Ciné Mont-Blanc
A ne pas rater !!
/!\ Le prochain Coup de Coeur Surprise aura lieu
le Lundi 2 Décembre 2024 à 20h 00.
A l’issue de la projection, nous vous proposons de nous rejoindre afin d’échanger vos impressions.
Archives auteur : admincc
Emanuel Pârvu (Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde)
Sélectionné en compétition à Cannes et lauréat de la Queer Palm, Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde est un drame brillant, à la fois tendu et lumineux, où les réactions de villageois suite à une agression homophobe donnent lieu à une métaphore de la contamination de la pensée fascisante.
Avant d’aborder les thèmes traités par le film, je souhaitais débuter par vous interroger sur le remarquable travail sur la lumière. Comment avez-vous travaillé avec votre chef opérateur Silviu Stavilã sur cet aspect?
Tout d’abord, il faut dire que la lumière est déjà naturellement exceptionnelle dans cette région du delta du Danube où nous avons tourné. Jacques-Yves Cousteau a déclaré que cette région était le plus bel endroit du monde, et ce précisément à cause de la lumière spéciale qui existe là-bas. Je ne sais pas comment expliquer que cette lumière soit si particulière, si ce n’est qu’elle vient de Dieu.
Publié dans Réalisateurs
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Programmation Novembre Décembre 24
Du 21 au 26 Novembre
CARLA ET MOI
De Nathan Silver – Etats-Unis – 1h51
Avec Jason Schwartzman, Dolly de Leon, Carol Kane
C’est au coeur de la communauté juive que se déroule la crise existentielle et mystique de Benjamin Gottlieb. Totalement abattu après le décès brutal de sa femme, Ben, chanteur dans une synagogue de l’Etat de New York, a perdu sa foi…et sa voix. Il est incapable d’aimer à nouveau comme de rechanter, dans un environnement qu’on va vite découvrir très éloigné de la famille juive traditionnelle et stricte. Il est dans un piteux état. Sa mère, mariée avec une femme d’origine philippine, veut le caser avec celle d’un rabbin très arrangeant sur les obligations religieuses. Il finit par retrouver goût à la vie suite à ses retrouvailles avec la professeure de musique de ses années de collège, qui pourrait avoir l’âge de sa mère. Celle-ci va lui demander de l’aider à préparer, tardivement, sa bar mitzva. Carla et Moi est une comédie douce- amère, aux accents d’Harold et Maud, portée par l’irrésistible humour juif et une profonde mélancolie. Il y a dans la mise en scène un parti théâtral rappelant le cinema des débuts de Woody Allen. Nathan Silver emprunte des chemins scénaristiques très décalés, où la réalité échappe à l’invraisemblance et au grotesque.
Du 28 Novembre au 3 Décembre
TROIS KMS JUSQU’A LA FIN DU MONDE
De Emmanuel Pârvu Roumanie – 2024 – 1H45
Avec : Bogdan Dumitrache, Ciprian Chiujdea, Laura Vasiliu
Récompensé par la Queer Palm à Cannes en 2024
A Tulcea, petite île du delta du Danube roumain, les traditions régentent la vie quotidienne. Alors quand Adi, 17 ans, promis à un avenir dans la Marine, est vu embrassant un jeune touriste, c’est «la fin du monde » ! A commencer pour ses parents, modestes et aimants, qui décident de « le guérir » malgré lui. Avec l’aide des institutions : police, médecine, Eglise, services sociaux…et en utilisant la corruption si nécessaire ! Et bien que l’homosexualité en Roumanie soit dépénalisée depuis plus de 20 ans ! La petite communauté en profite pour laver son linge sale en famille, chacun ayant ses raisons de s’arranger sur le dos du plus faible, dont le visage tuméfié tout au long du film fait office de pièce à conviction dérangeante, impossible à glisser sous le tapis. Pour l’acteur principal, le film est autobiographique, et il a vécu le tournage comme une expérience intense, mélange de plaisir et de souffrance.
https://cinecimes.fr/?p=6347&preview=true
Du 4 au 10 Décembre
TROIS AMIES
Film d’Emmanuel Mouret – France – 2024 – 1h57
Avec Camille Cottin, Sara Forestier, India Hair, Vincent Macaigne, Damien Bonnard, Grégoire Ludig…
Nous sommes à Lyon, décor principal. Joan et Alice travaillent dans le même lycée. Joan, tiraillée, souffre de ne plus vibrer pour son compagnon Victor, professeur de français, mais se sent tenue par une exigence d’honnêteté. Alice, elle, assume une conjugalité dépassionnée tout en professant de jouer la comédie à domicile pour se prémunir de trop violents orages amoureux. Rebecca, la troisième, sort avec «Mr X», un homme marié dont elle dissimule l’identité, et pour cause puisqu’il s’agit du compagnon d’Alice… La mort subite de Victor dans un accident de voiture, qui laisse Joan inconsolable, va rebattre les cartes en amenant un nouveau venu au poste laissé vacant, un dénommé Thomas, auteur à succès…
Du 12 au 17 Décembre
LE ROYAUME
De Julien Colonna – France – 1h51
Avec Ghjuvanna Benedetti, Séverin Santucci, Anthony Morganti
Un Certain Regard à Cannes 2024
LE ROYAUME n’a rien d’un conte de fées. Son intrigue a beau se dérouler dans un cadre idyllique (la Corse), s’ouvrir par une rencontre qui flirte avec le mystique et suivre les règles de la tragédie, elle frappe d’abord et avant tout par son réalisme. En adoptant le point de vue de l’adolescente, témoin d’une histoire qui lui échappe, le maquis devient la toile de fond d’une relation père- fille, et la violence de ces vies est mise sur le côté pour laisser plus de place au film familial intimiste.
En cavale, Pierre-Paul n’est pas un père comme les autres, mais essaie de faire comme si. D’une scène de pêche à un mono- logue en voiture, ses différents faits et gestes montrent concrètement la vie de ces hommes qui ont embrassé la voie criminelle, avec tous les dommages collatéraux que cela implique.
Du 19 au 24 Décembre
GRAND TOUR
De Miguel Gomes avec Gonçalo Waddington et Crista Alfaiate. Portugal, France , Italie – 128 mn – VOST
Prix de la mise en scène à Cannes en 2024
En 1917, un fonctionnaire de la Birmanie britannique débarque à Rangoon pour y épouser sa fiancée. Ravisé, il s’enfuit le jour où il reçoit un télégramme d’elle annonçant son arrivée. Cette dernière part alors sur ses traces pour un «Grand Tour» improvisé de l’Extrême-Orient, en Thaïlande, à Singapour, au Vietnam, aux Philippines, en Chine, au Japon…Une superproduction ? Pas du tout,du cinéma réalisé avec 3 yens et 6 escudos, rudimentaire, mais riche d’imaginaire, assemblage de fiction d’époque reconstituée en studio et d’images d’archives de voyage que le réalisateur a tournées lui-même. Entre jungle luxuriante, villes et villages aux confins du monde, le film invite à un voyage rocambolesque, où passé colonial et présent se confondent. La galerie pittoresque de personnages, la musique des langues (le portugais, le chinois, le japonais,), le noir et blanc expressionniste, les jeux d’ombre et de lumière, les rimes visuelles concourent à créer un monde fascinant.
Du 26 au 31 Décembre
VINGT DIEUX
De Louise Courvoisier – France – 2024 – 1h30
Avec Clément Faveau, Maïwène Barthelemy, Luna Garret
Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros.
Ce film est présenté en sélection Un Certain Regard au Festival
de Cannes 2024. Par ailleurs, le film a été primé deux fois lors du dernier Festival du Film Francophone d’Angoulême, puisqu’il a reçu le Valois de diamant et le Valois des étudiants francophones, en septembre 2024. Il s’agit du premier film de Louise Courvoisier.
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Truong Minh Quy (Viet et Nam)
Hypnotique et délicat, Viet and Nam marque aussi une forme de renouveau pour le cinéma vietnamien, même si ce n’est pas sans provoquer quelques heurts avec les autorités culturelles du Parti communiste au pouvoir. Si le film a pu recevoir l’autorisation d’être présenté à Cannes, le film est officiellement banni des écrans vietnamiens, mais pas pour la raison à laquelle on pourrait penser. Car s’il représente un couple homosexuel dans les rôles titres (l’homosexualité est légale au Vietnam mais les couples homosexuels y souffrent encore de nombreuses discriminations), Viet and Nam est surtout accusé par le pouvoir vietnamien de véhiculer une image négative et trop déprimante du pays, et particulièrement de la communauté des mineurs. Nous avons pu rencontrer à l’occasion du festival de Cannes le réalisateur Truong Minh Quy pour évoquer avec lui son film, mais aussi les difficultés rencontrées pour le faire accepter. (suite…)
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Schuchi Talati (Girls Will Be Girls)
Un échange passionnant, avec une réalisatrice qui a beaucoup réfléchi aux enjeux du cinéma, à l’écran comme hors champ et a pris à cœur d’exprimer sa vision de la réalisation.
Votre film est-il parti d’une expérience personnelle, au moins dans un lycée ?
Shuchi Talati : Oui, je n’ai pas été dans un internat mais j’étais dans une école avec le même règlement strict, où garçons et filles devaient faire très attention à rester séparés. Et du moment que vous deveniez adolescente, beaucoup de règles très contraignantes s’appliquaient. La jupe trop courte, le haut trop près du corps, parler trop aux garçons… Il y avait beaucoup de honte autour de la sexualité.
Comment expliquez-vous le titre du film, Girls will be girls ? (suite…)
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Programmation Octobre/ Novembre 2024
Du 10 au 15 Octobre
ALL WE IMAGINE AS LIGHT
De Payal Kapadia – Inde, France – 1h54 – VOST
Grand Prix Cannes 2024
Premier long métrage de de la jeune réalisatrice indienne. Sansnouvelles de son mari depuis des années, Prabha, infirmière à Mumbai, s’interdit toute vie sentimentale. De son côté Anu, sa jeune colocataire,également infirmière, fréquente en cachette un jeune homme qu’elle n’a pas le droit d’aimer, car musulman. Cette situation condamne ces deux femmes à une sorte de clandestinité.Autour d’elles, il y a le coeur de la ville qui bat trop vite et empêche de respirer. Car si, comme il est dit ici “la ville sert à oublier les peines de coeur”, elle peut aussi noyer les sentiments et assécher les êtres. Cette trame constitue la première partie du récit et privilégie l’équilibre entre les dialogues explicatifs et les non-dit. Le film prend ensuite une autre tournure, aux confins du fantastique, lorsque les deux jeunes femmes décident d’entreprendre un voyage au cours duquel elles vont tenter de s’affirmer dans leurs choix et revendications.
Payal Kapadia choisit la voie de la douceur et de la revelation; elle dispose d’un réel talent et sort des sentiers balisés, tant de la narration traditionnelle que du film à thèse verrouillé.
Du 17 au 22 Octobre
GIRLS WILL BE GIRLS
De Schuchi Talati – France, Inde – 2024 – VOST – 1h59
Avec Preeti Panigrahi, Kani Kusruti, kesav Binoy
Premier long réussi à mêler récit d’apprentissage, chronique d’une relation mère-fille riche de troubles et de non-dits et portrait implacable d’une société où la menace de la violence masculine continue de faire des ravages. Mira 16ans, élève brillante donc jalousée d’une école formant des élites du pays, s’emballe pour un de ses camarades venu de Hong kong. Tout son petit monde va s’en trouver bouleversé, à commencer par sa mère, ex-élève de la même école, qui la pousse à réussir les meilleures études pour ne pas vivre la même vie qu’elle, être trop dépendante de l’argent et des caprices de son mari. Le trouble qu’elle ressent elle-même face à ce garçon va créer jalousie et tension entre les deux femmes. Ce film se révèle aussi pertinent dans l’exploration des débuts de l’éveil sexuel de Mira que dans la montée en tension de ses rapports avec les autres garçons de l’école qui, par dépit amoureux ou incapacité d’accepter qu’elle ait été élue déléguée face à eux, vont pousser loin leur stratégie de harcèlement. Deux heures intenses, riches de sentiments contradictoires où Schuchi Talati épate par la fluidité de son écriture et la pertinence de son regard.
https://cinecimes.fr/schuchi-talati-girls-will-be-girls/
Du 24 au 29 Octobre
DAHOMEY
De Mati Diop – France – Bénin – Sénégal – 2024 – 1h 08 – VOST
Ce documentaire reparti avec l’OURS D’OR à la Berlinale a été aussi sélectionné aux festivals de Hong Kong, de Shanghaï, Toronto et Londres.
Annoncée par le président Macron en 2018, ce n’est qu’en 2021 qu’a eu lieu la restitution de 26 trésors royaux. Ils avaient été arrachés à ce pays, qui s’appelait alors le royaume de Danxomé, avant de devenir le Dahomey, par les troupes coloniales françaises en 1892. Partis du musée du quai Branly leur arrivée à Cotonou a été suivie par une foule impressionnante. Grâce à la profondeur de son récit, Mati Diop met en lumière la réappropriation d’un passé culturel, par la réflexion animée des étudiants d’une université de Cotonou. Film brillant et envoûtant qui donne l’impression de traverser des siècles, des océans et des civilisations.
Du 31 Octobre au 5 Novembre
VIET AND NAM
de Truong Minh Quy – Viet Nam – 2024 – 2h00 – VOST
Dans les profondeurs des mines de charbon, où le danger guette et l’obscurité règne, Nam et Viêt, deux jeunes mineurs, chérissent des moments fugaces avant le départ de Nam pour une nouvelle vie de l’autre côté de la mer. Mais quelque part, enfouie sous terre dans les profondeurs de la forêt, se trouve la dépouille du père de Nam, un soldat, qu’ils doivent absolument retrouver avant son départ. Ensemble, suivant les mystères des souvenirs et des rêves, ils retracent le chemin du passé . Le réalisateur explore les traumatismes de la guerre, dans defabuleux cadres en clair-obscur ou le sexe côtoie la mort.
https://cinecimes.fr/truong-minh-quy-viet-et-nam/
Du 7 au 12 Novembre
VIVRE,MOURIR, RENAÎTRE
De Gael Morel – France – 2024 – durée 1h49
Avec : Victor Belmondo, Lou Lampros, Théo Christine
Dans les années 90, un jeune couple avec enfant emménage dans un nouvel appartement, et fait connaissance de leur voisin photographe, qui va devenir ami puis amant… Ce triangle amoureux va être dévasté par le Sida… Le cinéaste filme ces émotions comme si on les vivait pour la première fois, et réussit un mélodrame entièrement tourné vers l’espoir et la consolation. Traçant le destin des personnages sur 10 ans, le film prend en compte l’arrivée de la trithérapie, qui va permettre aux survivants d’envisager enfin un avenir. Lou Lampros, exceptionnelle, Théo Christine et Victor Belmondo offrent à ces êtres passionnés une incarnation brûlante qui les transforme en inoubliables compagnons de vie.
Du 14 au 19 Novembre
MISERICORDE
D Alain GUIRAUDIE – France – 102 mn
avec Félix Kysyl, Jean-Baptiste Durant, Catherine Frot, David
Ayala, Jacques Develay.
Un homme, Jérémie, revient sur le lieu de son adolescence, de sa prime jeunesse, s’immisce dans la vie de ses habitants et s’y retrouve peu à peu emprisonné. Le titre du film s’est imposé en cours d’écriture à Alain Guiraudie. Pour lui, la miséricorde, «c’est l’idée de l’empathie, de la compréhension de l’autre au-delà même de toute morale. C’est l’élan vers l’autre.» À travers ce film, le cinéaste atteint des sommets, notamment en confrontant ses personnages à leur propre culpabilité et leurs petits – voire monstrueux – arrangements avec le contrat social. Partout le désir et la frustration se cognent violemment. Partout aussi, la jalousie s’immisce, comme le poison d’un champignon vénéneux. Avec ce polar rural, virtuose et gourmand, Guiraudie cuisine une recette savoureuse comme une omelette aux girolles. Avec, en guise de persillade, un humour tordant
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Girls will be Girls
GIRLS WILL BE GIRLS
un film de Schuchi Talati
France-Inde-Norvège-Etats Unis – 1h59 – VOST
avec Preeti Panigrahi, Kani Kusruti, Kesav Binoy Kiron..
En Inde, une ado et sa mère, attirées par le même garçon, s’opposent et défient la tradition. Audacieux. Comme un écho au sacre du film All We Imagine As Light de la réalisatrice indienne Payal Kapadia, lauréate du Grand-Prix au Festival de Cannes 2024, voici une autre réussite au féminin venue du même pays, traversée aussi par des thèmes contemporains et un élan réformateur .
L’action se déploie, non sans raison, depuis un milieu traditionaliste : un pensionnat d’élite dans le nord de l’Inde, mais filmé à l’anglo-saxonne. Mira, à priori une lycéenne modèle, vient d’être promue « préfète », autant dire relais de l’administration autoritaire. Peu après, deux évènements modifient son quotidien. D’un côté, elle se rapproche d’un nouvel élève, Sri, irrésistible fils de diplomate tout juste débarqué de Hongkong. De l’autre, Alina, sa mère, revient s’installer dans la région pour la soutenir jusqu’aux examens.
Avec ce triangle, la réalisatrice de 39 ans réussit d’abord à créer une situation subtilement instable, et donc imprévisible, entre le pensionnat et la maison maternelle. Mira, qui fait la leçon à ses camarades au moindre écart, décide d’assumer, en privé, son désir pour Sri et se prépare aux premiers rapports sexuels comme s’il s’agissait d’une nouvelle matière scolaire. La mère, au diapason de la direction de l’établissement, voit d’un mauvais oeil une « amitié » dont elle veut ignorer la dimension charnelle. Mais, parallèlement, cette femme au foyer séduisante semble, elle-même, s’éprendre du beau garçon, et rechercher des moments d’intimité avec lui, sous les yeux de Mira…
Le film surprend encore davantage par la mise en perspective, sinon la déconstruction, d’un tel suspense psychologique .
De nombreux aspects de la mise en scène montrent comment les deux générations de femmes indiennes ici incarnées cherchent, coûte que coûte, à s’échapper de la place qui leur est assignée, à l’école comme en famille. Cela vaut pour l’approche de la sexualité, frontale et rationnelle, par l’adolescente comme pour l’envie de la mère de rester vivante, pas seulement dévouée aux siens. Peu à peu, il apparaît aussi que le personnage masculin, en dépit de sa jeunesse et de ses politesses, tire tranquillement profit d’un ordre ancien : le scénario de la rivalité féminine, serait-ce entre fille et mère, sera toujours celui d’un triomphe masculin… Ce beau premier long métrage propose opportunément autre chose, relevant autant de la compréhension que de l’émotion .
Critique de Louis Guichard . Telerama
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Programmation Septembre/ Octobre 2024
Du 5 au 10 Septembre
DINER A L’ANGLAISE
De Matt Winn
Angleterre – 2023 – VO – 1h30
Hampstead, sur les hauteurs de Londres. Une maison
de style géorgien dont la décoration joue sur du velours.
Tapis berbère, chaises Wire DKR , lampe de table Nessino
en plastique orange (Mattéoli), peintures murales,
tapis berbère… Sarah et Tom ont invité à dîner Beth et
Richard, venus avec Jessica, une vieille amie commune,
qui vient de publier un best-seller sur ses années de débauche.
Centre de l’attention des deux hommes, jalousée
par ses consoeurs, elle quitte la table à la suite d’une
remarque que l’on pensait anodine… Quelques minutes
plus tard, ses camarades la retrouvent pendue à un arbre
du jardin….
Une question apparait, la seule : pourquoi a telle fait
cela chez nous ?
Un huis clos plus psychologique que cruel se déroule alors
chez ces anglais huppés, conformistes et autocentrés….
Du 12 au 17 Septembre
DOS MADRES
De Victor Iriarte
Espagne – VOST – 1h49
Avec Lola Duenas, Ana Torrent…
Il y a 20 ans, Vert fut séparée de son fils à la naissance. A
l’hôpital, on lui a annoncé que l’enfant était mort et son
dossier a disparu des archives. Comme si cet accouchement
n’avait pas existé.
Comme beaucoup de mères dont les enfants ont été enlevés
par la dictature franquiste, elle va rechercher ce
fils qu’elle n’a pas pu connaître.
Un film-enquête bien orchestré et qui vaut surtout pour
son sujet et sa manière de le traiter par le prisme de
deux points de vue différents, celui de la mère biologique
puis de la mère adoptive.
Du 19 au 24 Septembre
LA MELANCOLIE
De Takuya Katô
Japon – 2024 – VO – 1h24
Avec Mugi Kadowaki, Kentaro Tamura et Shôta Sometani
Alors que Watako revient d’un week-end en amoureux
avec son amant Kimura, celui meurt soudain, renversé
par une voiture. Watako s’enfuit ou presque. Elle rentre
chez elle, retrouver ce mari ennuyeux qu’elle n’aime
plus, comme si de rien n’était.
À qui confier son chagrin, son deuil ? Au début, Watako
joue la comédie, prend sur elle, cache et retient ses sentiments.
Mais il est impossible de vivre ainsi. Alors elle
va tenter d’affronter ce qu’elle ressent, la vérité, parler
aux autres à son mari, à la femme de Kimura (très belle
scène, filmée à distance, avec respect), pour tenter de
survivre. Tout en retenue, le film de Takuya Katô magnifiquement
écrit (les dialogues, très quotidiens, sont
superbes), très composé, scandé, La Mélancolie est un
film humaniste, émouvant à force de pudeur.
Du 26 Septembre au 1° Octobre
COMME LE FEU
De Philippe Lesage
Canada – France – 2024 – 2h35
Avec Noah Parker, Aurélia Arandi-Longpré,
Arieh Worthalter
Jeff, 17 ans, est secrètement amoureux d’Aliocha. Tous
deux admirent le mystérieux Blake, un vieil ami du père
de la jeune fille, qui les invite à passer quelques jours
dans son chalet de chasse au coeur du grand nord canadien.
Là, en pleine nature, les deux adolescents se
confrontent à un monde d’adultes puérils, prêt à s’embraser.
Étude intéressante des personnages, de leurs relations,
des masques que chacun peut porter…
Du 3 au 8 Octobre
LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE
De Mohammad Rasoulof
Iran – 2024 – VOST – 2h46
Avec Misagh Zare, Soheila Golestani, Mahsa Rostami
Mohammad Rasoulof, cinéaste iranien qui a fui son
pays juste avant le Festival de Cannes, a pu assister in
extremis à la projection de son film, qui a obtenu le Prix
Spécial du Jury. Il sonde le fossé générationnel traversant
une famille dont le père Iman est devenu un chien
de garde du régime. Si son épouse lui est entièrement
dévouée, ses 2 filles au contraire, jeunes étudiantes,
sont dans le mouvement de contestation qui a secoué
le pays à la suite de la mort de la jeune Masha Amini.
La première partie du film explore l’opposition farouche
entre tenants du régime, et jeunesse qui se rebelle, manifeste,
refuse de courber l’échine…Puis on entre dans
un propose plus intime lorsque disparait l’arme à feu de
service de Iman…
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Karim Bensalah (Six Pieds sur Terre)
Algéro-brésilien ayant vécu en Haïti, au Sénégal, à Londres avant de reposer ses valises à Paris, Karim Bensalah (48 ans) est un réalisateur aux multiples influences qui aime questionner les identités. Pour son premier long métrage, Six pieds sur terre, le cinéaste raconte l’histoire de Sofiane, un fils de diplomate algérien qui, pour éviter l’expulsion, trouve un travail dans une pompe funèbre musulmane qui l’amènera, in fine, à se réconcilier avec lui même.
Vous avez mis 8 ans avant de concrétiser Six pieds sur terre. Pourquoi cela a-t-il été si long ?
Karim Bensalah : Un bon scénario nécessite deux à trois ans d’écriture.(…). Au début, je l’ai fait seul et sans le sou.Ensuite, quand j’ai eu un peu d’argent, j’ai fait appel à un co-scénariste, Jamal Belmahi. Le financement a pris trois ans car il est tombé en plein Covid. C’est pour toutes ces raisons que cela a pris huit ans.
La co-écriture du scénario avec Jamal a-t-elle aussi contribué à ce lent accouchement ?
Je suis aussi parti avec une jeune boite de production dont c’était le premier long métrage. On ne pouvait avancer qu’à chaque rentrée de fonds. En ce qui concerne la co-écriture, je ne pense pas que cela ait mis plus de temps. C’est sûr qu’il faut trouver le bon partenaire mais on se connaissait un peu avec Djamel. Cela permet de clarifier le propos, les intentions, d’échanger. Cela m’a apporté son regard sur moi même et sur l’histoire. On avait une expérience commune sur la thématique du scénario qui était la question la construction de l’identité quand on est issu d’une double voire triple culture.
Est-ce que le scénario a été fidèle à votre idée de départ ?
Il a été assez fidèle même si au début ce qui m’a attiré dans l’histoire n’a pas été la thématique finale du film. Le personnage de Sofiane, étant Algérien, se trouvait étranger culturellement et socialement au milieu de la communauté maghrébine de France. Plus je développais le scénario, et plus je me rendais compte que le sujet principal était finalement celui de la question de l’identité.
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Margherita Vicario (Gloria!)
L’auteure-compositrice-interprète italienne Margherita Vicario fait ses débuts à la réalisation avec Gloria!, une histoire mélodique située dans les années 1800, dans un orphelinat/conservatoire dont il est difficile de s’échapper, mais qui est aussi le lieu où la servante Teresa (Galatéa Bellugi), isolée des autres et apparemment muette, découvre les joies de la musique en s’associant avec un groupe de filles talentueuses. Vicario détaille pour nous ce film qu’elle a présenté en compétition à Berlin.
Cineuropa : Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous diriger vers la réalisation ?
Margherita Vicario : J’ai tout simplement toujours voulu le faire. C’était un grand rêve. J’ai commencé comme comédienne, et puis je me suis dirigée vers l’écriture de chansons, mais j’ai toujours travaillé sur de possibles idées de films. (suite…)
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La belle de Gaza
Semaine du 27 juin au 2 juillet 2024
LA BELLE DE GAZA
De Y0LANDE ZAUBERMAN -France- 1H16
La Belle de Gaza commence : le visage d’une anonyme, filmé quelques années auparavant par Yolande Zauberman, obsède la cinéaste, elle tente de la retrouver pour raconter son histoire. Selon une légende urbaine parvenue aux oreilles de la documentariste, la Belle de Gaza – comme la surnomme la cinéaste – se serait échappée de l’enclave palestinienne pour rejoindre à pied la « bulle » israélienne et entreprendre sa transition de genre.
À mesure que Zauberman retrace son chemin et interroge d’autres femmes trans qui auraient pu la connaître, la figure énigmatique se montre toujours plus insaisissable. La quête entreprise par la cinéaste irrigue le film d’un élan pulsionnel. Le désir y est omniprésent : dès le feu d’artifice qui jaillit à l’ouverture, le film, sans éluder la précarité de l’existence des femmes qu’elle filme (les nuits de Tel-Aviv sont loin d’être un havre de paix pour les transgenres palestiniennes), partage leur appétit de jouissance. Les conversations qui s’engagent avec ces personnages à la sensualité exacerbée (par leur accoutrement et leur manière de se mouvoir) tournent ainsi principalement autour de la sexualité.
La trajectoire symbolique vers l’émancipation sexuelle – qui se double d’un déplacement géographique de Gaza à Tel-Aviv – conduit surtout la cinéaste à sonder la distance qui se creuse entre ces femmes et leur milieu d’origine, et que recoupe la ligne de fracture entre les deux peuples. L’exil est double, corporel (elles abandonnent leurs corps originels) et social – elles se détournent de leurs familles, qui bien souvent les ont rejetées violemment.
Le film évite toutefois d’opposer trop frontalement les sociétés israéliennes et palestiniennes sur la question. Le danger qui menace l’existence de ces femmes prend davantage le visage des rôdeurs frustrés – ces hommes rongés par la honte qui viennent épier et menacer les femmes trans – que celui de la religion et de ses interdits : qu’ils soient palestiniens ou israéliens, les harceleurs et les violeurs infligent les mêmes maux.
Dans le dernier mouvement du film, Zauberman semble chercher à combler le fossé qui sépare tous ces éléments contraires ; la religion et la transidentité, Israël et la Palestine. En témoigne un plan magnifique, qui par un étrange jeu de reflet dans l’habitacle d’une voiture fait flotter le visage d’un fils rejeté, devenu une femme trans épanouie et célèbre à Tel-Aviv, au-dessus de celui de son père, coupable d’avoir été aveuglé par son conservatisme : l’image les maintient alors dans deux espaces différents, tout en ménageant la possibilité d’une tendresse partagée.
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