TIMBUKTU

TimbuktuD’Abderrahmane SISSAKO – Mauritanie, France 2014 – 1h37
Avec Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri…
Chronique d’une population assiégée par les djihadistes où chaque homme et chaque femme sont décrits avec une humanité criante, même les combattants, qui sont parfois des croyants de peu de foi. Elle ne manque pas d’humour, un moyen de défense qui garde le film (et son sujet ultraviolent) de tomber dans le pensum lourd et permet d’ajouter une dimension fictionnelle forte à une dimension quasi documentaire. Abderrahmane Sissako joue la simplicité et permet de provoquer un débat complexe et de le déplacer au-delà d’une actualité quotidienne qui l’a rendu abstrait vu d’Europe.

La ville de Tombouctou est occupée par des hommes armés qui entrent dans le quotidien des habitants. Une police fanatique cherche alors à imposer sa loi. Face à ces nouveaux venus, on se demande d’où car ils parlent plusieurs langues plus ou moins bien, les habitants montrent une grande dignité dans leur façon de résister. Les oppresseurs sont, eux, obnubilés par des sacrilèges minuscules méritant des punitions cruelles décidées par des tribunaux improvisés qui préconisent des interdictions en guise de religion.
Abderrahmane Sissako, le plus grand des cinéastes africains, s’est formé à Moscou pendant dix ans, puis il est venu vivre à Paris.

Il a tourné cette fiction dans des conditions difficiles en raison de l’insécurité : quelques plans à Tombouctou et le reste en Mauritanie, à Oualata. Musulman, il vit douloureusement cette dérive extrémiste. Il est attentif au sort des populations face aux violences qu’elles subissent. D’un œil d’esthète, il parle dans un langage visuel, symbolique et universel. Et son film raconte, dans une succession de scènes, les différentes situations dues à cette occupation.

Et puis, face à l’adversité, malgré l’invasion de la barbarie, il montre comment des valeurs demeurent chez ceux qui lui font face.

Ce que Sissako, met en scène, c’est aussi la persistance de l’intelligence, de l’esprit, de l’humour, de la beauté.

Le prochain Café-Ciné sera consacré à un débat sur ce film : le mercredi 7 janvier 2015 à 18h30 au restaurant l’Agora, 15 place Pré de Foire, Sallanches

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