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When the lights break

WHEN THE LIGHT BREAKS

Film de Runar Runarsson – Islande, Pays-Bas, Croatie, France – 1h22 – VOST
Avec Elin Hall, Mikael Kaaber, Katia Njalsdottir…

D’un coucher de soleil à l’autre, When the Light Breaks conjugue la lumière et le temps pour raconter l’amour, le deuil, l’amitié en une heure vingt deux. Son accomplissement tient à des touches précises, des ellipses fines, un équilibre tenu entre l’épure et l’émotion, cette dentelle dessinant un mélo à bas bruit. C’est qu’ Una, étudiante aux beaux arts d’une vingtaine d’années, doit taire la profondeur de son chagrin : Diddi, qui vient de périr dans un tragique accident, était officiellement le petit ami d’une autre. La veille encore, face à la mer, le jeune homme s’engageait à rompre avec cette Klara et voilà qu’il est mort, et que Klara débarque à Reykjavik, et qu’Una fait semblant de pleurer un simple copain.
Cinq ans après Echo,où il scannait la société islandaise à travers des plans fixes et une cinquantaine de micro-nouvelles plus ou moins grinçantes, le cinéaste Runar Runarsson signe un récit d’apprentissage à l’os, vingt-quatre heures de la vie d’une fille foudroyée en plein bonheur. L’auteur de Sparrows (2015) y met d’avantage de cœur mais conserve le sens des détails parlants, et même des petits riens criants – une paire de chaussures laissée chez l’amoureux, une brosse à dents qu’on partageait hier et qu’on ose plus saisir aujourd’hui…
Alors que toute l’Islande se recueille après la catastrophe, la bande de potes, elle, serre les rangs autour de Klara, la « veuve » , tandis qu’ Una hérite d’un second rôle un peu hors d’âge, celui de l’ « autre femme » . Or elle reste l’héroïne du film, qui fixe intensément sa gravité aux yeux rougis, sa discrétion forcée, et guette ce que l’épreuve va révéler de son âme- spoiler : ce sera beau. Son interprète, Elin Hall, coupe garçonne et look androgyne, lui prête une féminité sans chichis, tranchante. Dans son refus de rouler des mécaniques, When the Light Breaks laisse affleurer une poignée de scènes marquantes, comme cette danse, presque transe, finissant en empilement de corps solidaires, ou sa conclusion, inattendue et d’une tendresse folle.

Critique de Marie Sauvion– Télérama .

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