Ciné Mont-Blanc
A ne pas rater !!
/!\ Le prochain Coup de Coeur Surprise aura lieu le Lundi 6 Janvier 2025 à 20h 00. A l’issue de la projection, nous vous proposons de nous rejoindre afin d’échanger vos impressions.
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Une histoire d’amour et de désir
UNE HISTOIRE D’AMOUR ET DE DÉSIR
De Leyla BOUZID – France-1h42, Avec Sami Outalbali, Zbeida Belhajamor, Aurélia Petit.
Pour certains, le chemin vers la jouissance n’est pas une ligne droite, mais un sentier sombre et sinueux envahi de ronces et de mauvaises herbes. Ce pourrait être là le sujet du deuxième long-métrage de Leyla Bouzid (« A peine j’ouvre les yeux », 2015), née à Tunis en 1984, formée à la Sorbonne et à la Fémis, qui offre une nouvelle variation sur le thème de l’éducation sentimentale. Un jeune homme découvre l’amour et le désir en même temps, au même endroit, et doit donc inventer des voies inédites pour accorder l’essence spirituelle de l’un avec la flamme corporelle de l’autre. Motif classique du roman de formation que la réalisatrice a la bonne idée, ici, de refondre dans la culture arabe que ses jeunes personnages, tous deux originaires du Maghreb, ont en partage.
Ahmed (Sami Outalbali) sort de la cité où il a grandi en banlieue parisienne, auprès de ses parents exilés d’Algérie, pour suivre des études de lettres à la Sorbonne. Il y fait la rencontre de Farah (Zbeida Belhajamor), étudiante fraîchement débarquée de Tunis. Une chance : elle est inscrite au même cours de littérature comparée que lui, consacré cette année à la poésie arabe séculaire, qui n’avait pas froid aux yeux en matière d’érotisme. Le corpus constitue donc, de fait, un parfait terrain de rapprochement pour les tourtereaux. Mais à chaque opportunité, Ahmed freine des quatre sabots, temporise, esquive. Pudeur excessive ? Vœu de chasteté ? Œil normatif de la cité qui veille sur lui ? A l’image des poètes qu’il étudie, le jeune homme a surtout tendance à sublimer ses émois, comme à idéaliser l’élue de son cœur : tout en lui passe par la tête. Reste à trouver le chemin du geste, vecteur de l’expression du désir, et donc du passage à l’acte.
D’un tel récit amoureux, c’est l’esprit de rétention qui fait tout l’intérêt, en ce qu’il désavoue l’hédonisme en vogue, pour renouer avec la tradition classique de la temporisation. Se réfréner, pour le héros, est tout à la fois de l’ordre de l’offense (faisant ainsi subir une rebuffade à la sensualité de Farah) que le chemin ardu d’une morale enseignée par la littérature (attendre, c’est décupler le plaisir). Tout dépend alors du caractère contingent ou choisi que recouvre cette attente, basculant, c’est selon, dans la frigidité du peine-à-jouir, ou la promesse d’une jouissance supérieure.
Tradition classique, certes, mais dont Leyla Bouzid se plaît à renverser les rôles : ici, c’est le garçon qui retarde le moment de se donner, tandis que la jeune femme, conquérante, désire activement et en fait clairement état. Pour filmer ce désir contenu, la réalisatrice opte judicieusement pour une mise en scène pondérée, sans effusion, qui respecte l’intégrité des corps, le resitue dans l’environnement (de la cité-dortoir aux rues du Quartier latin), sauf quand il s’agit d’approcher les visages. De la silhouette au gros plan, c’est une subtile sarabande du désir qui se joue, une valse-hésitation où les corps en tension s’aimantent en même temps qu’ils se tiennent en respect.
Mathieu Macheret, Le Monde
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Julie en 12 Chapîtres
Julie (en 12 chapîtres)
De Joachim Trier
Norvège / 2021/ 2H08/ VOST
Avec Renate Reinsve (Prix d’interprétation féminine Cannes 2021), Anders Danielsen Lie, Herbert Nordrum
Telerama ( Jacques Morice) : Allant et grâce poétique. Ce sont les qualités premières de cette comédie romantique, où l’on perçoit quelques accents du cinéma de Woody Allen, mais aussi une forme littéraire toute européenne. La Julie du titre est dépeinte à travers douze chapitres, comme dans un roman. Douze moments qui englobent plusieurs années de son existence, autour de la trentaine surtout. Dans un prologue ne manquant pas de saveur, on apprend que la demoiselle était dans sa jeunesse une étudiante brillante, qu’elle a fait des études de médecine puis, insatisfaite, a changé de branche, en voulant devenir psychologue. Avant de changer à nouveau pour se lancer dans la photographie, avec le soutien de sa mère, étonnée mais compréhensive. Une pointe d’ironie filtre, bien sûr, laissant deviner une Julie versatile. Une touche-à-tout qui papillonne, ne sachant pas exactement ce qu’elle veut.
C’est à la fois vrai et faux. Les facettes de Julie sont multiples. Joachim Trier fait d’elle un portrait psychologique et sentimental subtil, à travers ses activités professionnelles, ses liens de famille. À travers, surtout, deux histoires d’amour successives. La première avec Aksel, un auteur de bande dessinée reconnu, esprit libre et iconoclaste plus âgé qu’elle (le formidable Anders Danielsen Lie, révélé dans Oslo, 31 août) ; la seconde, avec Eivind, un grand gaillard doux et protecteur (Herbert Nordrum, un faux air d’Adam Driver), qui quitte pour elle sa compagne, une écologiste à la fois rigoriste et autocentrée. Le film est parfois mordant, proche de la satire sociologique. En faisant de son héroïne un possible emblème de sa génération, Joachim Trier explore aussi l’écart qui la sépare de ceux qui, comme Aksel et lui-même, n’ont pas grandi avec le numérique. Qui sont donc attachés à la culture matérialisée, mais aussi à l’idée d’un art amoral, pas facilement compatible avec le dogmatisme de certaines positions néoféministes
Toujours captivant et fluide, piquant et tendre, Julie (en 12 chapitres) bascule dans son dernier tiers, offrant soudain une partition nettement plus grave. Le film s’avère alors particulièrement poignant. Pour autant, Joachim Trier(réalisateur aussi de Oslo, 31 aout) se refuse à toute noirceur, préférant se tourner du côté d’une sagesse qui n’a rien de mièvre. Bien malin qui peut dire à la fin si le trajet de Julie aboutit à une forme d’échec. Ou à l’épanouissement discret et neuf d’un dandysme au féminin.
Première (Gael Gohlen) Ca pourrait être caricatural, lénifiant ou arrogant, répétitif. C’est au contraire drôle, lumineux et touchant. Mais pourquoi ça fonctionne ? Comment ce cinéaste qu’on associait à un art austère, dur comme le métal et froid comme l’Aquavit, finit-il par faire fondre le spectateur ? La réponse se trouve à la fin du film. Julie se conclue sur une chanson, une des plus belles mélodies du monde : la version anglaise de Agua de Março, Waters of March chantée par Art Garfunkel. Au Brésil, les « eaux de mars » annoncent la fin de l’été et le début de l’automne. Au fond, il y a du Amélie Poulain dans cette Julie, un peu d’Ally McBeal aussi, cette impertinence rieuse, ce second degré truqueur et cette poésie joyeuse de la mélancolie qui l’inscrivent à côté de ses deux aînées dans le panthéon des grandes héroïnes ciné-série. Evidemment, tout cela ne serait rien s’il n’y avait pas quelqu’un pour lui donner corps. Renate Reinsve, inconnue jusqu’ici, est phénoménale : elle apporte ce qu’il faut d’aspérité, de spontanéité et de vitalité au délire de Trie
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Le Genou d’Ahed
LE GENOU D’AHED
De Nadav Lapid – France/Allemagne/Israël – 2021 – 1h40 Avec : Avshalom Pollak, Nur Fibak Le réalisateur du brillant « Synonymes » n’a pas manqué ses débuts dans la compétition cannoise, d’où il est reparti auréolé d’un PRIX DU JURY. Du grand cinéma autobiographique et très politique où il règle allègrement ses comptes avec son pays. Jamais il n’avait paru aussi en colère et désespéré. Et jamais sa mise en scène n’avait semblé à ce point à la fois libre et maitrisée. Le héros de son nouveau film n’a pas de nom mais une initiale, Y. Cinéaste engagé, Nadav Lapid est en plein casting de son nouveau film intitulé Le Genou d’Ahed, centré sur cette jeune Palestinienne de 16 ans (Ahed Tamini) qui a défrayé la chronique en 2018 le jour où un groupe de soldats israéliens a tenté de rentrer chez elle, dans un petit village de Cisjordanie au cœur des territoires dits occupés. Sa réaction spontanée fut de gifler l’un d’eux, ce qui lui a valu une peine de prison de neuf mois et de devenir un symbole. Pour les Palestiniens elle est une héroïne. Pour le pouvoir israélien, elle est une terroriste. Le réalisateur a rebondi sur une déclaration d’un député israélien qui avait estimé qu’il aurait fallu lui tirer dessus, au moins dans le genou, pour qu’elle soit définitivement assignée à résidence. Mais, en parallèle, Y a accepté une invitation à venir présenter son long métrage précédent dans un petit village situé au sud d’Israël, dans le désert d’Areva où il est accueilli par l’organisatrice de l’évènement. Cette dernière est une fonctionnaire du ministère de la Culture tout acquise à sa cause et au charme de laquelle il ne semble pas insensible, jusqu’à ce qu’elle lui demande de remplir un questionnaire pour qu’il coche les sujets qu’il abordera. Elle lui fait bien comprendre qu’il faudra rester dans les clous : la goutte d’eau pour un homme au bord de la crise de nerfs, de surcroit en deuil de sa mère (et coscénariste) qui vient tout juste de mourir, et vent debout contre son pays qui, pour lui, piétine en permanence les règles les plus élémentaires de liberté. Dès lors, le film devient un cri de rage. Sur le fond comme sur la forme. Comme cette tirade hallucinante d’Y (interprété magistralement par le très impressionnant Avshalom Pollak, danseur, chorégraphe et metteur en scène, qui trouve ici son premier grand rôle sur grand écran) sur l’Etat Juif : « Nationaliste et raciste qui abrutit ses citoyens en les maintenant dans l’ignorance et où chaque génération engendre une génération pire encore ». Lapid traduit physiquement par sa mise en image le bouillonnement intérieur et l’explosivité soudain incontrôlable d’Y. Le geste de cinéma est fort car jamais contraint par tel ou tel producteur qui lui aurait suggéré de réduire ça et là la voilure de l’indignation. Un défi relevé par le réalisateur : traduire en image une haine, celle qui le bouffe face au recul de la démocratie en Israël. Du cinéma vécu comme un sport de combat, récompensé du Prix du Jury dans le palmarès cannois. – D’après les critiques de PREMIERE – par Thierry Cheze –
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Les amours d’Anais
Les Amours d’Anaïs
Film français de Charline Bourgeois-Taquet
2021/ Durée 1H38
Avec Anais Demousitier, Valeria Bruni Tedeschi, Denis Podalydes
Telerama : Anaïs est un tourbillon. Malgré les épreuves, elle court après le bonheur, l’amour… et la femme de son amant. Le délicieux portrait d’un feu follet. « Vous êtes qui, Anaïs ? » : l’interrogation claque au milieu du film, posée fermement par Valeria Bruni Tedeschi à la jeune femme qui lui fait face. Simple comme bonjour, cette question. Mais d’une pertinence, d’une justesse imparables compte tenu de ce qu’on a vu, jusque-là, de ladite Anaïs (Demoustier, irrésistible) : une agitation permanente, un mouvement perpétuel, un tourbillon de paroles contradictoires et d’actes à l’avenant. Bien que pressée, elle arrive en retard à tous ses rendez-vous — avec la propriétaire de son appartement à qui elle doit des mois de loyer, ou avec son ex-amoureux, dont elle refusait de partager le sommeil et le quotidien. Et puis elle se sauve, court vers le moment suivant, le coup de cœur d’après… Portrait d’un feu follet, qui donne sa forme enlevée à ce premier long métrage de Charline Bourgeois-Tacquet, tout en élans et ellipses, salué à la Semaine de la critique du Festival de Cannes.
Le bleu du miroir : Le premier long-métrage de Charline Bourgeois-Tacquet possède des allures de comédie musicale. Et si Anaïs Demoustier, parfaite interprète du personnage, ne danse pas, c’est tout comme. Traversant Paris, à pied ou à vélo, sans paraître toucher le sol. Elle est l’héroïne d’un film auquel elle dicte son rythme, inspire sa musique. L’allegro, bientôt, passera en mode moderato. Par la grâce d’un emballement amoureux à l’issue duquel l’éternelle adolescente aura appris à grandir. Récit initiatique d’humeur joyeuse, Les Amours d’Anaïs mène sa course dans l’univers aisé et littéraire parisien de Saint-Germain-des-Prés, où la jeune fille, inscrite à la Sorbonne, prépare une thèse sur l’écriture de la passion au XVIIe siècle. La réalisatrice connaît bien ce milieu, pour y avoir évolué, en tant qu’étudiante d’abord puis employée dans une maison d’édition. Elle en restitue l’esprit hédoniste et mondain avec l’ironie qui sied aux beaux esprits dégagés de tout souci d’argent. Anaïs n’a pas le sou, mais elle fait partie du cercle et goûte à ses plaisirs….
Le monde : Le film, assez gai dans sa première partie, acquiert de la gravité dans la deuxième, se confrontant à un sujet fort sérieux, n’est-il pas ?, à savoir l’amour avec un A majuscule. L’actrice est parfaite dans un rôle qui lui sied et elle est encore meilleure quand elle a du répondant face à elle, soit une Valérie Bruni-Tedeschi sage et sobre (débarrassée d’une certaine tendance à l’hystérie, elle est excellente) et un Bruno Podalydès égal à lui-même mais un peu sacrifié au duo féminin. Dans ce portrait d’une jeune femme qui se cherche mais penche pour le plaisir et le désir, Les amours d’Anaïs s’éloigne vite du triangle amoureux sans perdre de son charme éthéré
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La nuit des Rois
LA NUIT DES ROIS
film de philippe Lacôte-1h33
France / Côte d’ivoire / Canada / Senegal – 2021
avec Bakary Koné, Steve Tientcheu, Digbeu jean cyrille…
C’est d’avantage à une version des Contes des 1001 nuits que fait penser cette chronique violente de la lutte pour le pouvoir au sein d’une sinistre maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. Avec la Nuit des Rois, le cinéaste avait envie d’observer la société ivoirienne par le prisme de la plus grande prison du pays, la MACA (qu’a connu sa mère),le temps d’une nuit de fin de règne et de renversement des pouvoirs (la côte d’ivoire engluée par la question de la succession à la tête du pouvoir).
Barbe-Noire, chef des détenus, pour instaurer son autorité vacillante, réactive une tradition ancestrale: à la prochaine lune rouge, un prisonnier devra raconter une histoire toute la nuit sous peine d’être massacré; le malheureux élu, rebaptisé Roman va relater ou inventer la splendeur et les misères de Zama king, chef d’un gang pendant la guerre civile. A la manière du récit qui part de faits documentés pour les transformer en légende, le film entremêle avec brio le réalisme, le mythe et la magie.La puissance des mots agit comme une libération pour ses codétenus qui prennent le relai de son récit dans des chants proches de la transe .Dans ce film il y a une expression du monde imaginaire africain qui implique des visions et hallucinations tout en oscillant librement entre le réalisme et le surnaturel.La théâtralité de certaines scènes est indissociable d’une puissante mise en scène de cinéma.Philippe Lacôte joue des contrastes entre le dedans (noirceur de la nuit carcérale)et le dehors(couleurs éclatantes à l’extérieur); entre le style quasiment documentaire des séquences de prison filmées caméra à l’épaule et la réalisation à la fois plus ample(large caméra en mouvement)et plus posée des flash-back sur Zama King: envoûtement garanti! Prix du rayonnement Cinemania (maîtrise de l’image et du son, performances d’acteurs, pouvoir des histoires qu’on se raconte).
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Danielle Arbid (Passion Simple)
Née le 26 avril 1970, Beyrouth
Liban
Réalisatrice, scénariste, actrice
Dans les Champs de Bataille, Un Homme Perdu, Beyrouth Hôtel, Peur de Rien, Passion Simple
ENTRETIEN AVEC DANIELLE ARBID
Vous souvenez-vous de la première fois que vous avez lu « Passion Simple » d’Annie Ernaux ?
Ce livre, je l’ai longtemps eu dans ma poche. J’avais la sensation qu’il m’appartenait et je l’offrais à tous les gens qui tombaient amoureux autour de moi. Il faisait un état des lieux parfait, précis et merveilleux de la passion amoureuse. Il en exposait les syndromes, un peu à la manière de George Perec… Même si je ne l’ai lu qu’en Folio des années après, je me souviens très bien d’avoir vu à sa sortie, en 1991, une affiche du beau visage d’Annie Ernaux avec une accroche du style « Une femme amoureuse d’un Russe ». Regarder ce visage amoureux, presque vulnérable, fragile, c’était une forme de communication indirecte entre nous deux au point de me demander à quoi pouvait bien ressembler le mien à ce moment-là… car j’avais lu Passion Simple parce que j’étais dans le même état qu’elle. (suite…)
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Naomi Kawase ( True Mothers )
Japon
Réalisatrice
Suzaku, Shara, La Forêt de Mogari, Les Délices de Tokyo, Still the Water, True Mothers
ENTRETIEN AVEC NAOMI KAWASE
True Mothers traite de la maternité, un thème que vous avez déjà abordé dans vos films précédents. Pour quelles raisons y revenir ?
True Mothers est l’adaptation d’un roman à succès au Japon, qui s’intitule Le Matin arrive de Mizuki Tsujimira. Ce roman traite de deux façons d’être mère : être une mère de sang, et être une mère adoptive. J’ai moi-même été élevée par des parents adoptifs, et découvrir cette œuvre était un signe du destin. (suite…)
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Passion simple
PASSION SIMPLE
De Danielle Arbid – Franco-Belge – 1H 39
Avec Laetitia Dosch, SergeÏ Polunin, Lou-Teymour Thion, Caroline Ducey
Malgré le titre, le scénario et le livre traitent plus d’une aliénation que d’une passion amoureuse. Mais toute passion ne comporte -t-elle pas une forme d’aliénation ? Hélène (Laetitia Dosch), enseignante à la faculté de lettres, divorcée, ne vit plus que dans l’attente des appels téléphoniques d’Alexandre (SergeÏ Polunin, danseur classique avant d’être acteur), marié, travaillant à l’ambassade de Russie. Leur brève rencontre se limite à des rapports sexuels.
Dans le livre autobiographique d’Annie Ernaux, il s’agissait surtout du constat clinique d’un état psychologique égocentré ; l’auteure faisait l’ellipse du récit des relations charnelles. Comment mettre en images les phrases sèches d’Annie Ernaux ? Pour leur donner chair, Danielle Arbid s’attarde sur les corps, surtout celui d’Hélène soumise à son désir. Mais plus que dans les scènes de sexe, c’est dans les moments de solitude que la passion irradie, transfigurant le visage de l’actrice. Au bout du compte, l’autopsie réussie d’un amour singulier – toxique ? – loin des vieilles lunes du romantisme mais sans être limitée à l’étude d’un cas clinique.
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Tony Gatlif
Né le 10 septembre 1948 à Alger
Nationalité : France
Réalisateur, scénariste, acteur, compositeur
Latcho Drom, Gadjo Dilo, Exils, Vengo, Swing, Transylvania, Liberté, Geronimo, Djam, Tom Medina
« TOM MEDINA » ENTRETIEN AVEC TONY GATLIF
◆ Tom Medina, c’est un film autobiographique ?
Tom Medina est le film le plus proche de mon histoire mais ce n’est pas un film autobiographique. Je ne raconte pas ma vie dans mes films, ça m’ennuie, je m’inspire de faits réels qui me sont arrivés. L’origine du film, c’est l’éducateur qui m’a aidé lorsque j’étais dans la rue à Paris, après avoir fui l’Algérie dans les années 60. J’ai été placé en foyer, puis en maison de correction, j’ai eu la chance de rencontrer Claude Orange, mon éducateur, qui est devenu mon maître, puis mon guide. (suite…)
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True Mothers
True Mothers
Film japonais de Naomi Kawase
2019/ Durée 2H19
Avec Hiromi Nagasaku, Arata Iura, Aju Makita
Satoko et son mari Kiyokasu, couple japonais aisé, ont fait la choix de l’adoption devant leurs échecs à concevoir. Ils ont adopté Asato. 6 ans plus tard , la mère biologique de Asato, Hikari qui était âgée de 14 ans au moment de la naissance , les contacte à nouveau…
Au delà de ces deux portraits de femmes, Naomi Kawase décrit un contexte autour de l’adoption au Japon qui est fascinant à plus d’un titre. Elle décrit une certaine opprobre autour de ce phénomène qui crée une forme d’exclusion voire de discrimination, et elle décrit très bien ces réseaux d’entraide qui permettent à des adolescentes tout juste pubères de surmonter l’épreuve d’une grossesse bien trop précoce. Toute la période où Hikari est dans cette association assurant la transition et la présentation avec les adoptants est magnifique. Elle constitue un pont entre les protagonistes, aplanissant les différences sociales si prégnantes au début du film. Les failles de chacun s’affichent au grand jour, la souffrance de ces familles qui ne peuvent avoir d’enfants biologiquement, et le drame de celles qui ne se retrouvent mères avant même d’avoir fini le lycée. Ce que cela dit de la famille au Japon, mais aussi dans toute la zone géographique tant on retrouve la même chose en Corée par exemple, prouve à quel point le sujet est toujours sensible et la place des jeunes filles si précaire.
Le grand sujet dans le film, ce sont les différentes façons d’être mère. Adoptive ou biologique, chacune des perspectives est longuement développée avec deux immenses flashbacks qui entourent le présent : la mère biologique se retrouvant exclue de l’équation familiale, voit se prolonger le déni qui a entouré sa grossesse, et la mère adoptive qui accède certes au bonheur, ressent aussi un sentiment d’imposture.
L’architecture du récit de True Mothers est habile et plaisante, suscitant une forme de suspense, même si le film n’est en rien un thriller. Plusieurs scènes flirtent avec le documentaire, en particulier celles se situant sur une île près d’Hiroshima où une agence d’adoption veille sur des jeunes filles avant leur accouchement. True Mothers est marqué par la plus grande bienveillance à l’encontre des deux mères, traitant les sujets de la grossesse des mineures d’une part, et l’infertilité, d’autre part, avec une belle pudeur et une certaine élégance.
Et pour ancrer davantage son propos dans le réel, la réalisatrice revient à la forme de ses débuts, comme dans son documentaire à la première personne Naissance et maternité sorti en 2006, en se plaçant régulièrement à la lisière entre la fiction et le reportage. Aussi s’immerge-t-elle notamment, sur l’île d’Hiroshima, dans un refuge pour « fille-mères » (qui sont en réalité parfois des prostituées) forcées de cacher leur grossesse et de destiner leur enfant à l’adoption : elle donne alors à voir des images prises sur le vif, dans lesquelles on l’entend s’entretenir directement avec ses personnages.Ce nouveau long-métrage de Naomi Kawase, elle-même abandonnée, puis adoptée par son grand-oncle et sa grand-tante, est, par instants, profondément émouvant.
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