De Jean-Christophe Meurisse – France – 2021 – 1h42
Avec : Alexandre Steiger, Christophe Paou, Lilith Grasmug, Denis Podalydès,
Blanche Gardin, Vincent Dedienne, Olivier Saladin, Fred Blin et des membres
de la troupe des Chiens de Navarre.
Une comédie noire et grinçante sur l’absurdité de notre société, entre doigt
d’honneur et miroir déformant. Interdit au moins de 12 ans.
En 2016, Jean-Christophe Meurisse imposait son univers absurde et hilarant avec
Apnée, film à sketches en roue libre qui dézinguait le monde moderne. Le réalisateur
et fondateur de la troupe des Chiens de Navarre trace son sillon avec le non moins
dingo Oranges sanguines, articulé autour de trois histoires à priori déconnectées : un
couple de retraités surendettés tente de remporter un concours de rock ; une ado veut
avoir sa première expérience sexuelle et tombe sur un psychopathe ; un ministre
empêtré dans une affaire de fraude fiscale.
Résultat : un ovni fulgurant qui oscille entre comédie grinçante à mourir de rire
(incroyables dialogues), film de torture (deux scènes ont longuement fait parler lors
de la projection cannoise) et récit social. Un objet vraiment punk, vraiment
réjouissant, vraiment anarchique, mais qui n’oublie jamais de traiter ses sujets – le
déracinement des élites, la lutte des classes et l’ineptie de nos sociétés – en bruit de
fond, même quand il se permet de changer de genre comme on change de slip. Le
risque, c’est évidemment de noyer le spectateur sous un déluge de malaise et de
chaos, ce que Meurisse n’évite pas tout à fait, le miroir déformant flirtant parfois
dangereusement avec le grotesque. Mais une fois toutes ses grenades soigneusement
dégoupillées, il émeut quand on s’y attend le moins avec un plan final qui semblerait
presque sorti d’un autre film.
Tout ça n’était qu’une farce noire, d’accord, mais au bout du tunnel, il y avait tout de
même de la lumière.
– D’après les critiques de PREMIERE