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Vampire Humaniste cherche suicidaire consentante

 


VAMPIRE  HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT 

Avec Sara Montpetit, Felix-Antoine Bénard, Sophie Cadieux

Le dernier film d’Ariane Louis-Seize, est une œuvre aussi originale que poignante qui nous plonge dans un univers où la vie et la mort se côtoient dans une danse macabre, mais empreinte d’humanité.

L’histoire, centrée autour de Sasha, une adolescente vampire en proie à un conflit moral, offre une perspective rafraîchissante sur le mythe vampirique. Incarnée brillamment par Sara Montpetit, Sasha se démarque par sa compassion pour l’humanité, une caractéristique inhabituelle pour son espèce. Cette dualité entre sa nature vampirique et son empathie pour les humains est le cœur du récit, offrant une exploration profonde des thèmes de l’identité et de la moralité.

Le choix de Paul, interprété avec sensibilité par Félix-Antoine Bénard, comme catalyseur de l’histoire ajoute une dimension supplémentaire à l’intrigue. Son personnage, suicidaire et dépressif, apporte une nuance de désespoir qui contraste avec l’espoir que Sasha tente de maintenir. Leur rencontre fortuite et les liens qui se tissent entre eux offrent des moments à la fois tendres et déchirants, faisant écho à la fragilité de la vie.

La mise en scène d’Ariane Louis-Seize réussit à capturer l’essence sombre et mélancolique du récit tout en injectant des touches d’humour et de légèreté. Les scènes entre Sasha et sa cousine Denise, jouée avec brio par Noémie O’Farell, sont particulièrement mémorables, offrant des moments de comédie qui équilibrent habilement la gravité de la situation.

Enfin, la bande originale accompagne parfaitement l’atmosphère du film, ajoutant une dimension émotionnelle supplémentaire à chaque scène.

« Vampire humaniste cherche suicidaire consentant » est une œuvre cinématographique captivante qui transcende les conventions du genre pour offrir une réflexion profonde sur la viela mort et l’essence même de l’humanité. Ariane Louis-Seize nous livre ici un film aussi audacieux qu’intelligent, confirmant son talent prometteur dans le paysage cinématographique québécois.
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Chroniques de Téhéran

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Pour espérer pouvoir continuer à en profiter, il ne faut pas le crier trop fort, mais il semble bien qu’il y ait un trou dans la raquette du système de censure que les ayatollahs font subir au cinéma iranien : alors que, pour tourner un long métrage, il est nécessaire que son scénario ait été accepté par un comité de censure très strict, la règle se montre beaucoup plus souple pour les court-métrages. D’où l’idée consistant à proposer la réalisation de plusieurs court-métrages que l’on agrège ensuite pour en faire un long-métrage entrant dans la catégorie des « films à sketches »..

Chroniques de Téhéran, ce sont 9 histoires qui sont réunies, 9 histoires très courtes qui forment une sorte de catalogue des situations kafkaïennes vécues de façon quotidienne par les iraniennes et les iraniens. Cela va du père de famille venu au service d’état civil pour déclarer la naissance de son fils et qui se voit refuser le prénom David par le fonctionnaire au réalisateur qui voit le scénario du film qu’il espère pouvoir tourner se réduire comme une peau de chagrin face aux ciseaux de la censure en passant par une jeune chauffeuse de taxi accusée de conduire son véhicule sans foulard ou une jeune lycéenne convoquée par la directrice qui l’accuse de s’être faite déposer à l’école par un garçon. Chaque fois, le dispositif de filmage peut être qualifié de minimal, chaque fois, le résultat est particulièrement puissant : chaque saynète est filmée en plan fixe, avec un seul plan séquence qui voit la ou le protagoniste du sketch s’exprimer le plus souvent face caméra, et on entend l’interlocuteur ou l’interlocutrice qui représente l’autorité mais qui n’est jamais visible, même si, à 2 ou 3 reprises, on peut apercevoir une main. Ce format resserré et ce parti pris du hors champ pour les représentants de l’autorité participent grandement à l’impression d’emprisonnement de tout un peuple que dégage le fil présenté dans la sélection Un Certain Regard lors du dernier Festival de Cannes. Chroniques de Téhéran réussit l’exploit d’être un des films les plus subversifs dans l’histoire du cinéma iranien malgré (ou à cause de ?) une très grande simplicité dans sa mise en scène. Les situations rencontrées sont tellement absurdes qu’elles entraînent forcément le rire, un rire qui combine connivence avec celles et ceux qui vivent ces situations et une forme de colère face à ces sommets de bêtise (in)humaine. Ali Asgari est déjà connu des spectateurs pour Juste une nuit (une étudiante cherche à cacher son bébé illégitime lorsque ses parents lui rendent visite…). Chroniques de Teheran est un véritable bijou à la fois très court et très fort. D’après Critiques Film.

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Ali Asgari et Alireza Khatami (Chronique de Téhéran)

Unique film iranien du festival de Cannes 2023, réalisé par deux quarantenaires, Ali Asgari et Alireza Khatami, « Terrestrial Verses » (les Versets terrestres), renommé en France, « Chroniques de Téhéran », est une œuvre radicale en forme de « collier de perles » selon la structure de la poésie ghazal. Neuf séquences mettant en scène des situations « banales » de la vie quotidienne démontrent le contrôle permanent, jusqu’à l’absurde, du gouvernement iranien sur la vie privée voire intime des citoyens.

Ali Asgari vient de Téhéran, Alireza Khatami, d’une petite ville du sud-ouest de l’Iran. Ils sont nés au moment de la guerre Irak-Iran (1980-88). (suite…)

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Programmation Avril Mai 2024

Du 28 Mars au 2 Avril

Du 28 Mars au 2 Avril

LA VIE DE MA MÈRE

De Julien Carpentier – France – Comédie dramatique –

2024 – 1h45

Avec Agnès Jaoui, William Lebghil, Salif Cissé…

 

Pierre s’est vu inculquer l’amour des fleurs par sa mère. Jeune fleuriste passionné, il gère sa boutique en espérant décrocher un contrat avec une société d’organisation de mariages. Cette vie tranquille est brutalement interrompue le jour où Judith, sa mère, débarque à l’improviste. Souffrant de psychose maniaco-dépressive (ou maladie bipolaire), elle est parvenue à s’enfuir de la clinique où elle était soignée depuis deux ans, période durant laquelle son fils avait réussi à se construire un semblant de normalité. Il lui faut alors gérer une bombe à retardement : tournoyant dans sa phase maniaque, Judith danse au bord d’un précipice, et Pierre doit tout gérer…

Prix du public au festival du film francophone d’Angoulême.

 

Du 4 au 9 Avril

Du 4 au 9 Avril

LA JEUNE FILLE ET LES PAYSANS

De DK et Hugh Welchman – Pologne – Comédie, Drame –

2023 – VOST – 1h54

Avec Kamila Urzedowska, Robert Gulaczyk, Miroslaw

Baka, Sonia Mietielica…

C’est le croisement de deux oeuvres magistrales. D’un côté, un monument de la littérature, Les Paysans, du romancier polonais Wladyslaw Reymont (Prix Nobel 1924), qui met au coeur du récit une jeune femme, Jagna, dont la beauté irradiante et la blondeur étincelante vont, au terme de multiples rebondissements, susciter toutes les haines du village. De l’autre, le travail unique de deux animateurs polonais, DK et Hugh Welchman qui avec Passion Van Gogh (2017) contribuèrent à populariser la technique de la rotoscopie consistant à filmer les scènes en prises de vues réelles avant de repeindre chaque image. Au final plusieurs dizaines de milliers de peintures qui magnifient la beauté picturale des paysages et traditions polonaises. S’inspirant de dizaines de tableaux de peintres polonais, le film nous emporte autant par la puissance de son intrigue que par la splendeur de sa forme.

 

Du 11 au 16 Avril

Du 11 au 16 Avril

CHRONIQUES DE TEHERAN

De Alireza Khatami – Iran – 2023 VOST – 1H17

Cinéaste iranien en exil depuis 2004, Alizera Khatami est rentré en Iran pour réaliser un long métrage. Devant le refus des autorités, il a contourné la difficulté en réalisant 9 courts-métrages (non soumis à autorisation….) et les a réunis pour en faire un long métrage…! 9 histoires donc, toujours filmées de la même manière, pour dénoncer le pouvoir totalitaire des mollahs et ses implications dans la vie quotidienne des iraniens… Un acteur face à la caméra, l’autre en voix off.

Scènes à la fois drôles et tragiques, souvent absurdes : un homme déclare la naissance de son fils, une jeune femme conteste une contravention, une autre passe un entretien d’embauche…

Un écho au mouvement Femme, Vie , Liberté réprimé durement depuis septembre 22…

https://cinecimes.fr/?p=6175&preview=true

 

Du 18 au 23 Avril

Du 18 au 23 Avril

VAMPIRE HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT

De Ariane Louis-Seize – Canada (Quebec) – 2023 – 1h32

Avec Sara Montpetit, Félix-Antoine Bénard,

Steve Laplante, Sophie Cadieux…

Sasha est une jeune vampire avec un grave problème : elle est trop humaniste pour mordre ! Lorsque ses parents, exaspérés, décident de lui couper les vivres, sa survie est menacée. Heureusement pour elle, Sasha fait la rencontre de Paul, un adolescent solitaire aux comportements suicidaires qui consent à lui offrir sa vie. Ce qui devait être un échange de bons procédés se transforme alors en épopée nocturne durant laquelle les deux nouveaux amis chercheront à réaliser les dernières volontés de Paul avant le lever du soleil.

Ce film est un vrai récit d’apprentissage et questionne très intelligemment le rapport des adolescents à la mort et à la responsabilité individuelle face aux injonctions du groupe.

https://cinecimes.fr/ariane-louis-seize-vampire-humaniste-cherche-suicidaire-consentant/

Du 25 au 30 Avril

Du 25 au 30 Avril

THE SWEET EAST

De Sean Price Williams – Etats-Unis – 2023 – 1h44 – VOST

Les fractures de l’Amérique vues à travers les yeux d’une lycéenne en fugue. Le film s’assume d’emblée comme un conte de fées détraqué, une variation autour d’Alice aux pays des merveilles et une vision hallucinée de l’Amérique contemporaine. Lilian s’ennuie entre sa vie de lycéenne et son blondinet de copain. Elle s’échappe de ce quotidien cotonneux en passant de l’autre côté d’un miroir caché dans les toilettes d’une pizzeria. En chemin, elle s’inventera de nouvelles vies en explorant son pays par ses égouts (les complotistes siphonnés et armés, les néo-nazis tendance pédophiles, les islamistes kidnappeurs…), s’échappant à peu près quand elle le veut.

Le réalisateur envisage ce film comme une façon d’ausculter tout ce qui cloche dans son pays.

Du 2 au 7 Mai

Du 2 au 7 mai

LOS DELINCUENTES

De Rodrigo Moreno – Argentine – 3h10 – VOST

Avec Daniel Elias, Esteban Bigliardi…

Un Certain Regard festival de Cannes

Tour à tour comédie sociale satirique à l’italienne, polar décalé, western contemporain au coeur des étendues sauvages argentines, voici un film hors normes qui ressemble fort à un bras d’honneur, un camouflet caustique et subversif au pouvoir en place.

Tout d’abord film de braquage, l’ambiance change soudainement, se fait bucolique, plus enchantée et ouverte sur le monde.

Ce film joyeux, souvent extrêmement drôle, revendique une grande liberté d’inspiration et de ton.

https://cinecimes.fr/rodrigo-moreno-los-delicuentes/

 

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Ilya Povolotsky (La Grâce)

Né en 1987 à Izhevsk, Oural

Russie

Monteur, réalisateur, producteur

La Grâce

Le réalisateur, venu présenter « La Grâce » à la Quinzaine des cinéastes, parle de son pays sous Poutine et de son envie « d’observer le réel et de chercher des réponses ».

« Je pense que ce qui se passe est un incroyable désastre » : calme, attentif, droit sur son siège dans ce café à l’écart du centre bouillonnant de Cannes, le réalisateur russe Ilya Povolotsky ne se cache pas derrière son petit doigt : « Je suis contre la guerre en Ukraine, contre l’utilisation de la violence en général, contre la politique du gouvernement de mon pays. » Répondant à l’invitation de la Quinzaine des cinéastes pour venir y présenter son nouveau film, La Grâce, il n’a pas eu, dit-il, de difficultés pour venir – « Sinon l’obtention des visas français, qui ont mis énormément de temps à nous arriver…  » On s’inquiète en revanche de son retour, on ne voudrait pas le mettre en porte-à-faux. Lui semble serein : « Je ne sais pas si cela sera difficile. Ni quelle sera la réaction des autorités. Tout dépendra de cela… »

(suite…)

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Bertrand Bonello ( La Bête )

Né le 9 novembre 1968 à Nice

France

Réalisateur, scénariste, compositeur

Tiresia, L’Apollonide, Saint-Laurent, Nocturama, La Bête

De l’écriture jusqu’à la production, La Bête, dixième long-métrage de Bertrand Bonello, fut une longue traversée. Inventeur de formes, le réalisateur, scénariste et compositeur, auteur de L’Apollonide, souvenirs de la maison close (2011) et de Nocturama (2016), entre autres, raconte la fabrique de son film de science-fiction, qui se situe en 2044, tout en plongeant dans les vies antérieures d’une jeune femme (Léa Seydoux).

« La Bête » est adapté d’une nouvelle de Henry James. Qu’est-ce qui vous a attiré dans cet ouvrage sur la rencontre amoureuse ?

C’est le désir de m’approcher du mélodrame qui m’a ramené à ce livre, que j’avais déjà lu deux ou trois fois. Ce qui est extraordinaire dans cette nouvelle, c’est que la rencontre entre l’homme et la femme a déjà eu lieu. Je ne pouvais pas trouver meilleur argument sur le ratage amoureux, sur la peur d’aimer. Je voulais mettre ensemble ces deux mots que sont la peur et l’amour, deux sentiments très forts qui vont tellement bien ensemble. Quand on aime, il y a la peur de perdre.

Le film se situe à trois dates précises, 1910, 2014 et 2044. Pourquoi ?

En 1910, on entre dans le XXe siècle avec plein d’espoir et de lumière, mais quatre ans plus tard, ce sera l’obscurité [avec le déclenchement de la première guerre mondiale]. En 1910, Gabrielle, jouée par Léa Seydoux, incarne une pianiste à l’avant-garde de la musique contemporaine : elle étudie Arnold Schoenberg (1874-1951), qui introduisit l’atonalité. Ensuite, 2014, c’est l’époque pré-#metoo, et l’année où le jeune Américain Elliot Rodger, membre d’une communauté de célibataires misogynes [incarné par George MacKay], organisa sa tuerie tout en postant des vidéos. 2044 nous plonge dans un futur proche, dominé par les machines. Je me suis fabriqué ce concept : les humains ne sont pas arrivés à gérer la planète, que ce soit au niveau des guerres, de l’écologie, des inégalités… Les machines, en raisonnant comme des machines, y sont parvenues, parce qu’il n’y a plus d’affects. Elles ont pris le pouvoir et il n’y a plus de catastrophes, mais le prix à payer, c’est d’obéir. C’est une dictature « positive », entre guillemets, car le monde que je montre est d’une tristesse et d’une solitude effroyables.

Dans la nouvelle de Henry James, ainsi que dans votre film, il y a l’idée d’une catastrophe à venir, donnant le sentiment qu’il est trop tard pour agir…

Il y a une peur « positive » qui nous met à l’écoute du monde et il y a aussi une peur négative, qui paralyse. C’est celle qu’on essaie de nous infliger aujourd’hui, avec ces dirigeants qui utilisent les catastrophes pour apparaître comme des sauveurs. C’est l’infusion de la terreur. L’historien Patrick Boucheron l’explique très bien dans son ouvrage Le Temps qui reste (Seuil, 2023).

« La Bête » est traversé par des personnages androïdes, avec notamment cette « poupée », interprétée par Guslagie Malanda. Comment avez-vous articulé le scénario avec l’état des réflexions sur l’intelligence artificielle ?

Quand j’ai commencé à écrire, c’était il y a plusieurs années, l’IA semblait encore loin. J’ai beaucoup avancé seul, sachant que je suis coproducteur de mes films. A un moment, je suis arrivé au stade de la minisérie, mais je ne trouvais pas de diffuseur. J’avais quatre épisodes d’une heure, je suis allé voir le producteur Justin Taurand (Les Films du Bélier), afin de ramener le projet à deux heures. On a eu quatre refus à l’avance sur recettes du CNC. Aujourd’hui, dès qu’un film dispose d’un budget un peu important, trouver une liberté formelle devient difficile.

Vous avez recruté l’acteur George MacKay, en remplacement de Gaspard Ulliel, mort avant le tournage du film…

Il fallait que je rende le film possible à nouveau, en allant chercher un acteur britannique. Et les essais de George MacKay étaient prodigieux : souvent, même quand les acteurs sont très bons, on voit les ficelles, mais, avec George, on ne sait pas par où le jeu passe. C’est quelqu’un qui apprend énormément en amont. Léa Seydoux est à l’opposé, elle ne demande rien, c’est un mélange entre sa méthode et sa superstition. Elle a besoin de découvrir les choses pour les vivre sur le plateau. Même en collant la caméra devant elle, on ne sait pas ce qu’elle pense. Léa Seydoux résiste à la caméra, semble plus forte qu’elle, un peu comme Catherine Deneuve.

D’après Clarisse Fabre pour Le Monde du 10/02/2024.

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Estibaliz Urresola Solaguren (20 000 Espèces d’Abeilles)

Née le 4 Mai 1984

Espagne

Réalisatrice, scénariste, producteur

20 000 Espèces d’Abeilles

Pour son premier long métrage, l’Espagnole Estíbaliz Urresola Solaguren a choisi un sujet délicat s’il en est : l’identité de genre dans l’enfance. Son sublime « 20 000 Espèces d’abeilles » raconte l’été d’une petite fille (Sofía Otero, Prix de la meilleure interprétation à la Berlinale 2023), 8 ans, dans la famille de sa mère au Pays basque espagnol, alors qu’elle prend conscience qu’elle ne se sent pas en adéquation avec le genre (masculin) assigné à sa naissance, ce que ses proches accueillent de différentes manières. Retour avec la réalisatrice sur ce sujet brûlant, qui agite la société de part et d’autre de la frontière basque.

Comment est née l’envie d’écrire un personnage de jeune fille trans de 8 ans ? (suite…)

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La Grâce

 Un film de Ilya Povolotsky

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Avec Maria Lukyanova, Gela Chitava, Aleksandr                  Cherednik…

Du soleil d’hiver caucasien aux rivages arctiques de la mer de Barents, dans un road movie désenchanté, un père et sa fille adolescente sillonnent les steppes et les montagnes désertiques de la Russie profonde,dans leur vieux van rongé de rouille, cinéma itinérant apportant aux villages reculésquelque lumière culturelle dans ces immensités âpres et désolées. Ils subsistent de la vente des tickets, boissons, DVD…

Tout débute au creux de la nature. Une jeune fille d’une quinzaine d’années, accroupie au bord d’une rivière, la tête entre les jambes, tâte le sang qui s’échappe pour la première fois de son corps… Position primitive, en lien avec l’organique qu’elle traverse, qui trouve un écho dans l’environnement de cette rivière qui s’écoule inéluctablement, comme ce flux qui se perd en taches rouges sur ses doigts. Ici est esquissée l’une des thématiques du film, celle de l’entrée dans l’adolescence et la transformation pubertaire. Mais comment réagir quand on vit esseulée, dans un van contenant tous les biens d’une petite famille monoparentale, portant en lui le souvenir d’une mère décédée, avec pour seul compagnon un père, certes présent,mais figure masculine inconciliable avec le changement que traverse sa fille? Leur itinérance, (intime errance?), se fait métaphorique et introspective, davantage que physique. C’est un passage vers l’âge adulte que capte brillamment Ilya Povolotskydans ce premier long-métrage, avec ce qu’il contient d’opposition et de révolte. Lespaysages,anonymes et contemplatifs,traduisent la lassitude etle spleen de ces deux solitudes endeuillées, dans une langueur ponctuée de brèves rencontres fortuites. Traduit du russe «Blazh», «La Grâce» occulte la nuance ironique de lubie, pas forcément la folie mais une certaine forme de bizarrerie teintée d’élan spirituel, de sainteté, de sincérité…, présente dans le titre original. Comme une énigme,émotive mais sobre et retenue, silencieuse,«La Grâce» garde une dimension insaisissable…

Film de voyage, les gens se rassemblent dans les villages reculéspour venir à la rencontre de ces deux marginaux et de la grande toile blanche, animés par l’espoir de l’évasion… Film silencieux, «La Grâce» nous offre une brèche dans le temps…

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May December

Un film de Todd Haynes – USA – 1h57 – 2023

Avec Natalie Portman, Julianne Moore, Samy

Burch…

 

Todd Haynes (le réalisateur) n’a pas son pareil pour pénétrer dans la psyché féminine. Il l’avait déjà montré dans son film « Carol ». Il va encore plus loin pour « May December ». Il y dirige deux grandes comédiennes, Julianne Moore et Natalie Portman, pour une réflexion sur leur métier au service d’un scénario cité aux Oscars.

La première est passée par la case prison pour avoir séduit un jeune homme mineur avec lequel elle a fondé une famille provocant un véritable scandale aux USA. La seconde est une actrice sensée l’incarner dans un biotique sulfureux tourné 20 ans après les faits. Le choc entre les deux va être progressivement tellurique quand elle se rencontre pour la préparation du film.

Todd Haynes explique : « Julianne et Natalie sont deux artistes au sommet de leur talent. J’étais le premier spectateur de mon film en les regardant affiner leur performance en duo. Le processus était fascinant. »

Il l’est tout autant pour le spectateur fasciné par ce jeu de pouvoir dont les forces s’inversent progressivement jusqu’à provoquer des dommages irréversibles.

Le spectateur a l’impression d’être invité en coulisse pour découvrir comment se construit un personnage ce qui est d’autant plus intéressant que le film propose une véritable mise en abime.

Todd Haynes : « Natalie joue une actrice qui doit incarner une femme qu’interprète Julianne », vertige garanti !

Plus encore qu’à l’affaire réelle dont il s’inspire, Todd Haynes se passionne pour la notion de jeu d’actrices et pour l’égoïsme que peut impliquer la création. Le pas de deux des deux actrices superbement chorégraphié est un bonheur en même temps qu’une belle leçon de composition. Todd Haynes, a encore signé un beau film tout en délicatesse qui met en valeur ces dames aux talents complémentaires.

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Green Border

GREEN BORDER

D’Agnieszka Holland – Pologne – 2023 – 2h27 – VOST

Green Border , Prix spécial du jury à la Mostra de Venise, arrive ce mercredi 7 février sur les écrans français. Ce film coup de poing, en noir et blanc, fait écho à des faits réels : l’afflux de migrants, à partir de l’été 2021, à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Au mépris de la convention de Genève sur l’asile, la Pologne alors dirigée par les nationaux conservateurs du PiS, déclara un état d’urgence et une zone d’exclusion entre les deux pays, interdisant aux journalistes et aux militants humanitaires de s’y rendre jusqu’à l’été 2022. C’est à cette période, dans et autour de cette zone, que se déroule le film poignant d’Agnieszka Holland (2 h 27).

Agnieszka Holland, 75 ans, défend toujours avec énergie « le cinéma de l’inquiétude morale », mouvement né dans son pays, la Pologne, en 1970. Son film très documenté sonne comme un appel à plus d’humanité envers les réfugiés qui frappent aux frontières de l’Europe. « Je ne sais pas comment changer le monde, dit-elle, mais je sais comment raconter des histoires avec l’aide du cinéma, alors c’est ce que je fais. » L’actrice franco-iranienne Behi Djanati Ataï (qui joue dans le film) l’a aidée à réunir le casting, où figure notamment l’acteur syrien Jalal Altawil, en France depuis 2015.

L’histoire démarre dans un avion biélorusse. À bord, une famille syrienne fuyant la guerre (le père, la mère, le grand-père et trois enfants). À l’arrivée à Minsk où un taxi doit les attendre pour leur faire traverser la Pologne et rejoindre la Suède, rien ne se passe comme prévu. Ils se retrouvent coincés, avec des dizaines d’autres réfugiés venus de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan, dans une zone marécageuse, à la merci de militaires ultraviolents. Le film suit aussi un garde-frontière polonais à qui on a mis dans le crâne que « ces gens sont des balles vivantes envoyées par Poutine et Loukachenko. » Et une psychologue vivant près de la fontière. La force du noir et blanc. La caméra au plus près des visages d’acteurs bouleversants de vérité, à commencer par les enfants. Le chapitrage et la multiplicité des points de vue. Des éclairs d’espoir amenés par les actions des humanitaires dans une histoire par ailleurs sans concession sur la cruauté humaine et l’impuissance de l’Europe.

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