rohrwacher
Mention spéciale à Les Feuilles mortes, d’Aki Kaurismäki
Prix du cinéma positif
Les Filles d’Olfa, de Kaouther Ben Hania
Dog Palm
Snoop, le border collie dans Anatomie d’une chute