JEUNESSE EN SURSIS
De Kateryna Gornostai
Ukraine/ 2H02/ VOST
Titre original Stop-Zemlia (jeu enfantin ukrainien)
Ours d’argent à Berlin
Pour son premier long métrage, la jeune réalisatrice ukrainienne Kateryna Gornostai livre une chronique lycéenne remarquable de sensibilité, un portrait de groupe dominé par les doutes et les interrogations d’où émerge un trio d’amis inséparables, et en particulier Masha, jeune femme amoureuse et un peu perdue,
Kateryna Gornostai a tenu à impliquer ses jeunes comédiens, issus d’un vaste casting sauvage, dans la construction de leurs personnages. En résulte un sentiment de vérité qui, par contraste, confère beaucoup de force à leurs faiblesses.
Le sentiment amoureux, l’amitié, l’avenir, les parents, la culpabilité, la solitude, l’anxiété, autant de sujets abordés face caméra, petites parenthèses dans le récit où la réalisatrice pose à ses personnages (et/ou à leurs interprètes) des questions intimes. Ces séquences improvisées tirent le film vers le documentaire, augmentant le récit d’une épaisseur sociologique.
Bien que tourné avant l’invasion du pays par les troupes russes, il est difficile de ne pas penser à la guerre comme terrifiant hors champ qui attend ces personnages, de ne pas penser à ces actrices et acteurs en herbe dont l’avenir s’est brusquement obscurci, renvoyant le cinéma loin de leurs préoccupations.
Jeunesse en sursis est le dernier film ukrainien à avoir conquis les salles de son pays avant l’invasion russe.
Ce beau portrait de groupe est d’autant plus touchant qu’il se tient en équilibre dans un monde aujourd’hui ravagé.
Une plongée juste et sensible dans un quotidien « en sursis ».