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Archives pour juin 2023
Andrea Di Stefano (Dernière Nuit à Milan)
Dernière nuit à Milan, une proposition de cinéma passionnante et excitante. Plongée noire dans la dernière nuit de service d’un policier nommé Franco Amore, confronté à de sérieux problèmes. Rencontre avec Andrea Di Stefano et Pierfrancesco Favino :
Andrea Di Stefano, vous avez commencé votre carrière de réalisateur en langue anglaise, qu’est-ce qui vous a poussé à revenir vers l’Italie pour ce troisième long métrage ?
Publié dans Archives réalisateurs
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Programmation Juin Juillet 23
L’ILE ROUGE
Du 15 au 20/06/23
De Robin Campillo – France – 1H 56
Avec Nadia Tereszkiewicz, Quim Gutiérrez, Charlie Vauselle
Bienvenue au « paradis » : Madagascar entre 1970 et 1972 sur la base militaire 181. La république malgache est indépendante depuis 1960, mais le père de Thomas, sous-officier, et ses collègues militaires sont toujours là pour imposer encore un peu la présence française dans l’océan indien. Avec ce film proustien le réalisateur de « 120 Battements par Minutes » livre une magnétique et universelle histoire d’émancipation. Et un récit initiatique des plus délicats sur la naissance d’un oeil de cinéma.
https://cinecimes.fr/robin-campillo-lile-rouge/
Du 22 au 27/06/23
DERNIERE NUIT A MILAN
De Andrea Di Stefano -Italie- 2023 – 2h05
Avec Pierfrancesco Favino, Linda Caridi, Antonio Gerardi…
Franco Amore porte parfaitement son nom. En apparence seulement. Andrea Di Stefano explore la face cachée de cet homme à deux doigts de tout perdre en une nuit – la dernière de son service de carabinier après 35 ans de bons et loyaux services où il n’a jamais fait usage de son arme – jusqu’à ce que l’on découvre les eaux bien plus troubles dans lesquelles il fraie. Ce thriller se révèle classique au meilleur sens du terme. Tendu et sans esbroufe avec un réalisateur qui laisse toute la place à un récit riche en rebondissements, à des personnages ambigus et à des acteurs majeurs dont l’immense Pierfrancesco Favino.
https://cinecimes.fr/andrea-di-stefano-derniere-nuit-a-milan/
Du 29/06 au 04/07/23
SICK OF MYSELF
De Kristoffer BORGLI, Norvège, 1h37, VOST
Avec Kristine Kujath Thorrp, Eirik Saether, Fanny Vaager.
Notre époque, dit-on, ne reconnait que ceux qui savent se faire remarquer. Alors comment exister ? Quitte à en passer par des conduites qu’on pourrait prendre pour des pathologies. À tort ou à raison ? Signe, serveuse dans un café, est en rivalité avec son petit ami, Thomas, qui pérore sur sa prochaine (petite) exposition d’art contemporain. Or une occasion se présente : une cliente du café, salement mordue par un chien, saigne dans les bras et sur la blouse de Signe, qui s’empare immédiatement de ce statut de « sauveuse ». Elle a trouvé ainsi un rôle, et raconte, encore et encore, cet épisode, jusqu’à ce que Thomas reprenne la vedette. Comment continuer à attirer l’attention ? Signe choisit d’attirer l’empathie d’un public à son égard, d’autant plus que Thomas se soucie d’abord de lui-même. Il faut que tout le monde me regarde. Se faire du mal, se défigurer, et même envoyer des phrases assassines, des humiliations à répétition, puisque pour émerger, il faut enfoncer l’autre. Le cinéaste capte « la maladie (?) » du nouveau siècle, cette obsession de soi qui dissout les êtres
Publié dans Archives programmes
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Sick of myself
SICK OF MYSELF
De Kristoffer BORGLI, Norvège, 1h37, VOST, avec Kristine Kujath Thorp, Eirik Saether, Fanny Vaager.
Notre époque, dit-on, ne reconnait que ceux qui savent se faire remarquer. Alors comment exister ? Quitte à en passer par des conduites qu’on pourrait prendre pour des pathologies. À tort ou à raison ? Signe, serveuse dans un café, est en rivalité avec son petit ami, Thomas, qui pérore sur sa prochaine (petite) exposition d’art contemporain. Or une occasion se présente : une cliente du café, salement mordue par un chien, saigne dans les bras et sur la blouse de Signe, qui s’empare immédiatement de ce statut de « sauveuse ». Elle a trouvé ainsi un rôle, et raconte, encore et encore, cet épisode, jusqu’à ce que Thomas reprenne la vedette. Comment continuer à attirer l’attention ? Signe choisit d’attirer l’empathie d’un public à son égard, d’autant plus que Thomas se soucie d’abord de lui-même. Être malade, bon sang mais c’est bien sûr ! Voilà ce qui peut attirer l’attention et l’empathie d’un public, comment se rendre visible…
Elle se prénomme Signe, et rêve d’imposer sa signature. Elle cherche à exister par n’importe quel moyen, à briller, à se construire un récit. Elle en vient à faire semblant de s’étouffer dans un dîner branché donné en l’honneur de son compagnon, qui n’a même pas pris la peine de la présenter.
Cette pépite norvégienne sort, enfin, sur les écrans, un an après sa présentation à Un certain regard, au Festival de Cannes 2022. Sick of Myself à traduire par « malade de moi-même », comme un empoisonnement égotique est un film violemment contemporain d’une société narcissique. Kristoffer Borgli ouvre ce jeu de massacre par une scène de restaurant qui n’est pas sans rappeler celle de « Sans filtre » : un combat d’ego autour d’une bouteille de vin hors de prix et d’un gâteau commandés par son petit ami Thomas pour l’anniversaire de Signe, qui ne cesse de répéter, comme un souhait, « tout le monde me regarde ». Et pour émerger, il lui faut aussi enfoncer l’autre de phrases assassines, d’humiliations à répétition.
De Bergman à Thomas Vinterberg, l’école scandinave a décidément l’art de faire du couple un précipité de toutes les bassesses. Mais c’est surtout le personnage de Signe qui s’impose comme une figure féminine neuve, assumée comme antipathique, une âme vide, cherchant jusqu’au sang des pouces levés et des likes comme dans la pire des dystopies. Sous les traits de plus en plus desquamés de cette blonde inédite à l’écran, Kristine Kujah Thorp est éblouissante de folie fade, et son jeu devient fascinant alors même que son visage disparait sous les bandages tel celui d’une momie, poupée horrifique avec lunettes roses. Plus son visage fond, plus le film prend des allures d’installation pop, ultra-acide. Kristoffer BORGLI capte la maladie du nouveau siècle, cette obsession de soi qui dissout les êtres.
Extraits de la critique de Guillemette Odicino pour Télérama.
Publié dans Archives films
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Dernière nuit à Milan
DERNIERE NUIT A MILAN.
Titre original : L’Ultima notte di Amore.
De Andrea Di Stefano – Italie – 2022 – 2h05 – VOSTF. Avec Pierfrancesco Favino, Linda Caridi, Antonio Gerardi, Francesco di Leva.
Pas question d’arriver ne serait-ce qu’une minute en retard, il ne faut à aucun prix rater le générique, formidablement efficace et jouissif : sur une musique qui commence par un souffle avant de s’épanouir en une sarabande d’inspiration évidemment moriconienne, un long plan-séquence survole MILAN de nuit, démarrant des beaux quartiers du centre, la Piazza del Duomo, pour arriver à la tentaculaire stazione di Milano Centrale, puis entrer par la fenêtre dans l’appartement surpeuplé des Amore…
Franco Amore est policier à Milan depuis un sacré bail : trente-cinq ans de bons et loyaux services ! Et le film commence la veille de son dernier jour de service. Il prépare depuis des semaines son discours de jeune retraité, dans lequel il rappelle qu’en trente-cinq ans il n’a jamais tiré sur personne alors qu’il n’a pas manqué de missions dangereuses. Un flic exemplaire ? Sa récente deuxième épouse et ses amis – sans oublier sa fille d’un premier mariage qui étudie à l’étranger mais qui est là en « visio » – lui ont organisé une fête surprise… dont on devine à son attitude qu’elle n’est pas si surprise que ça… Il sourit, il a l’air heureux mais on sent confusément qu’il y a quelque chose qui cloche. Le téléphone sonne, et là non plus il n’a pas l’air vraiment surpris. C’est son chef qui réclame sa présence sur une scène de crime, pas le choix : quasi-retraité ou pas, il doit y aller. Amore prend sa voiture, arrive sur les lieux. Parmi les victimes, un de ses proches collègues… Fin du prologue, flash-back, douze jours plus tôt…
Il serait franchement déloyal à ce stade de vous dévoiler un peu plus que cette brève mise en place sans risquer de vous gâcher le plaisir procuré par ce polar tiré au cordeau. Sachez seulement que le récit suivra dès lors pas à pas, décision après décision, rencontre après rencontre, ce que le réalisateur lui-même décrit comme la descente aux enfers de Franco Amore – le titre original est d’ailleurs plus explicite que sa traduction en français : c’est bien la dernière nuit du flic Amore qui nous est contée, au terme des douze jours qui l’ont précédée. Franco devra assumer ses choix, faire son possible pour garder son intégrité, déterminer comment arriver (ou pas) à sortir d’un tunnel apparemment sans issue.
C’est après une longue et très sérieuse enquête sur le travail quotidien (et l’usure qui va avec, motif de nombreuses retraites anticipées) de la police milanaise et les activités du milieu criminel de la métropole – en particulier sur la place prépondérante des triades chinoises – qu’Andrea Di Stefano s’est attelé à l’écriture de son scénario, habilement construit, maîtrisant parfaitement les croisements narratifs.
Outre la tension savamment distillée et qui nous tient en haleine de bout en bout, l’atout principal du film est bien sûr la performance remarquable de Pierfrancesco Favino, le plus grand acteur italien en activité, vu récemment dans Le Traître de Marco Bellochio et Nostalgia de Mario Martone. Impressionnant de présence, il compose un personnage terriblement humain, tout en nuances d’ambigüité et de fragilité, de détermination mais aussi de peur. Et grâce à la sincérité explosive de Linda Caridi,Dernière nuit à Milan est aussi un beau film d’amour. Sans le A majuscule du patronyme du héros mais bien présent dans les liens qui unissent ce couple à la vie, à la mort / à l’amore.
Publié dans Archives films
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L’île rouge
L’Ile Rouge
Un film de Robin Campillo – France – 1H 56 – 2023
Avec Nadia Tereszkiewicz, Quim Guttierrez, Charlie Vauselle, Sophie Guillemin
Bienvenue au paradis : Madagascar entre 1970 et 1972, sur la base militaire 181. La république malgache est indépendante depuis 1960 mais le père de Thomas, sous-officier, et ses collègues militaires sont toujours là, pour imposer encore un peu la présence française dans l’océan indien. Drôle de présence, joyeuse pour eux, mais déjà spectrale, le début de la fin des colonies. Un déjeuner dans le jardin entre amis : Colette, la mère, s’affaire autour de la table, planant un peu au-dessus du machisme ordinaire de son mari. Un autre jour ou plutôt un soir, ces couples que les circonstances coloniales poussent à une intimité presque forcée, danseront. A travers la vitre dépolie de la porte du salon, le petit Thomas, qui ne dort pas, ne perd pas une miette de ces silhouettes floues qui ondulent dans une couleur ocre. On pourrait ainsi décrire chaque scène, tenter d’en reproduire la matière romanesque, la teinte si précise de nostalgie, car « L’Ile Rouge » n’avance pas à la manière d’une narration classique : le film procède par écho, par analogie sensorielle. Robin Campillo use de la mise en scène comme d’un filtre magique : il trouve la texture exacte du souvenir, ses particules, sa vibration. Et le moindre petit gravier sous le talon des femmes bien habillées qui entrent dans le mess des officiers devient une image absolue de cinéma. La violence coloniale ou masculiniste est partout, derrière chaque paysage de rêve. Même s’il ne la comprend pas, le petit Thomas l’enregistre, à la manière d’un sismographe. Dans le rôle de la mère Nadia Tereszkiewiczest littéralement fascinante : mère au foyer en tee-shirt éponge des années 70, présente mais déjà loin, regard azur qui semble tout comprendre de la bêtise des hommes.
Avec ce film proustien, le réalisateur de « 120 Battements par Minute » livre une magnétique et universelle histoire d’émancipation. Un récit initiatique des plus délicats sur la naissance d’un œil de cinéma, le sien bien sûr… « le film est largement autobiographique » confie le réalisateur Robin Campillo.
Lire aussi : https://cinecimes.fr/robin-campillo-lile-rouge/
Publié dans Archives films
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Robin Campillo (L’Ile Rouge)
16 août 1962 Naissance à Mohammédia (Maroc).
1983 Entrée à l’Idhec.
2004 Les Revenants, premier film.
2013 Eastern Boys.
2017 120 Battements par minute.
Avec 120 Battements par minute, il avait
exprimé son engagement dans la lutte
contre le sida. Le cinéaste revient, avec L’Île
rouge, sur son enfance à Madagascar,
marquée par le colonialisme.
Comme 120 Battements…, L’Île rouge a beaucoup à voir avec la vie
de son auteur. Au début des années 1970, Robin Campillo a habité,
enfant, dans la base aérienne 181 d’Ivato, à Madagascar, où son père
était sous-officier. La République malgache était indépendante
depuis 1960, mais de nombreux soldats étaient restés sur place pour
garantir la présence de l’ancienne métropole dans cette position
stratégique de l’océan Indien. Jusqu’à ce que, en 1972, la jeunesse
malagasy, ulcérée par le soutien du président Tsiranana aux intérêts
français, ne contraigne ce dernier à la démission, et ses protecteurs
tricolores à quitter le pays… À travers le regard de Thomas, un petit
garçon de 8 ans, et une mise en scène somptueuse dans les décors
naturels de Madagascar, Robin Campillo donne chair à ses souvenirs
d’enfance. Et propose une chronique aussi sensible que politique.
Thomas, c’est vous? (suite…)
Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs
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