FORTUNA
De Germinal Roaux / 2018 / 1H46
Avec Kidist Siyum Beza, Bruno Ganz, Patrick d’Assumçao
Au milieu des immenses montagnes enneigées et silencieuses, elle parle en murmurant à la Vierge Marie… La délicatesse de ces premières images donne d’emblée une résonance particulière à l’histoire de Fortuna, adolescente noire, arrivée jusqu’en Suisse après avoir traversé la Méditerranée. Pour les migrants comme elle, un parcours fléché existe, mais elle refuse de quitter son refuge dans l’hospice de Simplon, où vivent les chanoines de la congrégation du Grand-Saint-Bernard.
En confrontant une question d’actualité à ces décors naturels empreints d’un sentiment d’éternité, le réalisateur évite, comme son héroïne, les chemins tout tracés. Il aiguise une sensibilité vraie à travers le dépouillement du cinéma en noir et blanc, et construit aussi un propos ambitieux, utile. Telerama, Frédéric Strauss
Le réalisateur choisit à travers le parcours solitaire de cette toute jeune fille, d’installer le spectateur en toute humilité et sans prétendre apporter de solutions miraculeuses, dans un espace de réflexion face aux questions que la crise migratoire suscite dans nos sociétés actuelles. Bouleversé par les récits de ces jeunes migrants, mineurs et non accompagnés, qu’il rencontre grâce à sa compagne chargée de les encadrer, il se lance dans l’écriture de son film et découvre que pour pallier le manque de places dans les centres d’hébergements, certains de ces réfugiés sont accueillis au sein de communautés religieuses. Un débat nourri d’arguments brillants et mené avec éloquence et sensibilité par les chanoines, révèle les contradictions auxquelles sont confrontés ces hommes d’Église tiraillés entre leur désir d’accueil et d’ouverture au monde et le devoir de réserve et d’isolement inhérent à leur vocation, nous offrant ainsi un sacré beau moment d’émotion. Avoiralire
Fortuna, qui est mineure, refuse tout en bloc et s’accroche au monastère comme une moule à son rocher. Il faudra des trésors de patience pour qu’elle accepte de dévoiler les bouleversements qui agitent son esprit et son corps, tellement plus complexes que les vagues clichés qu’on pourrait imaginer.