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Jim Jarmush

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Né le 23 janvier 1953 à Akron

USA

Réalisateur, scénariste, compositeur

Stranger than Paradise, Dead Man, Ghost Dog la voie du Samouraï, Coffee and Cigarettes, Broken Flowers, Only Lovers Left Alive, Paterson

Les illuminations de Jim Jarmusch

Deux films du cinéaste-poète éclairent la sélection officielle cannoise, « Paterson » et « Gimme Danger ».

Jim Jarmusch ne fume plus, mais il joue encore avec les allumettes. Il aime le son qu’elles produisent quand elles entrent en contact avec le frottoir, il apprécie la texture rugueuse et boisée de leur tige, il fantasme sur le design désuet de leur boîte. (suite…)

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Jean-François Laguionie

laguionieNé le 4 octobre 1939 à Besançon

France

Réalisateur de films d’animation

Gwen ou le Livre de Sable, le Château des Singes,

l’Ile de Black Mor, le Tableau, Louise en Hiver

 

 

Dans le monde de Laguionie, le temps est incertain, mais toujours clément, finalement. Et, pour savoir l’heure, le réalisateur de L’Ile de Black Mór (2004) regarde le niveau de l’eau par la fenêtre de la salle à manger, où une longue table toute simple lui sert à dessiner. Depuis son premier court métrage, en 1965, La Demoiselle et le Violoncelliste, (suite…)

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Rokhsareh Ghaem Maghami

maghamiNée à Téhéran,

Iran

Réalisatrice documentariste

Cyanosis, Going Up the Stairs, Sonita 

Pendant deux ans et demi, la documentariste iranienne Rokhsareh Ghaem Maghami a suivi Sonita Alizadeh, une jeune réfugiée afghane vivant à Téhéran, qui rêve de faire du rap. Mais sa famille, restée en Afghanistan, a décidé de la marier de force, selon la tradition, en échange de 9 000 dollars. Pour aider Sonita à concrétiser son rêve, la cinéaste l’accompagne de bureaux en bureaux pour obtenir un passeport afghan, un visa pour les Etats-Unis et une place dans un lycée de l’Utah. Pour retarder l’échéance du mariage et modifier le cours du destin de Sonita, elle a payé 2 000 dollars à sa famille. Un choix qui soulève des interrogations morales, mais que la cinéaste assume. Rencontre.

(suite…)

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Le teckel

Le TECKEL

De Todd SOLONDZ–États-Unis-2016–1h28-VOST

AvecEllen Burstyn, Danny DeVito, Julie Delpy, Greta Gerwig

Todd Solondzest un trésor du cinéma américain indépendant. Pas celui qui fait la fête à Sundance en attendant d’être nommé aux Oscars l’année suivante. Non. Le vrai cinéma indé qui se bat pour exister, qui ne plie devant aucune mode ni aucun diktat. Solondz, lui, va même encore plus loin : à chaque film, il semble un peu plus crier ‘merde’ au tout-venant.

Avec LE TECKEL, le cinéaste a l’air (l’air seulement) de s’assagir : il s’agit sans conteste de son opus le plus accessible. Comme souvent chez lui, on rit à gorge déployée. Mais comme toujours aussi, ces élans humoristiques, qui semblent parfois purement gratuits –citons cette folle séquence d’un teckel incrusté sur des décors de western, célébré par une chanson country –, cachent un flot sardonique à la limite du supportable.

Le film débute sur l’adoption d’un teckel par une famille de bourgeois –dont la mère est incarnée par une Julie Delpy délicieusement castratrice. Au fil du récit, le chien va passer de maître en maître : une assistante vétérinaire perchée (Greta Gerwig), un couple atteint du syndrome de Down (Connor Long et Bridget Brown), un scénariste raté (Danny DeVito), puis une vieille dame seule et acariâtre (Ellen Burstyn). À chaque nouveau propriétaire, le Teckel apporte un moment de bonheur, même fugace.

Mais le Teckel, lui, qui lui en donne, du bonheur ? À travers le regard de son chien aussi ridicule que mignon, Todd Solondz effectue une radiographie bizarrement réjouissante des tares, des solitudes, des égoïsmes et des bassesses du genre humain. Qu’il use du stéréotype (la maison du premier couple est un temple aseptisé), du sarcasme (les prétendues règles de storytelling énoncées par le personnage de Danny DeVito) ou du décalage grinçant (cette Blanche new yorkaise qui porte un t-shirt ‘I can’t breathe’, slogan issu du mouvement Black Lives Matter), Solondz fait acte d’une justesse à toute épreuve, dansant avec malice sur le fil de l’outrance, un sadique bazooka posé sur l’épaule.

De scène en scène, Todd Solondz nous tend un miroir que l’on croit déformant jusqu’au moment où l’on comprend qu’il est en fait des plus réalistes. Cet élan qui s’agace de la médiocrité du genre humain –on se souviendra avec bonheur de ce long travelling sur une traînée diarrhéique –ne débouche pourtant sur aucune amertume. Même lorsque Solondz assène vers la fin un plan gaguesque violent et déprimant, on continue à en rire. C’est peut-être le propre des plus grands : faire passer la pilule comme si de rien n’était.

Critique de Aurélien Allin (Teaser)

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Todd Solondz

solondzNé le 15 octobre 1959 à Newark (New Jersey)

Etats-Unis

Réalisateur et scénariste

Bienvenue dans l’Age Ingrat, Happiness, Le Teckel (Prix du jury au festival américain de Deauville).

Todd Solondz : “Mes films perdent de l’argent mais je suis heureux de les faire »

Todd Solondz, qui qualifie ses films de « comédies du désespoir », était au 42e Festival du film américain de Deauville pour présenter en compétition son septième long métrage, Le Teckel (en salle le 19 octobre). Une nouvelle tragi-comédie qui relate la cruauté d’une vie de chien (le teckel du titre) ballotté de famille en famille, comme celle d’un scénariste et professeur de cinéma désespéré, et la difficulté d’être un enfant unique, survivant d’un cancer, dans une famille aisée. S’y croisent Julie Delpy et Greta Gerwig,  Zosia Mamet (Shoshanna de la série Girls), Ellen Burstyn ou Danny DeVito. Nous avons soumis au réalisateur de Bienvenue dans l’âge ingrat, en Converse jaunes et lunettes à monture verte, notre questionnaire sur le cinéma indépendant.

(suite…)

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ma vie de courgette

ma-vie-de-courgette-affiche

MA  VIE DE COURGETTE

 De  Claude Barras Franco-suisse – 1H06

Avec les voix de Michel Vuillermoz, Paulin Jaccoud, et Gaspard Schlatter

Un petit garçon vit seul avec sa maman, qui aime beaucoup la bière ; elle part au ciel, par sa faute. Comme elle le surnommait «  Courgette », c’est comme cela et pas autrement qu’il demande à être prénommé dans le foyer où il atterrit au milieu d’autres enfants blessés par la vie : il y a, entre autres, Simon, qui joue au dur, pour tenir le coup, Camille, qui sourit, sourit toujours  et Béatrice, dont la mère a été reconduite à la frontière…

On est immédiatement sous le charme de ces petites marionnettes, aux yeux immenses, si expressifs sur le monde. En à peine plus d’une heure, le film de Claude Barras (dont le scénario est écrit par Céline Sciamma), serre le cœur et donne de l’espoir : tous les cris, tous les SOS partent dans les airs, légers comme des cerfs-volants vers le soleil.

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Rachel Lang

Rachel_langNée en 1984,  Strasbourg

France

Réalisatrice

Baden Baden

Entretien avec Rachel Lang

Vous avez encadré une sorte de chaos – la vie d’Ana au moment où le film démarre, tout ce qui se passe en elle – dans une forme très architecturale. Vous ouvrez le film sur un choix esthétique radical, un plan-séquence de quatre minutes sur son visage de profil, au volant.

Je voulais que ça dure, qu’on comprenne qu’il y a quelqu’un sur le siège arrière, mais qu’on ne sache pas qui c’est ; qu’on aille quelque part, mais qu’on ne sache pas où et qu’on découvre Ana dans cet état de stress, dans le carcan de ce travail qui ne lui convient pas, dans ce monde qu’elle ne connaît pas, dont elle ne comprend pas les enjeux et les codes.
Je fonctionne beaucoup à l’intuition. Quand j’écris une scène, une image s’impose directement. Je vais au plus simple, au plus efficace, à ce qui est pour moi une évidence, pas une posture de radicalité. En ouvrant le film avec un « plan-séquence de quatre minutes », j’espère au contraire que je disparais. Je ne suis pas un démiurge tyrannique qui impose une forme à la vie. C’est la vie qui doit prendre et gagner à l’intérieur de ce cadre, par cette forme. (suite…)

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Programme juin 2016

Du 2 au 7 juin
DALTON TRUMBO
Dalton Trumbo 2De Jay ROACH – Etats-Unis – 2016 – 2h04 – VOST
Scénario : John McNamara, d’après Bruce Cook.
Avec Bryan Cranston, Diane Lane, Helen Mirren…
Ce Dalton-là, c’est le plus célèbre résistant à une chasse aux sorcières dirigée contre les « communistes » ou supposés tels, pendant les années 1950, où le maccarthysme sévissait à Hollywood. Ce personnage attachant, rusé et intègre, et interprété par Bryan Cranston qui met en scène son charisme, son énergie et son élégance narquoise, fut retenu coupable d’appartenir au Parti communiste américain. Il fut condamné à 11 mois de prison avec interdiction d’exercer son métier de scénariste. Il dut entrer dans la clandestinité. La profession lui décerna deux Oscars sans le savoir. Ce drame traité avec la fluidité, l’humour et l’éclat d’une comédie ressuscite tout un monde de célébrités confrontées à ce climat de guerre froide.

Vendredi 3 juin
Séance unique en présence de membres d’Amnesty International et suivie d’un débat

L’HOMME QUI REPARE LES FEMMES

Le Docteur Denis Mukwege, personnages

Le Docteur Denis Mukwege, personnages

De Thierry Michel – Documentaire belge -2015 – 1h52
« L’Homme qui répare les femmes » évoque le travail exceptionnel du docteur Denis Mukwege : médecin gynécologue, il a traité plus de 40 000 victimes et survivantes de violences sexuelles liées aux conflits dans l’Est de la République démocratique du Congo. En s’installant dans son quotidien et dans celui de quelques-unes de ses patientes à l’hôpital de Panzi, en l’accompagnant aussi lors de déplacements en Europe ou aux Etats-Unis, où il est régulièrement invité à parler de la situation des femmes du Kivu, ce film révèle comment et combien cet homme fait bouger les choses et donne espoir à la société congolaise. C’est donc tout naturellement qu’Amnesty International France est partenaire de ce film.

Du 9 au 14 juin

BADEN BADEN
Baden Baden 2De Rachel Lang – France, Belgique – 2016 – 1h34
Avec Salomé Richard, Claude Gensac, Swann Arlaud…
Après une expérience ratée sur le tournage d’un film à l’étranger, Ana, 26 ans, retourne à Strasbourg, sa ville natale. Le temps d’un été caniculaire, elle se met en tête de remplacer la baignoire de sa grand-mère par une douche de plain pied, mange des petits pois carotte au ketchup, roule en Porsche, cueille des mirabelles, perd son permis, couche avec son meilleur ami et retombe dans les bras de son ex. Bref, cet été là, Ana tente de se débrouiller avec la vie. La beauté du film réside dans les stratégies de résistance déployées pour faire face à la tornade de la brutalité. Le trouble que suscite la comédie tient à l’ambivalence totale du personnage de Salomé Richard qui, oscillant entre le masculin et le féminin, ne renonce pas à l’idée de la force et prend plaisir à détruire à la massue la baignoire de sa grand-mère.

Du 16 au 21 juin

LA SAISON DES FEMMES
La saison des femmes 1De Leena Yadav – 2015 – Inde – 1h56 – VO
Avec Tannishtha Chatterjeen, Radhika Apte, Surveen Chawla …
Inde, Etat du Gujarat, de nos jours. Quatre femmes vivent dans un village écrasé par la sécheresse et par le poids des traditions familiales aliénantes qui se transmettent de mère en fille et qui donnent tous les pouvoirs aux hommes. Rani, Lajjo, Bijli et Janaki parlent librement entre elles de leurs problèmes et tentent d’y trouver des solutions. Eprises de liberté, elles luttent contre leurs propres démons et rêvent d’un ailleurs, où l’amour serait possible. Après deux longs métrages réalisés à Bollywood, Leena Yadav a bifurqué vers le film indépendant. Non sans risque. Car, pour briser les tabous d’une société archaïque, elle montre ce que le cinéma indien, même alternatif, ne montre (presque) jamais : la violence conjugale, insoutenable. Ou des corps dénudés. Le film fascine pour ses fulgurances et ses ruptures de ton qui font passer de l’effroi au rire. Et l’on est bouleversé par le moment, d’une intense sensualité, où l’une soigne le corps tuméfié de son amie, frappée par son ivrogne de mari. Amitié intense qui glisserait presque vers l’amour.

Du 23 au 28 juin

LES HABITANTS
Les habitants 1De Raymond Depardon – France – 2016 – Documentaire – 1h45
Dans ce nouveau documentaire, Raymond Depardon a voulu montrer le visage et les vraies préoccupations des Français. Avec une caravane pour seul studio, des centaines de kilomètres parcourus, il a choisi de donner la parole aux Français rencontrés par hasard le long des routes. Le résultat est surprenant. Le photographe et cinéaste nous donne à voir et à entendre, sans filtre ni a priori, une France souvent absente des médias et du cinéma. La simplicité du dispositif nous invite à l’écoute, sans jamais faire de nous des témoins embarrassés mais au contraire en nous plaçant de plain-pied avec nos contemporains que le film nous rend proches et souvent attachants.

Du 30 juin au 5 juillet

FOLLES DE JOIE
Folles de joie 1Paolo Virzi – France, Italie -2016 – 1h56
Avec Valeria Bruni-Tedeschi, Micaella Ramazzotti, Valentina Carn…
A la Villla Blondi, institution psychiatrique, les pensionnaires jouissent d’une certaine liberté. Beatrice est une mythomane bavarde, au comportement excessif. Au contraire Donatella est une jeune femme tatouée, fragile et introvertie. Elles vont se lier d’amitié et décider de s’enfuir bien décidées à trouver un peu de bonheur dans cet asile de fous à ciel ouvert qu’est le monde des gens « sains». Film solaire sur la folie douce et joyeuse, porté par une Valeria Bruni-Tedeschi, inspirée, vibrionnante qui donne à voir un rythme haletant.
Film présenté à la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes

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Lars Kraume

larsNé le 24 février 1973 à Chieti (Italie)

Allemand

Académie allemande du film et de la télévision de Berlin

Réalisateur, scénariste , producteur.

                                          Fritz Bauer, un héros allemand

Entretien avec Lars Kraume 

Comment est née l’idée de faire un film sur Fritz Bauer ?

C’est en lisant le livre d’Olivier Guez, mon co-scénariste : « L’impossible retour – Une histoire des juifs en Allemagne depuis 1945 ». Ce livre étudie la façon dont les juifs ont pu vivre en Allemagne, le pays des meurtriers, après l’Holocauste. Un des chapitres est consacré à Fritz Bauer et aux « procès d’Auschwitz ». J’ai trouvé le livre remarquable et quand Olivier est venu en Allemagne, il y a quatre ans, à l’occasion de la sortie allemande du livre, je l’ai rencontré et lui ai dit que ce serait un sujet passionnant à développer en film. En parlant ensemble, nous revenions constamment à Fritz Bauer, parce que c’est un personnage hors du commun : il ne s’est pas du tout comporté comme la plupart des victimes de l’Holocauste qui ne voulaient plus en parler. (suite…)

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Paulina

PAULINA 2De Santiago Mitre – Argentine, Brésil, France – 2015 – 1h43 – VOST
Avec Dolores Fonzi, Oscar Martinez…
Paulina, 28 ans, renonce à une brillante carrière d’avocate pour se consacrer à l’enseignement dans une région défavorisée d’Argentine. Confrontée à un environnement hostile, elle s’accroche pourtant à sa mission pédagogique, seule garantie à ses yeux d’un engagement politique. Quitte à lui sacrifier son petit ami et la confiance de son père, un juge puissant de la région. Peu de temps après son arrivée, elle est violemment agressée par une bande de jeunes et découvre que certains d’entre eux sont ses élèves. En dépit de l’ampleur du traumatisme et de l’incompréhension de son entourage, Paulina s’efforcera de rester fidèle à son idéal social.

Critique

Paulina, 28 ans, décide de renoncer à une brillante carrière d’avocate pour se consacrer à l’enseignement dans une région défavorisée d’Argentine. Confrontée à un environnement hostile, elle s’accroche pourtant à sa mission pédagogique, seule garante à ses yeux d’un réel engagement politique, quitte à y sacrifier son petit ami et la confiance de son père, un juge puissant de la région. Peu de temps après son arrivée, elle est violemment agressée par une bande de jeunes et découvre que certains d’entre eux sont ses élèves. En dépit de l’ampleur du traumatisme et de l’incompréhension de son entourage, Paulina va tâcher de rester fidèle à son idéal social.
Une longue séquence de dispute père-fille au dialogue vigoureux ouvre le film. C’est sec, précis, rythmé. Chacun restera sur ses positions. Pragmatique, il ne peut admettre qu’elle renonce à l’avenir prometteur qui l’attend. Pétrie de convictions sociales, elle veut se rendre utile envers les plus défavorisés. Deux visions de la justice vont s’affronter, à travers l’un et l’autre de ces personnages. Le viol qu’elle va subir en marquera le sommet. La phrase qui résume le plus le film est celle que Paulina jette à la tête de son père : « La justice ne cherche pas la vérité quand des pauvres sont suspectés. Elle cherche des coupables » ; ce père sûr des lois qu’il représente n’imagine pas devoir les faire évoluer. Dans ce pays où les mentalités changent lentement, l’homme reste encore et toujours celui qui décide de tout, de la marche du pays comme de la vie des femmes. C’est bien de ce joug dont Paulina veut se libérer. D’ailleurs, pas plus qu’elle n’écoute son père, elle n’écoutera son fiancé qui rêve de vengeance.
Doucement mais efficacement, la caméra suit pas à pas le parcours de cette jeune idéaliste écartelée entre ses convictions et l’ordre établi. L’excellente Dolores Fonzi campe une Paulina inébranlable et impassible malgré ce qu’elle a subi, jetant habilement un trouble sur nos propres capacités à défendre l’indéfendable. Mais finalement que cherche-t-elle ? Juste à s’opposer à son père pour affirmer son statut de femme libre ? Est-elle vraiment cette idéaliste jusqu’au-boutiste que l’on pressent ? Le réalisateur n’a nullement l’intention de nous permettre de la comprendre. Il s’attache à nous présenter, sans états d’âme ni détours, le portrait complexe d’une femme qui, à la croisée des chemins de sa vie, ne semble pas décidée à dévier de la route qu’elle s’est tracée pour cause d’incident majeur. Malgré le caractère difficilement tenable de sa situation, sa force de caractère suscite l’admiration. On se laisse volontiers entraîner dans ce film féministe et ambitieux à l’aspect documentaire qui parle de violence et de pauvreté mais aussi de liberté et d’espoir de jours plus justes. A voir à lire
Grand Prix de la semaine de la critique Cannes 2015

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