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The Lost King

Un film de    Stephen Frears

Angleterre. 1h49 –  VOST

Avec Sally Hawkins, Steve Koogan…

     C’est le genre d’histoire incroyable dont nos voisins d’outre-Manche semblent avoir le secret, bien gardé au fond d’un cul-de-basse-fosse de la Tour de Londres

 Dans les années 2010, se crée à Édimbourg une société Richard III, immortalisé par Shakespeare dans sa pièce célèbre comme un roi bossu et cruel ayant fait assassiner ses jeunes neveux pour s’emparer du trône. Autant dire que le dernier souverain de la dynastie Plantagenêt, mort au combat à la fin du XVe siècle et dont le corps aurait été jeté dans la rivière traversant la ville de Leicester, a une réputation quelque peu entachée.

Suite à une représentation du Richard III, Philippa Langley, une modeste employée, se passionne pour l’histoire de ce roi décrié, bien décidée à prouver que le vrai Richard III n’était pas le sinistre sire qu’ont fixé pour la postérité ses successeurs les Tudors. Elle rejoint donc la société locale Richard III. Mais contrairement à ces collègues plus modestes et moins téméraires qui se contentent de quelques articles dans la publication mensuelle, elle plaque tout pour se donner une mission : trouver l’emplacement de la dépouille de Richard III dont elle est persuadée qu’il est enterré dans une église détruite depuis. Et on n’imagine pas ce qu’une simple passionnée d’Histoire anglaise est capable d’obtenir à force d’intelligence, de ténacité et de connaissances acquises sur le tas !

Cette histoire savoureuse (excellent scénario co-signé par Steve Coogan, qui joue le rôle de l’ex – mari et premier soutien de Philippa) est mise en scène par l’expérimenté et polyvalent Stephen Frears, qui a déjà tâté de la royauté avec les très plaisants The Queen (starring Helen Mirren dans le rôle d’Élisabeth II) et Confident royal (avec Judy Dench en Reine Victoria). 

Et la reine de l’affaire est la pétulante Sally Hawkins, qui incarne formidablement l’obstination parfois drolatique de cette citoyenne ordinaire que personne ne voulait croire et qui mit un pied dans la grande Histoire, à la surprise de ses proches et au grand dam des institutions universitaires.

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Programmation Avril Mai 2023

Du 6 au 11 Avril

Du 6 au 11 Avril

DE GRANDES ESPÉRANCES 

De Sylvain Desclous – France – 2022 – 1h45 

Avec Rebecca Marder, Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot… 

En course pour l’ENA, Madeleine et Antoine, en couple, en ont l’envie chevillée au corps, avant qu’une altercation qui tourne au drame sur une route corse avec un habitant du cru vienne briser leur irrésistible ascension. Le réalisateur connaît la politique et ses coulisses. Il le confirme dans sa manière de camper les situations, de trouver des échos dans l’histoire récente de la gauche. Mais le film transcende le cadre de la politique. A travers le personnage de Madeleine qui rêve de mettre à mal le capitalisme, il raconte comment, passé un certain seuil, tous les coups sont permis pour faire passer ses idées.

 

Du 6 au 11 Avril

 Du 6 au 11 Avril

DALVA 

De Emmanuelle Nicot – France/Belgique – 1h20 

Un premier long sur le thème de l’inceste à travers une enfant de 12 ans, trop maquillée et court vêtue pour son âge, soudain retirée du domicile paternel… contre son gré et sans qu’elle en comprenne la raison. Un film raconté à la hauteur de sa jeune héroïne et qui va gratter là où ça fait mal, comme dans ces moments où la petite fille défend ce père qui l’a abusée et qu’elle continue à aimer inconditionnellement. C’est à travers son regard que l’on vit son long chemin vers une deuxième vie, celle d’une gamine de son âge, grâce à des éducateurs qui lui font découvrir ce monde de l’enfance qu’au fond elle ne connait pas. Le portrait d’une renaissance. Film récompensé à la Semaine de la Critique 2022. 

 

Du 13 au 18 Avril

Du 13 au 18 Avril

GOUTTE D’OR 

De Clément COGITORE, France -1h38. 

Avec Karim Leklou, Jawad Outouia, Elyes Dkhissi, Malik Zidi. 

Le cinéaste nous emmène dans une exploration fiévreuse et onirique du célèbre quartier de la Goutte d’Or à Paris, avec le Médium Ramsès, qui reçoit, dans une pénombre travaillée à la bougie, des endeuillés prêts à payer en liquide pour des nouvelles de leurs chers disparus. Sa petite entreprise ne connaît pas la crise. Sa prospérité s’explique: on jurerait que les morts lui parlent pour de vrai, de souvenirs précieux, d’amour et de pardon. Il fait aussi des petits spectacles qui rendent les gens contents et reviennent. Mais un jour, des gamins de Tanger, moineaux livrés à la rue, à la drogue, à la violence, sont attirés par ses talents pour retrouver un copain envolé 

https://cinecimes.fr/clement-cogitore-goutte-dor/

Du 13 au 18 Avril

Du 13 au 18 Avril

THE LOST KING 

De Stephen Frears – Angleterre – 1h49 – VOST 

Avec Sally Hawkins, Steve Koogan… 

Dans ce récit contemporain inspiré d’une histoire vraie, l’historienne amatrice Philippa Langley , longtemps regardée de haut parce que femme et non professionnelle, cherche à retrouver la dépouille perdue du roi mal-aimé Richard III et à réhabiliter ce monarque du XVe siècle face à l’image populaire, notamment transmise par la célèbre pièce de Shakespeare, qui le décrit comme un être malfaisant. Avec beaucoup d’humour, le film dresse le portrait d’une héroîne modeste, handicapée par un syndrome de fatigue chronique mais portée par une intuition étonnante. 

https://cinecimes.fr/stephen-freears/

 

Du 20 au 25 Avril

Du 20 au 25 Avril

SUR L’ADAMANT 

De Nicolas Philibert/France/1H49/Documentaire. 

L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein coeur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien. Ours d’Or à Berlin en février 23 .

 

 

 

 

Du 20 au 25 AvrilDu 20 au 25 Avril

CHILI 1976 

De Manuela Martelli – Chili – 1h35 – VOST 

Pour son premier long, Manuela Martelli remonte le temps jusqu’en 1976, année considérée comme l’une des plus sombres du régime de Pinochet alors au pouvoir depuis trois ans. Et c’est ce pan douloureux de l’histoire de son pays qu’elle explore dans les pas d’une héroïne presque malgré elle, l’épouse d’un médecin qui, en acceptant d’aider en secret un jeune révolutionnaire, à la demande d’un prêtre, va se retrouver bien loin de sa vie bourgeoise, sous la menace permanente de voir son secret découvert. La cinéaste sait créer de la tension et la faire grandir sans jamais forcer le trait, avec une maîtrise jamais prise en défaut, jusqu’à l’ultime plan. 

 

Du 27 Avril au 2 Mai

Du 27 Avril au 2 mai

THE ETERNAL DAUGHTER 

De Joanna Hogg, Royaume Uni/ Etats Unis, 1h36, VOST Avec Tilda Swinton, August Joshi, Carly-Sophia Davies 

Julie, accompagnée de sa mère âgée, Rosalind, vient prendre quelques jours de repos dans un hôtel perdu dans la campagne anglaise, le manoir où Rosalind a vécu dans le passé. Les souvenirs vont bien évidemment ressurgir. La jeune femme, réalisatrice en plein doute, confie à sa mère vouloir en savoir plus sur elle en vue d’un film. Proches et lointaines, ces deux femmes ont parfois des allures de soeurs jumelles. Le jeu de Tilda Swinton, conjugué au montage, suggère d’autres espace-temps et laisse entrer des fantômes. 

 

Du 27 Avril au 2 Mai

Du 27 Avril au 2 Mai

TOUTE LA BEAUTE ET LE SANG VERSE 

De Laura Poitras 

Documentaire-Etats Unis – 1h57-VOST 

Photographe mythique de l’underground US, Nan Goldin se bat contre la famille Sackler, richissime famille américaine au coeur du scandale des opioïdes, au travers de la mise sur le marché de l’antidouleur OxyContin, responsable de centaines de milliers de morts aux Etats-Unis. L’évocation biographique classique de Nan Goldin se double donc de son action militante, mêlant les images de ce combat à celles du parcours esthétique et intime de la photographe. LION D’OR au festival de Venise 2022 

 

Du 4 au 9 Mai

Du 4 au 9 Mai

LE CAPITAINE VOLKONOGOV S’EST ECHAPPE 

De Alexei Chupov et Natalya MerkulovaEstonie – France/Russie-2023-2h06-VOST 

URSS, 1938. Au pic de la « Grande Terreur », Staline purge ses propres rangs. Les hommes du NKVD, police politique ancêtre du KGB puis de l’actuel FSB, qui mettent en oeuvre la répression sont eux-mêmes arrêtés et exécutés. Capitaine zélé du NKVD, Volkonogov se sait parmi les condamnés et s’échappe. Dans sa fuite, il est frappé d’une vision : pour sauver son âme, il va chercher à expier ses fautes en recueillant le pardon des familles de ses victimes… 

 

Du 4 au 9 Mai

Du 4 au 9 Mai

ALMA VIVA 

De Christèle Alves Meira – France-Portugal 2022- 1H28 

Elle se nomme Salomé et, comme chaque été, elle passe ses vacances dans la maison familiale de sa grand-mère, au milieu des montagnes portugaises ; ici la vie semble immuable, les querelles entre voisins se prolongent d’une année sur l’autre, les langues sont bien pendues. Silencieuse et sérieuse observatrice, la gamine circule au milieu de ce petit monde : il l’interroge et la tourmente un peu – surtout les croyances sur les morts et leurs esprits. Soudainement la grand-mère meurt, les adultes se déchirent autour des obsèques, Salomé, elle, est hantée par l’esprit de celle qui était considérée comme une sorcière… 

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ETERNEL DAUGHTER

De Joanna Hogg, Royaume Uni/ Etats Unis, 1h36, VOST. Avec Tilda Swinton, August Joshi, Carly Sophia Davies 

Joanna Hogg s’est fait connaître récemment avec The Souvenir, film en deux parties, retraçant la relation d’emprise qu’elle a vécue jeune femme et l’œuvre de fiction qu’elle aurait voulu en tirer. Cette révélation critique va permettre la sortie en France de ses trois films précédents, Unrelated, Archipelago et Exhibition, inédits jusqu’alors en France. Depuis The Souvenir, Joanna Hogg, citée comme référence par Kelly Reichardt et produite par un parrain prestigieux, Martin Scorsese, n’est pas restée inactive. Avec Eternal Daughter, elle propose sans doute son film le plus accessible, sorte de drame gothique inspiré des nouvelles de Henry James, où elle revient sur son obsession de la mémoire, du travail de deuil et de la mise en scène atmosphérique, proche de l’art contemporain. 

Julie, accompagnée de sa mère âgée, vient prendre quelques jours de repos dans un hôtel perdu dans la campagne anglaise. La jeune femme, réalisatrice en plein doute, espère y retrouver l’inspiration ; sa mère y voit l’occasion de faire remonter de lointains souvenirs, entre les murs de cette bâtisse qu’elle a fréquentée dans sa jeunesse. Très vite, Julie est saisie par l’étrange atmosphère des lieux : les couloirs sont déserts, la standardiste a un comportement hostile, et son chien n’a de cesse de s’échapper. La nuit tombée, les circonstances poussent Julie à explorer le domaine. Elle est alors gagnée par l’impression tenace qu’un indicible secret hante ces murs.

Une des actrices les plus précieuses et exigeantes de notre époque, Tilda Swinton, plus David Bowie au féminin que jamais, tient un double rôle dans Eternal Daughter, celui de Julie et également celui de Rosalind, sa mère. Là aussi, Joanna Hogg innove en faisant exprès de ne jamais filmer avant la dernière demi-heure les deux personnages dans le même plan. Ce refus de jouer la convention du plan d’ensemble réunissant les deux personnages interprétés par la même actrice possède une réelle signification qui révèle sa potentialité à la fin du film

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Léonore Seraille ( Un Petit Frère )

Née le 1er janvier 1986

France

Réalisatrice, scénariste

Jeune Femme, Un Petit Frère

Dans un entretien pour Madmoizelle, Lénore Serraille nous a parlé de la façon dont le cinéma permet de mettre en lumière ce que l’on ne dit pas au sein de la famille, de l’importance de découvrir de nouveaux acteurs sur le grand écran, de mettre en valeur des modèles noirs et des personnages féminins forts.

Un petit frère, de quoi ça parle ?

Quand Rose arrive en France, elle emménage en banlieue parisienne avec ses deux fils, Jean et Ernest. Construction et déconstruction d’une famille, de la fin des années 80 jusqu’à nos jours.

Madmoizelle. Comment est née l’idée de faire ce film ?

Léonor Serraille. Je pense depuis longtemps à écrire un film sur cette histoire-là. C’est dans ma tête depuis que j’ai rencontré mon amoureux, il y a 20 ans. Il m’a raconté beaucoup de choses de son histoire et je lui ai demandé : est-ce que tu veux que j’en fasse un film ? J’avais très envie de le faire : comme spectatrice, j’avais besoin de voir ce film-là. Je sortais de Jeune femme et j’avais besoin d’écrire sur plein de thématiques comme la maternité, les relations frère sœur, la famille… J’ai eu deux enfants, donc en tant que maman, tous ces questionnements se sont imposés à moi.

J’avais aussi besoin de faire ce film pour mes enfants, pour qu’ils grandissent avec d’autres modèles que des histoires de blancs. En France, on a parfois l’impression de toujours voir les mêmes acteurs dans les films. Certaines actrices, qui sont par ailleurs super, jouent parfois dans 10 films par an ! J’ai besoin que ma fille grandisse avec d’autres modèles. J’ai ressenti une responsabilité à faire ce film. J’avais besoin de montrer la beauté de ces personnages. Je les ai cherchés, et j’ai voulu les révéler, les comprendre, les regarder à leur hauteur.

Avez-vous écrit ces personnages en partant de la fiction, comme on écrirait un roman ou plutôt d’éléments proches du réel, ancrés dans une réalité sociale ?

Je suis partie de 4 ou 5 éléments concrets, comme l’arrivée de cette famille à la fin des années 1980 ou le fait que la mère est femme de ménage. Ensuite, j’ai inventé. J’avais en tête une espèce de valise remplie de souvenirs, de choses que mon compagnon a pu me raconter. J’avais aussi besoin d’écrire un personnage de maman assez moderne, insaisissable et mystérieuse, qui avait une sorte de panache, de fougue, d’élan et en même temps un peu de tragédie en elle. Mais je ne suis pas partie en enquête. Je ne suis pas allé interviewer cette famille, Au contraire, j’ai senti qu’il fallait que je prenne la distance et que j’invente. Par exemple, les hommes de la mère, Rose, sont tous des personnages de fiction. J’ai voulu raconter une éducation sentimentale de Rose. On la montre laver des baignoires, mais à d’autres moments, on révèle aussi un peu de son intimité, son besoin de vivre des choses intensément. C’est comme si elle était trop grande pour la petite vie qu’on lui donne. L’important était de ne jamais porter de jugement sur les personnages. Ce n’est pas un film à message, avec quelque chose à transmettre. C’est plutôt la mise en valeur de personnes qui nous donnent matière à cogiter, à nous émouvoir. De plus, je laisse une grande place à l’imagination, aux projections du spectateur parce que tout n’est pas dit. Le film se passe sur 25 ans, donc il y a parfois de grosses ellipses. On ne sait pas ce qui se passe sur trois mois, un an, dix ans… C’est au spectateur de remplir les trous, d’être actif et d’imaginer ce qui arrive à chacun. Comme dans Jeune femme, le personnage féminin est très intéressant, a beaucoup d’humour et de personnalité. Comment avez-vous écrit le personnage de Rose ? Il y a quelque chose de très féminin dans ma famille. Je viens d’une famille qui compte beaucoup de femmes au fort caractère. Les grands-mères, les mères, les six tantes sont des femmes qui aiment parler et qui ont beaucoup d’humour. Je pense que, même si c’est inconscient, ça influence mon cinéma. De plus, comme spectatrice, j’aime beaucoup les personnages pleins de nuances. Ils peuvent même être un peu désagréables ! Rose a quelque chose de très tragique, son histoire n’est pas facile mais je trouvais important de montrer que malgré les difficultés, elle résiste à tout, elle avance toujours avec son petit style, sa patte personnelle, sa façon de se décaler un peu des choses et d’injecter un peu de d’ironie. Elle ne verbalise pas tout, mais elle est vraiment dans le temps présent. Quand elle est là, elle parle, occupe l’espace et elle fait les choses à sa façon.

Vous mettez une scène un personnage principal féminin, noir, travailleuse précaire, ainsi que le point de vue de deux jeunes enfants, noirs. C’est très rare de voir ces personnages représentés au cinéma.

Oui, c’était très important. Le cinéma peut prendre en charge beaucoup de choses grâce à la fiction. Et surtout, ce qu’on disait avec l’actrice Annabelle Lengronne, c’est que cette histoire peut être racontée sous différents angles — celui des conditions de travail de chacun par exemple, ou celui de l’engagement, de la colère… Là, on a décidé d’aller dans l’intime, pour qu’on puisse se projeter dans les personnages. Récemment, j’ai entendu le discours d’Annie Ernaux pour son prix Nobel. Elle a dit : « Quand l’indicible vient au jour, c’est politique. » Cette phrase me parle. L’indicible, c’est tout ce qui relève de l’intime, qui nous rattache à la vie. Récemment, j’ai été interpellée par le fait qu’une spectatrice disait que ce film était l’histoire de son père et qu’il serait une porte d’entrée pour discuter avec lui car il ne parle pas beaucoup. Dans des familles comme celle-ci où il y a beaucoup de tabous, de silences, de choses intériorisées, on ne sait pas forcément comment aborder ces sujets : le cinéma le permet. En tant que spectatrice blanche, je peux me projeter dans cette famille, être émue par des choses présentes dans toutes les familles : les non-dits, la façon dont on communique, l’amour, la pression des parents, de l’aîné… C’est une famille qui vient d’Afrique subsaharienne, mais ce n’était pas le motif premier. C’est surtout une toile de fond à partir de laquelle on tisse des destins. D’ailleurs, il y a beaucoup de ma propre famille dans ce film. On y trouve beaucoup de questions que je me pose. Quelle est la place de chacun dans la fratrie ? Comment communique-t-on ? La maman est-elle écrasante pour les enfants ? Est-on poussé par la famille ou est ce que ça nous freine ?

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Béatrice Pollet (Toi non plus tu n’as rien vu)

Née le 19 septembre 1964 à Paris

France

Scripte, réalisatrice

Le Jour de la Grenouille, Toi non plus tu n’as rien vu

Vous travaillez sur ce projet étayé et documenté depuis plus de dix ans et abordez le déni de grossesse, un sujet délicat, source d’a priori tenaces, d’opprobre sociale, susceptible de poursuites judiciaires pour les femmes concernées. Pourquoi ce choix d’une fiction de cinéma ?

J ‘ai commencé à m’intéresser au déni de grossesse en 2011, ma rencontre avec le Dr Félix Navarro [le film est dédié à la mémoire de ce médecin à l’origine de l’Association française pour la reconnaissance du déni de grossesse] a été fondamentale. Grace à lui, j’ai pu connaître des femmes qui avaient subi un déni. Elles ont eu la générosité de me raconter leur expérience et elles m’ont bouleversée. De leurs paroles j’ai retenu un sentiment d’injustice très fort, d’incompréhension et une douleur insondable, (suite…)

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Davy Chou (Retour à Séoul)

Né le 13 août 1983 à Fontenay-aux -Roses

Franco-cambodgien

Réalisateur, scénariste, producteur

Diamond Island, Retour à Séoul

Dans son deuxième long métrage, le cinéaste raconte la quête des origines de Freddie, interprétée par la plasticienne Park Ji-min, elle-même d’origine coréenne. Il nous raconte la création de ce film coup de poing.

Retour à Séoul, de Davy Chou, en salles depuis le 25 janvier, est une bombe de cinéma, aussi douce qu’étrange, aussi pop que noire, où explose un personnage féminin réellement singulier. Rencontre avec un cinéaste franco-cambodgien qui casse les codes avec intelligence et admire les filles qui le bousculent.

(suite…)

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Li Ruijin ( Le Retour des Hirondelles )

Né en 1983 à Gaotaï (Gensu)

Chine

Réalisateur ,scénariste

Passage par le Futur, Le Retour des Hirondelles

 

Interdit en Chine

Lorsqu’il est sélectionné à La Berlinale en février 2022, Le Retour des hirondelles est projeté dans une version revue par la censure chinoise, qui modifie la fin pour livrer une happy-end plus politiquement correcte. À sa sortie sur les écrans chinois le 8 juillet 2022, le film rencontre un vif succès : il rapporte 100 millions de yuans en 62 jours pour un budget de 2 millions. Pourtant, le long-métrage est retiré des cinémas le 26 septembre, victime de la censure du régime en place. (suite…)

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PROGRAMMATION MARS AVRIL 2023

Le retour des Hirondelles
du 02/03 au 07/03/2023

LE RETOUR DES HIRONDELLES 

Du 2 au 7 mars 23

De Li Ruijun – Chine – 2h13 

Dans la Chine moderne, l’agriculture est malmenée et l’on exproprie à tour de bras des paysans afin de les parquer dans des appartements froids comme la mort, au nom de « la fin de la pauvreté absolue » . Pourtant « la terre est propre et juste », répond le héros de ce mélo pastoral. Lui et sa femme sont les brebis galeuses du coin et pourtant, en vivant , amoureux, le plus loin possible de la compagnie des hommes, ils vont réussir à se construire un nid d’amour. Le film du populaire cinéaste Li Ruijun réalisé avec des petits moyens, a fait grincer des dents en Chine pour sa vision inquiète, et pour tout dire désespérée, du monde paysan (sorti début juillet 2022 avec succès, et censuré fin septembre par Xin Jinping). 

Ours d’ Argent au festival international de Berlin 2022. 

https://cinecimes.fr/li-ruijin-le-retour-des-hirondelles/

 

 

Du 02/03 au 07/03/23

RETOUR À SÉOUL 

Du 2 au 7 Mars 23

De Davy Chou, France /Belgique/Allemagne, 1h59 – VOST 

Sur un coup de tête, Freddie, 25 ans, retourne pour la première fois en Corée du Sud, où elle est née. La jeune femme se lance avec fougue à la recherche de ses origines dans ce pays qui lui est étranger, sans connaître ni la culture, ni la langue, faisant basculer sa vie dans des directions nouvelles et inattendues. Film esthétique sur la rage de trouver sa place et aussi une recherche de l’apaisement qui se trouve par l’émancipation des assignations. Une liberté d’être.

https://cinecimes.fr/davy-chou-retour-a-seoul/

 

du 09/03 au 14/03/23

L’HOMME LE PLUS HEUREUX DU MONDE 

Du 9 au 14 mars 23

De Teona Strugar Mitevska – Macedoine – 2022 – 1h35 – VOST 

Asja et Zoran se retrouvent dans un speed dating. Assez rapidement, le hasard des questions va leur faire comprendre que, trente ans auparavant, dans le Sarajevo soumis au feu nourri des snipers tchetnicks, l’une fut la victime du tir de l’autre, le jeune Zoran ayant été à l’époque enrôlé dans l’armée de la République serbe de Bosnie. 

Face à cette révélation sidérante, comment continuer à jouer au simulacre de la rencontre amoureuse ? 

 

Du 09/03 au 14/03/23

TAR 

Du 9 au 14 mars 23

De Todd Field – Etats Unis – 2h38 – VOST Avec Cate Blanchett, Nina Hoss, Noémie Merlant… 

Le réalisateur américain signe un thriller psychologique à la mise en scène implacable, porté par une redoutable Cate Blanchett (Lydia Tar), logiquement récompensée d’un prix d’interprétation féminine à la dernière Mostra de Venise. De par sa fonction et son statut, Lydia, célèbre cheffe d’orchestre, est dans le contrôle absolu d’elle-même et des autres. C’est elle qui donne le tempo, corrige d’éventuels égarements de ses musiciens, calme leurs ardeurs ou les stimule afin de restituer sa vision de la partition. La partition en question est celle de la Symphonie n° 5 de Gustav Mahler, compositeur autrichien. La progression de ce chef-d’oeuvre musical sera celle du film tout entier. Les actions de Lydia portent en elles une autorité souveraine incontestable. Quelque chose se trame pourtant en secret, Lydia se voit accusée de harcèlements moraux et sexuels. Les questions que pose le film sur la nature du pouvoir, sur la façon dont on l’exerce et dont on peut juger ces abus, sont éternelles au sens du réalisateur. 

 

AFTERSUN
Du 16/03 au 21/03/23

AFTERSUN 

Du 16 au 21 Mars 23

De Charlotte Wells – Grande Bretagne et Etats Unis – 1h36 – VOST 

Sophie, 11 ans, passe quelques jours d’été avec son père dans un hôtel de Turquie, et elle filme ces instants solaires sans savoir encore que le temps leur est compté. Le lien entre eux deux est fragile et délicat, bien rendu par l’oeil à la fois tendre et acéré de la réalisatrice écossaise. En revoyant bien plus tard ces images, Sophie découvrira ce malaise qui envahissait parfois son père, ces absences, qu’il chassait en dansant ou en faisant le clown…. C’est le premier film de cette réalisatrice écossaise, et il a reçu le Grand Prix du Festival du film américain de Deauville. 

 

Du 23/03 au 28/03/23

TOI NON PLUS TU N’AS RIEN VU 

Du 23 au 28 Mars 23

De Béatrice Pollet – France – 2022 – VOST – 1h 33 

Avec Maud Wyler, Géraldine Nakache, Grégoire Colin, Roma Kolin 

Claire saute dans une piscine avec un ventre totalement plat. Pourtant deux semaines plus tard elle accouche dans un état de sidération absolu. Tout comme sa famille, son entourage et nous spectateurs stupéfaits, personne n’a rien vu. Après une enquête minutieuse et extrêmement documentée, Béatrice Pollet se lance dans cette fiction délicate mais remarquablement maîtrisée. Tourné à Toulouse pour rendre hommage au docteur Félix Navarro qui y a créé l’Association Française pour la Reconnaissance du Déni de Grossesse, « Toi non plus tu n’as rien vu » met en lumière un sujet d’une grande complexité, un mystère qu’il faut pourtant accepter. 

https://cinecimes.fr/beatrice-pollet-toi-non-plus-tu-nas-rien-vu/

 

du 23/03 au 28/03/23

LA ROMANCIÈRE, LE FILM ET LE HEUREUX HASARD 

Du 23 au 28 Mars 23

De Hong Sang-Soo, Corée du Sud, 1h33 – VOST 

Banlieue de Séoul. Junhee, romancière de renom, rend visite à une amie libraire perdue de vue. En déambulant dans le quartier, elle croise la route d’un réalisateur et de son épouse. Une rencontre en amenant une autre, Junhee fait la connaissance de Kilsoo, une jeune actrice à qui elle propose de faire un film ensemble… 

Ce film a reçu l’Ours d’argent de la Berlinale 2022 

 

Du 30/03/23 au 04/04/23

UN PETIT FRERE

Du 30 Mars au 4 Avril 23 

De Léonor SERAILLE – France -1h56. Avec Annabelle Lengronne, Stéphane Bak, Kenzo Sambin, Ahmed Sylla. 

Une fresque romanesque sur Rose, une femme éprise de liberté, mère ivoirienne, venue en France en 1989 avec ses deux fils, racontée sur vingt ans, en trois volets, de Rose, puis de Jean et enfin d’Ernest, le petit frère. D’abord logée par sa famille en banlieue parisienne, elle travaille dur comme femme de ménage dans un hôtel mais n’a peur de rien, que ce soit pour prendre une pause, ou pour sortir danser, ou pour élever ses fils qu’elle adore mais pour lesquels elle exige une conduite exemplaire. Elle croit l’amour possible avec un homme, mais il lui promet la lune. Les fils grandissent au fil du film. La vie est perçue comme un doux drame en soi, avec des erreurs et des confrontations. Sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes 2022. 

https://cinecimes.fr/leonore-seraille-un-petit-frere/

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TOI NON PLUS TU N’AS RIEN VU

 

Du  23 au 28 Mars 2023

TOI NON PLUS TU N’AS RIEN VU

Un film de Béatrice Pollet – France – 1H 33 – 2022

Avec Maud Wyler, Géraldine Nakache, Grégoire Colin, Roma Kolin

 Claire Morel a besoin de nous pour comprendre ce qui s’est passé. Si nous ne tentons pas de comprendre avec elle, le mystère restera entier C’est au cœur d’une bien étrange affaire, une partie de cache-cache avec soi-même et peut-être avec les autres, que plonge le captivant “ Toi non plus tu n’as rien vu “de Béatrice Pollet. 

Inspiré de faits réels, le second long de la cinéaste française démarre (après un court prologue de bonheur familial) par une soirée folle pour le couple composé de Claire (Maud Wyler) et de Thomas (Grégoire Colin). À son retour tardif du travail, le second, retrouve sa femme inanimée et ensanglantée. Quelques heures après, il est placé (dans un état apparent d’incompréhension absolue) en garde à vue pour complicité de tentative d’homicide. Le motif, il le révélera très vite à Sophie (Géraldine Nakache), l’amie avocate de Claire : « on a retrouvé un nouveau-né sur le container en face de notre maison. Ils disent que c’est l’enfant de Claire – C’est du délire ! – Ça ne peut pas être son bébé. Je serais au courant si ma femme était enceinte ! » 

À partir de ce coup de théâtre initial et de la sidération accablant les protagonistes (Claire est incarcérée), le film détisse méthodiquement ce qui s’avère un déni de grossesse et creuse en profondeur à la recherche des racines de l’événement. Interrogatoires du juge d’instruction (Pascal Demolon), reconstitution, attaques du procureur expertises psychiatriques pour évaluer l’altération ou non du discernement, parloirs de Claire avec Thomas pour le volet d’intimité du couple et avec Sophie pour préparer sa défense, poids de l’opinion publique. Difficile remontée progressive à la surface de Claire sur quelques mois, le film explore un mystère à la lisière de la science, mais aussi les liens entre maternité et psychisme. 

Empathique mais sobre, ménageant habilement le suspense sans effets de manche (un très bon scénario écrit par la réalisatrice), interprété et mis en scène avec justesse, “Toi non plus tu n’as rien vu” se révèle un film passionnant, très humain et éminemment féministe, levant le voile pour l’instruction de tous sur un acte à priori incompréhensible, y compris pour celles qui traversent ce genre d’épreuves. 

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LE RETOUR DES HIRONDELLES

CINE CIMES Semaine du 2/03au 7/03/2023

Université Populaire Sallanches-Passy

LE RETOUR DES HIRONDELLES

Film de Li Ruijun – Chine – 2h13

Avec Wu Renlin, Hai-Qing, Guangrui Yang…

Elle a vu en lui tout de suite la bonté, à cause de cette main humble et belle qui caresse le dos de son âne. Lui a entendu les cris de mépris, les moqueries autour de sa jambe abîmée et son regard vide et effarouché. Mais voilà, ils se sont mariés, acceptant leur dénuement total comme une opportunité de vie et d’amour. Li Ruijun est un jeune réalisateur qui cumule à son actif déjà six longs métrages et qui force à l’admiration dans son pays en Chine. Le Retour des hirondelles apparaît comme une oeuvre majeure, dont la maîtrise de la mise en scène, de l’écriture et de la photographie est stupéfiante. Autant le récit refuse l’esbroufe et se contente de regarder pendant plus de deux heures un couple d’une magnifique simplicité, autant le film touche quasiment la perfection. L’histoire se résume à ce couple qui peu à peu, se construit une maison pour leur âne, leurs quelques poules et leur cochon, ne possédant vraiment qu’une charrue et un animal de traie. Le réalisateur s’attache à les filmer dans l’intimité merveilleuse de leur quotidien. Les corps sont éloignés, la chair semble absente de cet amour sublime. Les mots surgissent petit à petit, trahissant entre les deux, une affection emprunte d’admiration, d’amitié et de respect. Ils s’aiment sans bruit, sans effusion charnelle. Le dos voûté de la femme, le pas hésitant de l’homme ne les empêchent pas de se bâtir une vie qui pourrait ressembler au bonheur absolu. La pauvreté des paysans chinois, pourtant si écrasante, semble s’absoudre dans la candeur de leur existence.

Bientôt, après le mépris, survient la jalousie des villageois qui voient dans leur couple l’amour dont eux-mêmes se sont privés. C’est impossible de ne pas parler de ce film sans évoquer le soin immense apporté aux détails. Chaque plan est réfléchi dans une subtile synthèse de lumière et de couleur. Pourtant le métrage ne cherche pas à accumuler les effets de style. La photographie magnétique parvient à saisir, sans aucun excès, la beauté dans ce couple. L’image semble s’être inspirée d’une peinture de Van Gogh et la musique, en fond d’écran, accentue ce miracle de poésie. Ce film est une oeuvre de cinéma magistrale, comme il nous est rarement donné d’en découvrir. Les deux personnages emportent le spectateur dans leur sillage avec une incroyable facilité. Il y a dans ce récit simple et beau une âme romanesque. Et pourtant le réalisateur refuse de céder au misérabilisme bien-pensant ou au drame romantique. Il montre, dans une langue débarrassée de toute fioriture inutile, la vérité de l’amour à travers un couple qui se contente d’être ce qu’ils sont au lieu de rêver ce qu’ils ne possèdent pas. Ce film est majeur en début d’année 2023. Il donne à penser un monde où la matérialité n’est plus le centre de la vie. Il donne à espérer en un monde d’existence futur où l’amour, l’humanisme, la justice priment au détriment d’un univers rongé par la capitalisme financier et le consumérisme à outrance.

Laurent Cambon ( A Voir A Lire ) .

Le film de Li Ruijun dresse un tableau sensible du développement d’une relation. Avec un éclairage particulièrement travaillé, notamment dans les scènes d’intérieur, il crée une ambiance permettant la naissance d’une intimité improbable dans ce mariage forcé. Le jeux des deux comédiens tout en retenue, donne à sentir le rapprochement de Ma et Guying par des gestes du quotidien, en apparence anodins, mais chargés de signification pour ces deux êtres isolés.

En arrière plan, le cinéaste peint également l’extrême pauvreté des campagnes chinoises . Ses longs plans et ses mouvements d’appareils rendent compte de la dimension lente et répétitive du labeur qu’il est nécessaire d’accomplir dans certaines régions pour gagner assez d’argent pour vivre. En filigrane, c’est également l’incapacité du régime en place de pallier à cette situation qui est dénoncée. La force politique du long métrage lui a par ailleurs valu une interdiction par le gouvernement chinois, alors qu’il avait passé la rampe de la censure dans un premier temps. Le retour des hirondelles noue avec une intelligence un propos social sans concession et la trajectoire singulière de deux personnages apprenant à s’aimer, en sachant prendre le temps nécessaire au développement de son récit.

Noé Maggetti ( Ciné-Feuilles ) .

Ours d’Argent au festival international

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