Les Tournesols Sauvages

Réalisateur Jaime Rosales

Espagne 

1H46

Avec Anne Castillo, Oriol Pla, Quim Avila

 

Les films sur l’éducation sentimentale d’une jeune femme moderne ne manquent pas. Mais un charme particulier se dégage de l’itinéraire amoureux, en trois étapes, de Julia, 22 ans, jeune Barcelonaise déjà maman de deux enfants dont elle s’occupe avec attention et tendresse. Ce découpage affectif pourrait donner au film ce sous-titre : « Julia en trois chapitres ». Dans des couleurs ensoleillées, au léger filtre mélancolique, Julia rencontre d’abord Oscar, fou d’elle, trop fou d’elle. Sa relation avec cet homme dont la virilité semble être la seule identité finira avec l’une des scènes de violence conjugale les plus naturalistes vues depuis longtemps. Puis ce sera au tour de Marcos, le père des enfants et militaire qui, un temps, pousse son ex à le rejoindre à Melilla, une enclave espagnole au Maroc. Et, enfin, Alex, l’homme qui, après bien des errances, sera, peut-être, enfin, le compagnon que cette jeune femme méritante mérite. De détails finement écrits en éclatants plans larges sur le décor d’une vie banale, Jaime Rosales livre le portrait empathique d’une fille tournesol, cherchant à se tourner vers un vrai soleil. Face à trois types de masculinité parfaitement incarnés, Anna Castillo s’impose, dans chacune de ses émotions, comme la plus lumineuse des filles d’aujourd’hui. Télérama, Guillemette Odicino

Jaime Rosales explique avoir souhaité brosser un « portrait de femme », en même temps que celui de « trois typologies de masculinité ». A l’heure du post Me Too, et alors qu’un certain féminisme va jusqu’à prôner l’abstinence comme voie suprême vers la libération, il est bienfaisant de voir admise l’importance du lien jusque dans la part de dépendance que celui-ci peut générer, mais pour mieux aboutir à la liberté ultime qui consiste à s’être trouvé. Autre richesse du film : loin d’en rester au constat désespérant, imposé par les premiers liens, selon lequel aimer ne suffit pas pour qu’un amour survive, Jaime Rosales ménage une voie d’espoir, en créant une héroïne qui sait tirer profit de son expérience et apprendre des liens successifs qu’elle connaît pour faire de son existence une véritable « éducation sentimentale », moderne et au féminin, permettant ainsi au bonheur de trouver son point d’équilibre. Comme un cheminement vers la découverte des « liens qui libèrent »…  Anne Schneider, Le mag du ciné

Ce contenu a été posté dans Archives films. Mettre en favori.

Comments are closed.