Ciné Mont-Blanc
A ne pas rater !!
/!\ Le prochain Coup de Coeur Surprise aura lieu le Lundi 3 Mars 2025 à 20h 00. A l’issue de la projection, nous vous proposons de nous rejoindre afin d’échanger vos impressions.
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Toute l'équipe Cinécimes vous souhaite une excellente année cinéphile !!
Archives : Archives films
JULIE SE TAIT
JULIE SE TAIT
De Leonardo Van Dijl – Belgique/Suède – 1h37 – 2024.
Avec Koen De Bouw, Ruth Becquart, Claire Bodson.
Julie, une star montante du tennis évoluant dans un club prestigieux, consacre toute sa vie à son sport. Lorsque l’entraîneur, qui pourrait la propulser vers les sommets, est suspendu après le suicide d’une sportive du club et qu’une enquête est ouverte, tous les joueurs du club sont encouragés à partager leur histoire. Le club enquête, cherchant à protéger les autres membres et surtout Julie qui garde le silence sur la nature de sa relation avec son entraîneur. Ce film est une oeuvre en forme de quasi thriller psychologique, causant à priori de la libération de la parole dans le milieu sportif. Dans le plus grand des silences. Pas celui induit par l’omerta, les pressions ou encore les intérêts sportifs. Mais celui subi par une jeune femme conciliant famille, études et sport mené à haut niveau. Le film arrive à montrer comment le harcèlement insidieux s’instaure de manière étouffante dans le quotidien de Julie.
Publié dans 3ème film du programme, Archives films, Uncategorized
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MON GATEAU PREFERE
« Mon gâteau préféré », naissance d’un amour tardif
Le second long-métrage, après Le Pardon (2020), du couple de cinéastes composé par Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha, installé à Téhéran, cristallise une nouvelle fois la chappe de plomb que fait peser le régime iranien sur la création cinématographique. Tourné en secret en 2022 dans un climat de tension sociale, au moment où allait éclater le mouvement Femme, vie, liberté, le film enfreint délibérément les restrictions qui entourent la représentation des femmes à l’écran, concernant, notamment, le port du hidjab jusque dans l’espace domestique, en dépit de toute considération réaliste. Mon Gâteau Préféré se présente pour l’essentiel comme une authentique comédie romantique du troisième âge, en apparence assez inoffensive, mais, dans le fond, tout sauf naïve. Le film vaut d’abord pour la finesse avec laquelle il dépeint l’isolement des personnes âgées, montrées comme n’appartenant plus au même fuseau horaire que la société active (Mahin, victime d’insomnies, se lève à midi), donc condamnées à vivre dans ses interstices – un constat qui dépasse le simple cadre de la société iranienne. (Ma. Mt. Pour Le Monde.)
Mais la morale du film sur le courage des microrésistances privées, d’une inversion des signes moroses par l’étincelle d’une simple rencontre, s’inverse brutalement dans un finale absurde et sinistre. Il faut aimer les déconvenues hardcores ou interpréter ce twist comme le reflet du pessimisme des auteurs pour ne pas leur en vouloir de faire subir ça à des personnages qu’ils ont mis tant d’ardeur, et d’ailleurs de talent, à nous faire aimer. (Didier Péron pour Libération)
Il reste un film modestement magnifique, qui nous emporte avec une facilité déconcertante tant les deux acteurs sont formidables de présence et de justesse. Un film nécessaire et qu’on a particulièrement envie de partager quand on sait que les autorités iraniennes ont confisqué les passeports des deux réalisateurs Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha à l’annonce de la sélection de leur film en compétition au Festival de Berlin 2024…Ils sont depuis assignés à résidence dans l’attente de leur procès.
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LES FEUX SAUVAGES
Semaine du13 au 18 février
LES FEUX SAUVAGES
De Jia Zhangke -Chine-1H51 Vost
Avec Zhao Tao
Rattrapé par les marées, traduction du titre international (Caught by the Tides) du nouveau film de Jia Zhang-ke, permet peut-être de mieux l’appréhender. À 53 ans, le réalisateur chinois revisite son cinéma avec un récit en trois parties, situées respectivement en 2001, 2006 et 2022, non pour signer une grande fresque romanesque comme Au-delà des montagnes ou Les Éternels, mais pour reparcourir l’itinéraire emprunté par son cinéma dans la Chine du XXIe siècle. « Les marées » ou les « feux sauvages » sont à entendre comme des vagues de souvenirs irrépressibles, les siens et ceux de son actrice fétiche, Zhao Tao. Ils resurgissent par le biais d’images de précédents films, mais aussi de rushes inédits, comme extirpés des archives du cinéaste. Pour rassembler ces différentes périodes, le film s’en tient à un embryon de mélodrame : un couple se déchire, se perd de vue et se retrouve.
Les deux personnages, Qiaoqiao (Zhao Tao) et Bin (Li Zhubin), sont apparus pour la première fois il y a vingt-deux ans dans Plaisirs inconnus, dont on retrouve beaucoup d’images dans la première partie,, bien qu’elles soient ici agencées différemment : les scènes de rue, de chant et de chorégraphie s’enchaînent de façon purement musicale, en passant d’un morceau électronique populaire à un autre, sans que jamais ne s’amorce véritablement un récit, ne se déroule le début de l’intrigue, elle paraît surtout s’inscrire dans le mouvement frénétique de la ville.
Cette partie et la suivante – plus mélancolique et composée notamment de plans de Still Life – ravivent le souvenir de cette période du cinéma de Jia Zhang-ke ; Les ellipses racontent ainsi autant les mutations de la Chine (de l’effervescence libérale à la désillusion capitaliste, jusqu’à l’ère de la surveillance technologique) que celles du cinéma, et plus précisément de l’œuvre de Jia Zhangke. Si le scénario que bricole ce remix ne tient pas vraiment (ce que trahit, exemplairement, le choix de faire de Qiaoqiao un personnage muet), il fait surtout ici office de lien distant entre les morceaux assemblés.
La troisième partie, achève la perspective : elle donne à l’ensemble une colonne vertébrale – elle est la seule à avoir été tournée sur mesure pour ce film-ci. Si l’image y est numérique et un peu terne elle capture tout de même de façon troublante le passage des années sur le visage des acteurs. Le contexte du Covid-19 permet à plusieurs reprises d’aménager des scènes où Qiaoqiao et Bin se démasquent, manière émouvante de dévoiler le vieillissement de leurs corps. Pris dans son ensemble, Les Feux sauvages se présente dès lors comme un objet un peu bancal, ou du moins flottant, terme qui lui sied peut-être mieux : sur un bateau ou dans un train, les personnages, comme le cinéaste, se laissent porter par la dynamique d’un voyage à travers les souvenirs.
D’après les critiques du Monde et de Critikat ( janvier 2025)
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Memoires d’un escargot
À la mort de son père, la vie heureuse et marginale de Grace Pudel, collectionneuse d’escargots et passionnée de lecture, vole en éclats. Arrachée à son frère jumeau Gilbert, elle atterrit dans une famille d’accueil à l’autre bout de l’Australie. Suspendue aux lettres de son frère, ignorée par ses tuteurs et harcelée par ses camarades de classe, Grace s’enfonce dans le désespoir. Jusqu’à la rencontre salvatrice avec Pinky, une octogénaire excentrique qui va lui apprendre à aimer la vie.
Lorsqu’elle fait le bilan de son existence, Grace se définit comme « un verre à moitié plein », qui comble sa moitié vide avec la lecture de romans à l’eau de rose et la compagnie (envahissante) des gastéropodes – auxquels, à force de s’être construit une carapace pour se protéger du monde, elle a fini par s’identifier. Bien qu’explorant par le menu les multiples traumatismes de la jeune fille, tout l’enjeu du film sera de colmater ses failles émotionnelles pour l’amener à s’ouvrir au monde. Mémoires d’un escargot use pour y parvenir d’un ton étonnant, alignant moments d’une immense drôlerie, mais aussi pas mal de mélancolie et un soupçon de colère. Soit peu ou prou les étapes d’un processus de reconstruction de soi. Part thérapeutique du film qui se confirme avec l’entrée en scène de Pinky, mamie aussi ridée que décapante, qui n’hésite pas à faire des doigts d’honneur à quiconque la juge, soigne sa trouille de la sénilité à la marijuana et dispute des parties de ping-pong endiablées avec Fidel Castro.
Il n’est pas anodin que ce génial long métrage soit fait de pâte à modeler : il exprime comment des êtres peuvent se remodeler, les creux et les pleins apparaissant sur la texture même des personnages. De même, les décors fourmillant de détails, reflet du bric-à-brac surchargé qu’est l’esprit de Grace, contribuent à faire de Mémoires d’un escargot un film très singulier, malléable, tendre et dur, fourmillant d’idées et merveilleusement poétique. Adam Elliot y trace sa voie, magnifique et solitaire, entre étrangeté formelle et scénario vantant les imperfections (un univers résumé par une phrase du film : « Sans obscurité, la lumière n’a pas de sens ») ou la référence marquée au Kintsugi, cet art japonais consistant à rénover des objets abîmés sans faire disparaître leurs fissures. Le résultat est saisissant : nous sommes emportés par la puissance émotionnelle de Mémoires d’un escargot, qui transcende un récit de deuil et ses cicatrices en celui d’une renaissance apaisée.
Cristal du long métrage au Festival d’Annecy 2024
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EEPHUS
CINE CIMES Semaine du 06/02 au 11/02/2025
EEPHUS, LE DERNIER TOUR DE PISTE
Film de Carson Lund – Etats-Unis, France -1h38 -VOST
Avec Keith William Richards, Cliff Blake, Ray Hryb…
On appelle eephus ou encore « arc en ciel » un type de lancer au baseball: une balle courte qui ressemble à une balle lente, autrement dit une feinte, destinée à déstabiliser le batteur qui ne manquera pas d’être surpris par une trajectoire et une vitesse inhabituelles. On prédit le même sort et la même agréable désorientation au spectateur de ce film d’atmosphère dont l’intrigue tiendrait sur un billet de stade.
Dans une bourgade non identifiée de Nouvelle Angleterre à une époque elle même floue qui pourrait être les années 1990, deux équipes amateurs, les Riverdogs et les Adler’s Paint, s’affrontent pour un ultime match. Dans l’autoradio d’un des joueurs, la voix chevrotante de Frederick Wiseman (94 ans) annonce la couleur : le terrain va être rasé pour faire place à une école. Satanée jeunesse .
Ambiance de fin de partie et nostalgie à tous les étages, donc, dans ce huis clos proustien déguisé en film de sport.
Car évidemment le baseball n’est pas le sujet. Tous plus ou moins bedonnants, grisonnants, claudicants, les protagonistes sont de piètes athlètes. Ils courent comme des pingouins et s’enfilent plus de canettes de bières qu’ils ne marquent de points. Ce stade, c’est leur cour de récré, leur bar, leur refuge, leur raison d’être dominicale pour fuir le foyer, entre autres. Etre là pour ne pas être ailleurs.
Et la saison choisie par les auteurs ne l’a pas été au hasard : c’est l’automne, avec son chapelet de couleurs fauves, égrenées et magnifiquement mises en valeur par le jeune réalisateur Carson Lund, chef opérateur du récent Noël à Miller’s Point, de son camarade Tyler Taormina, ici producteur. Les deux trentenaires appartiennent au même collectif , Omnes Films, et représentent le futur du cinéma indépendant américain : moderne mais à l’ancienne, détaché des impératifs de rentabilité, et où l’apparente nonchalance de la forme impose en douceur un discours tournant ostensiblement le dos à l’efficacité des contenus pour plateformes.
Dans ce film choral que n’aurait pas renié Robert Altman, autre modeste protagoniste d’une Amérique en voie d’extinction, l’action impose moins que la sensation. Sur le terrain, les joueurs disputent leur dernière manche ; la nuit tombe ; l’électricité a été coupée ; on allume les phares des voitures pour y voir clair. Personne n’a envie de rentrer. Le score ? Quel score ? Seul compte le vent dans les érables. « Au baseball, dira l’un des personnages, on attend des heures que quelque chose se passe , et hop, c’est finit ».
Critique de Jérémie Couston – Télérama .
Ciné Surprise le 03/03 /2025
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Girls will be Girls
GIRLS WILL BE GIRLS
un film de Schuchi Talati
France-Inde-Norvège-Etats Unis – 1h59 – VOST
avec Preeti Panigrahi, Kani Kusruti, Kesav Binoy Kiron..
En Inde, une ado et sa mère, attirées par le même garçon, s’opposent et défient la tradition. Audacieux. Comme un écho au sacre du film All We Imagine As Light de la réalisatrice indienne Payal Kapadia, lauréate du Grand-Prix au Festival de Cannes 2024, voici une autre réussite au féminin venue du même pays, traversée aussi par des thèmes contemporains et un élan réformateur .
L’action se déploie, non sans raison, depuis un milieu traditionaliste : un pensionnat d’élite dans le nord de l’Inde, mais filmé à l’anglo-saxonne. Mira, à priori une lycéenne modèle, vient d’être promue « préfète », autant dire relais de l’administration autoritaire. Peu après, deux évènements modifient son quotidien. D’un côté, elle se rapproche d’un nouvel élève, Sri, irrésistible fils de diplomate tout juste débarqué de Hongkong. De l’autre, Alina, sa mère, revient s’installer dans la région pour la soutenir jusqu’aux examens.
Avec ce triangle, la réalisatrice de 39 ans réussit d’abord à créer une situation subtilement instable, et donc imprévisible, entre le pensionnat et la maison maternelle. Mira, qui fait la leçon à ses camarades au moindre écart, décide d’assumer, en privé, son désir pour Sri et se prépare aux premiers rapports sexuels comme s’il s’agissait d’une nouvelle matière scolaire. La mère, au diapason de la direction de l’établissement, voit d’un mauvais oeil une « amitié » dont elle veut ignorer la dimension charnelle. Mais, parallèlement, cette femme au foyer séduisante semble, elle-même, s’éprendre du beau garçon, et rechercher des moments d’intimité avec lui, sous les yeux de Mira…
Le film surprend encore davantage par la mise en perspective, sinon la déconstruction, d’un tel suspense psychologique .
De nombreux aspects de la mise en scène montrent comment les deux générations de femmes indiennes ici incarnées cherchent, coûte que coûte, à s’échapper de la place qui leur est assignée, à l’école comme en famille. Cela vaut pour l’approche de la sexualité, frontale et rationnelle, par l’adolescente comme pour l’envie de la mère de rester vivante, pas seulement dévouée aux siens. Peu à peu, il apparaît aussi que le personnage masculin, en dépit de sa jeunesse et de ses politesses, tire tranquillement profit d’un ordre ancien : le scénario de la rivalité féminine, serait-ce entre fille et mère, sera toujours celui d’un triomphe masculin… Ce beau premier long métrage propose opportunément autre chose, relevant autant de la compréhension que de l’émotion .
Critique de Louis Guichard . Telerama
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La belle de Gaza
Semaine du 27 juin au 2 juillet 2024
LA BELLE DE GAZA
De Y0LANDE ZAUBERMAN -France- 1H16
La Belle de Gaza commence : le visage d’une anonyme, filmé quelques années auparavant par Yolande Zauberman, obsède la cinéaste, elle tente de la retrouver pour raconter son histoire. Selon une légende urbaine parvenue aux oreilles de la documentariste, la Belle de Gaza – comme la surnomme la cinéaste – se serait échappée de l’enclave palestinienne pour rejoindre à pied la « bulle » israélienne et entreprendre sa transition de genre.
À mesure que Zauberman retrace son chemin et interroge d’autres femmes trans qui auraient pu la connaître, la figure énigmatique se montre toujours plus insaisissable. La quête entreprise par la cinéaste irrigue le film d’un élan pulsionnel. Le désir y est omniprésent : dès le feu d’artifice qui jaillit à l’ouverture, le film, sans éluder la précarité de l’existence des femmes qu’elle filme (les nuits de Tel-Aviv sont loin d’être un havre de paix pour les transgenres palestiniennes), partage leur appétit de jouissance. Les conversations qui s’engagent avec ces personnages à la sensualité exacerbée (par leur accoutrement et leur manière de se mouvoir) tournent ainsi principalement autour de la sexualité.
La trajectoire symbolique vers l’émancipation sexuelle – qui se double d’un déplacement géographique de Gaza à Tel-Aviv – conduit surtout la cinéaste à sonder la distance qui se creuse entre ces femmes et leur milieu d’origine, et que recoupe la ligne de fracture entre les deux peuples. L’exil est double, corporel (elles abandonnent leurs corps originels) et social – elles se détournent de leurs familles, qui bien souvent les ont rejetées violemment.
Le film évite toutefois d’opposer trop frontalement les sociétés israéliennes et palestiniennes sur la question. Le danger qui menace l’existence de ces femmes prend davantage le visage des rôdeurs frustrés – ces hommes rongés par la honte qui viennent épier et menacer les femmes trans – que celui de la religion et de ses interdits : qu’ils soient palestiniens ou israéliens, les harceleurs et les violeurs infligent les mêmes maux.
Dans le dernier mouvement du film, Zauberman semble chercher à combler le fossé qui sépare tous ces éléments contraires ; la religion et la transidentité, Israël et la Palestine. En témoigne un plan magnifique, qui par un étrange jeu de reflet dans l’habitacle d’une voiture fait flotter le visage d’un fils rejeté, devenu une femme trans épanouie et célèbre à Tel-Aviv, au-dessus de celui de son père, coupable d’avoir été aveuglé par son conservatisme : l’image les maintient alors dans deux espaces différents, tout en ménageant la possibilité d’une tendresse partagée.
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Gloria!
GLORIA!
Margherita Vicario – Italie – 1h46
Nous voici donc en 1800 dans l’orphelinat et conservatoire pour jeunes filles de Sant’Ignazio près de Venise. Teresa (Galatéa Bellugi, vue récemment dans Chien de la casse, réservée et rayonnante à la fois) est une jeune femme mutique qui s’occupe du ménage dans les chambres des filles qui font partie de l’orchestre du prêtre Perlina, intendant et musicien en chef de l’orphelinat. Mais Teresa a l’oreille fine, une perception musicale bien à elle et lorsqu’elle entend les pensionnaires faire leurs vocalises ou répéter sur leurs instruments, le moindre son du monde qui l’environne vient prendre part à cette musicalité. Étendre le linge, couper les légumes, éternuer, récurer le linge au lavoir… Tous ces sons du quotidien s’accordent pour créer une véritable partition. Teresa observe beaucoup ces chanteuses et musiciennes, bien qu’à l’Église le dimanche, lors de leur représentation, elle ne semble avoir d’yeux que pour un petit garçon assis au premier rang…
C’est à l’issue de la messe que le gouverneur vient voir le prêtre Perlina, ancien maestro de renom et personnage profondément antipathique, pour lui demander de composer un concert pour la venue du nouveau Pape dans leur petite église ! Mais attention, il faudra proposer autre chose que les musiques un peu vieillottes et redondantes qui sont le menu de la messe dominicale, tel le sempiternel Gloria. Il apparaît bien vite que l’inspiration lui fait défaut et qu’il est bien incapable de s’acquitter de cette mission… Les filles de son orchestre s’en inquiètent et Lucia, premier violon volontiers pimbêche, voit bien là l’occasion de faire jouer ses propres compositions… Mais un pianoforte caché par Perlina dans une remise isolée de l’orphelinat va changer le cours des choses : Teresa le découvre par hasard et s’aperçoit que c’est l’instrument idéal pour exprimer enfin sa créativité et la faire éclater au grand jour…
C’est à l’issue de la messe que le gouverneur vient voir le prêtre Perlina, ancien maestro de renom et personnage profondément antipathique, pour lui demander de composer un concert pour la venue du nouveau Pape dans leur petite église ! Mais attention, il faudra proposer autre chose que les musiques un peu vieillottes et redondantes qui sont le menu de la messe dominicale, tel le sempiternel Gloria. Il apparaît bien vite que l’inspiration lui fait défaut et qu’il est bien incapable de s’acquitter de cette mission… Les filles de son orchestre s’en inquiètent et Lucia, premier violon volontiers pimbêche, voit bien là l’occasion de faire jouer ses propres compositions… Mais un pianoforte caché par Perlina dans une remise isolée de l’orphelinat va changer le cours des choses : Teresa le découvre par hasard et s’aperçoit que c’est l’instrument idéal pour exprimer enfin sa créativité et la faire éclater au grand jour…
De l’aveu de la réalisatrice, Gloria ! a l’ambition de montrer les conditions réelles de ces musiciennes à l’époque, bien que l’histoire soit parsemée d’écarts fantastiques et de sauts musicaux dans le temps. Il y a une réelle recherche rythmique, de nombreuses séquences ont été chorégraphiées et le résultat à l’écran fonctionne merveilleusement. De plus, assister à l’émergence artistique de ces jeunes femmes, à leur prise de pouvoir face à un vieux phallocrate boursouflé d’égocentrisme, est assez jubilatoire !
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Salem
Roméo et Juliette transposé à Marseille…
Le long-métrage se découpe en trois parties. La première se déroule quand Djibril a quatorze ans. Il est amoureux de Camilla et celle-ci tombe enceinte. Tels les Capulets et les Montaigus, les deux jeunes viennent de deux cités rivales, mais aussi de deux façons de vivre différentes. Djibril se retrouve partagé entre son amour pour Camilla et la guerre des cités. Lorsque l’un de ses amis meurt sous ses yeux, il prend des décisions qui vont le mener en prison.
Les deuxièmes et troisièmes parties se concentrent sur un Djibril adulte qui sort d’un hôpital psychiatrique 15 ans après les événements de son enfance. Il va rencontrer sa fille, Ali. Djibril veut la paix. Il ne veut plus d’une guerre entre les cités.
Une tragédie jusqu’au-boutiste
La troisième partie, la plus courte, prend le parti de changer de point de vue. Dans les deux premiers actes, nous avions le point de vue de Djibril, dans la dernière ce sera celui de sa fille Ali. Un changement qui redynamise le long-métrage pour apporter une conclusion. Au travers de cette tragédie, Jean-Bernard Marlin nous montre la vie quotidienne dans les quartiers Nord de Marseille, où tout est prétexte à la violence. Du côté de la réalisation, Jean-Bernard Marlin fait majoritairement dans le classicisme, avec surtout des plans fixes. Il gère aussi bien les silences. Beaucoup de scènes ont peu ou pas de dialogues. Il laisse ses images parler d’elles mêmes.
Des acteurs non-professionnels qui offrent des performances réalistes
Enfin, le casting est composé uniquement d’acteurs non-professionnels. Et, que ce soit les jeunes acteurs de quatorze ans (Dalil Abdourahim, Mohamed Soumare, Wallenn El Gharabaoui et Maryssa Bakoum) ou les adultes (Oumar Moindjie, Inès Bouzid, Amal Issihaka Hali et Rachid Ousseni), tous sont intéressants. Le réalisateur a su obtenir des performances extrêmement réalistes de ses acteurs.
Salem est donc une tragédie shakespearienne dans les quartiers Nord de Marseille qui fait mouche. Malgré une petite réticence sur un choix narratif, Jean-Bernard Marlin nous propose un second long-métrage avec de belles qualités. Entre mysticisme, transmission et réalité d’une guerre des quartiers son film fait clairement passer un message de paix, comme son titre l’indique (Salem signifie paix en arabe)
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Six pieds sur Terre
SIX PIEDS SUR TERRE
De Karim Bensalah
France 2024/ 1H36
Avec Hamza Meziani, Kader Affak
Sofiane, fils d’un diplomate algérien à la retraite, poursuit paresseusement des études à l’université de Lyon. Parce que justement il n’est pas assez présent sur les bancs des amphis lyonnais, il se voit frappé d’une décision administrative qu’il trouve injuste. Si il ne présente pas un certificat de travail dans les semaines qui suivent, il risque l’expulsion.
N’importe quel travail pour pouvoir rester en France. Un oncle qui est entrepreneur de pompes funèbre musulmanes à Roubaix se dit prêt à l’embaucher, mais famille ou pas, un certificat de travail se mérite et Sofiane doit faire ses preuves dans l’entreprise.
Sofiane qui toute sa courte vie a tout fait pour rejeter le communautarisme et la religion se retrouve à accompagner des familles musulmanes dans le rituel religieux le plus important pour un croyant.
Sofiane à la croisée des chemins, et lequel choisir. Au milieu des morts, c’est le chemin de sa propre vie qui l’attend.
Qui es-tu vraiment Sofiane ? Vaste question n’est-ce pas, puisque toi même tu n’en sais rien.
C’est l’histoire d’une réconciliation, celle d’un jeune homme avec sa famille et son histoire.
Plusieurs épreuves l’attendent, entre ses choix, ses renoncements et ses certitudes, Sofiane découvrira enfin qui il est.
Un très beau film tendre, à l’image de son sympathique héros et de tous les personnages attachants qui gravitent autour de lui. Une mise en scène simple au profit d’un scénario qui affronte vaillamment la mort, la vie, l’identité et la tradition avec intelligence et franchise. On n’avait pas vu cela depuis » Six feet under » la formidable série de Alan Ball.
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