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Queen and country

Queen and country 1De John Boorman – Grande Bretagne – 2014 -1h45 – VOST
Avec Callum Turner, Vanessa Kirby, David Thewlis, Richard E. Grant….
1952. Bill Rohan a 18 ans et l’avenir devant lui. Pourquoi pas avec cette jolie fille qu’il aperçoit sur son vélo depuis la rivière où il nage chaque matin ? Cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu’il est appelé pour effectuer deux années de service militaire en tant qu’instructeur pour jeunes soldats anglais en partance pour la Corée. Bill se lie d’amitié à Percy, un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de faire chuter le psychorigide Sergent Major Bradley. Tous deux parviennent néanmoins à oublier un peu l’enfermement et la discipline à l’occasion de rares sorties. Mais leur est-il encore possible d’y rencontrer l’âme sœur ?

Critique

John Boorman (« Excalibur », « Rangoon », ou encore « The General », Prix de la mise en scène à Cannes en 1998) a surpris son monde à la Quinzaine des réalisateurs 2014, en présentant ce qui était annoncé comme une suite de son « Hope and Glory ». Comédie enlevée, située dans les années 50, et relatant le service militaire de deux appelés légèrement contestataires, « Queen and Country » est en réalité une petite perle d’humour british tout à fait irrévérencieux, envers l’armée, la couronne et les codes sociaux de l’époque. (suite…)

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Eau argentée

Eau argentée 2De Ossama Mohammed, Wiam Simav Bedirxan – France, Syrie – 2014 – 1h43
Acteurs inconnus
Ossama Mohammed : « En Syrie, les Youtubeurs filment et meurent tous les jours. Tandis que d’autres tuent et filment. A Paris, je ne peux que filmer le ciel et monter ces images youtube, guidé par cet amour indéfectible de la Syrie. De cette tension entre ma distance, mon pays et la révolution est née une rencontre. Une jeune cinéaste Kurde de Homs m’a « Tchaté » : « Si ta caméra était ici à Homs que filmerais-tu ? » Le film est l’histoire de ce partage. »

Critique

Nous ne sommes pas sans nouvelles de la guerre en Syrie, qui sévit depuis maintenant trois ans. Au début rares, les images ont percé peu à peu, puis déferlé sur YouTube. Certaines d’une violence presque insoutenable, filmées par des milliers de Syriens : scènes de combats de rue, de deuil, mais aussi de tortures, d’humiliations. Comment s’y retrouver dans un tel chaos visuel ? Cette question, Ossama Mohammed ne cesse de se la poser, dans un murmure, une sorte de recueillement qui amortit les déflagrations. Lui reste invisible, mais on entend sa voix, à la fois lueur, plainte, baume. Auteur reconnu de plusieurs films (dont Etoiles de jour), ce Syrien, en exil à Paris depuis ses prises de position en 2011 contre le régime de Bachar al-Asad, confie, face aux vidéos qui défilent, son tourment de ne pas être au ­côté du peuple qui se soulève. A travers tel ou telle qu’il repère et singularise, il reconnaît sa propre peur, ou son courage, sa vigueur, son chagrin. (suite…)

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Bébé tigre

Bébé tigre 1De Cyprien Vial – France 2014 – 1h27
Avec Harmandeep Palminder, Vikram Sharma, Elisabeth Lando…
Bébé Tigre n’est pas un film pour enfants, ni un documentaire animalier. Le titre désigne métaphoriquement Many, le jeune héros originaire du Penjab, qui est arrivé clandestinement en France. Pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, remarquablement intégré, il est tiraillé entre le désir d’être un bon élève et la nécessité d’envoyer de l’argent à ses parents en travaillant au noir. Au prix de mensonges incessants, notamment à son éducateur et à sa famille d’accueil, il mène ses vies de front.
Cyprien Vial a nourri son premier film d’ un gros travail préalable de documentation et d’enquête. Il nous donne ainsi un très beau récit d’apprentissage sur fond de polar social particulièrement prenant, une réussite.

Critique

Une belle fiction parfaitement documentée sur le vécu de Many, un jeune pendjabi de 17 ans « mandaté » par sa famille indienne dans la « jungle » d’un Paris tout à la fois accueillant et redoutable.

L’argument : Bébé Tigre, c’est Many, 17 ans. Il vit en France depuis deux ans et mène la vie d’un adolescent comme les autres, partageant son temps entre les cours, ses copains et sa petite amie.
Mais les responsabilités que ses parents restés en Inde lui ont confiées vont l’obliger à se mettre en danger… (suite…)

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Les merveilles

Les merveilles 2De Alice ROHRWACHER – Italie – 1h50 – VOST
Avec Monica Belluci, Alba Rohrwacher, Margarete Tiesel…
Deuxième long métrage de cette réalisatrice de 33 ans (découverte à la quinzaine des réalisateurs à Cannes 2011 avec Corpo Celeste) où le personnage central est à nouveau une jeune fille. Gelsomina vit coupée du monde avec ses parents apiculteurs et ses trois jeunes sœurs, en contact étroit avec la nature et les animaux dans un équilibre quasi parfait, voulu par son père pour les protéger d’un monde en train de périr. Cette cohésion familiale va être mise à mal avec l’arrivée d’un jeune allemand délinquant et leur participation à un jeu télévisé « Le Village des merveilles ».
Alice Rohrwacher donne à ce film superbe une dimension poétique avec quelques visions surréalistes.
Grand prix du jury Cannes 2014

Critique

Dans un village en Ombrie, Gelsomina et ses trois jeunes sœurs voudraient profiter des derniers jours de l’été pour s’amuser. Sauf que leur père Wolfgang, un amoureux de la nature qui déteste la société de consommation, leur mène la vie dure. Il est apiculteur et elles sont obligées de l’aider dans son travail. Wolfgang, qui aurait aimé avoir des garçons, s’énerve quand ses filles veulent participer au tournage du «Village des merveilles», un jeu télévisé qu’il trouve complètement stupide. Il voit également d’un mauvais oeil l’arrivée de Martin, un jeune délinquant accueilli dans le cadre d’un programme de réinsertion… (suite…)

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Ruben Östlund

Ruben Östlund13 avril 1974 (40 ans)

Drapeau de la Suède Styrsö, Suède

Réalisateur, scénariste

Happy Sweden, Play, Snow Therapy

 Note du réalisateur

Snow Therapy trouve ses origines dans une question qui me fascine depuis longtemps: Comment les êtres humains réagissent-ils dans des situations soudaines et inattendues comme une catastrophe par exemple ? Ici, il s’agit de l’histoire de vacanciers témoins d’une avalanche et qui s’enfuient, terrifiés. Lorsque tout s’arrête, ils ont honte car ils ont succombé à leurs instincts primaires. Cette histoire-là m’est venue suite à une anecdote que je n’ai jamais pu oublier. Il y a quelques années, (suite…)

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Programme février et mars 2015

SNOW THERAPYPHOENIXMON AMIE VICTORIAQUEEN AND COUNTRYEAU ARGENTÉEBÉBÉ TIGRELES MERVEILLES

 Attention : vérifier les horaires des séances sur le site Ciné Mont Blanc

Du 19 au 24 février

SNOW THERAPY
Snow therapy 3De Ruben Östlund – Suède – 2015 – 1h58 – VOST
Avec Johannes Bah Kuhnke, Lisa Loven Kongsli, Clara et Vincent Wettergren…
Une famille suédoise passe quelques jours de vacances dans les Alpes Françaises. Le soleil brille et les pistes sont magnifiques, mais une avalanche vient tout bouleverser. Ebba, la mère, essaie de protéger ses enfants, alors que Tomas, le père, a pris la fuite, ne pensant qu’à sauver sa peau. Le désastre annoncé ne se produit pas, et la réalité reprend son cours. Il n’y a aucun dommage visible, et pourtant, l’univers familial est ébranlé. La réaction de Tomas va les amener à réévaluer leurs rôles et leurs certitudes, et Tomas tente désespérément de reprendre sa place de patriarche. Une comédie grinçante sur le rôle de l’homme au sein de la famille moderne.
Festival de Cannes 2014 (Un Certain Regard).- Nombreuses récompenses (notamment celle du Meilleur Réalisateur) dans plusieurs Festivals.

Du 26 février au 3 mars

PHOENIX
Phoenix 2De Christian Petzold – Allemagne – 2015 – 1h38 – VOST
Avec Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Nina Kunzendorf…
Si Barbara évoquait les sombres heures de l’Allemagne de l’Est, Phoenix se déroule à Berlin, en 1945. Grièvement défigurée, la chanteuse Nelly Lenz, seule survivante d’une famille déportée à Auschwitz, retourne dans un Berlin sous les décombres. Elle est accompagnée de sa fidèle amie, Lene, une employée de l’Agence Juive. Tout juste remise d’une opération de reconstruction faciale, Nelly part à la recherche de son mari, Johnny, même si Lene le lui déconseille vivement. Johnny, convaincu que sa femme n’a pas survécu, ne la reconnait pas quand enfin elle le retrouve. Il ne voit en elle qu’une troublante ressemblance et ne peut croire qu’il s’agit bien d’elle. Dans le but de récupérer son patrimoine familial, Johnny lui propose de prendre l’identité de sa défunte épouse. Nelly accepte et devient son propre imposteur. Elle espère ainsi savoir si Johnny l’a autrefois trahie…

Du 5 au 10 mars

MON AMIE VICTORIA
Mon amie victoria 1De Jean-Paul CIVEYRAC – France – 2015 – 1h35
Avec Guslagie Malanda, Nadia Moussa, Catherine Mouchet, Pascal Greggory…
Avec une empathie, dénuée de sensiblerie, pour une héroïne malmenée par la vie, le réalisateur adapte superbement le roman de Doris Lessing sur le destin et les amours d’une jeune femme hantée par un épisode de son enfance. Dans ce récit au long court et cette profusion d’évènements, sont abordés les thèmes du racisme et ses variantes, des classes sociales, de la réussite, de la fatalité. Ce mélodrame, sur une tragédie politique contemporaine, nous interroge sur ce qui fonde les activités et les passions humaines.

Le 12 mars

EAU ARGENTÉE
Eau argentéeDe Ossama Mohammed, Wiam Simav Bedirxan – France, Syrie – 2014 – 1h43
Acteurs inconnus
Ossama Mohammed : « En Syrie, les Youtubeurs filment et meurent tous les jours. Tandis que d’autres tuent et filment. A Paris, je ne peux que filmer le ciel et monter ces images youtube, guidé par cet amour indéfectible de la Syrie. De cette tension entre ma distance, mon pays et la révolution est née une rencontre. Une jeune cinéaste Kurde de Homs m’a « Tchaté » : « Si ta caméra était ici à Homs que filmerais-tu ? » Le film est l’histoire de ce partage. »

Du 12 au 17 mars

QUEEN AND COUNTRY
Queen and country 2De John Boorman – Grande Bretagne – 2014 -1h45 – VOST
Avec Callum Turner, Vanessa Kirby, David Thewlis, Richard E. Grant….
1952. Bill Rohan a 18 ans et l’avenir devant lui. Pourquoi pas avec cette jolie fille qu’il aperçoit sur son vélo depuis la rivière où il nage chaque matin ? Cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu’il est appelé pour effectuer deux années de service militaire en tant qu’instructeur pour jeunes soldats anglais en partance pour la Corée. Bill se lie d’amitié à Percy, un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de faire chuter le psychorigide Sergent Major Bradley. Tous deux parviennent néanmoins à oublier un peu l’enfermement et la discipline à l’occasion de rares sorties. Mais leur est-il encore possible d’y rencontrer l’âme sœur ?

Du 19 au 24 mars

BÉBÉ TIGRE
Bébé tigre 2De Cyprien Vial – France 2014 – 1h27
Avec Harmandeep Palminder, Vikram Sharma, Elisabeth Lando…
Bébé Tigre n’est pas un film pour enfants, ni un documentaire animalier. Le titre désigne métaphoriquement Many, le jeune héros originaire du Penjab, qui est arrivé clandestinement en France. Pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, remarquablement intégré, il est tiraillé entre le désir d’être un bon élève et la nécessité d’envoyer de l’argent à ses parents en travaillant au noir. Au prix de mensonges incessants, notamment à son éducateur et à sa famille d’accueil, il mène ses vies de front.
Cyprien Vial a nourri son premier film d’ un gros travail préalable de documentation et d’enquête. Il nous donne ainsi un très beau récit d’apprentissage sur fond de polar social particulièrement prenant, une réussite.

Du 26 au 31 mars

LES MERVEILLES
Les merveilles 1De Alice ROHRWACHER – Italie – 1h50 – VOST
Avec Monica Belluci, Alba Rohrwacher, Margarete Tiesel…
Deuxième long métrage de cette réalisatrice de 33 ans (découverte à la quinzaine des réalisateurs à Cannes 2011 avec Corpo Celeste) où le personnage central est à nouveau une jeune fille. Gelsomina vit coupée du monde avec ses parents apiculteurs et ses trois jeunes sœurs, en contact étroit avec la nature et les animaux dans un équilibre quasi parfait, voulu par son père pour les protéger d’un monde en train de périr. Cette cohésion familiale va être mise à mal avec l’arrivée d’un jeune allemand délinquant et leur participation à un jeu télévisé « Le Village des merveilles ».
Alice Rohrwacher donne à ce film superbe une dimension poétique avec quelques visions surréalistes.
Grand prix du jury Cannes 2014

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François Grospiron

François Grospiron 001Éléments de biographie :

J’ai depuis mon adolescence, où j’habitais la région parisienne, pris goût au cinéma, fréquentant assez régulièrement les salles d’Art et d’Essai, et la Cinémathèque du Palais de Chaillot à Paris.
Le collège puis le Lycée que je fréquentais avaient un ciné-club, tout cela a contribué à forger mon goût pour cet art.
Enseignant de français, j’ai continué dans cette voie en animant dans les établissements où j’ai exercé des ciné-clubs d’abord, puis des ateliers de pratiques artistiques audio-visuelles, tout en intégrant dans ma pratique quotidienne d’enseignant un travail sur l’analyse de l’image, fixe ou animée, et donc du cinéma. J’ai fait partie du groupe de pilotage de l’opération « Collège au Cinéma », et du groupe des formateurs « images et médias » du Rectorat de Grenoble, animant entre autres les  stages « Collège au Cinéma » dans l’Académie de Grenoble, ou des stages plus spécifiques su l’image en général, ou tel aspect du cinéma. J’ai également publié quelques articles en rapport avec des films étudiés dans la revue « L’Ecole des Lettres-Collèges ».
Aujourd’hui retraité, je participe, comme depuis sa création en 1996, aux activités de l’association « Plan Large », association de cinéphiles d’Annecy et environs, qui crée des évènements cinématographiques (Clap Maghreb etc.) ou participe à des évènements existants (Biennale du Cinéma Espagnol, Semaine du Cinéma Hispano Américain, Rencontres du Cinéma Slovaque et d’Europe Centrale par exemple), et ai continué pendant deux ans à assurer des stages pour le Rectorat de Grenoble.
Toujours passionné par le cinéma, et convaincu de l’intérêt qu’il y a à parler de cinéma et à réfléchir à son sujet comme au sujet de toutes les images qui nous entourent, je continue à répondre à des propositions qui me sont faites en ce sens, ou à en proposer.

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4 – II. Alain Resnais / Un cinéma drôlement grave /

Les mardis du cinémaCR de la conférence du 13 janvier 3015
Université populaire Sallanches-Passy-Haute Vallée

Deuxjème partie – Le facétieux recycleur de formes

Les mardis du cinéma : mardi 13 janvier 2015
Alain Resnais 2ème partie : Le facétieux recycleur de formes
« L’humour affleure dans tous les films de Resnais. En 1985 Mélo opère un double changement: d’abord une orientation fréquente vers la comédie, ensuite le choix systématique de ce qu’il refusait avant, l’adaptation d’œuvres préexistantes. Avec la même exigence de contenu au bout du compte. Du conte ? » François Grospiron
Alain Resnais est un philosophe moraliste. Dans toute son œuvre, Alain Resnais fait preuve à la fois d’une grande réflexion sur le sujet de son film et de beaucoup d’humour. En prenant un ton léger pour explorer des choses graves, Alain Resnais n’est pas loin de Marivaux. François Grospiron s’attache à le démontrer à travers divers extraits de films depuis le début de la filmographie du cinéaste. Ce sont des films très différents avec ce qui en fait l’unité, une espèce de jeu sur le langage et l’utilisation de l’humour comme moyen de réflexion sur le décalage entre le réel et l’imaginaire. Après le film « La guerre est finie » ; Alain Resnais s’oriente davantage du côté de l’imaginaire. Il s’inspire du théâtre, de l’opéra et même de l’opérette.
Alain Resnais, 3 juin 1922, Vannes – 1° mars 2014, Paris Filmographie

Bibliographie sommaire
 Positif, Revue de cinéma : Alain Resnais (Folio n° 3687)  Alain Resnais (Jean Luc Douin,Editions de La Martinière, 2013) (Très beau livre-album, très complet
puisqu’il couvre toute sa filmographie)  Gilles Deleuze : L’image-temps (Ed. Minuit, 1985) (surtout les pages 152 à 164)  Cahiers du cinéma, n° 699 (avril 2014)
Prochaine séance
Mardi 3 février à 20h30 salle d’animation du collège du Verney
L’adaptation
« Je l’ai pas lu mais j’ai vu le film » (3 février 2015)
Cette formule, que l’on entend souvent, a le mérite de bien poser le problème de l’adaptation : s’agit-il seulement de raconter la même histoire ? Ou bien le passage de la littérature au cinéma ne constitue-t-il pas la création d’une œuvre différente, autonome par rapport à sa source ? En un mot, qu’est ce que la fidélité d’une adaptation cinématographique ?

Mardi du cinéma 4

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Discount

Discount 2De Louis–Julien PETIT – France – 1h45
Avec Olivier Barthélémy, Corinne Masiero, Pascal Delomon, M’Barek Belkouk, Zabou Breitman…….

C’est une sorte de conte de Noël truculent, anar et jubilatoire. Particulièrement pertinent et réjouissant à l’heure du travail précaire, du chômage de masse et des désillusions politiques. Un belle transposition de la légende de Robin des Bois, sans château ni forêt, où on ne sait même plus qui sont l’affreux shérif de Nottingham et ses sbires puisqu’ils ont le visage anonyme des actionnaires des grands groupes qui paupérisent de plus en plus les salariés pour garantir leurs dividendes.
Ici point de Petit Jean ni de moine vengeur ou d’archer au grand cœur, mais des héros du quotidien, de simples employés d’un supermarché discount du Nord de la France, une de ces surfaces low cost où des consommateurs pauvres achètent à bas prix, parce que des salariés pauvres y travaillent pour des bas salaires dans des conditions de plus en plus aléatoires. Salaire minimum, temps partiel, horaires décalés qui ruinent la vie de famille, tâches répétitives, ingrates et chronométrées, hiérarchie de fer et flicage sur le mode diviser pour mieux régner…
Mais quand la direction, toujours soucieuse d’optimiser les profits, annonce une vague de licenciements suite à l’installation de caisses automatisées, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Un petit groupe d’employés, refusant de se résigner, écartant l’idée d’une grève perdue d’avance, décident de prendre le taureau par les cornes, de se payer sur la direction une prime de licenciement légèrement majorée, tout en faisant profiter de leur acte de légitime défense d’autres précaires du coin : ils vont chouraver, progressivement pour ne pas se faire prendre, divers produits pour alimenter une épicerie solidaire clandestine. Ils pratiquent le court-circuit du profit au service du circuit court pour les démunis. Bien mieux que les banques alimentaires ou autres manifestations de charité venues d’en haut !
Grâce à un récit alerte et à des acteurs épatants, on suit avec un vrai plaisir cette joyeuse mutinerie dans la grande distribution. Mais même s’il choisit le parti de la fantaisie plutôt que celui de l’analyse, le film est d’une grande justesse quand il décrit les conditions de travail de ces employés de grandes surfaces, les techniques managériales malsaines imposées bon gré mal gré aux gérants de supérettes (le personnage de la directrice, incarnée par Zabou Breitman, est d’ailleurs montré comme une victime enfermée dans un système plutôt que comme un monstre patronal), le rôle des petits flics et autres vigiles qui font du zèle sur le dos de leurs collègues en difficulté. Mais a contrario, et c’est là qu’il gagne définitivement la partie, Discount exalte avec une chaleur non feinte la force de la solidarité, de l’action collective.
Utopia

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Stéphane Demoustier

Stéphane DemoustierStéphane Demoustier est né à Lille en 1977. Il a réalis des courts-métrages, sélectionnés et primés dans de nombreux festivals en France et  l’étranger : Fille du calvaire (2012), Bad Gones (2011), Des nœuds dans la tête (2010), Dans la jungle des villes (2009). En 2013, il réalise un documentaire, Les petits Joueurs, décrivant le parcours de 3 enfants qui participent aux championnats de France de tennis des 10-11 ans. Terre Battue est son premier long-métrage.

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