Archives : Archives

Koji Fukada (Suis-moi, je te fuis – Fuis-moi, je te suis)

Né le 5 Janvier 1980 à Koganei

Japon

Réalisateur, scénariste, monteur, producteur

Au revoir l’été, Harmonium, L’Infirmière, Suis-moi, je te fuis / Fuis-moi, je te suis

Koji Fukada : « Je trouvais assez subversive cette remise en question du concept de femme fatale »

Découvert en France en 2014 avec Au revoir l’été, le cinéma du Japonais Koji Fukada sait se rendre imprévisible en décrivant toutes sortes d’embardées. La dernière en date nous plonge dans un diptyque Suis-moi je te fuis/Fuis-moi je te suis de deux fois deux heures : une histoire d’amour étrange et rebondissante qui souligne en filigrane les maux du Japon contemporain. (suite…)

Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs | Commentaires fermés sur Koji Fukada (Suis-moi, je te fuis – Fuis-moi, je te suis)

programmation du 9 juin au 7 juillet

DU 9 AU 14 JUIN

LIMBO
De Ben SHARROCK – Royaume-Uni-1h44. VOST.
Avec Amir El Masry, Vikash Bhai, Ola Orebiyi, Kwabena Ansah
Un groupe de réfugiés a échoué sur une petite île perdue d’Écosse.Faire un film savoureux, poétique et touchant  sur le sort des réfugiés, tel est le pari remporté par le réalisateur. Dans un esprit burlesque et graphique, « Limbo » dépeint le quotidien d’Omar, le syrien, et de ses camarades d’infortune sous l’angle de la fable. Omar se heurte à une réalité absurde dans une suite de saynètes cocasses, parfois cruelles et apparaît comme une personne incongrue. Mais ce personnage ne se réduit pas au statut de réfugié. Il est aussi exilé à l’intérieur de lui-même, en quête de sa propre identité, rongé par la culpabilité d’avoir laissé ses proches en pleine guerre. Il oscille entre lâcheté et courage, espoir et désillusion.

https://cinecimes.fr/ben-sharrock-limbo/

DU 9 AU 14 JUIN

EVOLUTION
De Kornel MUNDRUCZO – Hongrie / Allemagne – 2021 1h37 – VOSTF
Avec Lili Monori, Annamaria Lang, Goya Rego, Padme Hamdemir,
Première partie : en 1945, au moment de la découverte par l’Armée Rouge des camps d’extermination, les soldats soviétiques trouvent dans les entrailles de la chambre à gaz, un enfant…
Deuxième partie, à Budapest, plusieurs décennies après la fin de la guerre : Eva, ancienne rescapée des camps, la visite de sa fille : Lena est venue pour convaincre sa mère de percevoir les dédommagements
financiers auxquels elle aurait pu prétendre depuis longtemps.
La dernière partie, quelques années plus tard, à Berlin, où vit Lena avec son fils Jonas, un adolescent gentiment rebelle voudrait cesser
de porter le poids de l’héritage familial.

https://cinecimes.fr/kornel-mundruczo-evolution/

DU 16 AU 21 JUIN

SUIS-MOI JE TE FUIS (PART.1)
De Koji Fukada-Japon-2022-1h49
Première partie du film dyptique de koji Fukada. Employé d’une entreprise de feux d’artifice, entre ses deux collègues de bureau, le cœur de Tsuji balance mollement. Jusqu’à cette nuit où il rencontre Ukiyo, jeune femme pleine de secrets, à qui il sauve la vie sur un passage à niveau. Malgré les mises en garde de son entourage, il est irrémédiablement attiré par la jeune femme… qui n’a de cesse de disparaître. Systématiquement, l’objet de sa passion ne cesse de
disparaître mystérieusement quand il cherche à s’en approcher…

https://cinecimes.fr/koji-fukada-suis-moi-je-te-fuis-fuis-moi-je-te-suis/

 

DU 16 AU 21 JUIN

FUIS-MOI JE TE SUIS (PART.2)
De Koji Fukada-Japon-2022-2h04
Seconde partie du film diptyque de Koji Fukada.Tsuji a décidé d’oublier définitivement Ukiyo et de se fiancer avec sa collègue de bureau. Ukiyo, quant à elle, ne se défait pas du souvenir de Tsuji… Et cherche à le retrouver… Mais cette fois, c’est lui qui a disparu…
Un drame amoureux déconstruisant le mythe de la femme fatale, traité comme un thriller à rebondissements aux ambiances lynchiennes.

https://cinecimes.fr/koji-fukada-suis-moi-je-te-fuis-fuis-moi-je-te-suis/

 

DU 23 AU 28 JUIN

NITRAM
De Justin KURZEL – Australie – 1h50 – VOST
Avec Caleb Landry Jones, Essie Davis, Anthony LaPaglia, JudyDavis..
Inspiré d’un massacre qui avait traumatisé l’Australie, le portrait d’un adolescent meurtri, Martin, au surnom aussi explosif que prémonitoire : Nitram, un gamin fêlé, attardé, engoncé dans un grand corps d’adulte. Le fait divers fournit au cinéaste son sujet -comment la maladie mentale et l’extrême solitude font très bon
ménage avec le commerce des armes, – mais aussi l’occasion d’un portrait sidérant de la marginalité.

https://cinecimes.fr/justin-kurzel-nitram/

 

 

DU 23 AU 28 JUIN

BABYSITTER
De Monia Chokri-Canada/France-2022-1h28
Suite à une blague sexiste devenue virale, Cédric, jeune papa, est suspendu par son employeur. Pour se racheter, il va avec l’aide de son frère Jean-Michel, s’interroger sur les fondements de sa misogynie
à travers l’écriture d’un livre. De son côté, sa femme Nadine en proie à une dépression décide d’écourter son congé maternité. L’arrivée dans leur vie d’une baby-sitter au charme espiègle et envouteur, va
chambouler leur vie.

https://cinecimes.fr/monia-chokri-babysitter/

 

 

DU 30 JUIN AU 5 JUILLET

KARNAWAL
De Juan Pablo Felix – Argentine – 1h30 – VOST.
Avec Alfredo Castro, Diego Cremonesi, Monica Lairana…
Un jeune argentin trouve dans la danse un moyen de fuir un quotidien difficile entre un père sous les barreaux, une mère dépassée et l’amant de celle ci. Jusqu’au jour où son père, bandit de grand chemin inapte à se ranger, sort de prison : Karnawal devient alors un film sur cette famille plus décomposée que recomposée, où les instants de bonheur retrouvé ne font que renforcer une tension sourde et les scènes de
danse ne constituent qu’une des pièces d’un puzzle subtilement orchestré dont le dénouement reste longtemps en suspens.

https://cinecimes.fr/juan-pablo-felix-karnawal/

DU 30 JUIN AU 5 JUILLET

VARSOVIE 83, UNE AFFAIRE D’ÉTAT
De Jan P. Matuszynski, Pologne, 2h39, VOST.
Avec Tomasz Zietek, Sandra Korzeniak, Jaciek Braciak.
Dans la capitale de la Pologne communiste sous contrôle soviétique, le 14 mai 1983, un lycéen meurt sous les coups de la milice citoyenne dans un commissariat. L’État est alors prêt à tout pour cacher la vérité : menaces, chantage, mise sur écoute, faux témoignages arrachés de force. Avec une attention méticuleuse de la mise en scène, le réalisateur réussit une immersion totale dans cette folie d’une époque, mais encore actuelle dans les régimes despotiques.

https://cinecimes.fr/jan-p-matuszynski-varsovie-83-une-affaire-detat/

Publié dans Archives programmes | Commentaires fermés sur programmation du 9 juin au 7 juillet

NITRAM

NITRAM

De Justin KURZEL – Australie – 2021 -1h50 – VOSTF –

 avec Caleb Landry Jones, Judy Davis, Essie Davis, Anthony LaPaglia… Scénario de Shaun GrantPrix d’interprétation masculine pour Caleb Landry Jones, Cannes 2021.

NITRAMApprocher l’inapprochable, raconter l’inracontable. Reconstituer pour tenter de comprendre l’histoire et le parcours de Martin « Nitram » Bryant, auteur au milieu des années 1990 de la plus importante tuerie de masse, traumatisant durablement l’Australie. En tirer in fine un plaidoyer glaçant et implacable contre la vente d’armes à feu dans un pays qui, plus encore que les États-Unis d’Amérique, s’est construit autour de ce droit inaliénable de chacun à conquérir et protéger son lopin de terre à la force du fusil.

Aux origines du « mal », un prologue suggère la fascination que les explosions et les pétards exercent sur Martin, fils unique, gamin introverti, instable, peu sociable, « différent ». Et peu enclin à discerner dans ses actes le bon du mauvais, le plaisant du répréhensible, ce qui lui vaut de passer ses années d’enfance en pension, loin du cercle familial. Celui qu’avec bien peu de bienveillance on a surnommé Nitram – improbable palindrome de Martin, qui dit assez l’in(tro)version du caractère de celui qui n’exprime jamais ses sentiments – est revenu vivre chez ses parents à l’âge presqu’adulte, ce qu’il ne sera sans doute jamais. Pas ou peu de marques d’intérêt sinon d’affection à attendre de ce côté : sa mère, accablée par la situation de son fils, s’efforce de ne pas le voir ; seul son père s’efforce maladroitement de lui témoigner un peu de compassion sinon de tendresse, en vain. Vide, atone, la silhouette d’un surfeur trop maigre, ersatz de Kurt Cobain blafard et dégingandé, Nitram promène son ennui (est-ce seulement de l’ennui ?) et sa solitude dans une bourgade pavillonnaire suburbaine, elle-même sans vie. Le salut lui vient d’une riche voisine, un peu excentrique, qui vit seule avec ses chiens et se prend d’amitié pour le garçon qui vient occasionnellement entretenir son jardin. Et dont elle pressent sous la fragilité, derrière la farouche incommunicabilité, un potentiel inattendu d’humanité. Parenthèse enchantée qui révèle le garçon à ses sentiments mais se referme tragiquement, trop vite, le laissant seul face à la nécessité de revenir, d’une façon ou d’une autre, au monde qui l’entoure, le rejette et le fait monstre.

Il n’est pas simple de se frotter au monstrueux, à l’innommable. N’excuser d’aucune façon, évidemment, le geste du tueur, mais essayer de raconter, frontalement autant que faire ce peut, un parcours individuel sans exonérer pour autant la société tout entière de sa responsabilité. Le portrait de Martin-Nitram, glaçant, est porté avec une sobriété déconcertante par Caleb Landry Jones, qui n’a pas volé son prix d’interprétation à Cannes. Le vide qui l’habite provoque alternativement la compassion, le rejet, l’inquiétude et l’effroi. On peine à reconnaître en lui les ferments d’humanité qui pourraient, même sporadiquement, susciter le minimum d’empathie nécessaire à un début d’identification. Le réalisateur Justin Kurzel retrouve là les accents passionnants et dérangeants d’Elephant de Gus van Sant ou de We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay – parmi les tentatives les plus abouties de raconter de l’intérieur la naissance de personnalités de tueurs de masse. Aucun suspense dans la résolution des conflits intérieurs et extérieurs du garçon. La mise en scène, sèche, précise, sans affects, laisse s’installer une tension sourde, implacable, qui monte en pression comme la colère mal contenue que le concentré de nitroglycérine qu’est Nitram finit, sans passion, par laisser exploser. Nous laissant dans une position inconfortable, avec plus de questions que de réponses. Mais la certitude chevillée au corps que, si Nitram n’est pas exclusivement le produit de la société dans laquelle il s’est construit, c’est elle et elle seule qui lui a donné la violence guerrière comme modèle ultime d’affirmation de soi – et en définitive a permis qu’il soit armé.

Publié dans Archives films | Commentaires fermés sur NITRAM

EVOLUTION

EVOLUTION 

Un film de   Kornél Mundruczo 

 

Hongrie / Allemagne –  2021 – 1h37 –  VOSTF

 avec Lili Monori, Annamaria Lang, Goya Rego, Padme Hamdemir, Jule Böwe.. 

C’est un film hors normes, saisissant, époustouflant, et sa première séquence est probablement une des plus impressionnantes et perturbantes performances de mise en scène qu’il nous ait été donné de voir depuis bien longtemps. Aussi forte que celle qui ouvrait un autre film hongrois inoubliable, Le Fils de Saul, de László Nemes. On y voit trois hommes vêtus de manteaux de cuir noir, armés de grands balais et de seaux lourdement remplis d’eau, pénétrer dans une grande pièce vide, sinistre, qu’on dirait souterraine, en tout cas dépourvue de fenêtres et baignée d’une lumière jaune blafarde. L’air anxieux, tendus à l’extrême, ils se mettent à lessiver frénétiquement les sols et les murs, découvrant dans les lézardes des cheveux qui dépassent, des cheveux qui deviennent des mèches, des touffes puis d’énormes entrelacs formant des cordes inextricables. On comprend vite que cette scène dantesque, passant du réalisme le plus brut au fantastique le plus inquiétant, tournée intégralement en un seul plan séquence vertigineux, est une allégorie de la barbarie nazie. Nous sommes en 1945, au moment de la découverte par l’Armée Rouge des camps d’extermination. Et, apothéose de ce premier mouvement – le film est composé de trois parties distinctes, se déroulant à trois époques différentes –, les soldats soviétiques vont trouver dans les entrailles de la chambre à gaz, miracle au milieu de l’horreur absolue, un enfant…

Dans la deuxième partie, nous sommes à Budapest, plusieurs décennies après la fin de la guerre. Et on découvre Eva, ancienne rescapée des camps, qui reçoit dans son petit appartement tristouille la visite de sa fille : Lena est venue pour essayer de convaincre sa mère de participer à une cérémonie qui pourrait lui permettre de percevoir les dédommagements financiers auxquels elle aurait pu prétendre depuis longtemps. Mais Eva ne veut pas se résoudre à cette démarche, elle veut qu’on la laisse tranquille, qu’on la laisse oublier… et s’ensuit un dialogue de sourdes autour de l’identité juive, de la mémoire, de la peur, de la honte, et ressortent tous les reproches d’une fille qui a le sentiment d’avoir eu son enfance gâchée par les angoisses maternelles.
La dernière partie se situe quelques années plus tard, à Berlin, où vit Lena avec son fils Jonas, un adolescent gentiment rebelle qui voudrait cesser de porter le poids de l’héritage familial. Alors même que se prépare la procession chrétienne de la Saint-Martin, à laquelle participe son lycée, sa mère lui a fabriqué une lampe traditionnelle juive… évidemment source de quolibets de la part de ses camarades…
Servi par le brio incroyable de sa mise en scène, qui se joue d’univers, de sensations, de rythmes très différents, Évolution est une passionnante et libératrice (pour reprendre le mot de Scorsese) réflexion sur la complexité du rapport à l’identité juive et à la mémoire de la Shoah, sur le besoin pour les nouvelles générations de tourner la page – une réalité incarnée par le personnage de Jonas qui noue une relation lumineuse avec une jeune musulmane –, tout en ne niant pas la recrudescence de nouvelles formes inquiétantes d’antisémitisme

Publié dans Archives films | Commentaires fermés sur EVOLUTION

Ben Sharrock (Limbo)

Né le 3 novembre 1985

Royaume-Uni

Réalisateur, scénariste

Limbo

Pas évident de traiter la question de la crise des migrants sur grand écran. Le réalisateur écossais Ben Sharrock s’y est pourtant risqué dans son film Limbo. Il y dépeint, avec une touche d’absurde, l’attente interminable de demandeurs d’asile devant tromper l’ennui sur une île écossaise fictive.

Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser ce film ?

Je pense que l’une des premières choses qui m’a poussé à trouver l’idée et à écrire le scénario était que je voulais créer un film avec de nombreuses sous-couches métaphoriques. Beaucoup de mes influences viennent du cinéma moyen-oriental et iranien, dans lequel on utilise énormément le procédé de l’allégorie. L’île est pour les personnages une métaphore significative du purgatoire et des limbes. (suite…)

Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs | Commentaires fermés sur Ben Sharrock (Limbo)

Kornel Mundruczo (Evolution)

Né le 3 avril 1975 à Gödöllö

Hongrie

Acteur, metteur en scène de theâtre, réalisateur

Johanna, Delta, Tender Son, La Lune de Jupiter, Pieces of Woman, Evolution

Entretien avec Kornél Mundruczo & Kata Wéber

Evolution marque votre quatrième collaboration après Pieces of a woman, La Lune de Jupiter et White God. Parlez-nous de votre travail commun.

Kornél Mundruczó : Travailler ensemble est une évidence, car nous sommes très complémentaires sur le plan artistique ! Ce n’est pas une obligation pour chaque projet, il nous arrive aussi de travailler, séparément, avec d’autres personnes, au théâtre ou au cinéma.

Kata Wéber : Nous collaborons souvent à différents titres – ce sont toujours les nouveaux défis qui définissent nos rôles respectifs sur chaque projet. Nous avons le désir de continuer à travailler ensemble dans le futur, mais dans des configurations différentes.

Kata, pouvez-nous en dire plus sur la dimension autobiographique du film ? (suite…)

Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs | Commentaires fermés sur Kornel Mundruczo (Evolution)

HIT THE ROAD

HIT THE ROAD

De Panah Panahi-Iran 2021- durée 1H33-VOST

Avec : Hassan Madjooni, Pantea Panahiha, Rayan Sarlak, Amin Simiar

Une voiture file de Téhéran à la frontière turque. A son bord, une famille. Le fils, taciturne, au volant. La mère à son coté. Derrière, le père, qui a une jambe plâtrée, et le petit frère de 10 ans à peine, joyeux, facétieux, bavard, excité, charmeur, drôle, … dansant et chantant! Comme un air de départ en vacances, donc…Sauf que….on s’interdit d’utiliser les téléphones portables trop repérables, on s’inquiète d’être suivis, la mère détourne parfois les yeux pour cacher sa tristesse, et 3 des 4 seulement feront le trajet au retour. 

Panah Panahi, fils de Jafar Panahi, nous attrape fermement par la main, et ne nous lâche plus pendant 90 minutes et quelques centaines de kilomètres. Film inventif, attachant, incroyablement drôle, qui suit avec beaucoup de finesse l’itinéraire d’une séparation vers le chemin de l’exil que va prendre le grand frère.

A l’approche de l’échéance se révèle une belle et lumineuse tendresse entre les membres de la famille, chacun s’efforçant de masquer au petit la gravité de la situation.

Sujet dur, sujet fort que celui du départ, qui dit en creux la situation sociale de l’Iran contemporain, mais tempéré par le regard d’un enfant comblé d’amour, qui insuffle au film une innocence euphorisante

Panah Panahi à Télérama: 

A propos de son père cinéaste: «Cela a été un grand enjeu et une grande souffrance dans ma jeune vie. Avoir une identité propre, ne pas être seulement le fils de mon père. C’est en mettant cela de côté et en me concentrant sur mes propres désirs d’expression à travers le cinéma que je suis parvenu à surmonter la plus grande difficulté de ma vie. J’ai fait ce film comme je désirais le faire, et cela a été une délivrance.»

A propos du contenu du film: « Il est évident que mon film, par son esprit, son parfum, même sans enjeux politiques frontaux, ne peut pas plaire aux autorités. »

Ce film a été choisi pour  le prochain débat, 

le Mardi 6 juin, dans la salle après la projection.

On vous y attend nombreux!

Publié dans Archives films | Commentaires fermés sur HIT THE ROAD

Et J’AIME A LA FUREUR

De André Bonzel

Petit bijou de délicatesse et d’émotion, le long-métrage d’André Bonzel raconte la propre histoire du cinéaste à partir de films tournés par des autres.  Bonzel utilise des films de famille dont – nous explique-t-il dans l’avant-propos de ce film qu’il va narrer en voix off – il fait collection depuis toujours. Sur des images de dizaines d’amateurs inconnus, offrant de la famille les tableaux gravés dans le celluloïd d’un bonheur bon enfant que rien ne saurait corrompre, se dessine ainsi une histoire personnelle plus sombre, plus éclatée, plus mystérieuse, dont on comprend assez rapidement qu’elle aura justifié ce dernier recours au bonheur filmé d’autrui pour s’écrire. : Un père sans chaleur et sans amour, une mère confite en dévotion : l’enfance de René Bonzel ne ressemble pas à l’image d’Epinal des films de famille. Un paternel biologiste conservant chez lui les bocaux de merde à examiner, péteur à table, entretenant plus de considération pour ses chiens que pour son fils. René n’y va pas avec le dos de la cuillère. Et la suite est à l’avenant. Père et mari qui construit un mur dans sa propre maison pour ne plus voir sa femme. Père absent au mariage de son fils, qui ne trouvera que trop rarement les ressources d’un mot, d’un geste d’amour ou de complicité. C’est, a contrario, le père d’un ami qui, en projetant à la petite bande d’enfants que fréquentait son fils des bobines de burlesque, lui insuffle non seulement la preuve que la bienveillance existe mais, plus encore, l’amour du cinéma. Du coup, René, fuyant rapidement le cercle atone de la famille nucléaire, se met à élargir le champ de sa caméra.

Sur des images d’amateurs inconnus, se dessine une histoire personnelle plus sombre, plus mystérieuse

Du côté de la famille élargie, où il trouve quelques traces répétées et incontestables d’un gène cinématographique chez quelques notables ancêtres (dont un, très timide, qui filmait les filles en douce, et qui en est mort après s’être encastré au volant de sa voiture alors qu’il filmait une jolie cycliste). Mais aussi bien du côté de ses amoureuses, qu’il filme frénétiquement. Ses propres films se mêlent ainsi aux autres, la voix et les paroles de l’auteur servant de liant romanesque au défilé d’images hétérogènes et hasardeuses qui défilent sur l’écran. J’aime à la fureur ne se réduit pourtant pas à l’illustration filmée d’une vie vécue par procuration cinématographique. Ce serait bien trop triste.

 Le film, c’est sa suprême générosité, emporte avec lui, tous ces vidéastes amateurs, qui ont filmés, les reconduit vers le regard de nouveaux spectateurs qui s’en émeuvent, et c’est ici, pour fugace qu’elle soit, une éclatante résurrection qui a lieu, un lever d’entre les morts de ces figures vers les vivants que nous sommes, qui leur donnons abri provisoire en nos cœurs. 

 D’après la Critique de Jacques Mandelbaum  du 26 avril 2022

Publié dans Archives films | Commentaires fermés sur Et J’AIME A LA FUREUR

Eran Kolirin (Et il y eut un matin)

Né le 4 novembre 1973 à Holon

Israël

Réalisateur, scénariste

La Visite de la Fanfare, Et il y eut un Matin

http://distrib.pyramidefilms.com/pyramidefilms-distribution-catalogue-m.html?task=download&collection=telechargements&xi=0&file=fichiers&id=933

Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs | Commentaires fermés sur Eran Kolirin (Et il y eut un matin)

Gaspar Noé (Vortex)

Né le 27 décembre 1963 à Buenos Aires

Franco-Argentin

Réalisateur, scénariste, producteur

Seul Contre Tous, Irréversible, Enter Tne Void, Love, Lux Aeterna, Climax, Vortex

Pour jouer un couple de vieillards en fin de vie, Gaspar Noé réunit Françoise Lebrun, actrice mythique des années 1970, et Dario Argento, maître du giallo italien. De quoi serrer n’importe quel petit cœur cinéphile. Entièrement en split screen, « Vortex » nous  laisse sidérés, bouleversés. Le cinéaste nous a parlé naturalisme, hypnose, et de ce grand film sur la vieillesse, la mort et la mélancolie de ceux qui restent…

(suite…)

Publié dans Archives réalisateurs, Réalisateurs | Commentaires fermés sur Gaspar Noé (Vortex)