SKY

SKY 2De Fabienne Berthaud – 2015 – France -1h42
Avec Diane Kruger, Norman Reedus, Q’Orianka Kilcher, Gilles Lellouche, Lena Dunham…
Romy est en vacances avec Richard, son mari français. Mais le voyage ne se passe pas comme prévu et révèle un peu plus les failles dans le couple. Complètement saoul, Richard se met à flirter avec deux blondes dans un bar. Romy le surprend. Lors d’une énième dispute où il lui reproche d’être stérile, elle pense l’avoir tué. Elle fuit au volant d’une vieille Plymouth mais finit par apprendre que Richard est vivant et à l’hôpital. Elle lui annonce qu’elle le quitte. Enfin libérée, elle entreprend un road-trip entre Las Vegas et les plaines du Nevada. Elle y croise le chemin de Diego, un séduisant ranger… Fabienne Berthaud entraîne sa muse Diane Kruger sur les routes américaines. La cinéaste s’approprie les codes du road-movie et signe le portrait libre et inspiré d’une femme blessée mais lumineuse.

Critique

Pour Romy et son mari, c’est le voyage de la dernière chance. Mais, dans ce Grand Ouest américain où elle rêvait d’aller depuis longtemps, elle réalise le dégoût que Richard lui inspire… Un coup de lampe sur la tête dans la chambre du motel et Romy prend la route, n’écoutant que son instinct…
Ce film est audacieux à plus d’un titre. Pour son troisième long métrage (après Frankie et Pieds nus sur les limaces), Fabienne Berthaud s’est lancée dans un film américain rien qu’à elle, avec halte insolite à Las Vegas et rencontres qui changent une vie dans le désert. Elle a mêlé les influences (Thelma et Louise, Bagdad Café, mais surtout les grands auteurs américains comme Cormac McCarthy ou Jim Harrison) pour mieux brouiller les pistes, puis rouler vers le mélo à plein régime. Son casting, lui-même, est aussi surprenant que cohérent, au final : Lena Dunham (Girls), Norman Reedus (The Walking Dead), Q’Orianka Kilcher (la Pocahontas de Terrence Malick !) et Gilles Lellouche (superbe et pathétique) — sans compter deux Elvis Presley et une créature digne d’Amos Kollek (Sue perdue dans Manhattan)… Quant à Diane Kruger, son égérie, son alter ego, elle lui a maquillé les yeux en bleu pailleté — quel beau plan ! — pour évoquer l’autre ­Romy, celle de L’important, c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski. Fougueuse et vibrante, l’actrice se consume et porte haut la foi de Fabienne Berthaud dans les histoires d’amour et de renaissance…
(Guillemette Odicino)

Arrêter une relation nuisible qui stoppe net une route de vie, bifurquer sur une autre route en croyant, en criant, que l’on peut se passer de l’amour, perdre ses repères, avoir peur, puis se laisser faire par le destin, en terre inconnue, telle est l’histoire de Romy (Diane Kruger) que la caméra de Fabienne Berthaud colle au corps soit en silhouette gracile sur fond de paysages arides, soit en cadrages serrés, notamment sur son visage et ses expressions toujours très justes et émouvantes. Avec sa caméra, la réalisatrice semble protéger et accompagner sans relâche son actrice fétiche (3ème film avec elle), bien qu’elle la largue en pleine errance…

Ce beau film est un melting pot de références : Diane Kruger devient, dans un battement de cils pailletés de bleu, Romy Schneider. (un moment fort du film). A déconseiller à tous ceux qui ne croient pas à la reviviscence, car il est ici question des cycles de la vie et de la fragilité des vies humaines, mais aussi de revenir à la vie, celle qui nous convient.

Un beau film audacieux qui demande de se laisser porter, sans à-priori, jusqu’à la fin…

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