Green Border

GREEN BORDER

D’Agnieszka Holland – Pologne – 2023 – 2h27 – VOST

Green Border , Prix spécial du jury à la Mostra de Venise, arrive ce mercredi 7 février sur les écrans français. Ce film coup de poing, en noir et blanc, fait écho à des faits réels : l’afflux de migrants, à partir de l’été 2021, à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Au mépris de la convention de Genève sur l’asile, la Pologne alors dirigée par les nationaux conservateurs du PiS, déclara un état d’urgence et une zone d’exclusion entre les deux pays, interdisant aux journalistes et aux militants humanitaires de s’y rendre jusqu’à l’été 2022. C’est à cette période, dans et autour de cette zone, que se déroule le film poignant d’Agnieszka Holland (2 h 27).

Agnieszka Holland, 75 ans, défend toujours avec énergie « le cinéma de l’inquiétude morale », mouvement né dans son pays, la Pologne, en 1970. Son film très documenté sonne comme un appel à plus d’humanité envers les réfugiés qui frappent aux frontières de l’Europe. « Je ne sais pas comment changer le monde, dit-elle, mais je sais comment raconter des histoires avec l’aide du cinéma, alors c’est ce que je fais. » L’actrice franco-iranienne Behi Djanati Ataï (qui joue dans le film) l’a aidée à réunir le casting, où figure notamment l’acteur syrien Jalal Altawil, en France depuis 2015.

L’histoire démarre dans un avion biélorusse. À bord, une famille syrienne fuyant la guerre (le père, la mère, le grand-père et trois enfants). À l’arrivée à Minsk où un taxi doit les attendre pour leur faire traverser la Pologne et rejoindre la Suède, rien ne se passe comme prévu. Ils se retrouvent coincés, avec des dizaines d’autres réfugiés venus de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan, dans une zone marécageuse, à la merci de militaires ultraviolents. Le film suit aussi un garde-frontière polonais à qui on a mis dans le crâne que « ces gens sont des balles vivantes envoyées par Poutine et Loukachenko. » Et une psychologue vivant près de la fontière. La force du noir et blanc. La caméra au plus près des visages d’acteurs bouleversants de vérité, à commencer par les enfants. Le chapitrage et la multiplicité des points de vue. Des éclairs d’espoir amenés par les actions des humanitaires dans une histoire par ailleurs sans concession sur la cruauté humaine et l’impuissance de l’Europe.

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