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Archives : Archives
Programmation du 5 mai au 7 juin 2022
du 5 au 10 mai
De Jonas CARPIGNANO – Italie-2h01. VOST
Avec Swamy Rotolo, Claudio Rotolo…
À la pointe de la botte italienne, Chiara, 15 ans, accro aux réseaux sociaux, apprend que son père est en cavale, recherché pour un trafic de drogue dans un réseau de la mafia calabraise. Cette lycéenne, émotive, bouleversée et déterminée, galvanisée par son énergie de coureuse de fond, veut comprendre ce qui se passe. Elle parle, mais autour d’elle on se tait. Elle défie cette loi de l’omerta.. SwamyRotolo, intense, émouvante, fait de Chiara un personnage saisissant , un thriller elle toute seule
MURINA
du 5 au 10 mai
De Antonetta Alamate- Kusijanovic– Croatie – 2021 – 1h36 – VOST
Avec Gracija Lazaridi, Frank Graziano…
Sur l’île croate (Kornati) où elle vit, Julija souffre de l’autorité excessive de son père. Le réconfort, elle le trouve au contact de sa mère…mais aussi de la mer. L’arrivée d’un riche ami de son père exacerbe les tensions au sein de la famille. Un remarquable coup d’essairécompensé par la Caméra d’Or l’an passé au festival de Cannes.Produit par Martin Scorsese, ce long métrage avance avec une fluidité sensuelle, sans coquetterie inutile, mais pas sans intensité dramatique.
https://cinecimes.fr/antoneta-alamat-kusijanovic-murina/
du 12 au 17 mai
De Eran Kolirin, film français et israélien -2022–1H41-
Avec Alex Bachri, Juna Suleiman, Salim Dowet Eihab Salame
Nous sommes dans un village arabe d’Israël construit sur une colline, au milieu d’une zone désertique. Le village où Sami est né et a grandi, avant de partir pour Jérusalem, laissant derrière lui sa familleet ses amis. Depuis, il ne leur a guère rendu visite. Mais, cette fois,
il y a été contraint par le mariage de son frère cadet. Sami est revenu avec sa femme et son fils le temps d’un week-end. Et puis surgit un événement imprévu et le récit déraille : pendant la nuit, l’armée israélienne encercle le village, au lever du soleil, un mur a été édifié: la communication avec l extérieur est rompue …
du 12 au 17 mai
De Gaspard Noé-France-2022-2H22
Avec Françoise Lebrun, Dario Argento, Alex Lutz, Kylian Dheret…
Un couple âgé vit dans un appartement parisien submergé de livres et de souvenirs. Lui est cinéphile, historien et théoricien du cinéma et écrit un ouvrage sur les liens entre le 7e art et les rêves. Elle es psychanalyste à la retraite. Elle a l’esprit qui chavire, il a le cœur qui
flanche…. Amoureux et indispensables l’un à l’autre… G. Noe symbolise leur future séparation par un écran divisé en deux images.
Le spectateur acquiert une « vision double », pénètre dans les préoccupations de l’un et de l’autre, se familiarise avec ses habitudes.
https://cinecimes.fr/?p=5373&preview=true
du 19 au 24 mai
De Ely Dagher, Liban-2021-1h56
Avec : Manal Issa, Roger Azar, Yara Abou Haidar
1er long métrage de Ely Dagher, tourné avant l’explosion dans leport de Beyrouth du 4 août 2020. Jana revient au Liban comme s’il lui était arrivé malheur à Paris oùelle étudiait depuis 2 ans ou comme si le malheur était de rentrerau Liban, dont elle avait préféré partir pour ne pas « pourrir ». Sesparents sont sans joie, sans vie. Bad Trip absolu d’une impasse des personnages et de toute une société. Mais « Face à la mer » s’affirmecomme une expérience esthétique et sensorielle. Le film synthétise
une inquiétude, un sentiment de perte, une dérive, une menace.
LIBERTAD
du 19 au 24 mai
De Clara Roquet – Espagne – 2022 – 1h44
Avec Maria Morera, Nicolle Garcīa, Vicky Peña
A travers une amitié entre adolescentes qui dégénère, la réalisatrice signe un film qui révèle peu à peu sa vraie nature, discrètement impitoyable : plus encore qu’un récit d’apprentissage, Libertad est une fable sociale sans concessions, interprétée avec une grande
subtilité. Entre la fille des patrons et celle de la domestique se jouent en sourdine un rapport de force, une revanche, des enjeux qui les dépassent et les déterminent toutes les deux
SOUS L’AILE DES ANGES
du 26 au 31 mai
De A. Edwards – Etats-Unis – 1h34 – VOST J. – 2022
Avec Diane Kruger, Jason Clarke, Brit Marling…
Huit ans après sa présentation à Sundance, débarque cette expérience sensorielle proposée par A.J. Edwards : raconter l’enfance de LINCOLN par des sensations plus que par des mots et deviner comment elle a fondé l’homme et la figure politique historique qu’il est devenu.L’ombre de Malick (dont Edwards fut le monteur) plane sur ce premier long dans cette manière de donner à voir et écouter la nature, humainecomme terrestre, avec des yeux et des oreilles différents.
EMPLOYE-PATRON
du 26 au 31 mai
De Manuel Nieto Zas – UY+AR+FR – VOST – 1h46
Avec Nahuel Perez Biscayart, Christian Borges, Justina Bustos…
Un jeune patron agricole en galère de main d’oeuvre recrute un jeune homme passionné d’équitation. Tous deux sont nés sur les mêmes terres uruguayennes, mais pas sous la même étoile.
Dans un cadre de film de classes, c’est une sorte de western contemporain aux allures de thriller, où chaque temps calme annonce la tempête.
HIT THE ROAD
du 2 au 7 juin
De Panah Panahi-Iran-2022- 2H32- VOST
Avec Hassan Madjooni, Pantea Panahina, Rayan Sariak
Iran, de nos jours. Une famille est en route vers une destination secrète.A l’arrière de la voiture, le père arbore un plâtre, mais s’est-il vraiment
cassé la jambe ? La mère rit de tout mais ne se retient-elle pas de pleurer ? Leur petit garçon ne cesse de blaguer, de chanter et danser..Seul le grand frère reste silencieux. Dans cette opposition formelle
entre ce décor naturel somptueux et les protagonistes recroquevillés dans leur bagnole se nichent les détails les plus intéressants de l’histoire,les informations les plus cruciales – distillées au compte-goutte..
Sélectionné à la quinzaine des réalisateurs Cannes 21
ET J’AIME A LA FUREUR
du 2 au 7 juin
De André Bonzel – France – 1h38
Depuis son enfance, le réalisateur collectionne des bobines de films.
Grâce à ces instants de vie de cinéastes anonymes, ces traces d’émotions préservées, il reconstitue l’aventure de sa famille. Sur une musique originale de Benjamin Biolay, il raconte une histoire qui pourrait être la nôtre. C’est un film d’une générosité magnifique,
drôle et fin, mélancolique et désirable
Publié dans Archives programmes
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MURANI
Un film de Antoneta Alamat Kusijanovic
Croatie 2021 – 1h 36- Drame
Avec Gracija Filipovic, Danica Curcic, Leon Lucev…
L’affiche du film retient l’attention… Une svelte jeune-fille, adolescente sauvage et lumineuse, vêtue d’un blanc immaculé, comme une deuxième peau…Et dès les premières images du film nous sommes plongés dans l’obscurité des profondeurs sous-marines et c’est à peine si l’on perçoit le miroitement de la lumière à la surface… On devine deux plongeurs, nageant de concert, qui chassent la murène (Murina) au harpon. C’est un père, Ante, et sa fille Julija, qui vivent sur une île écrasée de soleil, sans la moindre végétation, quelque part sur la côte Dalmate entre Zadar et Dubrovnik. Mais ce cadre idyllique est aussi une prison pour la jeune Julija…. Son père la rudoie, la tyrannise comme il tyrannise Nela, la mère, ancienne reine de beauté. Ce film, premier long métrage de la réalisatrice croate Antoneta Alamat Kusijanovic a reçu la Caméra d’Or à Cannes. A l’inverse de Les Poings Desserrés de la russe K. Kovalenko qui abordait une thématique identique, Murina ruisselle d’azur et de lumière. Arrive sur l’île Javier, un ami d’enfance de Ante, richissime homme d’affaires… Cette arrivée va faire éclater l’orage familial, ravive les rancœurs, les émotions, la tension se fait de plus en plus palpable… Le malaise contamine la carte postale et fait naître chez Jilija la volonté de se libérer du joug paternel.
Gracija Filipovic qui joue formidablement Julija, donne au film la noblesse d’une tragédie antique, celle de la femme murène. Chez elle tout passe par le regard, elle se faufile discrètement, épie son monde, écoute sans être vue, prête à mordre. La réalisatrice filme décidément bien les éléments et excelle en extérieur (Cf son court métrage remarqué de 2017, Into the Blue). Entre les duels au soleil des hommes taureaux et la révolte de la fille murène, elle sait surtout s’emparer d’un thème très contemporain, voire rebattu, pour le tirer vers la mythologie.
Publié dans Archives films
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VORTEX
VORTEX
De Gaspard Noé
France – 2022 – Durée 2H20
Avec : Françoise Lebrun, Dario Argento, Alex Lutz, Kylian Dheret
A Paris, dans le quartier Stalingrad, un homme (Dario Argento) et une femme (Françoise Lebrun) forment un vieux couple (ils n’ont pas de prénoms). Ils vivent dans un appartement sous les toits, bas de plafond et en forme de U – détails importants, annonçant une déambulation labyrinthique. Ils se sourient, chacun d’une fenêtre. Le plan d’après, ils boivent un verre sur leur petite terrasse. « La vie est un rêve », dit-elle. Cet apéro à l’air libre sera l’un des rares moments de sérénité. Car la dame au chignon, brillante intellectuelle, ancienne psychiatre, est en train de perdre la tête – Alzheimer, même si la maladie n’est pas nommée. Et la vie devient un enfer pour son mari, critique de cinéma, qui, de son côté, tente péniblement d’écrire un essai
Ces premiers plans, au format carré, seront aussi les seuls où Dario Argento et Françoise Lebrun apparaissent ensemble à l’écran. Tout le reste du film est tourné selon la technique du split screen – l’écran partagé en deux , deux cadres bordés d’un liseré noir, comme celui des faire-part de décès, et, dedans, un reste de vie qui s’agite encore, filmé dans ses rituels, en temps réel.
Chacun dans son « couloir », les deux personnages vont dès lors évoluer dans leur propre univers : le spectateur acquiert une « vision double », pénètre dans les préoccupations de l’un et de l’autre, se familiarise avec ses habitudes. L’espace mental se connecte à celui de l’appartement, soulevant des questions essentielles : que signifie vivre ensemble, et qu’est-ce qu’habiter ?
De ce temps, lent, épais, et de l’espace familier où l’on se croise sans plus se parler, le cinéaste fait le sujet de son film, hyperréaliste et hypnotique. Petit à petit, l’appartement devient un dédale mental où la vieille femme perd la raison, alors que son mari tient, de manière un peu pathétique, à rester un homme d’esprit, et à continuer d’exister socialement. Au cœur du film, la visite du fils du couple, ex-drogué qui se soigne, devient un sommet bouleversant .
On jurerait, à ces moments, que cette famille a existé. Que ces deux grandes figures de la cinéphilie, le réalisateur Dario Argento, si crédible en vieil intello narcissique, et Françoise Lebrun (La Maman et la putain), merveilleuse de fragilité, avec ses regards qui appellent à l’aide, ont vraiment enfanté Alex Lutz, jamais aussi touchant et à nu qu’ici.
Gaspard Noé, cinéaste argentin de 57 ans, a tourné entre autres « Climax», et «Lux Aeterna».
Publié dans Archives films
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A CHIARA
À CHIARA
De Jonas CARPAGNINO – Italie -2h01
avec Swamy Rotolo (Chiara) Grecia Rotolo (Giulia) Claudio Rotolo (Claudio, le père)
Carmela Fumo (Carmela, la mère)
Chiara, 15 ans, est précipitée dans le dur monde adulte plus tôt qu’elle ne l’aurait voulu, quand son père Claudio devient un fugitif recherché suite à ses trafics. Face au mutisme de sa mère Carmela , sa sœur ou encore ses cousins, Chiara devra explorer seule l’histoire familiale.
Les secrets, les non-dits, finissent souvent par déchirer des êtres qui s’étaient toujours aimés et fait confiance. Voici un thème bien connu des drames au cinéma, auquel Jonas Carpagnino arrive pourtant à insuffler une nouvelle force par son approche quasi-documentaire et le récit d’apprentissage qu’il place au cœur. Après avoir dépeint l’hostilité rencontrée par des migrants dans un village italien, puis la jeunesse d’un adolescent Rom dans un microcosme, le réalisateur monte encore les échelons sociaux avec cette fois le portrait d’une famille de la classe moyenne, dont le confort dépend toutefois d’activités illégales. L’avenir de Chiara dépend alors de sa capacité à ouvrir les yeux sur ses origines.
Toujours dans la tradition néoréaliste, la distribution est entièrement composée d’interprètes non-professionnels. Ce choix se révèle payant : les liens entre les membres de la famille deviennent d’autant plus touchants par leur crédibilité et la véritable affection transposée à l’image. De plus, l’empathie éprouvée n’est que plus grande pour ces inconnus, qui semblent interpréter leurs propres rôles dans la première partie de l’œuvre.
Enfermée, comme sa famille, dans une prison mentale, Chiara se démarque en ajustant son corps à son esprit, révolté et constamment en mouvement. Chaque décor, des bunkers à la campagne nappée de brouillard, contraste alors avec son besoin d’émancipation. La mise en scène ne délaisse le réalisme dramatique que pour embrasser le fantastique, à l’occasion d’hallucinations auditives ou de rêves douloureux. Swamy Rotolo, intense, envoûtante, fait de Chiara un personnage saisissant, un thriller à elle toute seule.
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FACE A LA MER
FACE À LA MER
De Ely Dagher, Liban-2021-1h56. Avec Manal Issa, Roger Azar, Yara Abou Haidar
Premier long métrage de Ely Dagher, tourné peu avant l’explosion dans le port de Beyrouth du 4 août 2020.
Jana revient soudainement à Beyrouth après une longue absence à Paris et reprend contact avec la vie familière mais étrange qu’elle avait quittée.
On a découvert Manal Issa en 2016 dans Peur de rien de Danielle Arbid où elle campait une jeune Libanaise débarquant à Paris pour tenter d’y trouver une liberté qu’elle n’avait jamais pu trouver dans son pays et de s’y intégrer par sa force de caractère que rien ne semblait pouvoir altérer. Dans Face à la mer, son personnage vit exactement le voyage inverse. Installée en France depuis des années, elle revient vivre dans son pays natal et tente de se reconnecter avec cette ville de Beyrouth qu’elle peine à reconnaître. Bad Trip absolu d’une impasse des personnages et de toute une société. Le film synthétise une inquiétude, un sentiment de perte, une dérive, une menace. Il témoigne d’une épreuve collective et envoie un ultime message de détresse. Pourquoi était-elle partie ? Pourquoi a-t-elle choisi de revenir ? Ces questions- là planent en permanence sur un récit qui ne cherchera pourtant jamais à y porter de réponses. Face à la mer s’affirme comme une expérience esthétique et sensorielle. On le vit dans la tête de cette jeune héroïne, incarnée avec une intériorité majestueuse par Manal Issa qui vit cette ville comme une sorte d’espace fantomatique dont les habitants à commencer par ses parents, dopés aux anxiolytiques, semblent dévorés par une léthargie grandissante pendant que la reconstruction incessante des grands ensembles, privent de plus en plus d’entre eux de vue sur la mer et donc d’horizon.
Ely Dagher fait ressentir cette ville autant ravagée par les guerres à répétition que par la gestion défaillante de ses dirigeants. Un geste envoûtant et hélas prémonitoire. Quelques semaines après le tournage, se produisait l’énorme explosion des entrepôts du port qui allait ajouter du chaos au chaos.
Publié dans Archives films
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LIBERTAD
De Clara Roquet
Espagne 2022
Avec Maria Morera, Nicolle Garcia, Vicky Pena
C’est un été comme les autres. Vacances sur la Costa Brava chez une grand-mère dont les histoires moult fois rabâchées ne fonctionnent plus qu’avec la petite sœur, alors que Nora, du haut de ses 15 ans, se sent envahie par un mortel ennui, une étrange torpeur. Il n’y a plus qu’à prendre son mal en patience dans la prison dorée de cet univers bien protégé, rythmé par le tic tac du coucou trop vieux qui a fini par se détraquer. La vie progressivement semble rétrécir malgré les paysages de rêve, les conditions d’une classe sociale aisée qui a accès à toutes les distractions possibles. Les vacances, c’est l’impossibilité d’échapper à la présence permanente de la famille, l’impossibilité de respirer quelques bouffées de liberté avec les copines, de se raconter de vive voix les premiers baisers avec ou sans la langue, « mais comment tu fais avec ton appareil dentaire ? ». Toutes ces préoccupations qui passionnent plus les adolescentes que les virées en bateau avec ceux dont on aimerait s’émanciper.
À tout cela se superposent les angoisses et la jalousie de la mère de Nora, notamment envers son mari qui ne les rejoint pas mais surtout devant la place prise par Rosana, la bonne colombienne immigrée pour se faire une vie meilleure, qui seule semble avoir le pouvoir de rassurer l’aïeule.
Cela se dit dans l’intimité d’un craquage, mais pas officiellement et surtout pas devant les amis envers lesquels on affiche la haute bienveillance obligée de la classe supérieure. Ce malaise larvé se camoufle donc lorsqu’il s’agit de prendre la décision magnanime d’accepter que Rosana puisse accueillir sa fille du même âge que Nora et qui n’a plus nulle part où aller. Elle porte un des plus jolis prénoms du monde : Libertad. « Liberté », celle dont rêve justement Nora.
Libertad n’est d’abord qu’une ombre fugace et boudeuse que l’on aperçoit dans l’embrasure d’une porte. La jeune fille deviendra vite pour Nora un sujet d’attention et d’attraction, qui découvrira ainsi les conflits qu’elle a avec sa propre mère dont l’état servile la révolte sans doute, sans qu’elle sache l’exprimer clairement. En chiennes de faïence, les deux s’observent selon l’adage « chacune à sa place et les moutons seront bien gardés ». Le premier pas, c’est la petite bourgeoise qui le fera. D’abord un peu timidement face à cette fille du même âge mais qui a l’air tellement plus grande, tellement moins timorée et plus mature d’avoir déjà vécu. Progressivement Libertad la poussera à ne plus écouter ses peurs, à oser être. Regarder les garçons, les aborder, laisser parler une sensualité en train de devenir trop grande pour la contraindre dans un sage maillot une pièce de petite fille. Avec le goût de la révolte grandira une indéfectible amitié qui nourrira l’envie de briser l’ordre hiérarchique du monde, le plafond de verre invisible séparant les classes sociales.
La réalisatrice s’est inspirée de son propre passage à l’âge adulte dans un milieu privilégié. Elle en restitue l’ambiance avec une précision tranchante, jamais acerbe. Une fiction empreinte d’une analyse sociologique fine où se mêlent aux images d’Épinal celle d’une réalité plus populeuse et anguleuse. Les deux jeunes actrices incarnent les rôles principaux avec une fraîcheur sublime. Deux étoiles naissantes, à n’en pas douter.
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Antoneta Alamat Kusijanovic (Murina)
Née le 27 septembre 1985 à Dubrovnik
Croatie
Réalisatrice, scénariste
Entretien avec la réalisatrice Antoneta Alamat Kusijanovic
Quelle a été la genèse du film ?
Je voulais développer l’univers et le personnage de mon court métrage Into the Blue. J’avais vraiment aimé mettre en scène un affrontement au cœur d’un petit groupe de personnages, l’inscrire dans une nature dont l’austérité rime avec les émotions en jeu et la violence que celles-ci peuvent déclencher. Je suis partie de cette dynamique, d’une image de la nature que j’avais depuis l’enfance, quand je venais sur cette île rendre visite à ma grand-mère. (suite…)
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C.B. YI (Moneyboys)
Pour son premier film, le réalisateur sino-autrichien s’est emparé d’un sujet sensible : la prostitution d’un jeune Chinois. Formé par Michael Haneke en Autriche, ce cinéphile averti a pourtant voulu “respecter la manière chinoise de faire des films”. Avec une grande délicatesse. Présenté à Cannes 2021 en sélection officielle (section Un certain regard), Moneyboys est la chronique rigoureuse de la dérive mélancolique d’un jeune Chinois qui se prostitue pour aider les siens, tout en se condamnant ainsi à être rejeté par eux.
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Mina Mileva et Vesela Kazakova (Women Do Cry)
Mina Mileva et Vesela Kazakova forment un duo énergique hors pair. Leur premier film, on ne peut plus féministe, dresse un portrait sans détour de la condition féminine dans la société bulgare. Rencontre.
Les étonnantes Bulgares Mina Mileva et Vesela Kazakova avaient peu fait, jusqu’ici, parler d’elles en France : la sortie en salles de leur cinquième film, Women Do Cry, qui a été présenté à Un certain regard au Festival de Cannes 2021, révèle le tempérament de feu de ce duo féministe. Volubiles, passionnément engagées dans leur travail et très drôles aussi, elles nous ont parlé de leur démarche de réalisatrices. Une rencontre qui a eu lieu avant l’entrée en guerre de la Russie contre l’Ukraine et ses répercussions, notamment en Europe de l’Est.
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Omar EL Zohairy (Plumes)
Dans son extravagant premier long-métrage, le réalisateur égyptien s’est appliqué à transfigurer la réalité pour la rendre plus universelle, explique-t-il dans un entretien au « Monde ».
Commencé au Caire il y a trente-quatre ans, le trajet d’Omar El Zohairy est classique. Institut d’études cinématographiques, assistanat à la réalisation durant quelques années, notamment auprès de Yousry Nasrallah, puis réalisation de deux courts-métrages, dont, en 2014, rien que pour le plaisir de le citer : La Suite de l’inauguration de toilettes publiques au kilomètre 375. Plumes, son premier long-métrage, a été médité à Paris, lors d’une résidence de la Cinéfondation, que l’on remercie d’avoir incubé un talent aussi extravagant.
Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs
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