Lola Quivoron ( Rodeo )

Lola Quivoron, réalisatrice de « Rodeo », répond à la polémique

 

À l’issue de la projection du film au Festival de Cannes, des propos de la cinéaste pointant du doigt la responsabilité de la police dans des accidents liés aux rodéos urbains avaient suscité des débats.

Lola Quivoron prend la parole. La réalisatrice est revenue dans les colonnes du quotidien Le Parisien sur la polémique qui a entouré le long-métrage lors de sa projection lors de la 75e édition du Festival de Cannes.

“Je suis réalisatrice de films, souffle-t-elle. Je ne suis ni journaliste d’investigation ni chroniqueuse ni une personnalité politique. Je ne suis pas habituée à l’exposition médiatique. Ce que m’apprend la polémique provoquée au Festival de Cannes par mon premier long-métrage, Rodeo, c’est que chaque parole prise dans le cadre médiatique engage une responsabilité indéniable.”

À l’issue de la présentation du film, au mois de mai dernier, la Francilienne de 33 ans s’était retrouvée au milieu d’une controverse, notamment à cause d’une interview donnée à Konbini dans laquelle elle semblait pointer du doigt la responsabilité des forces de l’ordre dans les accidents liés aux “rodéos urbains”, terme désignant les figures et comportements illégaux à deux-roues. Des élus locaux, mais aussi des syndicats de policiers s’étaient alors insurgés.

Une phrase “tronçonnée”

La cinéaste explique que ses propos ont été tronqués. “Ma phrase ‘Les accidents sont souvent causés par les flics qui prennent en chasse et qui poussent les riders vers la mort’, volontairement érigée en slogan, a été totalement tronçonnée, saucissonnée et recomposée”, soutient-elle. Lola Quivoron ajoute: “Je n’incrimine pas la police, je fais seulement un constat simple. Oui, il y a des accidents, et je ne fais pas de généralités en les imputant exclusivement à la police. Je sais seulement que lors de ces fameux ‘rodéos urbains’ dont tout le monde parle, des riders ont été blessés ou ont trouvé la mort en étant poursuivi par la police.”

Son film, lui, dresse le récit d’une bande de motards dans les marges et s’ancre, selon l’AFP, dans ce qu’on appelle la “bike life” et la “ride”, des termes “qui recouvrent une jeunesse adepte d’une conduite à moto acrobatique dans des espaces détournés en mode pirate”.

Organiser une table ronde

D’après la réalisatrice, qui appelle ”à la pacification des débats” dans Le Parisien, les bavures policières ne sont pas le sujet de son film. “On a très vite associé mon film aux rodéos urbains, aux rodéos sauvages, des termes qui qualifient une pratique marginale, dangereuse, qui a lieu sur la voie publique, au milieu des voitures et des piétons, poursuit-elle. Or je ne mets en scène aucun rodéo urbain. On ne voit pas de riders rouler en ville dans mon film, pas non plus de course-poursuite avec la police qui n’apparaît jamais.”

Elle trouve que la méconnaissance autour de cet univers “génère beaucoup d’a priori, de la peur et du rejet”. “Intéressons-nous à ces jeunes riders et au sens de leur passion, exhorte-t-elle. Si le sujet éveille tant de réactions, cela serait intéressant, pour approfondir le débat, d’organiser un état des lieux ou une table ronde où seraient conviés des acteurs engagés dans le mouvement du cross bitume, des policiers, des maires, des éducateurs et éducatrices spécialisés, des associations, des politiques.”

Présenté dans le cadre de la sélection Un certain regard, Rodeo a marqué la Croisette. Il est reparti avec le “coup de cœur du jury” de ladite section dérivée de la compétition officielle du Festival de Cannes.

Par le Huffpost.

Ce contenu a été posté dans Archives réalisateurs, Réalisateurs. Mettre en favori.

Comments are closed.