Paulina

PAULINA 2De Santiago Mitre – Argentine, Brésil, France – 2015 – 1h43 – VOST
Avec Dolores Fonzi, Oscar Martinez…
Paulina, 28 ans, renonce à une brillante carrière d’avocate pour se consacrer à l’enseignement dans une région défavorisée d’Argentine. Confrontée à un environnement hostile, elle s’accroche pourtant à sa mission pédagogique, seule garantie à ses yeux d’un engagement politique. Quitte à lui sacrifier son petit ami et la confiance de son père, un juge puissant de la région. Peu de temps après son arrivée, elle est violemment agressée par une bande de jeunes et découvre que certains d’entre eux sont ses élèves. En dépit de l’ampleur du traumatisme et de l’incompréhension de son entourage, Paulina s’efforcera de rester fidèle à son idéal social.

Critique

Paulina, 28 ans, décide de renoncer à une brillante carrière d’avocate pour se consacrer à l’enseignement dans une région défavorisée d’Argentine. Confrontée à un environnement hostile, elle s’accroche pourtant à sa mission pédagogique, seule garante à ses yeux d’un réel engagement politique, quitte à y sacrifier son petit ami et la confiance de son père, un juge puissant de la région. Peu de temps après son arrivée, elle est violemment agressée par une bande de jeunes et découvre que certains d’entre eux sont ses élèves. En dépit de l’ampleur du traumatisme et de l’incompréhension de son entourage, Paulina va tâcher de rester fidèle à son idéal social.
Une longue séquence de dispute père-fille au dialogue vigoureux ouvre le film. C’est sec, précis, rythmé. Chacun restera sur ses positions. Pragmatique, il ne peut admettre qu’elle renonce à l’avenir prometteur qui l’attend. Pétrie de convictions sociales, elle veut se rendre utile envers les plus défavorisés. Deux visions de la justice vont s’affronter, à travers l’un et l’autre de ces personnages. Le viol qu’elle va subir en marquera le sommet. La phrase qui résume le plus le film est celle que Paulina jette à la tête de son père : « La justice ne cherche pas la vérité quand des pauvres sont suspectés. Elle cherche des coupables » ; ce père sûr des lois qu’il représente n’imagine pas devoir les faire évoluer. Dans ce pays où les mentalités changent lentement, l’homme reste encore et toujours celui qui décide de tout, de la marche du pays comme de la vie des femmes. C’est bien de ce joug dont Paulina veut se libérer. D’ailleurs, pas plus qu’elle n’écoute son père, elle n’écoutera son fiancé qui rêve de vengeance.
Doucement mais efficacement, la caméra suit pas à pas le parcours de cette jeune idéaliste écartelée entre ses convictions et l’ordre établi. L’excellente Dolores Fonzi campe une Paulina inébranlable et impassible malgré ce qu’elle a subi, jetant habilement un trouble sur nos propres capacités à défendre l’indéfendable. Mais finalement que cherche-t-elle ? Juste à s’opposer à son père pour affirmer son statut de femme libre ? Est-elle vraiment cette idéaliste jusqu’au-boutiste que l’on pressent ? Le réalisateur n’a nullement l’intention de nous permettre de la comprendre. Il s’attache à nous présenter, sans états d’âme ni détours, le portrait complexe d’une femme qui, à la croisée des chemins de sa vie, ne semble pas décidée à dévier de la route qu’elle s’est tracée pour cause d’incident majeur. Malgré le caractère difficilement tenable de sa situation, sa force de caractère suscite l’admiration. On se laisse volontiers entraîner dans ce film féministe et ambitieux à l’aspect documentaire qui parle de violence et de pauvreté mais aussi de liberté et d’espoir de jours plus justes. A voir à lire
Grand Prix de la semaine de la critique Cannes 2015

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