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Programmation avril mai 2018

26 avril au 2 mai

ABRACADABRA
De Pablo Berger – Espagne – 2017 – 1h33 – VOST
Avec Maribel Verdú, Antonio de la Torre, José Mota

L’auteur réalisateur à qui nous devons l’étonnant « Biancanieves »,nous entraîne ici dans la folle histoire de Carmen, mariée à un affreux macho, conducteur de grue, amateur de foot. Durant un spectacle donné au cours d’un mariage, ce dernier hypnotisé par un spirite amateur, change de comportement. Désormais aucunes des tâches ménagères ne le rebutent, vaisselle, aspirateur…Cherchant à élucider ce phénomène, l’épouse découvre un homme à double visage, tendre, certes, mais avec quelques tendances meurtrières.
Sous prétexte d’une comédie hypnotique, exubérante, Pablo Berger
parle du couple. Conjugalité, paradis ou enfer? Carmen croit en l’amour,
pourtant confrontée depuis toujours à la violence masculine ambiante.
Ce film original, drôle, émouvant aussi, d’actualité semble-t-il, a
été plusieurs fois nommé aux Goy

Séance unique le 25 avril

L’ORDRE DES CHOSES (séance unique le 25 avril)
De Andrea Segre – Drame – Italie – France – Tunisie – 2018 – 1h
55 – VOST
Avec Paolo Pierobon, Giuseppe Battiston …
Un remarquable film politique sur la question des migrants. Il montre le dilemme entre devoir et conscience auquel sera confronté unpolicier chargé par le gouvernement italien de négocier le maintiendes migrants sur le sol africain. Un policier que rien ne devrait fairedévier de sa tâche jusqu’à ce qu’il ressente de l’empathie pour unejeune Somalienne et prenne conscience que ces hommes et femmesqui fuient leur pays ne forment pas un tout indifférencié mais une
multitude de destins individuels forcément poignants

 

2 mai au 8 mai

MADAME HYDE
De Serge BOZON – France – 1h35.
Avec Isabelle Huppert, Romain Duris, Adda Senani, José Garcia,
Guillaume Verdier.
Madame Géquil est professeure de sciences physiques dans une classe technologique en banlieue. Mais, petite créature criarde et fébrile, elle n’a pas la moindre autorité face à ses élèves et elle est l’objet de leur raillerie. Mais un évènement inattendu nous conduit à une version toute nouvelle de L’étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde de Robert Louis Stevenson. Et la fable s’avère très drôle
dans sa manière de reprendre bon nombre d’archétypes sur l’école
pour mieux les pervertir. Chaque personnage détonne, en particulier le proviseur et  l’enseignante  à l agonie , livrant héroïquement  va-telle
enfin pouvoir transmettre son savoir ?

10 mai au 15 mai

NUL HOMME N’EST UNE ÎLE
De Dominique Marchais – Documentaire – France – 2017 – 1H36 – VOST
« Nul homme n’est une île » est un film documentaire : c’est un film – voyage en Europe, de la Méditerranée aux Alpes : on y  découvre des hommes et des femmes qui travaillent à faire vivre
localement l’esprit de la démocratie et à produire le paysage du bon gouvernement, à contrecourant des modèles économiques dominants (libre concurrence et course au profit). Des agriculteurs de la coopérative les Galline Felici (les poules heureuses) à Catane
en Sicile, aux architectes, artisans et élus des Alpes du Tessin en Suisse et du Vorarlberg en Autriche : tous font de la politique  à partir de leur travail et se pensent un destin commun. Le local serait il le dernier territoire  de l utopie?

17 mai au 22 mai

THE RIDER
De Chloé Zhao – Etats Unis – 2018 – 1h44 – VOST
Avec : Brady, Tim et Lily Jandreau, Lane Scott
Le jeune cowboy Brady, étoile montante du rodéo, apprend qu’après son tragique accident de cheval, les compétitions lui sont désormais interdites. De retour chez lui, Brady doit trouver un enouvelle raison de vivre, à présent qu’il ne peut plus s’adonner à
l’équitation et à la compétition qui donnaient tout son sens à sa vie. Dans ses efforts pour reprendre en main son destin, Brady se lance à la recherche d’une nouvelle identité et tente de définir ce
qu’implique être un homme au cœur de l’Amérique.
Tous les acteurs, non professionnels, campent des personnages fidèles à ce qu’ils sont dans la vraie vie. Chloé Zhao aborde des questions aussi cruciales que l’assimilation, la relation homme animal,
la nature et la culture.
2 Prix et 8 Nominations.

Le 16 mai séance unique

HUMAN FLOW (séance unique le 16 mai)
De AI WEIWEI – Documentaire allemand – 2h20 – VOST
Plus de 65 millions de personnes ont été contraintes ces dernières années de quitter leur pays d’origine à cause de la guerre ou de lafamine. Ai Weiwei, l’artiste dissident chinois a parcouru 23 pays sur les traces des migrants en filmant leur quotidien d’humains
maltraités. Ce documentaire rappelle que tout être humain a le droit de migrer et d’être accueilli mais que ce droit fondamental est bafoué

 

 

24 mai au 29 mai

VENT DU NORD
De Walid MATTAR – France – 1h29.
Avec Philippe Rebbot, Mohamed Amine Hamzaoui, Kacey Mottet
Klein, Corinne Masiero.
La galère et les rêves d’un ouvrier touché comme ses pairs par la délocalisation de leur entreprise. Oui, on peut rire avec le chômage !
Voilà une comédie sociale qui aborde avec humour, malgré la gravité du sujet, comment un personnage profite de ses indemnités de licenciement pour vivre de sa passion, la pêche. Mais rien ne se passe comme prévu. Et, dans la banlieue de Tunis, là où l’usine
a été délocalisée, un jeune ouvrier est obligé d’accepter des conditions de travail humiliantes sur la chaîne où a sué toute sa vie son aîné français. Une description lucide des souffrances sociales de notre époque racontée sur un ton léger.

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Madame Hyde

MADAME HYDE

De Serge BOZON – France – 2018 – 1h35 

Avec Isabelle Huppert, Romain Duris, Adda Senani, José Garcia, Guillaume Verdier

Madame Géquil (Isabelle Huppert) est professeure de sciences physiques dans une classe de technologique en banlieue. Mais elle est timide et devient la risée de ses élèves, car elle n’a pas la moindre autorité, et elle est donc incapable de faire cours. Elle est même objet d’apitoiement auprès de ses collègues. Elle est pourtant sensible au sort d’un de ses élèves qui est handicapé. Cela n’empêche pas celui-ci de se montrer insolent et antipathique.

Or voilà qu’un jour survient un évènement inattendu qui transforme la petite créature criarde et fébrile, à l’agonie, qu’elle était, en surfemme luminescente.  Dans cette nouvelle version de « L’étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde » de Robert Louis Stevenson, la métamorphose en Madame Hyde s’avère positive. Situation farfelue, fantasque et très drôle dans sa manière de reprendre bon nombre d’archétypes sur l’école pour mieux les pervertir. Chaque personnage détonne : les deux déléguées de classe, sortes de sœurs siamoises anormalement intelligentes, ou les moutons noirs qui scandent un rap étrange venu d’ailleurs. Ou encore, le proviseur de l’école (Romain Duris, impayable), cheveux sur le côté et tenues cintrées bleu ou vert canard : à la fois caricature du manager et histrion fêlé.

Et alors le film glisse vers l’apprentissage. La transmission du savoir devient fluide et gracieuse.

Cette fable décapante, riche de déraillements, doit beaucoup au jeu subtile d’Isabelle Huppert. (D’après Jacques Morice, Télérama)

Les Inrockuptibles, Jean-Baptiste Morain : S’il est bien quelque chose qu’on ne peut dénier au cinéma de Serge Bozon, (…) c’est son originalité, et même son originalité humoristique (…) rien ni personne n’est banal, convenu, “cliché” dans Madame Hyde. Et pourtant tout est vraisemblable.

Cahiers du Cinéma, Florence Maillard : Fable sur la transmission, vision politique de l’école, le film se charge, non sans à-propos, de mystère, de violence, d’inquiétude.

L’Humanité, Emile Breton : une œuvre qui sait révéler sa richesse, sans esbroufe. Le filmage est frontal : un décor typé, de la salle de cours froide au noir profond d’un bosquet, antichambre pour le mystère au pied d’une banale cité, des personnages comme pris sur le vif. On est dans le quotidien. Et dans l’indicible

La Croix, Céline Rouden : Quel professeur n’a pas rêvé de disposer de superpouvoirs pour transformer l’hostilité ou l’indifférence de ses élèves en intérêt ? C’est tout le charme de ce film aux effets spéciaux bricolés et dans lequel Isabelle Huppert est utilisée à contre-emploi dans le rôle de cette femme timide et peu sûre d’elle. 

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Vent du Nord

Vent du Nord

De Walid MATTAR – France – 2018 – 1h29 

Avec Philippe Rebbot, Mohamed Amine Hamzaoui, Kacet Mottet Klein, Corinne Masiero

Dans une petite ville du Nord de la France, Hervé qui, à 50 ans, a toujours travaillé dans la même usine pour un modeste salaire, apprend qu’elle va être délocalisée en Tunisie. S’il participe au mouvement de protestation organisé par ses collègues de travail, cela ne l’empêche pas de se résoudre à l’inéluctable. Il projette donc d’utiliser ses modestes indemnités de licenciement pour vivre de sa passion, la pêche, et convaincre son fils, un jeune garçon désœuvré et prêt à s’engager dans l’armée pour échapper à la fatalité du chômage, de l’épauler dans cette aventure. Mais rien ne se passe comme prévu pour Hervé et ses proches, confrontés à de multiples obstacles dans leur tentative de s’inventer une existence plus aimable.

Le chômage et l’horreur économique faut-il aussi savoir en rire ? Oui, répond Walid Mattar (né en Tunisie en 1980) dans cet épatant premier film. Il y raconte les efforts d’une famille de la « France d’en bas » pour échapper au pire. Et il observe, en Tunisie, là où l’usine a été délocalisée,  les difficultés pour un jeune homme, Foued, d’accepter des conditions de travail humiliantes sur une chaîne de montage. De quoi rafraîchir notre regard chauvin sur les délocalisations.

Le film slalome avec élégance entre le nord de l’Hexagone et la banlieue de Tunis, et décrit, avec une lucidité qui n’exclut jamais l’humour, les souffrances sociales de notre époque. Si Vent du Nord ne relève pas de la comédie, sa tonalité, malgré la gravité des thèmes abordés, demeure légère, comme un contrechamp solaire aux meilleures fictions sociales concoctées par le cinéma français ces derniers temps.

D’après Olivier de Bruyn, Marianne

Un drame intimiste attachant, audacieux dans ses choix techniques et parfait dans sa distribution. Amélie Leray, Les fiches du Cinéma

En trouvant le ton juste pour cette comédie tout en retenue, le réalisateur célèbre la quête d’une vie heureuse, contre vents et marées. Et parle avec finesse des désillusions du présent comme de l’utopie jamais vaincue. Frédéric Strauss, Télérama

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Abracadabra

« Abracadabra » comédie dramatique espagnole (1h36)

Avec Maribel Verdú, Antonio de la Torre, José Mota, Quim Gutiérrez, Julián Villagrán, Rocio Calvo, Josep María Pou

Carmen est mariée avec Carlos, un fan de foot et conducteur de grues bas du front, gueulard et peu attentif. Lors d’un mariage où son cousin se produit en tant qu’hypnotiseur, Carlos qui le déteste, fait passer celui-ci pour un idiot en se portant volontaire et faisant semblant de s’endormir. Mais une fois à nouveau assis à sa place, alors qu’un air connu retenti sur le téléphone portable de sa voisine, un déclic soudain se produit…

Un tourbillon de sensations

Le moins que l’on puisse dire c’est que l’auteur espagnol Pablo Berger aime mettre en scène des histoires originales et composer des univers à part entière. Après avoir fait sensation début 2013 en adaptant « Blanche neige » en noir et blanc (« Blancanieves« ) à la manière d’un film muet, le voici qui nous propose un scénario aux multiples facettes, entre drame amoureux, comédie fantastique et thriller psychologique. Et le mélange fonctionne à merveille grâce à l’étrangeté de certaines situations ou personnages croisées, ajoutant au suspense ambiant et rendant au final l’improbable intrigue principale presque crédible, ou tout au moins désirable.

Car c’est bien avant tout du personnage de la femme que traite « Abracadabra« , de ses désirs presque oubliés, de ses espoirs enfouis profond, de cet amour auquel elle a pratiquement renoncé, la faute à un homme dominé par la colère. La transformation du comportement de celui-ci est alors le vecteur de fantasmes et désirs qui pourraient bien reformer une envie de vie. Mais le scénario ahurissant signé Pablo Berger réservera bien des surprises, interrogeant à la fois la capacité à repartir sur de nouvelles bases et l’essence même du sentiment amoureux. Maribel Verdú excelle dans ce registre, entre incrédulité et espoirs renaissant, disséquant chacun des gestes de son bourrin de mari, pour mieux percevoir le réel changement.

Face à elle, Antonio de la Torre (« Que dios nos pardone« , « Balada Triste« ) est une nouvelle fois impérial. L’aisance avec laquelle il passe de la colère à une tendre béatitude, de la frustration agressive au vide, impressionne. Mais ce sont finalement les personnages secondaires qui viendront ajouter à la sensation d’étrangeté de l’ensemble, du couple ayant recréé des pans entiers du catalogue Ikea, à l’agent immobilier dramaturge, en passant par le singe voleur de sandwich ou le professeur surtout intéressé par l’argent. Avec une maîtrise déconcertante, Pablo Berger enchaîne d’improbables scènes dignes de films d’horreur où le filmage rapproché des visages domine, avec des scènes de pure comédie. Se permettant des clins d’œil aussi bien à « L’Exorciste » qu’à « Taxi Driver » ou « La fièvre du samedi soir« , « Abracadabra » est de ces films qui vous surprennent à chaque nouvelle scène, pour mieux vous égarer dans ses multiples pistes, ou vous émouvoir dans ses conclusions.

Critique d’Olivier Bachelard, « Abus de ciné »

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Luca Guadagnino

Né le 10 août 1971 à Palerme, Sicile

Italie

Réalisateur, scénariste, producteur

Melissa P, A Bigger Splash, Call me by your Name

Le réalisateur italien Luca Guadagnino a de quoi être heureux : son film Call me by your name, adapté du roman d’André Aciman, fait la quasi-unanimité de la critique et des salles de cinéma. Il est notamment en lice pour l’Oscar du Meilleur film, mais aussi celui du Meilleur acteur (Timothée Chalamet), du Meilleur scénario adapté et de la Meilleure chanson originale. Pourtant, c’est un Luca harassé par la promotion du film que l’on interviewe à Paris. Il connait bien TÊTU. Son homosexualité, il n’en parle presque jamais. On a voulu en apprendre un peu plus sur lui.

(suite…)

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Call me by your name

Le décor, c’est l’Italie du Nord en plein été, du côté de la grande bourgeoisie esthète..  Elio, 17 ans un rien tête à claques, est le fils unique, le trésor vivant, d’un couple d’intellectuels fortuné et cosmopolite qui, chaque été, retrouve sa magnifique ­villa du XVIIe siècle dans la campagne. Elio est déjà un musicien accompli et un érudit. Il sait tout sur tout. Le prodige Timothée Challamet, nommé à l’oscar du meilleur acteur, lui prête sa gracilité poseuse. Mais il ne sera plus le même à la fin du film.

Car l’assurance étudiée d’Elio ne pèse rien face à la désinvolture américaine, sportive et adulte d’Oliver (Armie Hammer, hollywoodien à bon escient), thésard venu travailler quelques ­semaines auprès du père universitaire. Oliver énerve, puis fascine, puis obsède Elio, qui l’observe sans cesse, le suit le plus souvent possible, inspecte sa chambre en cachette…  L’histoire se déroule au présent,  durant l’été 1983, reconstitué avec une minutie fétichiste — objets, vêtements, chansons. Ce présent induit un film d’une certaine légèreté, avec entre autres,  la peinture d’une classe sociale dont les membres sont déchargés de toute contrainte matérielle par d’affectueux domestiques à domicile. Et donc entièrement libres de se consacrer aux choses de l’esprit, ou de la chair. L’étude sur la cristallisation amoureuse peut ainsi se déployer pleinement : la vie paraît si facile que chaque nouvel émoi sentimental ou sexuel d’Elio, à la conquête d’Oliver, occupe tout l’espace, constitue un rebondissement en soi.

L’intensité naîtra de la séparation annoncée entre les amants. Et, pour une fois, l’ordre moral et la raison familiale n’y sont pour rien. Les parents d’Elio  se révèlent plus que bienveillants : ils vont jusqu’à transformer les derniers jours de l’Américain sur le sol italien en une courte lune de miel pour lui et leur fils. Mais les deux garçons ne sont pas au même stade de leurs vies. Une belle séquence d’ivresse nocturne dans un village lombard montre Oliver en pleine épiphanie, au point culminant de sa joie de vivre, tandis que le frêle Elio se met à vomir : c’est trop de bonheur pour lui.

Luca Guadagnino trace une voie singulière, entre une fidélité italienne au néoréalisme (vérité des décors et des corps, durée des plans) et un tropisme hollywoodien — tout concourt à séduire. Call me by your name, tourné dans la région où il vit, est à ce jour son film le plus accompli,  jusque dans cette scène tardive, purement ­cinématographique : le seul visage d’Elio, filmé très longtemps, reflète alors l’entrée du personnage dans une dimension inconnue de lui, la vénération du souvenir.

 D’après la critique de Télérama du 28/02/18 (Louis Guichard)

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Abdellatif Kechiche

Né le 7 décembre 1960 à Tunis

Franco-Tunisien

Réalisateur, scénariste, acteur

L’Esquive, La Graine et le Mulet, La Vie d’Adèle, Mektoub, My Love.

Entretien avec le réalisateur

DEPUIS QUAND AVIEZ-VOUS L’IDÉE DE CE FILM EN TÊTE ?

J’ai écrit une première adaptation du livre de François Bégaudeau en 2010, juste après VÉNUS NOIRE. Le projet est tombé à l’eau, je suis passé à LA VIE D’ADÈLE, dont j’ai réalisé les chapitres 1 et 2, sans pouvoir ensuite réaliser les 3 et 4, comme je l’espérais. En réalité, depuis très longtemps, en tout cas bien avant ADÈLE, je rêvais de trouver un personnage et son interprète, que je suivrais sur plusieurs films. J’en ai eu envie avec le roman graphique de Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude, et j’ai pensé qu’avec Adèle Exarchopoulos ce serait possible et puis, il s’est passé ce qui s’est passé, sur lequel il n’y a pas à revenir. J’avais en tête, et j’ai toujours en tête ce qui serait une sorte d’équivalent cinématographique de La Comédie humaine. Toutes proportions gardées, bien sûr, et je ne me compare certes pas à Balzac, mais enfin, ce serait quelque chose comme « ma Comédie humaine ». Ce désir ne m’a jamais quitté et le livre de François l’a, d’une certaine manière, réactivé. (suite…)

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Mektoub My Love : Canto Uno

    

   Film du 29 mars au 3 avril

  MEKTOUB MY LOVE : CANTO UNO

                    

De Abdellatif KECHICHE – F – 2017 – 2h55

Avec Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche

n« Mektoub my love » est une libre adaptation du roman « La blessure, la vraie » écrit par François Bégaudeau en 2011. Ce récit initiatique, situé dans les années 80 en Vendée raconte l’été des 15 ans de l’auteur. 

Avec Kechiche on est en 1994 à Sète. C’est le plein été. Un groupe de filles et de garçons s’éclatent à la plage, dans les bars, en boîte. Ils ont 20 ans, viennent d’un peu partout, Paris, Nice, la Tunisie…. Des couples se forment, se déforment, la jalousie s’insinue…..

L’un de ces jeunes est plus en retrait. C’est Amin, un Adonis qui attire toutes les filles mais ne couche pas même s’il rêve sans doute de séduire Ophélie. Hélas, c’est son cousin, Tony, cavaleur invétéré qui l’a devancé. Le plaisir charnel est présent dès le début du film : Amin se pointe à vélo chez Ophélie et découvre par la fenêtre son amie avec Tony. Cette première séquence révèle la sensualité plantureuse d’Ophélie Bau (un faux air de Claudia Cardinale ). Ce n’est pas la seule : elle et tous les autres, filles comme garçons, sont d’une beauté lumineuse, resplendissante de vie. Auguste Renoir n’est pas cité par hasard. La vision du réalisateur célèbre les corps comme des déesses ou des dieux de l’Olympe. Sous l’apparence naturaliste se cache toute une part mythologique. Le profane et le sacré (à travers une magnifique mise à bas d’une brebis) sont intimement liés…..

Comme dans tous ses films précédents, le cinéaste privilégie et loue la femme, sa sensibilité, sa puissance. L’homme, à côté, paraît plus petit, plus insaisissable. A l’image d’Amin si secret, sur lequel on s’interroge forcément : est-il timide, puceau, gay ? Il regarde, enregistre tout, fantasme, envie cette vie qui jaillit autour de lui.

Cet Amin qui écrit des scénarios et regarde seul des films, enfermé dan sa chambre, alors que dehors le soleil rayonne, n’est-ce pas Kechiche lui-même au temps de sa jeunesse ? On est d’autant plus tenté de voir un autoportrait que le personnage est en voie d’ascension sociale, tout en gardant un attachement viscéral à sa classe d’origine, populaire….

« Mektoub my love » est un hymne au bel âge, une ode gorgée d’énergie, où la liberté prime sur le scénario. Il y a pourtant une intrigue, des intrigues même, comme chez Marivaux. De fausses confidences en serments trompeurs, de petites en grandes infidélités, le film semble parfois un prolongement de « L’esquive » quinze ans plus tard. La cruauté et le chagrin y ont leur place mais en mode mineur.

Ce premier volet de l’œuvre, si ouvert aux interprétations, si riche de pistes possibles nous fait d’ores et déjà attendre avec impatience sa suite.

Critique de Jacques Morice (Télérama du 21 mars). 

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SUR LA VOIE PUBLIQUE

Voir horaires sur le programme du  cinéma et pour plus d’infos, consultez notre site    www. cinecimes.fr

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les bonnes manieres

Les bonnes manières

Un film de Juliana Rojas – Marco Dutra

 Brésil – 2018 – 2h15 – VO

Avec : Isabel Rojas

            Marjorie Estiano

            Miguel Lobo

Juliana Rojas ouvre la perspective d’un cinéma d’un genre nouveau, croisant intimisme, images de synthèse, imaginaire galopant. Et traces de sang.

Une infirmière solitaire de São Paulo engagée par une jeune femme pour être la nounou de l’enfant dont elle est enceinte, As Boas Maneiras (Les Bonnes Manières) n’éveille, volontairement, aucun soupçon. Les organisateurs du festival de Locarno ont cependant tenu à ajouter cette fameuse petite phrase : « Certaines scènes sont susceptibles de heurter la sensibilité des spectateurs. » Pour être tout à fait exact, il aurait fallu ajouter : « Certaines scènes sont également susceptibles d’éblouir les spectateurs. »

Quand l’infirmière, Clara, entre dans l’appartement de la future maman, Ana, elle peut y contempler la ville sous un jour nouveau, magique, coloré, presque futuriste. Et une fois la nuit tombée, la pleine lune surgira dans le ciel comme une apparition. La beauté frappante de ces images est, au sens strict, surnaturelle : les trucages numériques y trafiquent avec les vraies prises de vue, créant une impression de flottement entre rêve et réalité. Qui nous prépare à accueillir l’impossible. Le père inconnu de l’enfant à naître était un loup-garou. Et les soirs de pleine lune, Ana et le petit qu’elle porte ont grand besoin de manger de la viande…Moitié homme, moitié bête, le loup-garou fait peur et surtout, il fait sens : tout est croisement dans ce film réalisé par deux moitiés, Marco Dutro et Juliana Rojas. Visuellement, on voyage du côté de chez Almodóvar, avec des décors intérieurs superbes et superbement travaillés. Et un univers de femmes, aux prises avec un enfant sauvage, que l’on voit grandir dans la seconde partie du film. Mais on plonge en même temps dans un merveilleux quasi hollywoodien, un rêve séduisant auquel se mêle la cruauté du cauchemar. Ces contrastes si forts sont réunis en une parfaite cohérence stylistique. Tout semble couler de source dans Les Bonnes Manières : la sensibilité qui domine est celle de l’intimisme, qu’il s’agisse des relations entre la mère et l’enfant ou de celles qui unissent les femmes. Car entre Clara et Ana, c’est aussi de sentiments et d’amour physique qu’il va être question. Le loup-garou renvoyant là à l’identité différente, et au rejet de la différence. Un discours limpide, jamais appuyé.

C’est tout naturellement que Marco Dutro et Juliana Rojas font un cinéma qui se revendique, de toutes les façons possibles, différent. Découverts avec Trabalhar cansa (2011), leur goût des cocktails entre réalisme et fantastique n’avait alors pas semblé tout à fait au point. Cette fois, ils maîtrisent parfaitement leur créativité sans barrière et accompagnent la mutation du spectateur d’aujourd’hui, de plus en plus ouvert aux passerelles entre les genres, aux croisements entre toutes sortes d’imaginaires. Les Bonnes Manières n’en est pas moins un choc, une sorte d’ovni. Mais le cinéma d’auteur trouve là une proposition passionnante, aussi ludique que très réfléchie. Et qui fera réfléchir….

  (3 Prix et 11 Nominations

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Programmation mars avril 2018

22 mars au 27 mars

Du jeudi 22 au mardi 27 mars

NI JUGE NI SOUMISE

De Yves Hinant et Jean Libon – France/Belgique  – 2018 – 1h39

 L’émission franco-belge « Strip Tease » s’invite sur grand écran avec un documentaire qui retrace le quotidien d’une juge d’instruction bruxelloise. Au volant de sa 2 CV bleue pervenche, elle sillonne Bruxelles, sa ville, d’une scène de crime à l’autre. Caustique, capable de sortir une blague dans les situations les plus éprouvantes, Anne Gruwez aurait pu être un truculent personnage de fiction. Elle est pourtant une authentique juge, à la langue bien pendue et au cœur bien accroché que Yves Hinant et Jean Libon ont suivie pendant trois ans. A chaque instant, le sordide côtoie la misère humaine la plus noire. « C’est souvent dans l’histoire qu’on peut voir à la loupe la société dans laquelle on patauge » tel est le credo des réalisateurs. Ca n’est pas du cinéma, c’est pire !

 

Du Jeudi 29 mars au mardi 3 avril

MEKTOUB MY LOVE

De Abdellatif Kechiche – F – 2h55

Avec Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche….

Librement adapté du roman de François Bégaudeau « La blessure », « Mektoub my love » est une œuvre fidèle à l’univers de Kechiche, un conte d’été et un récit d’initiation où le réalisateur prend le temps de s’attacher à des personnages pris au jeu de l’amour et de la sensualité.
Amin, qui fait ses études à Paris est revenu passer l’été dans sa famille qui tient un restaurant tunisien à Sète. Il y retrouve ses amis de jeunesse. Le film va suivre ces jeunes gens qui vont vivre au rythme de l’amour, des rapports humains, des journées ensoleillées et des soirées festives.

A côté du tourbillon des corps, Kechiche parvient à générer le mystère et la poésie à travers un couple atypique et platonique : la voluptueuse Ophélie et Amin, témoin troublant des amours des autres.

Comme d’habitude Kechiche ne laisse jamais insensible et comme pour « Adèle », ce film va fasciner ou déranger.

Nominé à la Mostra de Venise en 2017


Du jeudi 5 avril au mardi 10 avril

RAZZIA

 De Nabil Ayouch – Drame –  France – Belgique – Maroc – 2018– 1h 59 – VOST

Avec Maryam Touzani, Arieh Worthalter, Abdelilah Rachid…

Nabil Ayouch, le réalisateur de «  Much Loved » nous propose cette fois-ci un film choral qui suit l’histoire de cinq personnages en quête de libertés individuelles, personnelles et intimes. Des personnages  que tout sépare dans des époques différentes  (des années 80 au Maroc actuel) mais qui tous, ont le désir de s’affranchir des contraintes trop pesantes d’une société islamo-marocaine verrouillée et schizophrène. C’est un film qui critique et soulève un grand nombre de tabous : éducation, avortement, place de la femme dans le mariage, homosexualité …  sans retenue mais sans manipulation. Aucune faille, aucune erreur, aucune longueur dans ce film, une réalisation impeccable  avec des images à couper le souffle.

Film sélectionné au festival international de Toronto (2017) dans la catégorie Platform  ainsi qu’au festival de Sarlat (2017)

 

 Du jeudi 12 avril au mardi 17 avril

CALL ME BY YOUR NAME

De Luca  Guadagnino – EU –  2h12 –  VOST

Avec Armie Hammer, Timothée Challamet, Michael Stuhlbarg

L’Italie, les années 1980, la campagne lombarde, une belle demeure, une famille : les Perlman ; le père américain est professeur d’archéologie et d’histoire de l’art à l’université ; la mère est franco-italienne, traductrice  de profession et leur fils Elio adolescent (17 ans) est versé dans la musicologie ; il passe l’été à retranscrire les pièces de Bach, à lire, à flirter avec la fille des voisins .Tout va bien au royaume de la bourgeoisie…

Jusqu’à l’arrivée d’un svelte et élégant doctorant américain Oliver : il vient passer l’été, chez les Perlman, pour assister le professeur dans ses recherches. Entre Elio et lui, une attraction immédiate produit étincelles et courts circuits.

Peinture d’une classe sociale, dont les acteurs sont déchargés de toute contrainte matérielle, le film se consacre entièrement aux choses de l’esprit et de la chair et son intensité naît du déploiement de la cristallisation amoureuse et de la séparation annoncée des 2 amants…

 

Du Jeudi 19 avril au mardi 24 avril

LES BONNES MANIERESDe Juliana Rojas et Marco Dutra -Brésil- 2017-2H15- VOST

Avec Isabel Zuaa, Marjorie Estiano, Miguel Lobo

Présenté au festival de Locarno 2017, « Les Bonnes Manières » est un film de monstre pas comme les autres ! La première partie est un mélodrame social et intimiste autour de Lara, qui devient la femme de chambre de Ana, jeune femme aisée, enceinte et seule. Jeu d’attraction/répulsion entre les 2 femmes, exacerbé jusqu’à devenir un mélange de pulsions amoureuses et de terreur. La deuxième partie se situe sept ans plus tard, elle  est très différente : l’enfant est devenu un loup-garou et Clara doit l’empêcher de succomber à ses instincts meurtriers nocturnes…

Les cinéastes s’appuient sur un récit métaphorique, pour décliner une fable politique et intime où les rapports familiaux et maternels structurent les actes, sans oublier l’invitation à l’imaginaire.

 Primé à L’Étrange Festival 2017 (Prix du jury) et au festival international du film fantastique de Gérardmer 2018 (Prix du jury) 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Archives programmes | Commentaires fermés sur Programmation mars avril 2018