Archives pour janvier 2014

Programmation janvier et février 2014

THE LUNCHBOX – TWENTY FEET FROM STARDOM – PHILOMENA – TEL PERE, TEL FILS – 2 AUTOMNES 3 HIVERS – A TOUCH OF SIN

Les horaires des séances sont à consulter en salle ou sur le site Ciné Mont Blanc

Du 23 au 28 janvierThe lunchbox
THE LUNCHBOX
De Ritesh Batra – Inde 2013 – 1h42 – VOST
Avec Irrfan Khan, Nimrat Kaur, Nawazuddin Siddiqui…
Ila, une jeune femme délaissée par son mari, se met en quatre pour tenter de le reconquérir en lui préparant un savoureux déjeuner. Elle confie ensuite sa lunchbox au gigantesque service de livraison qui dessert toutes les entreprises de Bombay. Le soir, Ila attend de son mari des compliments qui ne viennent pas. En réalité, la Lunchbox a été remise accidentellement à Saajan, un homme solitaire, proche de la retraite. Comprenant qu’une erreur de livraison s’est produite, Ila glisse alors dans la lunchbox un petit mot, dans l’espoir de percer le mystère.

Du 30 janvier au 4 février
Twenty feet from stardomTWENTY FEET FROM STARDOM
de Morgan Neville – USA 2013 – 1h29 – Documentaire – VOST
Avec Stevvi Alexander, Sheryl Crow, Lou Adler…
Nous sommes des millions à connaître leurs voix, mais personne ne connaît leurs noms. Twenty Feet from Stardom raconte l’histoire secrète des choristes qui se cachent derrière les plus grands hits de la musique populaire. C’est une célébration de ces voix de l’ombre, de ces performances d’exception qui, au-delà de la lumière des projecteurs, du fond de la scène, apportent tellement à ces chansons que nous connaissons tous. Le film suit une demi-douzaine de ces chanteurs de talent à travers l’histoire de la musique. Chacun a sa propre expérience à partager, en marge de la gloire et des stars mondiales. Ils représentent des styles musicaux variés, illustrent des époques différentes, mais tous font partie de la grande famille des voix qui nous font vibrer. Leur tour est venu d’entrer dans la lumière…

Du 6 au 11 février
PhilomenaPHILOMENA
De Stephen Frears – Grande-Bretagne 2013 – 1h38 – VOST
Avec Judi Dench, Steve Coogan, Mare Winningham, Sophie Kennedy-Clark…
Philomena Lee (Judi Dench) vit depuis cinquante ans avec le souvenir d’un enfant qu’elle a eu à l’adolescence dans le couvent où elle avait été placée dans l’Irlande catholique des années 1950. A l’âge de trois ans, l’enfant lui est retiré pour être adopté par des Américains. Cette épreuve terrible, Philomena l’a longtemps tue, par honte, par culpabilité. Son fils, jamais revu, aurait aujourd’hui 50 ans. Cet anniversaire déclenche chez elle le désir d’en savoir plus. Un journaliste (Martin Sixsmith) va l’aider dans sa quête et la persuade de partir aux Etats-Unis sur les traces de son fils. C’est un curieux attelage que forment Philomena et Martin, ils n’ont rien en commun, ni l’âge ni la culture. Cette histoire tirée de faits réels serait hallucinante de tristesse et de méchanceté si Frears n’instillait pas d’humour dans sa réalisation. Sa malice illumine le film. Si l’espoir des retrouvailles avec le fils maintient le suspense, c’est la complicité inattendue, teintée de sollicitude, entre les duettistes qui séduit par sa justesse et sa finesse. BAFTA Awards / Orange British Academy Film Awards 2014.

Du 13 au 18 février
imageTEL PERE, TEL FILS
De Hirozaku Kore-eda – Japon 2013 – 2h – VOST
Avec Masaharu Fukuyama, Machiko Ono, Lily Franky…
Ryoata , architecte obsédé par la réussite professionnelle forme avec sa femme et leur fils de 6 ans une famille « idéale ». Tout vole en éclat lorsqu’il apprend que 2 bébés ont été échangés à la naissance…. Le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien, qui lui a grandi dans un milieu modeste. On reconnait bien sûr l’histoire de « La vie est un long fleuve tranquille… ». Mais traitée sur le chemin plus escarpé du mélodrame intime… Hirozaku Koreeda est un cinéaste de l’enfance, toujours habile à montrer l’incompréhension douloureuse sur leur visage. Il pose des questions fondamentales: doit-on échanger son enfant au nom des liens du sang ? Que représentent nos « attaches » génétiques au regard des liens du temps ? Par petites touches fluides et ouatées, parfois humoristiques, le réalisateur observe l’armure d’un homme transpercée par des sentiments inattendus. La naissance de ce père est bouleversante. Prix du Jury, Festival de Cannes 2013

Du 20 au 25 février
2 automnse 3 hivers2 AUTOMNES, 3 HIVERS
De Sébastien Betbeder – France 2013 – 1h31
Avec Vincent Macaigne, Maud Wyler, Audrey Bastien, Bastien Bouillon…
A 33 ans, Arman a décidé de changer de vie en courant en quand il se cogne à Amélie. C’est le début de leur histoire d’amour qu’il nous raconte les yeux dans les yeux lors d’un long monologue. Très vite, il est question de maladie, d’hôpital et de mort avec des ressorts comiques qui évitent le pathos. « Cette histoire de trentenaires amoureux raconte notre époque, la fragilité des corps, l’incertitude des esprits, la précarité de la vie, la nécessité de rencontrer l’âme sœur ». Vincent Macaigne est irrésistible en amant lunaire et mélancolique. Ce film parfaitement maîtrisé, s’avère successivement drôle et poignant et révèle un réalisateur à suivre.

Du 27 février au 4 mars
A touch of sinA TOUCH OF SIN
De Jia Zhang-ke – Chine 2013 – 2h09 – VOST
Avec Jiang Wu, Zhao Tao…
Dans la Chine convertie au libéralisme sauvage et à ses inégalités, des citoyens ordinaires, victimes de l’exploitation, de l’intolérance, de la misère, retournent brutalement contre leurs bourreaux, ou contre eux-mêmes, la violence extrême, devenue banale, qu’ils ont subie. Le réalisateur a longuement enquêté sur ces faits divers criminels avant de concevoir son film qui enchaîne quatre histoires dans quatre régions différentes. Le rouge jaillit à chaque plan, le rouge des robes, celui des feux d’artifice qui illuminent la nuit, et bien sûr le rouge du sang. Le film est un hommage vibrant aux humiliés et offensés du monde entier, et à l’art qui sauve.

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Le Médecin de famille

La petite fille et les fantômes du nazisme

Une scène du film argentin de Lucia Puenzo, "Le Médecin de famille" ("Wakolda").

 Adaptant son quatrième roman intitulé Wakolda, du nom d’une figure légendaire de Patagonie, la romancière et réalisatrice Lucia Puenzo revient sur un pan dérangeant de l’histoire contemporaine de son pays. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Argentine fut, de sinistre mémoire et avec la bénédiction du président Peron, une terre d’accueil pour les hauts fonctionnaires du IIIe Reich. Ils y trouvèrent des soutiens qui permirent à la plupart d’entre eux d’échapper à la justice internationale. Encore constellée ici et là de communautés allemandes, l’Argentine avait tous les atouts pour attirer les anciens bourreaux qui vivaient en toute impunité sur le territoire, parfois sous leur véritable identité.

Le monstre, l’ange et la poupée de porcelaine

Parmi eux, le médecin nazi Josef Mengele à qui Lucia Puenzo consacre ce récit fictif perturbant. Praticien d’expériences pseudo-médicales dans les camps d’extermination nazis, Mengele prend la fuite, direction Buenos Aires où Adolf Eichman, l’artisan de la solution finale, est arrêté en 1960 par le Mossad, les forces de sécurité israéliennes.

Lucia Puenzo imagine, à cette même époque, la rencontre du médecin allemand avec une famille d’Argentins qui le guide sur les routes de Patagonie pour rejoindre Bariloche, le refuge patagonien des nazis. Helmut Gabor – ainsi qu’il se présente à ces voyageurs –, témoigne un intérêt tout particulier à Lilith, une pré-adolescente de douze ans qui en paraît neuf. Il se rapproche également de sa mère, Eva qui attend des jumeaux. Eduquée dans une école germanique, elle lui accorde toute sa confiance. Ce n’est guère le cas de son mari Enzo qui voit d’un mauvais œil l’emprise, de plus en plus forte, exercée par cet étranger sur sa compagne. Le bon docteur s’installe dans l’hôtel dont Eva a hérité et la convainc d’administrer à sa fille des hormones de croissance pour être conforme à un certain idéal de perfection qu’il poursuit.

« Mengele est un archétype »

UNE ATMOSPHÈRE DE FILM FANTASTIQUE

Œuvre cathartique, doublée d’un conte glaçant sur le Mal et la séduction qu’il exerce, Le Médecin de famille distille, dès les premiers plans, un malaise. C’est le regard de prédateur que Mengele, pose sur la petite Lilith, rat de laboratoire et lolita avec laquelle se noue une relation ambiguë. Lucia Puenzo égrène différents indices qui ramènent aux atroces activités, présentes et passées, du médecin.Son carnet de croquis et de notes témoigne de ses desseins malsains. Obsédé par la pureté et les justes proportions, Mengele poursuit, avec Lilith et sa mère, ses expériences en vue de créer une race supérieure. Il encourage par ailleurs le père, fabricant de poupées, à passer à une production industrielle, et le spectacle de ces corps désarticulés et entassés rappelle de manière explicite l’extermination en masse des Juifs.

Au sein d’une chronique, racontée sur un mode classique et magnifiée par de superbes paysages, joliment cadrés, Lucia Puenzo installe une atmosphère de film fantastique. C’est particulièrement flagrant lorsqu’elle filme la maison, sise à proximité de l’hôtel familial. Bâtisse mystérieuse, baignée par les ombres, elle renferme d’inquiétants dignitaires nazis en cavale, le visage recouvert de bandages. Ce sont ces spectres que traquent la cinéaste, tout au long d’un film d’horreur qui ne dit pas son nom, tout comme Josef Mengele, monstre au charisme trouble. Cette période accablante de l’histoire argentine, encore taboue, inspire à Lucia Puenzo un film en forme d’exorcisme où les fantômes sont bien vivaces, comme la mémoire.

Le Monde.fr |  | Par Sandrine Marques

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