Ciné Mont-Blanc
A ne pas rater !!
/!\ Le prochain Coup de Coeur Surprise aura lieu le Lundi 6 Janvier 2025 à 20h 00. A l’issue de la projection, nous vous proposons de nous rejoindre afin d’échanger vos impressions.
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Toute l'équipe Cinécimes vous souhaite une excellente année cinéphile !!
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Andrew Haigh
Né le 7 mars 1973 à Harrogate, Yorkshire du Nord
Britannique
Réalisateur, scénariste, monteur
Week-end, 45 ans
Entretien avec Andrew Haigh (réalisateur)
Qu’est-ce qui vous a attiré dans la nouvelle et comment l’avez-vous adaptée ?
La nouvelle de David Constantine, In Another Country, est magnifiquement claire et concise, mais pour l’adapter il a fallu la développer un peu. Mis à part l’ajout de la fête d’anniversaire de mariage, le plus grand changement a été l’âge des personnages, passé d’un peu plus de 80 ans à 70 ans. Dans le livre, l’histoire se passait dans les années 1990, ce qui signifiait que l’histoire en toile de fond se déroulait pendant la Seconde Guerre mondiale. Je voulais que l’histoire de Kate et Geoff soit très actuelle. Je ne voulais pas qu’il s’agisse des choix d’une génération plus âgée, disparue, mais de choix que nous sommes tous amenés à faire. (suite…)
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Bouli Lanners
20 mai 1965 à Moresnet-Chapelle
Belgique
Réalisateur, scénariste, acteur
Ultranova, Eldorado, Les Géants, Les Premiers Les Derniers
Les Premiers, les Derniers réunit Albert Dupontel et Bouli Lanners sous la direction de ce dernier. Pour l’occasion, AlloCiné a rencontré les deux compères pour évoquer un film pas comme les autres.
AlloCiné : Il s’agit de votre neuvième collaboration l’un avec l’autre. Comment votre rencontre sur un même plateau en 2002 s’est muée en une véritable complicité ?
BL : Le cinéma génère des rencontres très fortes, car condensées sur peu de temps, on vit des aventures très puissantes. Et même si ces amitiés se créent et qu’on ne se voit pas tout le temps, l’amitié est sincère et réelle, et perdure dans le temps. (…) Avec Albert (…) on est très différents, mais on est poussés par les mêmes choses et travailler avec lui est un plaisir. Pour moi c’était Albert ou personne pour jouer Cochise. (…) Et Albert sur le plateau était complètement au service du film. Il est metteur en scène, il aurait pu vouloir s’en mêler mais il ne l’a jamais fait. (suite…)
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CAROL
Du 4 au 9 février
De Todd Haynes – GB/USA – 2015 – 1 h 58 – VOST
Avec Cate Blanchett, Rooney Mara, Kyle Chandler…
Carol est une femme en train de s’écrouler, elle ne tient plus que par l’artifice de son statut d’épouse et de mère, belle et mondaine. Thérèse est une jeune femme légère et insouciante, en train d’éclore, que la société des années cinquante pousse à se couler dans le moule que l’époque choisit pour elle : être une gentille épouse et une mère modèle. Quand elle croise le regard un peu froid de cette femme distinguée à la silhouette parfaite, Thérèse est subjuguée. Lorsque Carol croise le regard de cette petite vendeuse de jouets à l’allure encore juvénile, elle est fascinée par cette candeur, pas encore broyée par le poids des convenances; c’est un appel au rêve pour elle, depuis trop longtemps prisonnière d’un mariage raté.
Magistralement filmées, les deux comédiennes forment un duo troublant de sensualité et de douceur contenues. Un film somptueux.
Prix d’interprétation féminine au festival de Cannes 2015 pour Rooney Mara
Critique
Après avoir embaumé avec faste le cinéma de Douglas Sirk dans Loin du Paradis, Todd Haynes a opéré, avec I’m Not There, un retour vers l’autre versant de sa filmographie, le faux biopic. Au tombeau d’un maître, succédait ainsi la déconstruction d’une icône culturelle (Bob Dylan) en autant de numéros d’acteurs, à commencer par Cate Blanchett, dont le transformisme radical battait Christian Bale et Heath Ledger à leurs propres jeux. Les retrouvailles, huit ans plus tard, de la star australienne et du réalisateur californien dans un mélodrame plantant à nouveau sa tente dans l’Amérique corsetée des années 50 pouvaient laisser perplexe. Doutes dissipés à la découverte de Carol, qui se hisse sans mal à la cimaise d’une œuvre protéiforme et parfois excessivement maniérée, mais que la mini-série télévisée Mildred Pierce avait, il y a cinq ans déjà, mise sur la voie du néoclassicisme.
Imitation of Life
À vouloir dupliquer l’univers en Technicolor de Sirk, Loin du paradis n’en cherchait pas moins à révéler au grand jour le refoulé homosexuel de la figure de Rock Hudson, dont le succès reste indissociable de celui du cinéaste allemand exilé à Hollywood. À la littéralité du geste, se mêlait donc une part d’ironie, qu’atténuait l’interprétation, désarmante de sincérité, de Julianne Moore en épouse dévouée surprenant son mari avec un homme. Ce révisionnisme produisait l’effet d’une greffe expérimentale dont la réussite formelle s’accompagnait d’un souci constant d’ausculter le passé pour y diagnostiquer les maux du présent. À cette critique sociale qui se réclamait aussi de l’héritage politique d’un Fassbinder, Carol substitue un programme aussi modeste que concluant : chercher le cœur battant de ses deux personnages, qui n’en formeront plus qu’un le temps d’une étreinte.
Haynes est aidé dans sa quête par un scénario mûri pendant presque 15 ans par Phyllis Nagy, qui n’a retenu du livre de Patricia Highsmith dont il est adapté que l’essentiel : l’histoire d’une passion interdite, racontée à la manière d’un roman policier, du point de vue de l’une des deux « coupables ». En s’en remettant à la subjectivité de la plus jeune, Therese (Rooney Mara), qui remonte à la source de son désir comme on mène une enquête, le film fait de Carol tout à la fois une figure tutélaire, une obsession amoureuse et une femme fatale qui se dérobe à l’emprise du regard. Ce regard, la photographie en est le vecteur, grâce à un appareil qu’offre Carol à Therese pour encourager sa passion naissante, et dont celle-ci use dans un premier temps pour fixer la présence de l’être aimé (autrement dit pour en conjurer l’évanescence). Ces clichés sont autant de preuves qu’elle rassemble, mue peut-être par le pressentiment d’un départ imminent, qu’une intimité encore balbutiante ne parvient pas à chasser.
Cette disparition se produira lorsque Carol, en instance de divorce, est sommée de choisir entre la poursuite d’une liaison scandaleuse avec cette vendeuse de jouets de vingt ans sa cadette et la garde de son enfant. Haynes crève alors cette bulle fantasmatique dans laquelle une Therese transie maintenait Carol et révèle sa triviale existence de grande bourgeoise esseulée et malmenée par le puritanisme ambiant. Tandis que Loin du paradis se soumettait encore aux lois du genre mélodramatique en congédiant chez elle Julianne Moore sous un torrent de violons, la rupture au contraire s’avère pour Therese émancipatrice : elle devient photographe au New York Times, où elle fait l’apprentissage de son indépendance après celui de son désir. L’enivrante liberté d’être fidèle à soi-même ne se gagne pas seulement en fuyant un monde hostile à sa différence. De fait, la brèche ouverte par un road movie à mi-chemin du film n’empêchera nullement Carol et Therese d’être rattrapées par la suspicion de leurs contemporains. À leur retour, l’une et l’autre devront chercher, seules mais avec ténacité, la lumière dans une ville qui n’aura eu de cesse de les enténébrer.
Anges déchus
La recréation du New York désenchanté de 1952 est à cet égard saisissante. À l’optimisme à marche forcée des années Eisenhower, qui s’apprêtent à débuter, Haynes et son chef opérateur Edward Lachman opposent un espace urbain en forme de huis-clos. Les tonalités désaturées de la palette chromatique et l’image granuleuse du Super 16 mm projettent sur les deux amantes l’ombre du film noir sans que rien de la séduction et du mystère associés au genre n’en subsiste à l’écran. Les surcadrages accentuent la claustrophobie diffuse qui sourd d’intérieurs faits de passages, d’embrasures et d’enfilades de pièces semblables à de tristes dédales. Ce formalisme trouvera sa justification ultime dans le tressaillement d’un plan final, bouleversant, auquel le cinéaste nous aura minutieusement préparés : une épiphanie qui advient au beau milieu d’un restaurant, par la grâce d’une caméra subjective aux élans de transport amoureux.
Pour y croire, il fallait aussi deux interprètes à la hauteur d’un tel sentiment. Avec ses yeux fixes de poupée tout droit sortie du grand magasin où elle officie au début du récit et ses joues rosies par l’hiver new-yorkais, Rooney Mara est absolument parfaite, toute entière retranchée dans un mutisme prédateur. Ce visage encore marmoréen se veinera bientôt d’émotions qui culmineront dans une très belle scène charnelle. Mais seule une actrice d’une plasticité hors-norme pouvait faire miroiter les multiples facettes de Carol. Cate Blanchett lui prête son prodigieux talent, tout en modulant sa virtuosité proverbiale, et c’est un bonheur de la voir se risquer ainsi à la vérité de son personnage plutôt que de se livrer à une simple performance. L’alchimie de leur rencontre naît de frôlements et de regards, transactions érotiques reconduites de champ en contrechamp et dont la sensualité réchauffe chaque plan d’un feu qui brûle longtemps après la fin du générique. « No other love can warm my heart/Now that I’ve known the comfort of your arms », chante Jo Stafford dans l’un des standards retenus pour la bande originale. Entêtant refrain qui pourrait leur tenir lieu de viatique.
Damien Bonelli – Critikat
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A PEINE J’OUVRE LES YEUX
Du 28 janvier au 2 février
De Leyla Bouzid – France – Tunisie – 2015 – 1h42
Avec Baya Medhaffar, Ghalia Benali…
L’histoire se passe à Tunis, durant l’été 2010, quelques mois avant la Révolution. Farah, une bachelière de 18 ans, croque la vie à pleine dents, tombe amoureuse, s’enivre et chante sur scène des chansons anti – gouvernementales au sein d’un groupe de rock engagé contre la volonté d’Hayet, sa mère qui, connaissant la Tunisie et ses interdits, vit dans la peur face aux agissements de sa fille. A travers le portrait de cette fille insoumise, c’est la soif de liberté et de révolte de toute une génération qui nous est montrée à quelques mois du printemps arabe. Avec ce premier long métrage attachant, Leyla Bouzid signe une réalisation dynamique et pertinente de sa Tunisie natale.
Ce film a déjà reçu de nombreux prix dans des festivals en particulier le prix du public à la Mostra de Venise.
Critique
La jeune réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid situe l’action de son premier film quelques mois à peine avant la révolution de Jasmin, avec la volonté de faire ressentir ce qu’était la vie des Tunisiens – et particulièrement de la jeunesse – sous l’ère Ben Ali : « J’ai voulu revenir sur la sensation d’étouffement, la peur continue qu’on ressentait alors. Il ne faut pas oublier ces émotions. Je parle plus particulièrement de l’atmosphère des derniers mois du régime. Alors que la corruption rongeait tout, les gens étaient agressifs, ils évoluaient dans l’incertitude. C’était un peu une fin de règne. Tout cela explique, au moins en partie, énormément de choses, notamment les raisons de l’explosion qui ont conduit à la révolution ».
Tunis, été 2010. Farah est une jeune fille brillante qui vient de réussir son bac avec succès et que sa famille imagine déjà médecin. Mais Farah est aussi une fille à l’énergie débordante – et au caractère bien trempé – qui veut profiter de la vie et de sa jeunesse. Elle sort dans les bars, s’enivre, découvre l’amour dans les bras d’un musiciens du groupe de rock dans lequel elle chante des textes engagés, qui parlent des problèmes de son pays, de sa frustration et de ses rêves qui sont aussi ceux de ses compatriotes. Libre et impulsive, Farah s’oppose à la volonté de sa mère Hayet, qui connaît les interdits de son pays et tente de la protéger en l’éloignant de son groupe. Car dans la Tunisie de Ben Ali, Farah est considérée comme une rebelle, les membres de son groupe sont d’ailleurs surveillés par la police. Mais le désir de liberté est trop fort pour être contenu. Et c’est peu à peu les rouages de la machine répressive qui vont se refermer sur la jeune fille, symbole d’une jeunesse fière et vivante qui veut rester debout, mais risque d’en payer le prix…
« A peine j’ouvre les yeux » est donc le portrait d’une jeune fille trop libre pour un système autoritaire qui n’a plus d’autres solutions que la répression et la violence pour perpétuer son règne, étendard d’une jeunesse qui fera entendre sa voix quelques mois plus tard. Le film de Leyla Bouzid laisse une grande place à la puissance de la musique – rock inspiré des rythmes du mezoued, musique populaire tunisienne – et aux textes chantés par Farah. Et offre deux magnifiques personnages à deux sublimes actrices autour desquelles le récit se resserre peu à peu : la jeune Baya Medhaffar, dont c’est la première apparition, incarne Farah avec une énergie ébouriffante face à la célèbre chanteuse tunisienne Ghalia Benali, remarquable dans le rôle de sa mère Hayet. (Critique UTOPIA )
Ce film a reçu de nombreux prix dans des festivals en particulier le Prix du Public et le Prix Label Europa Cinémas à la Mostra de Venise.
Film présenté en collaboration avec Amnesty International.
Présence d’Amnesty et discussion après la projection de ce film le lundi 1ier février.
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LES PREMIERS, LES DERNIERS
Du 11 au 16 février
De Bouli Lanners – France Belgique – 2016 – 1H38
Avec Albert Dupontel , Bouli Lanners, Suzanne Clément…
Gilou et Colchise, deux types patibulaires et fatigués, vraisemblablement chasseurs de primes, amis inséparables, enquêtent sans entrain sur un vol de téléphone portable au contenu compromettant. Des personnages hyperincarnés et dépouvus d’âme, dans un décor sombre, plat, battu par le vent, qui semblent jouer aux cowboys et aux indiens… Film puissant sur l’ultramoderne solitude, et sur la violence qu’un monde sans codes sociaux de base pourrait faire naitre. Les acteurs, qui ont pris un plaisir évident à jouer ces héros grisâtres, sont impériaux.
Critiques
Utopia
Les deux héros sont deux hommes de main chargé par un mystérieux commanditaire de retrouver un téléphone volé contenant des informations compromettantes. Mais Gilou et Cochise ne sont pas des chasseurs de prime de toute première fraîcheur, aucune chance qu’on les confonde avec Steve Mc Queen, notamment Gilou (Bouli Lanners), affublé d’un petit chien ridicule et parfaitement incapable de courir plus de cent mètres sans risquer la crise cardiaque. Les voilà perdus dans la plaine de Beauce. Leur chemin va croiser un jeune couple de handicapés en fuite et une bande d’autochtones fort peu accueillants.
Au-delà de l’intrigue étonnante parce que jamais prévisible, la force du film tient au formidable duo Albert Dupontel / Bouli Lanners, parfaits en losers magnifiques unis à la vie à la mort par l’amitié et les galères. Et on n’oubliera surtout pas les rôles secondaires : Suzanne Clément, la comédienne fétiche de Xavier Dolan, Serge Riaboukine impayable en beauf brutal et borné, et les vieux sages Michael Lonsdale et Max Von Sydow dans des apparitions lumineuses. Visuellement le film est splendide : Bouli Lanners donne une dimension étique au paysage uniforme et monotone de la plaine beauceronne et en fait ressortir les étrangetés .
Le Monde
La fin des temps ressemble à un tableau de l’aurore du monde. Les derniers hommes ont la barbe longue et le peu de souci de l’esthétique vestimentaire qu’on imagine chez les premiers. Il n’y a plus de ville, mais des bâtiments vides qui tombent en décrépitude au milieu de la presque rase campagne noyée dans la brume. Des voies de chemins de fer qui n’ont pas vu de trains depuis des lustres, des animaux qui passent et que l’on chasse .Il y a Jésus. On a du mal à croire que c’est le vrai, mais il a, sur une main, l’un des fameux stigmates – et lorsqu’avec la fin des temps revient l’envie de croire, un stigmate, ce n’est pas rien. Au milieu de tout cela, des personnages, qui s’égarent plus souvent qu’ils n’avancent, questionnent plus qu’ils n’affirment, quand ils ne sont pas définitivement lassés des questions.
Héros errants. Noémie Luciani .
Première
De ces stéréotypes de Western, Bouli Lanners tire un film puissant sur l’ultramoderne solitude et sur la violence qu’un monde débarrassé des codes sociaux de base pourrait faire naitre…. Les acteurs ont semble-t-il pris un plaisir évident à jouer ce type de héros grisâtres, peu courants sous nos latitudes. Ils sont tous très brillants.
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AU-DELÀ DES MONTAGNES
Du 18 au 23 février
De Jia Zhang-ke – Chine – 2015 – 2h11 – VOST
Avec Zhao Tao, Zhang Yi, Liang Jing-dong…
L’histoire de trois jeunes gens, une femme et deux hommes, de 1999 à 2014 puis 2025, illustre l’évolution de la société chinoise, entre rêve d’ouverture à la vie dans le monde capitaliste et attachement aux traditions. Mais passer de la condition de sujet chinois à la condition d’individu du monde globalisé n’est pas sans poser des questions, et en particulier pour la génération suivante. Où pourrait mener ce déracinement ? Une fresque somptueuse qui interroge sur la Chine d’aujourd’hui et de demain.
Critique
Le réalisateur raconte l’histoire de trois jeunes chinois dans le monde d’aujourd’hui, sur un quart de siècle de 1999 à 2025, et nous montre une Chine qui s’ouvre à la société globale avec pour symboles l’entreprise individuelle, l’argent, l’international, la liberté hors sol, la sécurité. Et en fin de compte, il nous questionne sur ce qui ne concerne pas que la Chine : dans ce monde-là, comment va se construire l’identité des nouvelles générations ?
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Propos de Jia Zhang-ke, récemment à Paris : «A chaque nouveauté technologique ou économique, je me demande comment tout cela a une influence sur nous. Avant, quand l’être aimé était à 50 km, on se lamentait. Aujourd’hui, il y a Facetime. Le discours amoureux évolue. Il y a des choses évidentes et d’autres, non. C’est ce que je veux montrer.»
«Mon père est mort en 2006 et ma mère s’est retrouvée seule. Régulièrement, j’allais la voir et mon premier réflexe était de lui donner de l’argent. J’ai vu que ça la rendait presque malheureuse. C’était un signal pour moi : je reproduisais une violence, et il fallait que je la filme. Cette violence est moins évidente que celle de Touch of Sin, mais elle est aussi forte.»
«On rêve toujours de stabilité, d’amour, mais quand on réfléchit a posteriori, de quoi sont faites nos vies ? De bouleversements, de ruptures, de conflits, de changements… J’ai voulu filmer la façon dont les changements provoquent une déperdition. Quelques jours après la sortie, il y a eu deux faits divers. Un homme voulait assassiner son ami de la même façon que dans mon film. Et un haut fonctionnaire a été arrêté pour corruption. Dans les journaux, on a lu que son fils se nommait Cash. »
Toute la force émotionnelle d’Au-delà des montagnes réside aussi dans notre rapport étrange à la Chine. Ce pays immense, violent et fascinant, on ne le connaît que par le récit de ses catastrophes, ses drames humains, sa censure, le délire du développement économique. La grande réussite de Jia Zhangke est de parvenir, avec son humanisme, à faire de nous des habitants de cette zone, pour dépasser tout orientalisme ou exotisme, et à nous permettre de vivre entièrement cette fiction comme des témoins. (Extraits de Libération)
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45 ANS
Du 25 février au 1er mars
De Andrew Haigh – Britannique – 2015 – 1h35 – VOST
Avec Charlotte Rampling, Tom Courtenay, Geraldine James…
Kate et Geoff Mercer sont sur le point d’organiser une grande fête pour leur 45e anniversaire de mariage. Pendant ces préparatifs, Geoff reçoit une nouvelle : le corps de Katya, son premier grand amour, disparu 50 ans auparavant dans les glaces des Alpes, vient d’être retrouvé. Cette nouvelle va alors bouleverser le couple et modifier doucement le regard que Kate porte sur son mari…
Critique
Tout se joue sur un oui ou sur un non… Allongée, la nuit, dans le lit conjugal, Kate pose une question à son mari. Cette femme, disparue il y a un demi-siècle dans les glaces des Alpes et dont on vient de retrouver le corps, cette Katya dont il ne lui a jamais parlé, mais qui semble avoir eu une si grande place dans sa vie, l’aurait-il épousée, jadis, si elle n’était pas morte ?…
Sans la moindre hésitation, comme une évidence, Geoff lui répond « oui ». Et rien ne compte plus, soudain, pour Kate que ce oui. Tout s’écroule. Ce n’est pas vraiment de la jalousie, mais une brisure. Un brusque anéantissement. Comme si un virus, entré par effraction dans son organisme, détruisait à une vitesse folle toute sa mémoire et les souvenirs qu’elle y avait soigneusement sauvegardés.
Elle tente de réagir. Dans quelques jours aura lieu cette fête – pour leurs 45 ans de mariage, quelle ironie! – et il lui faut lancer les invitations, acheter des cadeaux. Elle essaie de se persuader que sa réaction était folle. Irraisonnée. D’ailleurs, la vie semble reprendre son cours…Mais le fantôme de cette rivale au prénom si semblable au sien ne la quitte plus. Elle s’interroge. Que d’hypocrisies, que d’impostures : elle se croyait l’élue, elle n’était que la doublure. Elle n’a servi à Geoff que de pansement, de remède contre ses doutes et ses angoisses. Elle hurle en silence.
C’est un film discret et terrible où le réalisateur a l’intelligence de faire du troisième âge non pas une génération molle et assoupie, mais ardente et tourmentée. La sagesse ? Un attrape-nigaud, un leurre que le moindre déchirement efface.
Tiré d’une nouvelle de l’auteur britannique David Constantine, le nouveau film d’Andrew Haigh (à qui l’on doit notamment Week-end, en 2011) a trouvé sa place au palmarès du dernier festival de Berlin, en février 2015. Ses deux acteurs principaux, Charlotte Rampling et Tom Courtenay y furent récompensés d’un double prix d’interprétation mérité.
Avant même sa sortie en salle, 45 ans, jouissait d’un intérêt qui devrait se confirmer, tant l’exploration fine du couple, à laquelle se livre le cinéaste, s’avère convaincante. Cette œuvre à la mise en scène sobre éclaire, dans le quotidien rural et cossu d’une campagne anglaise, l’insidieuse progression du doute entre un homme et une femme vieillissants, sur le point de fêter plus de quatre décennies de mariage…
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Ixcanul
Du 3 au 8 mars
De Jayro Bustamante – 2015 – Franco-Guatémaltèque – 1h31
Avec Manuel Manuel Antún, Jayro Bustamante, María Mercedes Coroy…
Maria, 17 ans, vit avec ses parents, des paysans qui semblent communiquer avec les forces secrètes de la nature : ils font des offrandes à un volcan, comme à un dieu. Aux croyances et à la magie se mêle un sens terre à terre des intérêts et de la survie : marier leur fille à Ignacio, un responsable de la plantation de café où ils travaillent. La jeune Maria semble se soumettre à leur volonté mais son idée fixe est de partir loin, là-bas, de l’autre côté du volcan qui surplombe le village. Elle voudrait accompagner son ami Pepe qui veut tenter sa chance aux Etats-Unis. Elle tombe enceinte de Pepe, mais le jeune coupeur de café partira sans elle. En voulant éradiquer les serpents qui pullulent dans la plantation, elle se fait mordre et est transportée par Ignacio à l’hôpital de la ville… Avec ce très beau film, le jeune cinéaste bouscule son pays, le Guatemala, en mettant en scène une héroïne inédite : une jeune femme maya d’aujourd’hui dont la situation est celle d’un volcan qui s’éveille. Pour dénoncer son oppression.
Ours d’argent au Festival de Berlin.
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Grimur Hakonarson
Né en 1977 en Islande Réalisateur, scénariste
Béliers
Prix « Un Certain Regard » Festival de Cannes 2015
Entretien avec Grímur Hákonarson
Comment vous est venue l’envie d’écrire et de filmer l’histoire de ces frères brouillés et de leurs béliers ?
Mon film est basé en grande partie sur ma propre expérience du monde rural et sur la culture rurale islandaise. Mes deux parents ont été élevés à la campagne et j’y ai passé la majorité de mes vacances d’été, pour y vivre et y travailler, jusqu’à mes dix-sept ans. De ce fait, j’ai développé un goût pour les récits, les personnages et les paysages ruraux d’Islande. J’ai toujours été attiré par les histoires se déroulant à la campagne et « Béliers » n’est pas le premier film que je tourne dans cet environnement.
Mon père a travaillé pendant un temps pour le Ministère de l’Agriculture. Ce fut également une source d’inspiration sur le fonctionnement de l’administration dans le domaine de l’agriculture et sur l’évolution du monde agricole au fil du temps. Une des décisions les plus difficiles que mon père ait eu à prendre concernait celle de supprimer ou non un cheptel, dans le cas de l’apparition d’une épidémie… (suite…)
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Michel Leclerc
Né à Bures-sur – Yvette, France Scénariste, réalisateur Le Nom des gens, La Vie très Privée de Mr Sim
Entretien avec Michel Leclerc
Comment avez-vous découvert le livre de Jonathan Coe dont s’inspire le film ?
Baya Kasmi, ma compagne et co-scénariste, l’a lu en premier et m’a dit que cela me correspondait et qu’elle y retrouvait beaucoup d’éléments de mon univers et de mes obsessions. Elle m’a encouragé à le lire à mon tour, mais j’ai mis du temps à accéder à sa demande : je traversais moi-même une période très difficile, de deuil, d’intense remise en question et de départ vers d’autres horizons. J’ai fini par lire le livre dans l’avion qui nous emmenait à Florence où nous avions décidé d’aller vivre (où le scénario a d’ailleurs été écrit). Ce livre avait donc un écho très particulier avec ma propre vie, et découvrir cet homme qui avait tout perdu et qui était en plein questionnement, m’a bouleversé : je me suis totalement identifié à lui à ce moment. Puis, j’ai eu la chance de pouvoir rencontrer directement Jonathan Coe et de le convaincre d’accepter cette adaptation… (suite…)
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